gueule ». Et n'allez pas croire que je me suis fait forclore du cocon familial: des honnêtes
gens qui n'ont rien demandé me pleurent tous les soirs au coin du feu, là-bas. Mais il vaut
mieux s'enfoncer dans la nuit qu'un clou dans la fesse gauche... va pour la Bretagne, paraît
que ça vous gagne (mais non j'l'ai pas dit). La douleur fait chier, mais ça motive
bougrement aussi.
Bon, la Bretagne, on a beau dire, à part les cacosmies varechiennes, les fientes chancies des
mouettes, et les sanies cyclotouristiques, sources d'inépuisables réjouissances j'en
conviens, t'as vite fait le tour... ça commençait à me tartir sec: mon moi intrinsèque devait
forcément se fourvoyer... les Bretons! La voilà, la solution! J'les avais pô vus ceux-là.
Cherchons à percer la philosophie bretonne à travers les bretons, que j'ai dit à mes copains
dans mes poches. Alors j'ai percé... Kenavo les bouseux! Bon j'ai pas trouvé de
philosophie... puis je tiens pas tant que ça à aggraver le statut déjà moribond du
spiritualisme breton en le comparant à l'institution qu'est devenue l'intellectualisme
médocain, alors je ne m'attarderai pas sur le sujet, et puis de toute façon, un grain de maïs
a toujours tort devant une poule... J'aime pas la guerre, parce que c'est l'arme des
marchands de mort sexistes.
Par contre, j'ai trouvé des individus non dénués d'intérêt: peut-être qu'ils m'ont plu parce
qu'un autre médocain les avait déjà pris sous son aile tyrano-rôlistique avant moi (le
monde est petit, rond et centré sur le Médoc... c'est de Gallilée, ça, pour ceux qui prennent
des notes), peut-être que c'est parce que c'est des gens très bien... le mystère reste entier. Ils
m'ont appris que se moquer de l'anus de son voisin n'est pas un crime, mais inviter toute
sa famille à le faire est intolérable, que si tu vois un crocodile s'acheter un pantalon, c'est
qu'il a trouvé un moyen de faire sortir sa queue, et moi de mon côté, je leur ai fait des
travaux pratiques sur le thème véridique.
« La barbarie est l'état naturel de l'espèce humaine. La civilisation n'est pas naturelle. Elle
résulte d'une fantaisie de la vie; Et la barbarie finit toujours par triompher »... avec la
nuance indispensable: « Qui avale une noix de coco fait confiance à son anus ». Bel
échange... Merci à eux.
L'amitié vous remplit toujours d'une douce reconnaissance, car le monde, la plupart
du temps, n'est qu'un vaste désert, et les fleurs qui y poussent semblent lutter contre des
forces contraires... Snif... Mais tout ce qui a un début a une fin... Quelle que soit la
maigreur de l'éléphant, ses couilles remplissent une marmite. Et en pleine étude
anthropologique rapprochée, le Médoc sortit ses tenailles maternelles pour ramener le
petiot à la maisonnée. Argh! Quand il pleut des roubles, les malchanceux n'ont pas de
sac... Heureusement, je ne sors jamais sans ma hotte à raisin! Des fois, les choses ne
changent pas... mais des fois, elles changent: Il y a des femmes qui se jettent à votre cou
comme à celui d'un cheval pour vous faire croire que vous êtes emballé... Moi, c'est une
cacahuète qui m'a sauté à la bouche... Mais à cheval donné, on ne regarde pas la dent, et
puis en plus j'adore les cacahuètes. Tu bois une bière et tu en as marre du goût. Alors tu
manges une cacahuète. Les cacahuètes, c'est doux et salé, fort et tendre, comme une
femme. Manger, des cacahuètes, « It's a really strong feeling ». Et après, tu as de nouveau
envie de boire une bière. Les cacahuètes, c'est le mouvement perpétuel à la portée de
l'homme.
Depuis, trois nuits pas semaine c'est sa peau contre ma peau, mais mon dieu qu'elle est
belle. Il existe un gouffre entre ceux qui peuvent dormir et ceux qui ne le peuvent pas.
C'est l'une des grandes divisions de l'espèce humaine. On trouve même des médecins qui
refusent de proscrire quoi que ce soit contre l'insomnie figurez-vous. Ils prétendent que