17.04.17 François Bœspflug – Caricaturer Dieu ? Seite 2
Chapitre 2 – Judaïsme
L’aniconisme cultuel de l’Israël ancien est un phénomène relativement tardif, postérieur à l’Exil.
aniconisme de fait (celui de l’Israël nomade d’avant l’installation en Canaan)
aniconisme du droit (qui s’exprime dans l’interdiction formelle du Décalogue)
aniconisme programmatique “en interne” et, au retour de l’Exil “en externe”
L’aniconisme juif n’est pas une absolue nouveauté (hindouisme de la période védique ou du premier bouddhisme,
zoroastrisme, démythologisation radicale en Grèce)
Dieu n’est pas seulement le garant, il est l’auteur du Décalogue. Il est un Dieu „jaloux“.
Le terme hébreu rendu en français par „image“ est „pésèl“, d’une racine signifiant „tailler, sculpter“ (lat. sculptile,
simulacrum, gr. glypton, eidolon)
La formulation du commandement vise avant tout les images cultuelles. Il s’agissait d’abord d’interdire les images
des autres dieux, et a fortiori de barrer la route à l’adoration de Yahvé figuré sous la forme d’une statue.
Dieu est initiative et liberté. Il n’a nul besoin d’admirateurs. L’interdiction de son image dit son irréductibilité à tout
élément du monde. De l’absence de statue divine comme de toute forme naîtra l’idée que ce Dieu-là est “vraiment
un Dieu qui se cache” (Is 45,15).
Israël a pratiqué la figuration ornamentale ou symbolique, compris dans le cadre cultuel (les douze bœufs de la mer
de bronze, les chérubins de l’arche ou ceux du temple). L’épisode du Serpent d’airain ne fut jamais compris
comme un encouragement à sculpter des statues.
Les nombreuses métaphores qui servent à désigner Dieu (Père, Époux, Guerrier etc.) ne tombent pas sous le coup de
l’interdiction des images. Mais on doit savoir qu’elles sont foncièrement inadéquates.
L’art juif, depuis les temps biblique, jusqu’à Marc Chagall, s’est développé, mais en excluant complètement les
images cultuelles.
la synagogue de Doura (vers 245), la mosaïque de Bath Aleph (518-527), les Synagogues de Hammath (IVe siècle) et
Tsippori (VIIe siècle ?); la micrographie
C’est au judaïsme que l’art chrétien emprunta le symbole des quatre lettres (pour la première fois dans une gravure
faite à Strasbourg).
Chapitre 3 – Christianisme
Jésus lui-même n’avait manifesté aucun intérêt pour les images plastiques, les apôtres non plus. Quant à Saint Paul, il
les avait en horreur. Le christianisme aurait pu rester une religion sans images.
Trois grands modes de figuration de Dieu vont se déployer petit à petit dès la seconde moitié du IIe siècle:
symbole indirects, inspirées de l’art juif
figuration en Dieu âgé
figuration en Christ (caractérise le mieux l’art chrétien)
Concile de Nicée II (787): L’icône du Christ ne figure à proprement parler ni son humanité ni sa divinité (comment
pourrait-on, dans le cadre d’une conception plus ou moins mimétique de l’art, figurer des natures, qui sont des
abstractions ?), mais sa Personne, ou plus précisement l’union hypostatique de l’une et de l’autre natures en sa
Personne humano-divine. Le horos de Nicée II est muet au sujet d’éventuelles icônes du Père, de l’Ésprit saint, de
la divinité en tant que telle ou de la Trinité.
La situation iconique de Dieu à une époque donnée est un bon „analyseur“ comme disent les sociologues, le
l’évolution des sensibilités religieuses.
La croix fut constamment honorée et protegée de tout vandalisme.
La naissance des images non christomorphiques de Dieu chrétien est précédée d’une période de gestation qui s’étend
di IXe au XIIe siècle; Dieu le Père, l’alter ego de Jésus, son sosie, son père, puis son grand-père; images de la
Trinité (“Trinité du Psautier”, Trône de grâce, Trinité triandrique, Paternité; au XIIIe et surtout au XIVe siècle le
Tricéphale ou Triface).
Cette poussée (non programmée) eut libre cours. Elle ne provoque à l’époque aucune querelle.
Fin du XIVe siècle: Dieu le Père en pape; Majestas Patris; Compassion du Père; Compassion de la Trinité;
couronnement de la Vierge par la Trinité; Pressoir mystique; Double intercession.
La figure du Christ est de plus en plus marquée par la souffence (Christomorphisme residuel au XVe siècle: Retable
de l’Agneau mystique de Gand, Couronnement de la Vierge de Quarton, Heures d’Étienne Chevalier)
Figure jupitériennes de Dieu le Père crées par Raphaël et Michel-Ange
XIIIe – XVe siècle: puissant processus d’humanisation de la figure de Dieu; au même moment les péchés de la
langue sont l’objet de toute l’acribie du moraliste mais aussi de la surveillance très sourcilleuse du pouvoir