culture, ce qui est impossible par le seul moyen de la réforme politique. Il faut donc d'abord une révolution qui
transforme radicalement les structures économiques et sociales.
Pour la même raison, Karl Marx rejette le socialisme d'état car, à ses yeux, ce n'est pas par des subventions de
l'état que l'on peut réduire les problèmes et qu'on édifie une société nouvelle. Les travailleurs ne sont pas maîtres
de l'appareil étatique tant que des réformes de structures ne leur auront pas permis d'accéder pleinement et
véritablement au pouvoir.
Marx rejette aussi l'anarchisme, parce que celui-ci demande, en fait, l'abdication de l'état du jour au lendemain et
de tout mettre en commun, ce qui aurait pour conséquence de réduire la véritable possession et la pleine liberté
de l'individu. Marx est finalement très attaché à la propriété privée des biens de consommation contrairement aux
clichés courants en la matière.
Enfin, Karl Marx critique le nationalisme. Pour lui, il s'agit d'une idéologie faussée, d'une coupure à l'envers du
vrai courant historique, parce que non sociale et ne tenant aucun compte des structures. L'idéologie marxiste est
par nature même internationaliste.
B. -- Le matérialisme dialectique
La base de la philosophie marxiste est constituée par ce que l'on appelle le matérialisme dialectique
Pour Karl Marx, l'homme est un produit de la nature (matérialisme), mais il est surgi de la nature avec l'intention
de s'universaliser, de rompre sa particularité, de briser la séparation qu'il l'oppose à la nature ainsi que briser le
cloisonnement avec les autres hommes. Ainsi, il y a une lutte, une dialectique qui tient à l'origine matérialiste de
l'homme lui-même. Autrement dit, la nature produit l'homme pour s'humaniser. L'homme, de son côté, éprouve
des besoins qui se satisfont d'abord par la nature.. Pour obtenir ces satisfactions, c'est-à-dire pour prendre
contact avec la nature et la dominer, l'homme dispose de ce que Karl Marx appelle des médiations. La principale
médiation, et même la seule véritable est constituée par le travail (cueillette, puis fabrication de l'instrument,
machine, etc....). De même, par le travail contre et avec la nature, la société humaine se forme et se constitue
(solidarité). Ainsi, Marx affirme que le travail et l'instrument de travail appartiennent naturellement à la société et
à l'homme. On retrouve ici les thèses d classiques du droit naturel.
C -- Le matérialisme historique
De cette philosophie générale, Karl Marx tire en effet une philosophie de l'histoire. Pour lui, l'histoire est la relation
fondamentale homme -- nature -- homme. Elle naît et se développe à partir de la première médiation qui met en
rapport l'homme avec la nature et l'homme avec les autres hommes : Le travail. L'homme, pour le marxisme, n'est
libre que s'il est maître de ses moyens de production. C'est la définition marxiste de la liberté.
L'histoire montre, ce que laissait prévoir d'ailleurs la dialectique, qu'il y a eu des aliénations, c'est-à-dire des
appropriations des instruments de travail aux dépens des travailleurs. De formidables bonds en avant dans le
domaine technique ont fait qu'un groupe a disposé seul, à un certain moment des moyens de production. De ce
fait, le travail, au lieu d'être une médiation, est devenu une simple marchandise, c'est-à-dire une tâche que le
propriétaire des moyens de production achète au travailleur.
Celui-ci vend sur le marché sa force de travail ; le produit ne lui appartient plus ; il prend une existence
indépendante de lui. Il s'ensuit que la relation fondamentale et nécessaire homme -- nature -- homme est
rompue.
Le travailleur prend conscience de sa valeur propre et de la valeur de son travail ; il perd conscience de sa vie
réelle et se tourne vers des illusions (religion, idée morale). Il en résulte un régime anti- naturel d'exploitation.
Cependant, l'histoire procède aussi par bonds dialectiques. En effet, le groupe opprimé prend peu à peu
conscience de sa situation. Il lui apparaît qu'il constitue une classe. Et cette classe entreprend de lutter contre la
classe qui détient les moyens de production. L'histoire est donc essentiellement, dans ses phénomènes
superficiels et profonds, une lutte de classes et non pas, comme le disait Hegel, une dialectique intellectuelle.
Parmi ces groupes qui, au XIXe siècle, ont accaparé les moyens de production, Karl Marx voit d'abord à juste titre
la bourgeoisie. Celle-ci, à ses yeux, a réalisé une première révolution (1789), mais cette révolution est une fausse
révolution, en ce qu'elle a aboutit à aliéner les moyens de production au profit de la seule bourgeoisie, et non pas
du prolétariat et de tous.