qui éveille la foi. Donc …
opposition radicale entre Erasme et Luther. Érasme avait
d’ailleurs fait paraître en 1524, un petit opuscule sur le libre-arbitre, et Luther répond
immédiatement, très violemment, par un autre petit opuscule le « Serf arbitre »,1525. Luther
ne condamnant pas l’usage de la raison, régénéré par la foi d’une raison qui sert la foi, mais la
foi est première. Par elle-même la raison ne peut rien. La raison peut, parce qu’elle est
animée par la foi.
Donc voilà le contexte. Donc, dans ce contexte-là, il y a une prise de conscience de
l’Eglise catholique, devant le danger que représente la Réforme. Et, on en vient alors, dans
l’Eglise catholique, à réaffirmer les principes anciens, contre Erasme tout aussi bien que
contre Luther. Principes anciens, à savoir que précisément, que l’enseignement chrétien tel
que le conçoit Erasme, peut certes être très intéressant, pour les gens, pour l’élite, pour les
gens, pour les théologiens. Mais le peuple, lui, va être dépassé par le sens même de
l’enseignement chrétien, et par conséquent pour les pauvres et les ignorants, qui ne peuvent
pas comprendre le message intellectuel du christianisme. Il faut non seulement des guides,
que sont les prêtres et la hiérarchie religieuse. Mais il faut aussi les « dévotions machinales » :
les pèlerinages, les reliques, les cérémonies. Et les images, qui étaient si critiquées par les
platoniciens de la Renaissance -les images de l’au-delà, puisque c’était le dualisme
platonicien : ce qui est image est ombre et illusion, seule la pensée peut…
voir l’invisible.
Ces images tant critiquées par les platoniciens et par Erasme, sont la Bible du peuple. C’est la
seule manière d’instruire le peuple. Les reliques et les Indulgences, sont une nécessité
spirituelle pour le peuple. Mais aussi une nécessité, une rentrée financière, qui permet à
l’Eglise d’aider le peuple pour l’instruire et lui faire comprendre par l’intermédiaire d’images,
le sens de l’enseignement religieux.
Donc, là, les trois grandes tendances alors s’affirment très nettement, et c’est dans ce
contexte qu’il faut, on peut, lire Montaigne, qui vivait complètement désorienté par ces trois
tendances. Et qu’il va comme un va le voir, développer, alors bien sûr un scepticisme. Mais
cependant, un scepticisme, alors, au service de la foi, mais dans quel sens ? En quel sens
Montaigne est-il chrétien ? L’est-il -on sait qu’il est sceptique, qu’il ne fait pas du tout
confiance au pouvoir de la raison, contrairement à Erasme- mais son christianisme est-il un
christianisme humaniste, catholique ou réformiste ?
Alors, je rappelle que Montaigne est né en 1533. Il a été éduqué par un précepteur
allemand qui ne parlait pas français, de sorte que son précepteur a fait tout son enseignement
en latin, pour qu’il puisse le comprendre. Il suit des cours à Bordeaux. Il est au Parlement de
Bordeaux entre 1557 et 1570. Et puis en 1571, il se retire pour écrire. Son premier livre des
« Essais », les « Essais » ont eu plusieurs éditions, chaque fois des éditions augmentées.
Alors, première édition 1572 et puis 1574. Le second livre est écrit entre 1578 et 1580. La
première édition en deux volumes est de 1580 à Bordeaux. Bon, Montaigne connaît aussi un
très grand succès. Le roi Henri III reçoit un exemplaire. Deuxième édition, 1582. Puis, le
troisième livre, écrit entre 1585 et 1588. Et l’édition avec les trois livres, en 1588. Alors,
bien entendu, comme vous le savez les « Essais », donnent lieu à un genre nouveau : le genre
« essai ». Ce qu’on va appeler « essai ». Le terme a fait fortune. Pourquoi « essai » ?
Justement, en raison même du scepticisme de Montaigne, qui écrivait très joliment : « si je
pouvais prendre pied, je ne m’essayerai pas, je conclurai ». Donc, les Essais c’est justement
Mots inaudibles.
Idem.