Mini-atlas des religions du monde section 3 : les religions primitives
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Les religions primitives
Mini-atlas des religions du monde section 2 : les religions orientales le bouddhisme
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ABORIGENES D’AUSTRALIE :
Dans les sociétés primitives des aborigènes, les mythes sont très importants. La
conception religieuse des aborigènes renvoie à un temps mythique, le «dream time» (le temps
du rêve). C’est un temps fabuleux et complètement révolu, mais il est connu par les mythes et
par les rêves.
Les êtres du temps des rêves ont laissé des «esprits enfants» en des lieux sacrés
(rochers, arbres, sources...). Les femmes qui passent en ces endroits sont ainsi fécondées. Ce
principe de fécondation, qui est un lien entre le temps mythique et le temps présent, est à la
base de la religion aborigène.
Les êtres mythiques ont transmis aux aborigènes des objets sacrés appelés «tjuiunda»
(des pierres, planchettes de forme oblongue ornementées de motifs rituels). Ces objets sacrés
sont symbole de reproduction, mais ils sont mis à l’écart des femmes (si une femme vient à
les voir, elle est mise à mort). C’est un des paradoxes de la religion: ces objets symbole de
reproduction, qui sont pourtant le propre des femmes, doivent être écartés d’elles.
Les hommes qui peuvent manipuler les objets doivent être initiés. C’est toute
l’importance des cérémonies et des rites d’initiation qui se roulent sur plusieurs années en
de nombreuses phases. Le jeune homme est arraché à la sphère maternelle, grâce à une
séparation symbolique d’avec la mère. Le nouvel initié est symboliquement mis à mort et
renaît: c’est un nouvel accouchement entièrement géré par les hommes.
On peut noter comme rites :
la circoncision*
la subincision*
la scarification*
l’avulsion dentaire*
l’épilation*
Lecture conseillée: Initiations, rites et sociétés, Mircea Eliade (Folio).
LE CHAMANISME :
Dates d’apparition:
C’est une religion primitive souvent désignée comme faisant partie de l’animisme (mot
d’éthymologie latine : «anima» signifiant souffle ou âme). On peut donc penser que cette
forme de religion apparaît dès l’Antiquité.
Fondateurs:
Le chamanisme n’est caractérisé par aucun dogme, aucun clergé, aucun lieu saint ni lieu de
prière. C’est par l’intermédiaire de prêtres orthodoxes ou luthériens que l’Occident a pu
connaitre le chamanisme. En ce qui concerne le chamanisme sibérien, c’est l’archiprêtre russe
Avvakum, déporté en Sibérie, qui a utilisé le mot chamanisme pour la première fois au
17ème. siècle. Quant au chamanisme Inuit, il a été connu grâce à Hans Egede (pasteur
luthérien) qui a publié en 1741 un ouvrage sur les coutumes des Eskimaux.
Bases de la croyance:
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Le chamanisme se caractérise par le culte de la nature, la croyance en des esprits, des
pratiques divinatoires et thérapeutiques telles que la transe ou l’extase.
Points principaux de la doctrine:
Il n’y a pas vraiment de doctrine (aucun écrit) mais le chamanisme se traduit par une pratique,
étroitement liée au milieu naturel, aux conditions de vie et au type de société de chaque
groupe. On distingue: le chamanisme sibérien, le chamanisme inuit, mongol, toungouse, turc
et amérindien.
Vocabulaire spécifique:
Il n’y a pas de clergé mais juste un prêtre sorcier: le « chamane ». Le mot chamane vient
éthymologiquement du mot toungouse (groupe de langue de la famille ouralo-altaïque) saman
qui signifie le moine. Le chamane est un médiateur entre le monde des humains et celui des
esprits, entre celui des vivants et celui des morts, entre celui des animaux et de la société
humaine. Le prêtre sorcier est à la fois devin et thérapeute dans les civilisations d’Asie
Centrale, septentrionale et d’Amérique du Sud.
Fêtes remarquables:
Les fêtes et les esprits invoqués varient en fonction du type de société. En Sibérie, le chamane
doit assurer la chance à la chasse pour sa communauté (le plus grand soucis est en effet la
subsistance dans cette région la plupart du temps enneigée). Le rite est conduit lors d’une
grande fête annuelle qui prend la forme d’un mariage entre le chamane et les esprits de la
forêt et des eaux (le chamane prend une épouse par monde nourricier).
Tous les autres rituels suivent un schéma commun. En effet, se succèdent :
- la convocation des esprits auxiliaires à qui l’on expose les raisons du rituel ;
- un voyage dans la surnaturel et /ou l’expulsion de l’esprit hostile ;
- la purification et le remerciement aux esprits ;
- puis, pour finir, une divination sur les questions les plus variées.
Néanmoins, on peut distinguer différents rites:
les grands rituels au printemps ou avant la période de chasse afin d’obtenir la prospérité du
groupe
les rituels d’accompagnement d’âmes dans le but de s’assurer que l’âme a bien quitté le
monde des hommes. Elle suivra un cycle normal de réincarnation.
- les rituels contre la stérilité ou la mortalité infantile
- les offrandes d’âmes, d’animaux sacrifiés qui sont envoyés jusqu’à leurs destinateurs
surnaturels
Influence culturelle:
Le costume du chamane (lourd vêtement en peau de renne) ainsi que les instruments qui
accompagnent les danses et rites (tambours, luths, crécelles...) ont une grande symbolique
mais leur place est désormais dans les musées. En effet, le chamanisme s’est adapté à la
modernité et à la vie urbaine il s’intègre sous des activités variées exercées de façon
authentique (psychothérapie, voyance, arts du spectacle, mouvements de résistance ethnique,
écologie...). Cependant, on a pu constater une dérive du chamanisme en Occident dans les
années 70. C’est l’apparition du néo-chamanisme : mouvement de retour aux origines, quête
mystique (transe, extase) jusqu’au mouvement hippie. Le néo-chamanisme se transforme très
vite en une entreprise lucrative proposant des stages d’initiation payants, dirigés par des néo-
praticiens et ex-anthropologues. Ce phénomène de mode, qui dénature le chamanisme et le
fait basculer du côté du mysticisme, a eu beaucoup de succès auprès des «couches cultivées».
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EN AFRIQUE NOIRE...
Les quelques religions typiques que nous avons choisi d’étudier sont: celle des Dogon
au Mali, celle des Sereer, Lebou, Wolof en Mauritanie et au Sénégal, et celle du Vodu au
Bénin.
Dates d’apparition:
Le plus souvent, ces religions sont apparues dès qu’il y a eu groupement d’hommes. Par
exemple, les populations autochtones (pêcheurs, chasseurs, cultivateurs) qui ont habité la
Mauritanie et la vallée du fleuve Sénégal semblent avoir été indifférenciées sur le plan
religieux du néolithique au 8ème. siècle. Puis sont arrivés les Almoravides berbères qui ont
voulu islamiser la région: ceci provoqua le départ vers le sud des populations autochtones vers
les 10ème et 11ème siècles. Il y a ainsi eu différenciation avec les trois tribus existantes
aujourd’hui: les Wolof, les Sereer plus au sud, et les Lebou partis en 1570 à cent kilomètres
au sud de Dakar.
Fondateur:
Il faudrait plutôt parler de fondateurs puisque c’est souvent le groupe d’homme vivant en
communion avec la nature qui a établi ses propres rites. Il semblerait que ces croyances soient
le fruit d’une longue cohabitation avec la nature mais où chacun est acteur de la croyance, pas
comme dans les religions monothéistes pour lesquelles un homme a «répandre» la bonne
parole. Ces religions ont été connues dans le monde grâce à des explorateurs ou des
missionnaires. Dans le cas des Dogons, par exemple, c’est l’ethnologue M. Griaule qui a su
gagner la confiance de leur chef religieux, Ogotoméli, lors d’expéditions depuis 1930
jusqu’en 1965, et ainsi révéler au monde leur mode de vie.
Bases de la croyance:
Il n’y a aucun livre saint ou lieu saint chez ces peuples, ou plutôt, chaque lieu pourrait devenir
sacré si un esprit y apparaissait. En effet, la survivance des croyances tient surtout à la force
de la tradition orale: les principes sont transmis de génération en génération sous la forme de
danses rituelles, de chants, d’initiations. Cependant, il faut savoir que sous l’influence de
grandes religions monothéistes, ici l’Islam, la tradition se perd parfois :or, si le chant et les
prières s’arrêtent, le(s) Dieu(x) s’en vont, comme c’est le cas dans certains villages Wolof
aujourd’hui.
Points principaux de la doctrine:
La religion de nombre de ces peuples a pour base un mythe fondateur. Souvent, il existe une
cosmogonie complexe qui repose sur la croyance en une puissance suprême (Amma chez les
Dogon, Roog Sène chez les Sereer...). Mais cette puissance peut avoir des statuts très
différents:
elle peut être associée à la figure d’un grand Dieu (un peu comme dans nos religions
monothéistes) ; elle est alors priée et célébrée comme telle. C’est le cas d’Amma chez les
Dogon.
Elle peut être inaccessible et indifférente au sort des hommes. Ils ont alors recours à une
multitude de génies qui vivent dans la nature ou dans les villages et qui apparaissent d’ailleurs
souvent sous la forme d’animaux (serpents, varans, chats) qu’il est interdit de tuer. Il existe
par exemple les rab : génies des Lebou. Ou encore les génies des Sereer qui peuvent être de
trois sortes: pangols (bien intentionnés), djini (plutôt méchants), et kouss (inoffensifs). Ces
génies interviennent dans la vie quotidienne des hommes et peuvent représenter deux choses:
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soit ils incarnent un élément de la nature, soit ils sont la réincarnation d’un ancêtre de la
famille. C’est pour cela qu’on parle parfois d’ « ancestrisme» à propos de ces religions :il y a
très peu de frontière entre la vie et la mort et les anciens viennent souvent donner leurs
conseils aux vivants. C’est aussi pour cela que le savoir est l’apanage des plus vieux, qui sont
souvent grands prêtres des cérémonies.
Le but des rites, des cultes, des sacrifices est différent suivant le type de société: par exemple,
chez les Lebou, installés près de la mer, on demande l’abondance du poisson et la sécurité des
pêcheurs. Il n’y a pas de date ou d’heure précise pour prier, c’est plutôt ponctuel: un autel
rustique (quelques pierres et une marmite) et du lait caillé en guise de sacrifice suffisent à
entrer en communication avec l’esprit concerné. D’ailleurs en temps de crise, lorsque les
sacrifices s’espacent, on observe une recrudescence d’accidents et de décès dans les villages...
Vocabulaire spécifique:
Clergé : dans beaucoup de ces religions, il n’y a pas vraiment de clergé, mais certains
ont des rôles spécifiques: par exemple les madaq et saltigué (voyants) qui, chez les Sereer,
prédisent les événements (décès, coltes...) de l’année à venir. Le Vodu est un cas un peu
particulier puisqu’il est l’intermédiaire entre les hommes et Dieu et seul un initié peut entrer
en communication avec lui.
Office : les prières peuvent être individuelles ou collectives. Par exemple, chez les
Lebou, chaque famille a son rab et s’en occupe avec grand soin. On communique avec la
divinité par l’intermédiaire de pratiques où tous les sens sont sollicités: danses, chants, parfois
langue secrète pour prier. Les Dogon connaissent aussi des cultes totémiques: binu.
Pratiques : lors des cérémonies, les fidèles ont souvent recours à des substances
dopantes qui permettent d’entrer en transe, état qui est celui de la communication avec le
sacré. On trouve : le dolo (bière de mil) chez les Dogon, l’eboga (drogue hallucinogène) chez
les Buiti (Gabon, Guinée, Cameroun) qui permet d’avoir la vision du monde des figures
ancestrales et divines, des plantes, au Bénin, qui sont indispensable pour ériger l’autel du
Vodu.
Fêtes remarquables:
Chaque tribu a sa façon de célébrer les divinités et il y a différentes motivations à ces fêtes :
- elles peuvent être un hommage au dieu créateur et à l’univers tout entier: ainsi,
chez les Dogon, tous les soixante ans, à l’occasion du retour visible d’un petit satellite de
l’étoile Sirius. Pendant une semaine, on rejoue les grandes phases du mythe de création: le
matin, les hommes se parent des bijoux et des mouchoirs de leurs femmes (pour évoquer
l’androgynie de leur dieu créateur) puis dansent et mettent des masques. Les femmes
préparent du dolo et ils en boivent jusqu’à l’ivresse car c’est «le support de la parole créatrice
du mythe».
- elles peuvent êtres organisées pour demander quelque chose ou encore pour
«racheter» l’âme d’un homme qui a fait une mauvaise action et qui se retrouve «possédé» par
l’esprit d’un mort qui lui fait des reproches. On fait alors des sacrifices animaux très
coûteux...
- Enfin, il faut savoir que l’initiation est très importante dans ces sociétés. Notamment dans
le cas du Vodu, la cérémonie a pour but de transformer l’initié en femme de l’esprit vodu
(quelque soit son sexe) et ainsi de lui permettre de communiquer avec le divin.
Influence culturelle:
Depuis que le monde connaît un peu mieux ces pratiques, on s’aperçoit de la richesse qu’elles
contiennent :
- sur le plan musical :les chants rituels (kassak) souvent accompagnés de tam-tam ;
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