Acteur social et pourvoyeur de médicaments
Informer sur les risques de la grippe aviaire, orienter un toxicomane vers le bon service... Au-delà de
la vente de médicaments, les pharmaciens ont un rôle social et leur pratique est appelée à évoluer avec
la mise en oeuvre du dossier médical personnel.
L'Académie de pharmacie estime ainsi indispensable, dans un rapport rendu public jeudi, que les
pharmaciens d'officine se préparent à «une possible et même probable évolution de la répartition des
rôles entre les différents professionnels de santé».
Compte tenu de la «pénurie de médecins, d'infirmières et partiellement de pharmaciens» attendue dans
les prochaines années, il «est à prévoir des +glissements+ de fonctions», selon ce rapport, remis en
octobre au ministre de la Santé.
Le pharmacien d'officine doit «avoir accès au Dossier médical personnel (DMP) de patients» prévu
pour 2007 et il faut que le «suivi par le pharmacien des patients chroniques soit officialisé», estime
l'Académie.
«Pour la prescription de vaccins, la prise en compte de la douleur, l'adaptation rapprochée et le suivi
de malades chroniques (asthme, diabète)..., le pharmacien doit pouvoir jouer officiellement un rôle de
prescripteur complémentaire», précise le rapport. Ainsi, l'infirmière hospitalière dispose d'une marge
d'appréciation dans le cadre de prescriptions médicales «si besoin», notent les auteurs. «Cela nécessite
un cadre précis et une formation continue évaluée en permanence», souligne l'Académie.
«Le pharmacien, quand il donne un conseil, il prescrit, la seule différence est que le patient n'est pas
remboursé», a relevé devant la presse Jean-Luc Audhoui, pharmacien d'officine et membre de
l'Académie.
Le développement de l'hospitalisation à domicile, la vente en officine de médicaments longtemps
réservés à l'hôpital font aussi évoluer les pratiques.
Lorsque des médicaments sont dispensés à la fois en officine et à l'hôpital, il est «impératif que le
pharmacien puisse avoir accès aux informations du DMP : médicaments précédemment délivrés,
pathologies entraînant des contre-indications, résultats de laboratoire», insiste l'Académie, relevant
que le secret professionnel est imposé aux pharmaciens.
Prêts à insérer des données dans le DMP, les pharmaciens veulent un large accès à celles inclues par
les autres professionnels de santé.
Le pharmacien d'hier pouvait deviner le diagnostic en voyant l'ordonnance, commente Jean-Luc
Audhoui, ajoutant qu'avec le DMP, qui va «entrainer des évolutions très fortes», la profession «va
devoir s'approprier les résultats biologiques». A l'avenir, la profession pourrait être confrontée à
l'arrivée des «e-pharmacies» et de la vente par correspondance de médicaments, note l'Académie,
mettant en garde contre les «risques majeurs» pour les patients «d'acquérir de dangereuses
contrefaçons».
L'importance du «lien humain» et le «rôle psycho-social» du pharmacien sont soulignés. Informer sur
les risques de la grippe aviaire ou du nucléaire, distribuer des comprimés d'iode si nécessaire, orienter
un toxicomane vers le bon service, donner des conseils en cas de maltraitance ou de problèmes
psychiatriques difficiles à aborder... tout cela en fait partie.
Alors qu'au sein de l'officine cohabitent ventes de médicaments et de produits de parapharmacie,
l'Académie insiste sur la nécessité pour le pharmacien «d'assurer la qualité de l'ensemble de ses actes
professionnels».
Source : AFP
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