intervention de Daniel Richard – Cepag/fgtb wallonne

publicité
Herstal, le 10 janvier 2008
DANIEL RICHARD – CEPAG/FGTB WALLONNE
Centrale générale Liège-Huy-Waremme
INTERVENTION DE
Cheratte 12 janvier 2008
1. Intro : Corpi
Contexte :
A quel titre parler de la mondialisation et de la place de l’Europe ?
Formation communication sociale
Expérience : journaliste
Intérêt pour écart entre le discours (l’histoire qu’on se raconte) et
ce qui peut être mesuré, approché de manière objective, la
« réalité » ?
Il y a des évidences qu’on évite ! La confrontation entre ce non-dit et
le discours dominant est fécond.
« Les pensées de la classe dominante sont aussi à toutes époques les
pensées dominantes », Karl Marx
Objectif :
Confronter les idées qu’on se fait de la mondialisation, retour vers la
réalité matérielle…
La mondialisation est un concept creux… Il masque = évitement … de
la réalité!
Consensus + pcq culturellement, il répond à notre souci d’universalité
(culture occidentale)… La mondialisation a été au départ, un souci
d’Européens…
1
La mondialisation = une nouvelle étape du développement du
capitalisme, une transformation du capitalisme…
Rôle
J’ai ici le meilleur : mes propos n’engagent que moi.
Ma réflexion est le fruit de mon travail (cepag – Fgtb wallonne)
De mes expériences, rencontres, lecture
Processus
Il nous faut un cadre de réflexion = le projet de société de la FGTB
Interaction
Débat
INTERET POUR LA RHETORIQUE
LE DISCOURS A CHANGE… ANNEES 80
- archives sur le parcours de Verhofstadt : « Baby Thatcher »
des années 80. Il dit alors, le problème, ce qui va pas =
l’économie mixte !!! (impression d’obsénité : pcq on ne dit plus
aujourd’hui des choses comme ça… On le fait !)
- Gorz, Bordieu… « Restauration capitaliste »
- Comme mbre service d’études FGTB wallonne, frappé que qq
soit le dossier analysé dans son histoire, rupture au même
moment…
 Enseignement
 Chômage
 Finances publiques
 Fédéralisme ?
 + financiarisation de l’économie = passage d’un
capitalisme industriel à un capitalisme actionnarial
 …
2
NOUS SOMMES DEPOSSEDES DE CETTE HISTOIRE
1. de l’histoire sociale belge…
Nos enfants sont analphabètes sociaux ! Mais ils connaissent
l’histoire de la dynastie… Celles de leurs grands parents ???
2. Avons-nous encore les mots pour se la raconter, cette
histoire ?
Eric Hazan, « LQR La propagande au quotidien », Raison d’agir, 2006
« La LQR n’est pas née d’une décision prise en haut lieu pas
plus qu’elle n’est l’aboutissement du complot. Elle est à la
fois l’émanation du néolibéralisme et son instrument. Plus
précisément, elle résulte de l’influence croissante à partir
des années 60, de deux groupes aujourd’hui omniprésents
parmi les décideurs de la constellation libérale, les
économistes et les publicitaires. »
Travaux de Victor Klemperer, prof juif chassé de l’univ de Dresde, il
rédige un journal où il rend compte de l’émergence d’une nouvelle
langue = celle de l’Allemagne nazie…
Sous la dir de Pascal Durand, « Les nouveaux mots du pouvoir.
Abécédaire critique », édition aden, 2007 ;
« La littérature joue du langage, l’idéologie se joue de nous
au moyen du langage. Le poète est voleur de feu, le pouvoir
est voleur de mots. Grande est sa capacité de vider de leur
sens les mots dont il s’est emparé, quitte à les retourner
comme des gants : ainsi, le mot même d’idéologie désormais
affecté, dans la novlangue du jour, aux conceptions du
monde alternatives au modèle capitaliste et, plus
fondamentalement encore, aux discours qui s’attachaient
naguère à décrypter l’idéologie ».
3
L’idéologie, c’est toujours une pensée des autres !
La mondialisation :
 Année 60 = flux de biens, services, mdo, technologie et
capital à l’échelle internationale
 Pas un phénomène nouveau dans l’histoire
 Traduction de l’anglais « globalization » = réf au village
global, concept sympathique (Mac Luhan, « Small is
beautyfull »)
 Le mot de mondialisation fait ainsi réf à une conception
heureuse…
 Discours libéral : ne pas avoir peu de la mondialisation
(Minc etc…)
 Intégration des marchés, du local au global…
 Ce n’est pas la réalité !
S’arrêter sur les mots… ils ont un sens
La figure de style dominante = l’EUPHEMISME
Deux buts :
1. Contournement : évacuation du conflit (ex : interlocuteurs
sociaux – partenaires sociaux). Tentation consensuelle…
2. Dissimulation : masque un vide, cache une réalité (ex :
réforme n’est plus associé au progrès social, les
conservateurs = ceux qui défendent les droits conquis des
travailleurs). « Il faut réformer les réformes du passé au
nom de la complexité et de la complexité du monde de la
mondialisation ».
Ces figures sont des outils puissants pour les stratégies d’évitement
de la réalité (cfr bouquin « Storytelling La machine à fabriquer des
histoires et à formater les esprits », Christian Salmon : « dévoile les
rouage d’une machine à raconter qui remplace le raisonnement
rationnel, bien plus efficace que toutes les imageries orwelliennes
de la société totalitaire. Ce nouvel ordre narratif va au-delà de
4
la création d’une novlangue médiatique engluant la pensée ; le
sujet qu’il veut formater est un individu envoûté, immergé dans un
univers fictif qui filtre les perceptions, stimule les affects,
encadre les comportements et les idées… »
« Les nouveaux récits que nous propose le storytelling, à
l’évidence, n’explorent pas les conditions d’une expérience
possible, mais les modalités de son assujettissement. Les stories
innombrables que produit la machine de propagande sont des
protocoles de dressage, de domestication, qui visent à prendre le
contrôle des pratiques et à s’approprier savoirs et désirs des
individus… Sous l’immense accumulation des récits que produisent
les sociétés modernes, se fait jour un « nouvel ordre narratif »
qui préside au formatage des désirs et à la propagation des
émotions – par leur mise en forme narrative, leur indexation, leur
instrumentalisation à travers toutes les instances de contrôles ».
QUELLE
EST CETTE HISTOIRE DISSIMULEE, EVITEE
?
Celle d’un combat contre le capitalisme. Celle du recul du capitalisme !
Cela s’est passé, c’est donc possible !
Le capitalisme est une organisation sociale
Son but : l’accumulation du capital
Sa caractéristique : un système conflictuel qui met en
présence des dominés et des dominants… = la lutte des classes.
Le libéralisme est une idéologie (histoire que l’on se raconte sur
la manière dont nous vivons ensemble)
Son but : légitimer la domination, la rendre naturelle !
Sa caractéristique : les déclinaisons d’un darwinisme
social !
Au lendemain de la guerre, un grand pacte social…
5
« On ne touche pas à la propriété privée mais on partage mieux
l’accroissement de la richesse produite (gains de productivité) »
Objectifs de la FGTB : égalité et démocratie. Les deux sont
intimement liés.
Outils de la répartition de la richesse produite :
1. Politiques de plein emploi (de qualité)
2. Défense du pouvoir d’achat des travailleurs
3. fiscalité progressive
4. Services publics performants
5. Sécurité sociale forte
 Un ETAT SOCIAL de SERVICES PUBLICS (Etat
kéynésien)
 Permet + de démocratie ! Un droit pour les nonpropriétaires (Robert Castel) : ex pension !
 La part du travail dans la répartition CAPITAL /
TRAVAIL croît (+ d’égalité !)
 A partir des années 80 = inversion !!!
Les deux victoires les plus symboliques du mouvement belge :
1. la cotisation sociale obligatoire
2. la sanction par arrêté royal des CCT
Pq ? La compétition entre les entreprises ne peut plus se faire au
détriment du financement de la solidarité sociale ni des conditions
minimales de travail et de salaires définies dans les CP !
= LE CAPITALISME PERD DU TERRAIN !
C’est possible !
Cette histoire est subversive ????
6
La Campagne sur le travail décent, c’est après la mondialisation,
recommencer ce travail. Sortir du champs de lutte du capitalisme un
certain nombre de droits pour les travailleurs !
- OIT : 1999
- WSF Nairobi : 2007 (CSI, Solidar, Social Alert, Global
progressiv Forum…)
Travail décent / Salaire décent :
1. Emploi
2. respect des normes fondamentales de oit (non discrimination,
libertés syndicales…)
3. protection sociale
4. rémunération décente
Mondialisation, c’est quoi ?
Jacques Adda : stratégie du capitalisme de contournement des
frontières physiques et réglementaires ! « Une revanche
économique sur le social et le politique » ! EVITEMENT !
FGTB wallonne :
1. Extension du secteur marchand (privatisation,
propriété intellectuelle, biodiversité…)
2. Mise en concurrence et en compétition non plus
seulement entre les entreprises, mais entre les Etats
et régions du monde (à travers leurs politiques
sociales, fiscales et/ou environnementales) et in fine
des travailleurs entre eux !
Rapport du dernier congrès de la FGTB wallonne : répartition
travail/capital est le critère de distinction des politiques de gauche
(« Le monde diplo de janvier 2008)
7
LA
COMMISSION EUROPÉENNE
S’INTÉRESSE
À LA RÉPARTITION
CAPITAL/TRAVAIL…
Le 23/10/2007, Communication de la Commission « Principaux
messages du rapport « L’emploi en Europe » de 2007.
COM(2007) 733 final
- Progression de l’emploi ( + 4 millions en 2006)
- Taux d’emploi des travailleurs âgés (bon !)
- Taux d’emploi des jeunes cata (taux de chômage de 17% !!!)
Pour la première fois, le 19e rapport sur l’emploi en Europe s’intéresse
à la répartition travail/capital
- Déclin des revenus du travail dans la plupart des pays de l’UE
(par rapport à la valeur ajoutée)
- Les revenus du travail sont à un niveau inférieur à celui des
années 60 !
- Ce sont surtout les travailleurs les moins qualifiés qui payent…
Dans l’analyse de la COM (et Spidla), stratégie d’évitemment…
1. Reconnaît « l’importante socio-économique de cette évolution
(qui) peut difficilement être sous-estimée, car la part des
revenus du travail influe sur la distribution des revenus des
ménages et la cohésion sociale, l’orientation donnée à
l’ajustement des salaires et de l’emploi et la composition de
la demande agrégée, et touche donc à des questions
majeures d’équités, d’efficience économique et de stabilité
macroéconomique. »
2. La cause : les avancées de la technologie, les institutions du
marchés et dans une moindre mesure l’ouverture des marchés…
8
3. Détournement de l’attention : « Attention, dit la COM, cette
diminution a été inégalement répartie entre les divers
niveaux de qualification, les travailleurs très qualifiés ayant
augmenté leur part tandis que le personnel peu qualifié a vu
la sienne rétrécir. L’ouverture aux échanges, comme le
progrès technologique, s’est traduit par des retombées
négatives sur la part agrégées des revenus du travail, mais
à une moins grande échelle. »
4. Solution ? « Poursuivre des politiques macroéconomiques
axées sur la stabilité et la croissance qui créent un
environnement économique favorable à une progression du
capital et des avancées technologiques »
→ Ceci implique une meilleure répartition entre qualifiés et
moins bien qualifiés
→ Niveau accru de compétences (formation)
→ « Une dose de flexibilité de l’emploi dans un
environnement sécurisé pourrait faciliter la création
d’emplois et la suppression des postes devenant
improductifs, tout en favorisant une transition rapide, vers
des emplois plus gratifiants, des travailleurs pris au piège
d’emplois peu qualifiés, qui procurent des revenus dont la
part dans la valeur ajoutée pâtit de l’extension du capital et
des avancées de la technologie ».
Travaux publiés antérieurement par des économistes progressistes
(Michel Husson, Jean-Marie Harribey) soulignent une approche
différente…
- « La courbe générale de la part salariale s’explique beaucoup
plus simplement par le rapport de force entre classes sociales »
- Explication essentielle : la montée du chômage « Les dirigeants
capitalistes ont pris appuis sur ce phénomène pour modifier
profondément et brutalement les règles de formation des
salaires. D’une norme salariale où le salaire augmentait comme la
productivité (part salariale constante), on passe à un nouveau
régime où le salaire croît à un rythme inférieur à la progression
9
de la productivité, elle-même ralentie par rapport à celle des
années de croissance ».
- Blocage des salaires + fin de la tendance historique à la
réduction du temps de travail !
Ils ont par ailleurs analysé dans l’augmentation des marges du capital
ce qui était investit… et ce qui ne l’était pas et constituait, in fine,
l’indicateur de la financiarisation de l’économie…
Résultat : infirmation du théorème de Schmidt : les profits
d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois
d’après-demain !
Le profit non réinvesti = les profits financiers. On peut alors vérifier
que la montée du chômage et la financiarisation vont de pair. « La
finance a réussi à capter la majeure partie des gains de
productivité au détriment des salaires. La conclusion est donc
limpide : il n’est pas possible de faire reculer le chômage sans
remettre en cause la financiarisation et donc la répartititon des
revenus actuelle. »
Le souhaite-t-on ?
Réponse dans le rapport 2004 du Conseil supérieur de l’emploi =
théorisation de l’utilité économique du chômage !
Rapport consacré au vieillissement mais en page 9 du résumé…
« …compte tenu en particulier de la réduction de la population en
âge de travailler qui s’opérera après 2010, il est capital
d’augmenter la participation de certaines catégories de personnes
qui, en Belgique, sont sous-représentées dans l’emploi. Il s’agit
des jeunes, des femmes, des personnes originaires de pays noneuropéens, des 55-64 ans et plus spécifiquement des moins
qualifiés d’entre eux…
10
Le Conseil supérieur répète que le renforcement de la
participation de tous les groupes précités est indispensable pour
lutter contre le sous-emploi actuel. L’existence d’une main
d’œuvre compétente et en nombre suffisant est par ailleurs
nécessaire pour éviter qu’apparaissent des tensions salariales qui,
en se répercutant sur le coût du travail, fragiliseraient la
position compétitive des entreprises opérant en Belgique et
provoqueraient des délocalisations,. A cet égard, il importe
d’ailleurs que la participation accrue se traduise par un volume de
main d’œuvre effectivement disponible plus important ».
La justification théorique à la fois du plan de contrôle de la
disponibilité des chômeurs et du « Pacte de solidarité entre les
générations » qui n’est pas un pacte et dont on se demande encore en
quoi il organiserait la solidarité entre les générations ! C’est le
contraire ! Euphémisme !!!
ROLE
DE L’EUROPE
L’EUROPE EST CHEZ NOUS UN CONSENSUS ! ON EST POUR
 Pcq porteuse de paix
 Libre circulation des personnes (tourisme…)
 Un marché important (le plus grand du monde)
 L’euro…
Paradoxe = 80% des décisions qui nous touchent mais peu de
débats entre nous !
Or :
 L’UE est construite comme un marché
 Un marché n’est par définition pas un espace de droit,
ni un espace d’égalité
 L’Europe est-elle démocratique ???
11
Rôle du parlement (pas d’initiative)
Prépondérance de la Commission
Traité constitutionnel ( ???)
Traité de Lisbonne mieux ? non mais pas de
débat (plus de réferendum… Eviter les
peuples !)
 Peut-être une avancée pour SIG ? La CES
dépose une pétition pour réclamer une
directive transversale pour les SP, le
lendemain Barroso dit que non, il
n’APPLIQUERA PAS l’article du traité qui le
rend enfin possible !!!! On en serait
maintenant à réclamer que le président de la
Com applique un Traité qu’on ne veut pas
soumettre à consultation !!!!
 Rôle de l’UE dans la mondialisation = 1er
puissance commerciale mais nain politique
 Perception des pays pauvre = cheval de troie
du libéralisme ; pas un modèle social très
différent de celui des usa… (accord de
partenariat avec acp = refus de l’Afrique




Rôle de paravent par rapport aux responsabilités nationales : c’est
pas nous c’est l’Europe (débat du vieillissement par ex…)
Rôle de la BCE = seulement l’inflation (pas l’emploi, ni la croissance
comme le Trésor américain !)
Rôle de la Cour de Justice des Comm européennes
 Arrêt Laval
 Arrêt Viking
= irruption de la Justice dans des conflits collectifs ! On ne
l’accepterait pas en Belgique… C’est les juges qui disent que l’action
syndicale (grève, piquet…) est légitime mais pas propotionnée !
12
Téléchargement