Cinquième partie : Les grands enjeux de l`ouverture des

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Sixième partie : L’Europe comme résumé des grands enjeux contemporains :
Chapitre 14 – Une Europe politique et économique en question :
Objectif : comprendre que l’Union Européenne est une construction politique originale
aux effets économiques particuliers
Sans entrer dans le détail des évolutions historiques, on rappellera qu’en
se dotant d’un grand marché intérieur et d’une monnaie unique, les pays
européens mènent une expérience originale d’intégration plus étroite de
leurs économies.
Euro, union
économique et
monétaire
On montrera que l’union monétaire revêt une importance particulière dans
le contexte monétaire et financier international, et qu’elle renforce les
interdépendances entre les politiques macroéconomiques des Etats
membres.
banque centrale,
politique budgétaire,
politique monétaire
On s’interrogera sur les difficultés de la coordination des politiques
économiques dans l’Union européenne.
banque centrale,
politique budgétaire,
politique monétaire
On va dans ce chapitre s’attacher à différents problèmes que vont poser l’Union Européenne.
Mais pour ce faire, nous allons prendre un fil directeur essentiel, l’impact de l’Union
Européenne sur la croissance économique. Ce qui nous donne le sujet de dissertation suivant,
dont l’ensemble du plan sera la réponse :
Dans quelle mesure l’Union Européenne favorise-t-elle la croissance économique ?
Il s’agira alors de raisonner comme si on raisonnait devant une copie, afin d’un côté de réviser
les connaissances que l’on a déjà, et d’un autre côté d’ajouter les quelques connaissances de
cours spécifiques à l’Union Européenne.
Pour ce faire, il s’agit de se poser différentes questions en introduction, comme pour un
brouillon.
- Primo, qu’est-ce que l’on entend par « Union Européenne » ?
o On peut dans un premier temps penser à un ensemble d’institutions
économiques et politiques. Parmi elles se trouvent la Commission
Européenne et plus généralement le « triangle institutionnel », la BCE, et les
différentes législations existant dans l’Union Européenne.
o On peut dans un deuxième temps penser plus généralement à une zone
économique et géographique composée de différents pays situés en Europe.
On pourra alors se demander ce qu’il se passe en Europe en distinguant les
effets du libre-échange, du marché commun ou encore de la zone euro.
- Secundo, on peut essayer aussi de se rappeler qu’est-ce qui favorise en général la
croissance économique ? Pour ce faire, révisons ensemble. On pourra alors utilement
soulignement le rôle très important de l’ouverture commerciale d’une part, et des
politiques économiques d’autre part, comme éléments importants dans les sources
de croissance.
1
On vient donc dans ce travail préparatoire de mettre en évidence des liens dans le sujet.
L’Union Européenne, en tant que zone géographique, a sans doute quelque chose à voir
avec le phénomène de mondialisation et peut à ce titre créer de la croissance. L’Union
Européenne, en tant qu’institutions économiques et politiques, a sans doute quelque
chose à voir avec l’action globale des pouvoirs publics sur la croissance.
Ce sont ainsi deux pistes que nous allons pouvoir tracer ensemble pour répondre de façon
ordonnée à notre sujet.
L’Union Européenne, une zone géographique favorable à la croissance
économique :
Bien, nous allons maintenant voir dans quelle mesure une zone géographique comme l’Union
Européenne peut favoriser la croissance. Avant de commencer, nous avons d’un guide pour
décomposer le sujet.
I.
A. Les caractéristiques des zones de l’Union Européenne :
1. Décrire l’intégration unique de l’Union Européenne :
Comment distinguer différents types de zones économiques dans l’Union Européenne ?
On peut le faire en distinguant différentes fonctions économiques.
Pour cela, on va utiliser la classification de l’économiste Balassa.
Selon Balassa, une zone géographique peut se transformer économiquement et
politiquement en suivant le processus suivant (à la manière de la construction d’un
Etat) : (dessiner en même temps au tableau la signification territoriale de ces différentes
zones).
Zone de libreéchange1
Union douanière
Degré
d’intégration
Marché commun
Abolition des droits de
douane dans les
échanges de biens et
services entre pays
signataires
Mise en place d’un
tarif extérieur
commun
Renvoi à la question du
commerce
international
Renvoi à la
question du
protectionnisme
+
Union économique
et monétaire
Union politique
En plus des
marchandises
(biens et services),
les capitaux et les
travailleurs peuvent
circuler librement.
Les Etats membres
harmonisent leurs
politiques
économiques et
sociales et se dotent
d’une monnaie
commune.
Les Etats se dotent
d’institutions
politiques
communes et
harmonisent leurs
politiques
étrangère et de
défense.
Renvoi à la
question de la
mondialisation en
général
Renvoi à la question
des effets
économiques d’une
monnaie et des
pouvoirs publics
Renvoi à la
question des effets
économiques des
pouvoirs publics
On peut dans le même temps se demander si ces différentes zones ont bien existé et
correspondent bien à l’histoire de l’Europe. C’est le cas, ce qu’on peut montrer par une
révision du cours d’histoire que vous avez fait.
1951 : CECA
1957 : Traité de
Rome
1968 : Disparition
des droits de
douane entre pays
européens
1986 : Acte Unique
Européen
1990 : Convention
de Schengen
1997 : Traité
d’Amsterdam (sur
le PSC)
1999 : Introduction
de l’euro et création
de la BCE.
1993 : Traité de
Maastricht et sa
Politique Etrangère et
de Sécurité Commune
2009 : Traité de
Lisbonne avec la
création d’un Haut
représentant aux
affaires étrangères.
(Catherine Ashton)
Vers un fédéralisme
européen ?
1
Exemple : ALENA (1994, USA, Mexique, Canada), Mercosur (1995 ; Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay + 2 membres associés :
Bolivie, Chili).
2
C’est ce qui a donné la forme de l’Union Européenne actuelle à 27, mais avec dans le même
temps une structure en évolution, comme figuré sur le document 1 de la FD.
Document 1 – L’Union Européenne en 2013 (données de 2008):
2. Observer le poids et l’hétérogénéité de l’Union Européenne :
On doit cependant faire un petit temps d’arrêt pour voir ce que donne désormais l’Union
Européenne.
On peut cependant remarquer que l’Union Européenne recouvre désormais de
nombreux pays suite à son élargissement.
Prenons le premier transparent pour observer cette question.
Prendre en note les grandes étapes :
1981-1986 : Pays du Sud de l’Europe
1957 : Noyau dur Europe de l’Ouest
1995 : Pays nordiques
1973 : Pays anglo-saxons
2004-2007 : Pays de l’ex-URSS
Quelles sont désormais les caractéristiques de l’Union Européenne suite à son
élargissement ?
Document 2 – Le poids de l’Union Européenne dans le monde :
« L'Union européenne, avec douze nouveaux États membres depuis 2004, dispose désormais d'un
produit intérieur brut (valeur totale des biens et services produits) plus important que celui des Etats-Unis (PIB
de 12 268 milliards d'euros en 2010). L'UE ne compte que 7 % de la population mondiale, mais ses échanges
commerciaux avec le reste du monde représentent environ 20 % du volume total des importations et exportations
mondiales. L'Union européenne est le plus grand exportateur au monde et le deuxième importateur. Environ
deux tiers du volume total des échanges des pays de l'UE sont réalisés avec d'autres pays de l'UE. Les États-Unis
sont le principal partenaire commercial de l'UE, suivis de la Chine.
http://europa.eu/about-eu/facts-figures/economy/index_fr.htm
Population
(en millions)
1 339,7
500,5
308,7
127,4
PIB
(en milliards de dollars PPA constants de l’année 2005)
9 103,6
Chine
13 806,8
UE à 27
13 017
Etats-Unis
3 895,2
Japon
Source : OCDE
Question 1 : Relevez dans les documents ce que pèse l’économie de l'UE dans le monde ?
Et que peut-on dire sur sa cohérence interne et donc le degré d’intégration ?
3
Document 3 – L’hétérogénéité de l’Union Européenne :
Rapport entre le PIB par habitant du pays le plus riche
et celui du pays le plus pauvre
Alternatives Economiques Hors-série n°82, 2009
Question 1 : Quelle est la conséquence de l’élargissement
sur l’intégration européenne ?
Evolution de la taille et de la richesse de l'Union européenne
au fur et à mesure des élargissements (UE 15 = base 1)
Lahrèche-Révil, Alternatives Economiques n°249, 2006
On constate une hétérogénéité croissante entre les pays de l’UE alors que l’objectif de
l’intégration de l’Union Européenne est notamment de réduire les écarts entre les pays
(ce qui aura un impact sur la gestion économique de la zone).
Transition : Cela dit, on va pouvoir maintenant repartir de cette typologie, étant donné
qu’elle fonctionne pour l’Europe, pour voir dans quelle mesure chaque dimension
géographique de l’Union Européenne a favorisé ou non la croissance économique.
On a déjà vu avec le chapitre 10 que les deux premières zones (libre-échange et
protectionnisme européen sont favorables à l’économie). Qu’en est-il pour les deux
dernières ?
Remarque : aujourd’hui, il n’existe pas encore une union politique au sens plein mais
simplement une union économique et monétaire. On y reviendra en conclusion.
B. L’Union Européenne – par son marché commun – favorise la croissance économique :
On va commencer par voir comment est-ce que la création d’un marché unique peut être
favorable à la croissance économique. Pour ce faire, il faut que l’on se rappelle ce que nous a
appris les chapitres 1 et 10.
En effet, en étant un marché unique, l’Union Européenne est semblable à une zone de
pur libre-échange (intrazone) aussi bien pour le marché des biens & services que pour le
marché des capitaux. Elle peut donc créer de la croissance économique de la même
manière que le commerce international et les IDE. Révision !
On va pouvoir les résumer ensemble à partir du schéma suivant. Leur donner les trois points
de départ et le point d’arrivée qu’est la croissance économique. Leur demander de bien
retrouver les deux canaux classiques de la croissance hors investissement.
4
Cette théorie semble globalement fonctionner (on ne rentrera pas dans le détail des canaux qui
permettent la croissance économique réelle des 10 nouveaux entrants de l’UE) quand on
regarde les effets de l’intégration du marché unique sur les nouveaux entrants. Voir
transparent.
C. L’Union Européenne – par la zone euro et l’UEM – est également source de
croissance économique:
Au cours du temps, on a également cherché à construire une monnaie unique. On commence
à parler d’une monnaie unique pour la CEE en 1970, avec le Rapport Werner. Le
projet était alors ambitieux : finaliser l’intégration européenne en mettant en place une
seule monnaie et éviter dans le même temps une crise financière des pays européens en
cas de régime de change flexible face au dollar.
Tandis que les Etats-Unis, créés politiquement en 1787, obtiennent la monnaie unique (le
dollar) uniquement en 1863, soit 76 ans plus tard, l’Union Européenne a mis 42 ans, de 1957
à 1999, pour inventer cette monnaie unique.
De la même manière que les Etats-Unis, le développement de l’économie européenne a
appelé la création d’une monnaie unique pour tirer pleinement partie de la diversité des
Etats qui composent l’Europe et pour stimuler le commerce. L’existence d’une monnaie
unique a donc des effets positifs sur la croissance économique qui vont être en lien avec
les effets du commerce international. Ces effets concernent en principe 17 pays en 2013.
Révision bis !
A nouveau, donner aux élèves le point de départ, et leur demander intuitivement quels vont
être les effets. En principe, ils devront alors trouver quel canal menant à la croissance va être
activé.
On va maintenant vérifier si cela a fonctionné :
TCAM de
(en %) :
Grands
pays de la
zone euro
Zone euro
UE hors
zone euro
Document 4 – Performances économiques de la zone euro et des alentours :
Performances de croissance de la production et de la productivité (en %)
1992-1998
1999-2008
PIB en
Productivité
PIB en
PIB/habitant
PIB/habitant
volume
du travail
volume
Productivité
du travail
1,5 *
1,3
1,7
1,7
1,6
0,8
1,8
1,4
1,6
2,1
1,8
0,8
2,6
2,4
2,5
2,7
2,0
1,7
Creel et al., « La zone euro : une enfance difficile », La Lettre de l’OFCE n°304, 2008
Question 0 : Donnez le sens du chiffre avec une astérisque *.
Question 1 : Comparer les performances de croissance économique des pays de la zone euro avant et après l’introduction de l’euro.
Question 2 : Comparer les performances de croissance économique des pays hors de la zone euro avant et après l’introduction de l’euro.
Question 3 : Comparer la croissance de la productivité du travail des pays de la zone euro avant et après l’introduction de l’euro.
Question 4 : Idem pour les pays hors de la zone euro avant et après l’introduction de l’euro.
Question 5 : Reprenez la même démarche de comparaison globale pour les grands pays de la zone euro.
Question 6 : Que pouvez-vous conclure sur les effets de l’introduction de l’euro ?
5
CONCLUSION DU I : Si l’on s’arrête là, on constate donc globalement que l’Union
Européenne, géographiquement parlant, implique des zones économiques fortement
favorables à la croissance économique en théorie sous la forme du Marché Unique d’un
côté et de la zone euro de l’autre. Mais ces effets sont moins nets pour les grands pays de
la zone euro.
NB : le déficit de productivité vient par contre d’autres origines, notamment le manque
de qualification relative des habitants des pays de la zone euro et un déficit d’éducation
(Artus, 2012).
Pour autant, on ne saurait résumer l’Union Européenne à une zone économique, et il importe
d’observer dans le même temps quelles institutions économiques accompagnent la mise en
place de l’Union Européenne (sachant que cela peut aussi expliquer la question des grands
pays).
L’Union Européenne, un ensemble d’institutions contraignant fortement la
croissance économique :
Est-ce que l’effet globalement positif de l’Union Européenne sur la croissance
économique se maintient quand on s’intéresse aux institutions économiques ? Mais de
quelles institutions parlons-nous ? On va à nouveau avoir besoin de rentrer quelque peu
dans le détail des institutions, en analysant un petit peu le sujet avant de continuer.
 Dans notre cours, quand nous avons parlé des institutions économiques, quelles
politiques avons-nous détaillées ? Politique budgétaire, monétaire, réglementaire.
II.
A. Une présentation de l’organisation des institutions économiques européennes :
Les politiques économiques désignent l'ensemble des mesures prises par les pouvoirs
publics pour agir sur l'activité économique.
Les politiques peuvent être de trois types :
- politique budgétaire : utilisation du budget
- politique monétaire : utilisation du pouvoir de création monétaire de la Banque
Centrale
- politique réglementaire : utilisation de la législation (droits de propriété, brevets)
Mais est-ce que tout est si simple dans l’Union Européenne ? Le problème dans l’analyse
des politiques économiques en Europe vient du fait que ces politiques sont partagées
entre les institutions au niveau de l’Union Européenne et celles au niveau des EtatsMembres.
Ce partage se fait globalement selon la règle du principe de subsidiarité : l’action
politique doit être située au niveau le plus proche possible des citoyens sauf si l’action y
est moins efficace.
Exemples pour retenir :
- en matière de gestion d’une crèche, il est logique d’établir une législation au niveau
local plutôt qu’au niveau européen car la demande de crèches a lieu sur des marchés
très situés géographiquement (on ne cherche pas un babysitter à 2 000km de chez
nous).
- en matière de réglementation de la chasse aux oiseaux migrateurs, il est logique
d’établir une législation au niveau européen plutôt qu’au niveau régional car les
oiseaux migrateurs se déplacent sur l’ensemble du territoire européen
- en matière de politique monétaire, il est logique d’établir une politique au niveau
européen (la BCE) plutôt qu’au niveau national puisque l’euro est commune à
l’ensemble de la zone euro. En matière de politique d’urbanisme, il est logique
d’établir une politique au niveau municipal et régional plutôt qu’au niveau européen
puisque la connaissance du terrain sera meilleure au niveau municipal.
Pour bien le comprendre, travaillons sur l’exercice suivant.
Qu’en est-il concrètement ?
6
Document 5 – Le partage des compétences entre UE et Etats-membres :
Représentation schématique du partage des compétences économiques dans l’UE :
Fonction générale
Fonction détaillée
Etats UE
Régulation des marchés de biens et services
X
XX
Régulation des marchés de capitaux
X
XX
Allocation des ressources Régulation des marchés du travail
XX
X
Infrastructure, recherche, éducation
XX
X
Soutien à l’agriculture (PAC)
XXX
Stabilisation
Politique monétaire et de change
XXX
Politiques budgétaires
XX
X
Redistribution
Redistribution et protection sociale (fiscalité, revenus de transfert) XXX
Entre pays de l’UE
XXX
Lecture : par convention la somme de chaque ligne est égale à trois « X ».
Aghion & Cohen & Pisani-Ferry, « Politiques économique et croissance en Europe », Rapport du CAE n°56, 2006
Question 1 : Complétez le tableau pour retenir :
Compétence
Compétences
Compétences
Compétences
entièrement nationale
plutôt nationales
plutôt européennes
entièrement européennes
-
-
-
Remarque : un deuxième problème (non étudié dans ce cours) vient du fait que l’Union
Européenne est composé de différents espaces aux règles de fonctionnement différentes.
Montrer le transparent sur le sujet.
Il s’agira donc maintenant d’observer les différentes politiques (budgétaire, monétaire,
réglementaire) existant en Europe et l’influence de la manière dont se réalise le partage,
ce qui nous permettra d’observer dans quelle mesure le partage est à chaque fois
pertinent ou non pour permettre la croissance économique.
On pourra alors dans le même temps, à chaque fois, réviser comment est-ce que les politiques
économiques vont favoriser la croissance économique.
B. La politique monétaire de la BCE : une tendance aux politiques « procycliques »
néfastes à la croissance partagée de la zone euro :
La politique monétaire désigne l’action des pouvoirs publics sur le financement de
l’économie et le taux d’intérêt par le contrôle de la quantité de monnaie en circulation
dans l’économie.
La politique monétaire de la zone euro est prise en charge depuis 1999 par la BCE,
basée à Francfort (sur le Main). Son Président est actuellement Mario Draghi, qui a
succéde en 2011 à Jean-Claude Trichet.
On va procéder en deux temps, rappeler l’organisation de la politique monétaire, puis voir ses
effets.
1. Comment s’organise la politique monétaire dans la zone euro ?
a. Comprendre la nécessité de la monnaie unique :
Déjà, pourquoi la monnaie unique (autre que les effets sur la croissance) ?
Document 6 – La monnaie unique comme signe de l’évolution du SMI :
A partir de 1973, sous l’effet de l’essor des mouvements internationaux de capitaux, les monnaies
internationales flottent de fait, c’est-à-dire que les taux de change entre elles ne sont plus fixes mais fluctuent au
gré de nombreux paramètres (voir Chapitre 12). La forte volatilité des monnaies qui en résulte (les changes
flottants varient fortement) entrave le fonctionnement de la CEE, car les monnaies des pays membres de la CEE
fluctuent beaucoup entre elles. Or, au sein d’une union douanière, la variation des taux de change pose des
problèmes aux entreprises (paiement à 3 mois, incertitude de facturation des fournisseurs situés hors du pays,
dumping monétaire entre les pays membres : chacun dévalue sa monnaie pour regagner de la compétitivité-prix
ce qui créé des tensions commerciales là où on voudrait favoriser l’intégration = chacun a intérêt à réaliser des
dévaluations compétitives).
7
Pour réduire ces tensions, en 1979 est mis en place le S.M.E. (système monétaire européen) par
l’adoption de l’ECU comme unité de compte commune aux pays de la CEE, l’instauration de cours pivots
(instauration de marges de fluctuations restreintes à + ou - 2,25% entre les monnaies des pays de la CEE et
l’ECU (serpent monétaire). Résultats : on observe une stabilisation des taux de change entre les monnaies de la
CEE.
Mais en 1992 (pour la £) et 1993 (pour le Franc), on observe des attaques spéculatives qui coûtent
chères aux Banques centrales : elle doivent dépenser beaucoup (épuisent leurs réserves de change) pour
maintenir le cours de leur monnaie dans le serpent dont les bornes sont portées à + ou – 15%.
Source : Blanchet, Professeur de SES
Question 1 : Qu’est-ce qui a rendu nécessaire l’instauration d’une monnaie unique en plus du marché unique ?
b. Comprendre l’organisation de la politique monétaire européenne :
On peut alors préciser deux choses.
* La BCE est une banque centrale gérant la politique monétaire pour tous les pays de la
zone euro. Pourquoi ? Intuitivement, l’idée est simple : puisque les pays partagent la
même monnaie, c’est la même Banque Centrale qui va contrôler les émissions de
monnaie des différents pays.
La justification théorique en est de manière plus profonde donné par le « triangle des
incompatibilités » (Mundell, 1972, Padoa-Schioppa 1987). Selon cette théorie, il est
impossible d’avoir en même temps trois caractéristiques économiques : politique
monétaire autonome, taux de change fixe, parfaite mobilité des capitaux.
D’où cela vient-il ?
Prenons un exemple pour le comprendre. Sur les trois cas, regardons le cas de la France dans
la zone euro, puis de la zone euro par rapport au reste du monde.
Combinaison
Conséquence
Qu’est-ce qui est
impossible ?
France : Mobilité des
Les capitaux entrent et sortent dans le pays en fonction du taux
Une politique
capitaux + Taux de
d’intérêt. La BC a pour objectif un taux de change fixe. Si la
monétaire
change fixe
monnaie s’apprécie (se déprécie), elle est obligée de baisser
autonome.
(d’augmenter) les taux d’intérêt pour que les étrangers vendent
(achètent) de la monnaie nationale.
Zone Euro : Mobilité
La BC décide ce qu’elle veut. Si elle augmente (baisse) le taux
Un taux de
des capitaux +
d’intérêt, des capitaux entrent (sortent) dans le pays. Pour ce faire, change fixe.
Politique monétaire
les étrangers ont besoin d’acheter (de vendre) de la monnaie
autonome
nationale. Le cours de la monnaie, son taux de change, varie.
Facultatif (cas chinois) :
Politique monétaire
autonome + Taux de change
fixe
La BC décide ce qu’elle veut. Elle cherche dans le même temps à avoir un taux
de change fixe avec l’étranger. Pour être sûre de son indépendance, elle doit
fermer les frontières du pays aux capitaux pour ne pas voir le cours du change
varier avec les variations du taux d’intérêt.
Une parfaite mobilité
des capitaux.
Comme il est impossible pour un pays membre de la zone euro d’avoir une politique
monétaire autonome, celle-ci va être prise en charge par la zone euro et sa BCE. Mais la
BCE, de son côté, ne pourra pas contrôler pleinement le taux de change avec le reste du
monde.
Terminons par un petit exercice pour conclure sur le sujet.
Document 7 - Le triangle des incompatibilités de Mundell et son application :
D'après les données de la Banque de France in Plihon, Les taux de change, 2010
8
Question 1 : Complétez (oui/non) (on ne peut pas avoir plus de 2 « oui » par ligne) :
Vis-à-vis du reste du monde
Politique monétaire
Libre circulation
indépendante
des capitaux
France avant SME (1979) et
Oui
Non
flottement des monnaies (1973)
France pendant SME
Non (celle de
Oui
l’Allemagne)
France avec l’€
Non
Oui
(celle de la BCE)
Zone €
Oui
Oui
(pol mo unique BCE)
Etats-Unis
Oui
Oui
Chine
Oui
Non
Taux de change fixe
Oui
Oui
Oui (disparition du franc,
parité FRF/€ fixe)
Non
Non
Oui
* La BCE est indépendante des pouvoirs nationaux et européens dans ses statuts.
Pourquoi ? Afin de rendre plus crédible la politique monétaire de la BCE, dont la seule
mission est de veiller à une inflation moyenne inférieure à 2% dans la zone euro. On
évite les influences des Etats-Membres sur la Banque Centrale.
Remarque centrale : la BCE n’a pas dans ses statuts pour mission de favoriser la
croissance économique, à la différence de la Fed.
2. Quel est l’impact de la BCE sur la croissance dans la zone euro ?
Avant de continuer pour voir les effets de cette BCE européenne sur la croissance, on doit
maintenant s’arrêter quelque peu. Pourquoi est-ce que la croissance économique peut être
stimulée par la politique monétaire ? Révision !
On rappelle que :
- la croissance économique a lieu si :
o hausse des quantités de travail
o hausse des quantités de capital = investissement
o progrès technique = innovation
Mais est-ce que le taux d’intérêt peut avoir un rôle là-dessus ? OUI ! On avait déjà vu que :
Baisse du taux d’intérêt directeur  Investissement
car
 Baisse du coût d’emprunt des banques commerciales
 Baisse du taux d’intérêt accordé aux ménages et aux entreprises
 Hausse des emprunts à la consommation et à l’investissement
donc :  Consommation et  Investissement
Et inversement si on augmente le taux d’intérêt.
Est-ce que la politique monétaire de la BCE a eu ce rôle global de moteur pour la
croissance ?
Non, pour trois raisons :
- la mission unique de la BCE de lutte contre l’inflation la détourne d’une mission
de stimulation de la croissance :
Document 8 – La BCE agit-elle en faveur de la croissance économique dans la zone euro ?
« Mercredi 23 janvier 2008, en laissant fermement entendre que les taux d’intérêt ne baisseraient pas
dans la zone euro, et ce pour « ancrer solidement les anticipations d’inflation », le Président de la Banque
centrale européenne (BCE) a résolument pris le contre-pied de la stratégie poursuivie par la Réserve fédérale
américaine qui avait la veille abaissé son taux directeur de 75 points de base. Les places européennes sont
aussitôt reparties à la baisse et le spectre de la crise économique s’est rapproché un peu plus près de la zone euro.
« Les crises économiques du capitalisme moderne sont rarement le fruit des seuls marchés. Pour qu’un
choc financier se transforme en choc réel, il faut qu’aux erreurs et aux errements des places boursières et des
systèmes bancaires s’ajoutent ceux des banques centrales, parmi lesquels le défaut d’anticipation et l’obstination
sont les plus préjudiciables.
« Si, en 2001, le pire a été évité en Europe, le coût économique du biais dogmatique européen fut alors
élevé. En retardant la baisse de ses taux d’intérêt alors que l’économie ralentissait manifestement, la BCE a
plongé la zone euro dans une période prolongée de croissance molle dont elle n’est vraiment sortie qu’en 2006.
Au même moment, grâce à une baisse franche et préventive de ses taux d’intérêt, la Réserve fédérale permettait à
l’économie américaine de renouer avec une croissance vigoureuse de 3 % en rythme annuel, un an à peine après
une première chute trimestrielle du PIB.
9
« La situation économique est sans doute encore plus grave aujourd’hui. Et la BCE n’a plus l’excuse, ni
de sa jeunesse et par conséquent d’une crédibilité à affirmer, ni d’un taux de change faible aux effets
inflationnistes. Non seulement la politique annoncée et poursuivie par la BCE nous paraît erronée, comme elle le
fut en 2001, mais elle semble en outre incohérente ».
Creel & Laurent, « La BCE va-t-elle faire plonger la zone euro ? », La Lettre de l’OFCE n°296, 2008
« La Banque centrale européenne (BCE) va très probablement remonter son taux directeur en avril. Il
pourrait passer de 1 % à 1,75 % à la fin de 2011 et à 2,5 % à la fin de 2012. Cette annonce a surpris, compte tenu
des incertitudes économiques et d'une inflation dans la zone euro (2,4 %) ne provenant actuellement que des prix
des matières premières. Faut-il de ce fait approuver ou critiquer l'initiative de la BCE ?
« Dans une perspective de moyen terme, la décision de la BCE se comprend. La croissance nominale à
long terme de la zone euro étant au moins de 3 % par an (1,5 % en volume et 1,5 % d'inflation), il n'est pas
possible de conserver un taux d'intérêt de 1 %. De plus, à la longue période (1982-2010) de désinflation
mondiale va certainement succéder une période de retour de l'inflation. Les prix des matières premières
augmentent, surtout en raison de la situation d'excès de demande (pétrole, métaux, produits alimentaires, textiles)
et les hausses des prix vont s'amplifier (il y aura très probablement une insuffisance de capacité de production de
pétrole à partir de 2017-2018).[…]
« Cependant, le choix de la date du début de ce mouvement de remontée des taux d'intérêt peut
inquiéter. Les incertitudes sur la situation économique de la zone euro sont en effet très nombreuses. Les salaires
réels baissent (de 1 % par an au début de 2011), puisque les salaires nominaux continuent à ralentir avec le
niveau élevé du chômage et que l'inflation augmente avec les hausses des prix des matières premières. Il y aura
donc certainement un recul de la demande des ménages. Les politiques budgétaires reviennent vers la normale
après avoir été expansionnistes et l'euro se réapprécie, ce qui diminue la compétitivité des exportations : le
"policy mix" (combinaison des politiques monétaire et budgétaire) est donc déjà très restrictif avant même les
hausses de taux d'intérêt. Enfin, les pays en difficulté de la zone (Espagne, Portugal, Grèce, Irlande) sont ceux où
les crédits sont accordés essentiellement à taux variable (les emprunteurs et les banques souffriront donc
immédiatement de la remontée des taux d'intérêt), alors que les pays en bonne santé (Allemagne) sont financés à
taux fixes.
« Le mouvement de la BCE est donc au total nécessaire dans une perspective de moyen terme, mais très
probablement prématuré ».
Artus, « BCE : une montée des taux prématurée », Alternatives Economiques n°301, avril 2011
Question 1 : Pour quelles raisons Creel, Laurent et Artus critiquent-ils la politique menée par la BCE à l’entrée
de la crise économique contemporaine et à l’approche de sa fin ?
Expliciter avec les élèves l’arbitrage entre inflation et croissance derrière toute politique
monétaire. Révision : politique monétaire de relance/de rigueur.
la mission unique de la BCE de lutte contre l’inflation la détourne d’une mission
de contrôle des changes (ce qui renvoie à la question d’une possible « guerre des
monnaies » entre l’euro, le yuan et le dollar) favorable à la croissance économique
par les exportations :
On va ici analyser quelque chose d’un peu compliqué mais principalement afin de réviser
quelques mécanismes de marché essentiels. Révision ! Mécanismes d’équilibre du marché,
lorsque l’offre est supérieure à la demande, lorsque la demande est supérieure à l’offre ?
Revoir avec eux que c’est soit la quantité, soit le prix, qui s’ajuste.
On va maintenant appliquer ces différents mécanismes à la question de la politique de change
de l’euro par rapport au yuan et au dollar pour voir dans quelle mesure l’absence de politique
de change de la BCE va conduire l’euro à servir de tampon entre le yuan et le dollar, aux
dépens des exportations extrazones des pays de la zone euro. Powerpoint si possible.
-
-
la diversité des pays de la zone euro empêche la politique monétaire d’être
efficace pour tous les pays en même temps :
1999
Taux d’intérêt
nominal de la BCE
Inflation moyenne
de la zone euro
Taux d’intérêt réel
dans la zone euro
Inflation France
Taux réel France
Document 9 – La diversité des situations financières dans la zone euro :
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
2008
2009
2010
2011
3%
3,25%
4,5%
2,75%
2,5%
2%
2,25%
2,5%
3,75%
4,25%
2%
1%
1,25%
1,1%
2,1%
2,3%
2,2%
2,1%
2,1%
2,2%
2,2%
2,1%
3,2%
0,2%
1,5%
1,3%
0,5%
1,8%
1,8%
1,9%
2,2%
2,3%
1,9%
1,9%
1,6%
3,2%
0,1%
1,7%
2,2%
10
6,2%
8,8%
8,4%
7,5%
5,6%
3,6%
2,5%
2,5%
3,6%
5,7%
0,8%
1,8%
2,6%
Inflation Slovénie
/
/
/
/
/
/
/
/
2,8%
4,1%
-0,2%
2%
2,0%
Taux réel Slovénie
/
/
/
/
/
/
/
/
Inflation Espagne
Taux réel Espagne
Données BCE, Données FMI, 2011
Question 1 : Calculer les taux d’intérêt réels pour chaque zone ou pays.
Question 2 : Dans quels pays la croissance va-t-elle être la plus stimulée ? Dans quels pays l’inflation va-t-elle
être la moins combattue ?
C. Les politiques budgétaires dans le cadre européen : ou comment mettre des bâtons
dans les roues de la croissance économique et de la protection sociale :
On vient donc de voir globalement que la politique monétaire de la BCE n’est guère favorable
à la croissance économique de la zone euro. Mais on peut alors imaginer que ce sont les
politiques budgétaires qui vont servir d’équilibrage. Qu’en est-il ? Etant donné que la
politique monétaire de la BCE favorise peu la croissance économique de la zone euro,
est-ce les politiques budgétaires de l’UE remplissent ce rôle ?
La politique budgétaire désigne l’utilisation du budget d’un pouvoir public (plus ou
moins de recettes, plus ou moins de dépenses) pour agir sur l’activité économique. La
politique budgétaire est surtout réalisée par les Etats.
En quoi une politique budgétaire peut-elle favoriser la croissance ?
On doit alors reprendre le temps de réviser et de voir beaucoup est-ce que les politiques
budgétaires peuvent avoir un effet positif sur la croissance. Révision !
On rappelle que :
- la croissance économique a lieu si :
o hausse des quantités de travail
o hausse des quantités de capital = investissement
o progrès technique = innovation
Mais est-ce que la politique budgétaire peut avoir un rôle là-dessus ? OUI !
- les pouvoirs publics peuvent eux-mêmes investir et innover ou réaliser des
commandes ce qui augmente la demande
- ces effets positifs se cumulent dans le mécanisme du multiplicateur d’investissement
(Kahn 1931, Keynes 1936) (le revoir avec eux si besoin)
- les investissements publics dans les infrastructures et l’éducation ont des effets positifs
sur la croissance par hausse de la concurrence et baisse des coûts de transaction d’un
côté et hausse du capital humain d’un autre côté
- l’existence de subventions ou d’exonérations peut augmenter la rentabilité des
entreprises et donc leur capacité à investir et innover
- l’existence de revenus de transfert peut augmenter la demande des ménages,
notamment les plus pauvres, ce qui incite les entreprises à investir et innover
Est-ce que la politique budgétaire peut remplir ces différents rôles dans l’UE ?
1. Une politique budgétaire de l’UE anémique :
Regardons simplement les faits sur le budget européen.
Quel est le budget de l’UE ? Document 10 de la FD.
Dépenses
publiques
Dépenses
publiques
(en % du PIB)
Document 10 – Le budget de l’Union Européenne comparé (en % du PIB) en 2012 :
Union
Chine
France
Japon
Royaume-Uni
Européenne
12 887 milliards 1 147 milliards
196 438
145 milliards
669 milliards de
de yuan
d’euros
milliards de yen
d’euros
livres
24,7
56,6
41,2
1,1
43,4
Etats-Unis
6 312 milliards
de dollars
40,2
Commission Européenne & FMI, 2013
Question 1 : Faites une phrase donnant la signification de la donnée en gras.
Question 2 : Quel constat peut-on aisément conclure de ce tableau ?
11
L’UE dispose d’un budget de très petite taille : il représente 150,9 milliards d’euros en
2013, c'est-à-dire 1,13% du PIB de l’UE.
Dans la majorité des pays occidentaux, les dépenses des Etat représentent au minimum
25% du PIB.
Conclusion : avec 1% du PIB de l’UE, l’Union Européenne n’a pas les moyens d’agir
sur l’économie européenne !
Pourquoi le budget de l’UE est-il si peu important ?
Assez prosaïquement, il suffit de regarder d’où viennent les ressources du budget de
l’UE. Voir transparent. Comme la majorité des ressources du budget de l’UE provient de
contributions directes des Etats-membres, aucun Etat-membre n’a jugé important
d’augmenter le montant du budget de l’UE.
2. Une politique budgétaire des Etats-Membres sous contraintes :
Est-ce que le faible budget de l’UE est compensé par les budgets des Etats-membres afin
de réaliser une politique budgétaire favorable fortement à la croissance économique ?
Non, en raison des contraintes posées par l’intégration européenne et par le PSC.
Expliquons pourquoi.
a. La contrainte de l’intégration européenne :
L’intégration européenne réduit la capacité d’action des politiques budgétaires
nationales. Pourquoi ?
1er détour : Comment peut-on mener des politiques budgétaires ?
Il est nécessaire de prélever d’abord des recettes publiques par la fiscalité. Sauf que les
capitaux ont la capacité de circuler librement entre les pays avec l’intégration
européenne. Chaque pays a dans ce cadre intérêt à réaliser du dumping fiscal pour
attirer les entreprises étrangères. Par conséquent, tous les pays ont moins de recettes
publiques pour réaliser des politiques budgétaires.
Document 11 – Les recettes publiques en Europe :
Evolution du taux de l’impôt sur les sociétés (en %)
1995 2000 2005 2011
Question 1 : Que constatez-vous ?
UE27
35,3 31,9 25,5 23,1
Question 2 : Selon vous, qu’est-ce qui explique une
Zone euro 17 36,8 34,4 28,1 25,3
telle évolution des taux d’imposition en Europe ?
France
36,7 37,8 35,0 34,4
Allemagne
56,8 51,6 38,7 29,8
Irlande
40,0 24,0 12,5 12,5
D’après Taxation and customs union, Commission européenne.
12
b. La contrainte du Pacte de Stabilité et de Croissance :
Les règles de l’UE, notamment le PSC, réduisent également la capacité d’action des
politiques budgétaires nationales. Pourquoi cela ?
2ème détour : Quel est le défaut d’une politique budgétaire ?
Comme toute dépense, la politique budgétaire peut conduire à un déficit public et à une
dette publique. Le déficit public désigne le besoin de financement annuel (différence
entre recettes et dépenses) des administrations publiques. La dette publique est le
résultat du processus d’endettement ; c’est l’accumulation des déficits ainsi que le coût
de l’intérêt qui produisent la dette publique.
Pour répondre à ce risque de dette publique, dans la zone euro, la politique budgétaire
des Etats-membres a alors été encadrée par le Pacte de Stabilité et de croissance. Selon
le PSC défini en 1997, modifié à la marge en 2005, renforcé en 2011 en raison du FESF,
chaque pays doit respecter les règles suivantes :
- le déficit public d’un Etat membre ne doit pas dépasser 3% du PIB, sauf
circonstances exceptionnelles, et son déficit structurel doit tendre pour une
moyenne de 5-6 ans vers l’équilibre ou être en excédent (0% ou plus). Sur 12
pays des débuts de la zone euro, 5 seulement n’y arrivent pas (avant la crise
économique de 2007-2011) : France, Allemagne, Italie, Portugal et Grèce.
- la dette publique ne doit pas dépasser 60% du PIB, ou bien décroître de
manière significative vers cet objectif de 60%.
Pourquoi imposer cette règle du PSC ? Document 12 de la FD.
Document 12 – La justification du Pacte de Stabilité et de Croissance :
« Pour simplifier, il existe deux interprétations possibles du Pacte. L’une est d’éviter la crise financière de l’un des
États membres ; l’autre est de fixer des règles qui ne compromettent pas un usage efficient de la politique monétaire.
« Éviter la crise financière de l’un des États membres est évidemment un objectif essentiel du Pacte de stabilité.
Que l’Italie ou la Grèce fasse faillite et il s’ensuivrait une crise qui menacerait les autres pays de la zone ».
Cohen, « Quelques remarques sur le PSC », in Réformer le PSC, Rapport du CAE n°52, 2004
« L’euro introduit de nouveaux effets externes qu’il est essentiel de prendre en compte et qui relèvent de la mise en
commun de la politique monétaire. Les pays membres partagent dorénavant un certain nombre de variables économiques qui
agissent comme autant de vecteurs de l’interdépendance entre eux : l’inflation moyenne, le taux de change de l’euro, la
balance des paiements de la zone, ou même la politique monétaire commune, dont les canaux de transmission diffèrent entre
pays et qui peut de ce fait entraîner des réponses par le biais des politiques budgétaires. […] Ce partage imposé par l’Union
monétaire rend la coordination nécessaire.
« L’exemple de l’inflation est sans doute le plus net : la BCE a pour objectif de contrôler l’inflation moyenne de la
zone. Si seule la politique monétaire avait un effet sur l’inflation, il n’en résulterait aucun besoin de coordination. Mais ce
n’est évidemment pas le cas : les politiques budgétaires nationales, ou les politiques structurelles, affectent les prix nationaux
et donc l’inflation moyenne dans la zone euro. Toute politique inflationniste (ou désinflationniste) dans un pays est
susceptible d’avoir un impact sur la politique monétaire commune, notamment lorsque ce pays est l’un des grands de la zone.
Cette forme d’effet externe est nouvelle, totalement spécifique à l’Union monétaire […]. Elle est particulièrement importante
lorsque des divergences cycliques sont présentes dans la zone, entre des pays connaissant la surchauffe et d’autres un
ralentissement économique ».
Jacquet & Pisani-Ferry, « La coordination des politiques économiques dans la zone euro : bilan et propositions », Questions
européennes, Rapport du CAE n°27, 2000
Question 1 : Pour quelles raisons les pays de l’UE sont-ils soumis au Pacte de Stabilité et de Croissance ?
Les règles du PSC ont été imposées pour différentes raisons :
- les politiques budgétaires ont des effets sur les variables monétaires comme les prix
et le taux de change. Elles influencent donc la politique monétaire. Pour minimiser
cette influence, des règles de déficit public ont été adoptées.
- de plus, les Etats, par le passé, ont pu rembourser leurs dettes en créant de la
monnaie. Pour éviter cette création de monnaie source d’inflation, des règles de dette
publique ont également été adoptées.
- Ces règles de dette publique ont également de l’importance pour éviter les situations
d’insoutenabilité de la dette d’un Etat, source de crise financière européenne. C’est à
cela que renvoie la « crise grecque » notamment. Depuis que ces crises sont apparues, une
esquisse de solidarité européenne a été mise en place : Fonds Européen de Stabilisation
Financière (2010) et Mécanisme Européen de Stabilité Financière (2011), fondu ensemble
dans le Mécanisme Européen de Stabilité (2012)
13
* Est-ce que la règle du PSC a bien un impact sur la politique budgétaire des Etatsmembres ? Oui. On peut le prouver assez facilement.
Document 13 – Le poids du PSC sur les politiques budgétaires contemporaines :
« Les Etats membres ont été contraints, du fait de la récession provoquée par la crise financière, de
pratiquer des déficits publics massifs pour soutenir l'activité. Ces politiques de soutien budgétaire, pour
nécessaires qu'elles soient, ont eu pour conséquence de jeter le discrédit sur la dette souveraine des Etats les plus
en difficulté, les contraignant à emprunter au prix fort, et donc à perdre ce qui constituait pour eux un des
principaux bénéfices de la monnaie unique. Résultat: tous les Etats sont engagés dans des politiques de réduction
des déficits pour revenir dans les clous du pacte de stabilité et de croissance qui limite à 3% du PIB le déficit
public. Pour les Etats dont les finances publiques ont le plus dérapé, cela représente un effort de consolidation
budgétaire sans précédent sur une période aussi courte. Avec le risque de casser la reprise si la consommation et
l'investissement privés ne prennent pas le relais ».
Effet net par année de la politique budgétaire, en% du PIB
Frémeaux, « Finances publiques : une union à solidarité limitée », Alternatives Economiques HS n°86, 2010
Composition des plans d’austérité depuis 2009 :
Math, « La généralisation à tous les pays des plans d’austérité : une rigueur budgétaire très inégale »,
Chronique internationale de l’IRES n°127, 2010
Tout le problème vient alors des conséquences négatives de l’application du PSC,
surtout en période de récession ou de dépression économique. Exercice 1.
Exercice 1 – Les conséquences extrêmes d’une politique de rigueur :
14
Quelques grandeurs macroéconomiques dans la zone euro de 2008 à 2013 (base 100 = 2008) :
Question 2 : A l’aide du graphique, prouvez cet effet dans le cadre européen.
D. Les politiques réglementaires au service théorique de la croissance économique :
Après avoir montré que la politique monétaire de la BCE et que les politiques
budgétaires de l’UE et des Etats-membres ont des difficultés à stimuler la croissance
économique en Europe, on peut se demander si les politiques réglementaires peuvent
palier ces manquements.
La politique réglementaire désigne la promulgation de règles légales ayant un impact
sur l’activité économique des entreprises.
Comment peut-elle avoir un impact sur la croissance économique ? Révision !
On rappelle que :
- la croissance économique a lieu si :
o hausse des quantités de travail
o hausse des quantités de capital = investissement
o progrès technique = innovation
Mais est-ce que la politique réglementaire peut avoir un rôle là-dessus ? OUI !
- les pouvoirs publics augmentent la rentabilité de l’entreprise en assurant les droits de
propriété et en assurant les brevets, ce qui incite à l’investissement et à l’innovation
- les pouvoirs publics incitent au maintien de l’investissement et de l’innovation en
favorisant la politique concurrentielle.
C’est alors principalement en favorisant la concurrence que l’UE va chercher à
développer la croissance économique.
1. Le développement des politiques concurrentielles pour favoriser la croissance
économique :
L’UE préconise également d’intensifier la concurrence entre les entreprises dans de
nombreux secteurs. C’est ce que certains auteurs vont appeler plus généralement la
déréglementation, c'est-à-dire la diminution des contraintes administratives encadrant
les activités économiques et sociales.
Pourquoi une telle politique peut-elle favoriser la croissance ?
On attend de la concurrence une baisse des prix pour le consommateur pour une
meilleure qualité des produits.
Pour convaincre les sceptiques, leur faire une simulation de concurrence pure et parfaite
versus monopole, en notant un chiffre entre 0 et 100, qui est leur coût de production et donc
leur prix de vente minimal.
15
Comme les entreprises sont en concurrence, elles savent qu’elles doivent baisser leur
prix et pour cela innover pour continuer à baisser leurs coûts de production. Mais en
innovant, elles vont donc favoriser la croissance par la hausse de la productivité.
Preuve :
Document 14 – Réduction de la régulation des marchés et croissance de la productivité globale des
facteurs :
Kent & Simon, « Croissance de la productivité : l’effet des régulations de marché », Reserve Bank of Australia,
Research Discussion Paper, 2007
Cela ne veut pourtant pas dire qu’il n’y a plus de règles du tout. C’est simplement une
nouvelle régulation qui voit le jour. Faire révision avec les élèves d’EA.
Cette nouvelle régulation repose sur plusieurs principes :
- un contrôle accru de l’UE sur les Etats pour éviter les situations de subvention qui
augmenteraient les comportements de non coopération et de concurrence déloyale entre
Etats membres. Exemple : en 2004, les aides allemandes, autrichiennes et françaises à
leurs banques ont été condamnées et progressivement supprimées ; en 2004, les aides du
gouvernement italien à l’entreprise Fiat ont été acceptées car ces aides finançaient la
formation des employés pour éviter une fermeture.
- un contrôle accru de l’UE sur les entreprises pour toutes les opérations de concentration
qui visent à créer des situations de monopole et de position dominante au niveau
européen. Exemple : janvier 2009, la Commission Européenne a envoyé une demande à
Microsoft pour justifier l’attachement d’Internet Explorer à Windows ; menace d’une
amende. Microsoft avait déjà eu une amende en 2004 pour un montant de 497 millions
d’euros.
2. Mais qui a un impact en retour sur les services publics européens :
Les principes de la concurrence conduisent à remettre en question la production actuelle
des services publics, et donc entre en conflit avec les politiques nationales des EtatsMembres.
Puisque l’on cherche à augmenter la concurrence, il faut supprimer en principe toutes
les situations de monopole, notamment publics.
C’est pour cette raison que l’Union Européenne appelle à la modification des services
publics, renommés « services universels » : pour l’UE, les missions de service public
doivent être remplies par des entreprises privées sous contrôle public.
Exemples : ouverture à la concurrence de la téléphonie fixe en 1998 (fin de France
Telecom), ouverture à la concurrence sur le marché de l’électricité et du gaz en 2007 (fin
d’EDF, GDF), ouverture à la concurrence sur le marché du transport ferroviaire de
voyageurs en 2010 (fin pour la SNCF), ouverture à la concurrence sur le marché du
transport de courriers de petite taille en 2012 (fin de La Poste).
Remarque : Révision ! Quel est l’effet des services publics sur les inégalités ? Baisse des
inégalités car des individus ont accès plus ou moins gratuitement à des services. Si des
entreprises privées prennent en charge le service public, il existe un risque
d’augmentation des inégalités en réduisant l’accès des plus pauvres aux services. Tout
dépendra de la qualité de la réglementation restante. On voit que les politiques
économiques européennes et nationales peuvent entrer en conflit sur des domaines
économiques mais aussi sociaux.
16
Conclusion : La construction européenne a-t-elle été le moteur de la croissance économique ?
On peut maintenant conclure. On a vu que :
Ce qui a favorisé la croissance économique :
La construction du marché unique
La construction d’une monnaie unique
La politique réglementaire
Ce qui a été défavorable/neutre à la croissance économique :
La politique monétaire de la BCE
La politique budgétaire de l’UE
Les contraintes de l’intégration et du PSC sur la politique budgétaire des Etatsmembres
Quel est alors le bilan ?
Globalement, les effets négatifs l’ont emporté sur les effets positifs.
Document 15 de la FD.
Document 15 - Croissance économique annuelle et en moyenne par décennie dans l'Union européenne
Ce sont essentiellement les politiques monétaires et budgétaires qui font défaut dans
l’Union Européenne.
C’est pour cette raison que différents économistes plaident pour une augmentation du
pouvoir politique en Europe et par une meilleure régulation de la politique de l’UE.
Document 16 – Une Europe politique à construire :
« L’euro a connu au cours du premier semestre de cette année sa plus grave crise depuis la création de la
monnaie unique européenne, en 1999. Cette crise a suscité des inquiétudes sur la stabilité de l’ensemble de la zone
euro, voire sur sa pérennité, la presse évoquant même son possible éclatement. Cette crise a des causes économiques,
en particulier un niveau d’endettement considérable et des écarts de compétitivité croissants au sein de la zone euro,
mais elle traduit aussi les lacunes politiques de la construction européenne. L’Union européenne, historiquement
pensée comme une communauté économique, n’est pas suffisamment pilotée. Ce manque d’ambition a fait de l’Union,
depuis plus de dix ans, une zone de croissance faible et de chômage élevé.
« Les dirigeants européens, qui ont dû réagir dans l’urgence, ont soudainement pris conscience qu’ils ne
pouvaient sortir de la crise que par le haut. C’est l’ironie de l’histoire. Ce contexte a créé une nouvelle configuration
politique, propice à approfondir la solidarité européenne. À tel point que le renforcement de la gouvernance
économique en Europe a davantage progressé en quelques semaines que depuis de longues années. La crise aura
finalement permis, entre autres, de disposer de statistiques plus fiables, de mieux coordonner les politiques
économiques des États membres, de réformer la surveillance budgétaire et macroéconomique de ces derniers et
d’impliquer davantage les parlements nationaux dans les questions européennes. Cette réforme de la gouvernance
économique est conduite parallèlement à un autre mouvement, qui avait débuté plus tôt, celui qui, pour lutter contre les
effets de la crise financière et économique mondiale, vise à mieux réguler les marchés financiers, en ce qui concerne
17
par exemple les agences de notation, les fonds propres des banques, les fonds alternatifs ou encore la supervision
financière. L’adoption de la monnaie unique par l’Estonie, au 1 er janvier 2011, témoigne, malgré la crise, de la
persistance de l’attractivité de la zone euro ».
Bernard-Reymond & Yung, Rapport d’information sur la gouvernance économique européenne, Sénat, 2010
« L’Europe progresse-t-elle vers l’intégration économique ? Clairement non. On prend la très mauvaise
direction ! Les problèmes de l’Europe en termes de dette et de déficit publics sont moindres que ceux des Etats-Unis
ou a fortiori du Japon. Et pourtant, c’est en Europe que s’est engouffrée la spéculation sur ces dettes publiques.
Pourquoi ? Les marchés ont compris que, de bon coeur ou mauvaise grâce, la solidarité européenne devra au bout du
compte se manifester. Il y a donc tout à gagner et rien à perdre ! Si la solidarité européenne avait été déclarée
d’emblée, il n’y aurait pas eu de spéculation. Nous payons le coût économique de l’absence de gouvernement
européen. A la décharge des gouvernements nationaux, la règle de l’unanimité fait qu’ils n’ont pas d’autre moyen que
de renationaliser leurs politiques économiques. Ils ont quand même imaginé une Constitution qui empêche la
solidarité ! On a évité la dépression en Europe uniquement parce que la Banque cetrale européenne (BCE) n’a pas
suivi les traités européens.
« Malgré l’accalmie actuelle, la zone euro peut-elle éclater ? Je ne crois pas qu’il y ait une crise de l’euro. A
un moment, l’euro valait 0,80 dollar et maintenant on commence à pousser des cris d’orfraie lorsque l’euro est à 1,30
dollar ! Il faut raison garder. En revanche, nous avons affaire à une crise de la gouvernance de la zone euro : elle est
gouvernée à l’unanimité, ce qui la rend éminemment fragile en termes de réactivité. L’Europe n’a pas de problème
économique, mais un problème politique. On ne veut pas résoudre ce problème politique et cela se traduit par de la
souffrance sociale ».
Fitoussi, « L’Europe a un problème politique, pas économique », Alternatives Economiques HS n°88, 2011
« En conclusion, et malgré le pragmatisme de la BCE, les Européens n’ont pas su tirer les leçons de la crise.
La gestion de la crise des dettes publiques grecques, puis irlandaises, a témoigné à la fois de l’incapacité des Etats
européens à prévenir les crises, de la lenteur de leurs réactions et, cause de cette lenteur, de leur réticence à appliquer
un des principes fondateurs de l’Union : la solidarité. Certes, pressées par la crise grecque, les autorités européennes
ont mis sur pied un Fonds de stabilisation en mai 2010 pour faciliter les prêts aux Etats membres en difficulté auprès
des marchés financiers. Il n’en reste pas moins que le montant maximal mobilisable par ce Fonds (750 milliards
d’euros) est insuffisant par rapport aux dettes publiques qu’il est supposé aider à garantir : la dette publique brute
totale de la zone euro lui est dix fois supérieure. Et la somme des dettes de l’Espagne, de la Grèce et de l’Irlande est
déjà de l’ordre de 1 000 milliards d’euros. Afin de libérer la zone euro de la pression des marchés financiers, il aurait
été plus judicieux d’introduire un système de garantie intégrale des dettes publiques. Au lieu de cela, les Etats
européens ont organisé une politique générale d’austérité budgétaire en Europe.
« Une des leçons à tirer des épisodes de rigueur intervenus dans l’histoire européenne, au Danemark, en
Irlande, en Suède, est que le coût de la rigueur (le déficit d’activité qu’elle engendre) doit être compensé par une
dépréciation forte de la monnaie (qui améliore la compétitivité à court terme) et par une baisse, forte elle aussi, des
taux d’intérêt. Inutile de dire que l’une et l’autre ne se produiront pas : la zone euro n’a jamais voulu se doter d’une
politique de change qui lui permettrait de peser sur la valeur externe de sa monnaie. Et l’euro est devenu la variable
d’ajustement du système monétaire international, pris entre la dépréciation régulière du dollar et l’appréciation
graduelle du yuan. Quant au taux d’intérêt, ses marges de baisse sont désormais bien minces. Alors, non, les
Européens n’ont pas retenu les leçons de la crise et les divergences économiques ont toutes les chances de persister
dans les années à venir »
Creel, « L’Europe n’a pas tiré les leçons de la crise », Alternatives Economiques HS n°88, 2011
Ce qu’on peut confirmer par les constats sur l’actuelle crise de la zone euro et de l’UE, et la
grande difficulté pour en sortir.
Document 17 – Deux résumés des difficultés européennes actuelles :
18
19
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