Chapitre 3
L’approche typologique propose deux typologies pour tenter d’appréhender le concept
d’intégration. La première est développée par Tinbergen (1954), qui distingue l’intégration
négative de l’intégration positive. La différence entre ces deux éléments réside dans la
manière de parvenir à l’objectif d’intégration. Dans le premier cas, l’intégration se réalise par
la suppression des barrières qui empêchent d’atteindre l’objectif, alors que, dans le second
cas, elle se réalise par la construction de nouveaux éléments qui permettent de se rapprocher
plus rapidement de l’objectif. La définition de Tinbergen souligne, en fait, la profondeur du
processus d’intégration, laquelle reflète l’échelle des domaines affectés au cours de ce
processus. Cooper (1974), quant à lui, propose une seconde typologie qui met en lumière
deux principaux types de protagonistes participant au processus d’intégration : les agents
privés sur les marchés de l’économie d’un côté, et les autorités gouvernementales de l’autre.
Lorsqu’un processus d’intégration est conduit essentiellement par les forces du marché que
représentent les agents privés, il s’agit d’une intégration de nature « market-oriented », et ce
processus d’intégration est considéré comme un ajustement structurel naturel vers un nouvel
équilibre de l’économie. Si un processus d’intégration est, au contraire, impulsé et dirigé par
les institutions, c’est une intégration institutionnalisée, qui a pour ambition, dans certaines
situations, de prendre des mesures discriminatoires vis-à-vis des pays-tiers, afin de mieux
protéger les pays membres. Dans le contexte de régionalisation, un tel processus d’intégration
de nature discriminatoire est qualifié du « régionalisme
», qui contraste avec le phénomène
de « régionalisme ouvert », destiné davantage à renforcer la cohésion de la région concernée
qu’à discriminer les pays situés en dehors de cette région.
L’approche par critères appliqué à la définition du terme « intégration » consiste,
quant à elle, à chercher les critères qui distinguent l’intégration de la « désintégration ». Nous
retenons deux critères représentatifs dans la littérature économique. Le premier, proposé par
Holzman (1969), est la réalisation de la parité des prix entre les biens, les services, ou les
facteurs productifs comparables ou homogènes dans l’espace économique en question. Ce
critère, qui détermine le processus d’intégration, se fonde en fait sur la « condition de
l’absence d’opportunité d’arbitrage », nécessaire à une économie équilibrée et intégrée. En
effet, s’il existe un écart de prix au sein d’une telle économie, les agents économiques
profitent tout de suite de cette opportunité d’arbitrage, ce qui entraîne un mouvement de
Dans la littérature économique, certains auteurs confondent, en fait, le terme « régionalisme » avec le terme
« régionalisation ». Il faut noter que si le premier est jugé négativement par les économistes dits « libre-
échangistes », le second exprime davantage de neutralité et de généralité.