L’art roman
Le terme d'art roman définit, en histoire de l'art, la période qui s'étend de 1030 à la moitié du xiie siècle, entre l'art préroman et l'art gothique. Il a été
forgé en 1818 par l'archéologue normand Charles de Gerville et est passé dans l'usage courant à partir de 1835.
L'art roman regroupe aussi bien l'architecture romane que la sculpture ou statuaire romane de la même époque. L'expression recouvre une
diversité d'écoles régionales aux caractéristiques différenciées.
Il n'a pas été le produit d'une seule nationalité ou d'une seule région mais est apparu progressivement et presque simultanément en Italie, en
France, en Allemagne, en Espagne et au Portugal. Dans chacun de ces pays, il a des caractéristiques propres (par exemple : l'utilisation de pierres
différentes dans chaque région), bien qu'avec une unité suffisante pour être considéré comme le premier style international, avec un cadre
européen. Son domaine d'expression est essentiellement religieux.
Historiographie
Roman et gothique
Pendant longtemps, les historiens de l'art ont opposé un art roman, produit d'une société soumise à un Dieu effrayant, et un art gothique empreint
d'un optimisme triomphant d'une société glorifiant le Créateur. On identifiait simplement le style roman à la forme de ses arcs, à son élévation
modeste et à sa voûte en berceau ; or de nombreux édifices de l'époque romane adoptent très tôt la croisée d'ogives. L’observation attentive des
bâtiments dément la thèse de la rupture : au xiie siècle, en effet, pendant la phase expérimentale du gothique, des éléments romans subsistent
dans les nouvelles cathédrales ; au sud de l'Europe, il existe bel et bien une continuité du roman au xiiie siècle : la cathédrale d'Albi présente une
silhouette très massive et peu de vitraux alors que les cathédrales du nord connaissent l'élan gothique ; Colette Deremble évoque plutôt une
« mutation du roman en gothique ». En Angleterre, l'art roman n'arrive qu'au xiiie siècle et persistera jusqu'au xve dans l'est de l'Europe. D'autre
part, les premiers édifices gothiques apparurent vers les années 1130-1150 en Île-de-France. C'est pourquoi ce style est appelé par ses
contemporains en latin francigenum opus ou « art d'origine française », « art français ». Le mot « gothique » fut utilisé à la période romantique pour
nommer cette architecture a posteriori, dans une acception péjorative. L'art gothique était l'art des Goths, autrement dit des « barbares » qui
auraient oublié les techniques et les canons romains. Un certain nombre d'historiens de l'art réfutent aujourd'hui ce jugement et montrent que
l'architecture gothique n'est pas en rupture avec l'architecture romane.
Deux âges romans
Nikolaus Pevsner distingue le premier art roman, de l'an mil à la Première Croisade vers 1100, et le roman classique, de 1100 au triomphe du
gothique vers 1200. Gabrielle Demians d'Archimbaud identifie un premier âge et un deuxième âge roman, de part et d'autre du milieu du xie siècle:
Le premier âge roman : il se développe en Italie, dans la région de Côme, et en Espagne, en Catalogne (Lérida, Gérone et Barcelone) et Aragon
(spécialement dans la province de Huesca), entre 950 et 1060/70. Les allées et venues des « maestri comacini », des « Lombards », partis
de Côme, de Milan, de Pavie, vont durer deux siècles ; leur champ d'action s'étend à toute l'Europe depuis l'Espagne jusqu'à la Saxe et à la
Scandinavie.
Le deuxième âge roman : il se développe plus généralement en France, de 1060/70 à 1130
Contexte historique
Vers l'an mil, les conditions d'un renouveau de l'art sont réunies en Europe de l'Ouest.
Essor de l'Occident
Selon les théories mutationnistes (aujourd'hui remises en cause) la fin du xe siècle est marquée par une série de changements qui affectent
l'ensemble de la société et de l'économie occidentales :
l'arrêt des incursions scandinaves et sarrasines et le mouvement de la paix de Dieu permettent de limiter la violence des seigneurs et de relancer
les échanges commerciaux;
les grands défrichements et la diffusion progressive de nouvelles techniques (collier d'épaule ...) améliorent lentement la vie rurale et favorisent la
croissance démographique. Cette augmentation de la population nécessite une multiplication ou un agrandissement des lieux de culte.
la réouverture d'anciennes routes commerciales entraîne le développement des échanges et des pèlerinages.
Toute l'Europe est envahie par une fièvre constructive authentique, stimulée par les progrès techniques; les lettrés sont parvenus à formuler un art
capable de représenter toute la Chrétienté : l'art roman.
Les rois et l'empereur ont tenu une place importante dans la diffusion de cet art.
Réforme de l'Église
Jusqu'au xe siècle, l'Église avait connu de nombreux abus et s'éloignait, du même coup, de ses vraies missions; de nombreux monastères et
églises étaient tombés entre les mains de seigneurs; la papauté elle-même était passée sous le contrôle de l'empereur germanique; enfin, un grand
nombre de clercs vendaient les sacrements ou vivaient en concubinage. Un important mouvement de réforme commence alors, notamment dans
les monastères : Cluny, en Bourgogne, revient à l'esprit de la règle édictée par St-Benoît au vie siècle qui prône la prière, le travail et la pauvreté. La
diffusion de ces nouvelles règles dans toute l'Europe favorise la construction de nombreux monastères et abbayes clunisiens.
Au xiie siècle, Robert de Molesme fonde l'ordre de Cîteaux (Cisterciens) qui renforce la règle de pauvreté (pas de décoration dans les églises, vie
très stricte, règle du silence) et la solitude (monastère isolés).
À côté de ces deux principaux ordres monastiques apparaissent de nouveaux ordres : érémitiques (Chartreux) et militaires (Templiers…).
Le cadre spirituel et culturel
La fin du xe siècle est marquée par des violences, des famines et des épidémies qui entretiennent un esprit eschatologique : on redoute la colère
divine et la fin des Temps.
Seule la Germanie constitue un foyer de création littéraire et artistique actif. L'idée d'empire, qui s'était éteinte au début du xe siècle, est ressuscitée
par le couronnement impérial d'Othon Ier le 2 février 962. En 982, Othon II, son fils prend le titre d'Imperator Romanorum empereur des
Romains »).
Le culte des reliques connaît un essor à partir de l'an mil : les pèlerins sont de plus en plus nombreux sur les routes et s'arrêtent dans les églises
disposant de reliques célèbres; de ce fait, des églises plus grandes sont édifiées sur les chemins des pèlerinages (par exemple : pèlerinage
de Saint-Jacques-de-Compostelle).
Les arts avant l'an mille
L'art roman prend ses sources dans l'Antiquité tardive et s'inspire des œuvres carolingiennes et ottoniennes.
Art carolingien : dans le courant du viiie siècle, une série d'événements historiques permettent un premier renouvellement et une expansion de la
culture européenne : la montée au trône de France des Carolingiens, la consolidation et la diffusion du christianisme, le début de la
Reconquête dans la Péninsule Ibérique et, comme fondement, la naissance des langues romanes.
Les éléments de l'architecture romane
Il s'agit d'un art essentiellement religieux dont les constructions obéissent à des plans dit centrés ou -c'est la majorité- à des plans dit basilicaux. On
trouve dans ces derniers les éléments suivants :
en entrée, le tympan ; très simple sur les premiers édifices romans, cet élément devient de plus en plus décoré à la fois pour magnifier la maison
de Dieu et participer à l'instruction religieuse en reprenant des scènes de livres liturgiques ; parmi les thèmes représentés, on retrouve par
exemple celui du Tétramorphe (allusion à l'Apocalypse et symbole des quatre Évangélistes), celui du jugement dernier, ...
la nef à plusieurs travées, avec la voûte dite plein cintre (voûte tunnel ou avec arcs-doubleaux), en berceau brisé, en voûte d'arêtes, à file de
coupoles (coupole à pans ou hémisphérique)
un transept en général simple avec ou non des chapelles échelonnées ; on trouve cependant des églises sans transept dans le cas des
constructions les plus humbles ou avec deux transepts, en particulier en Allemagne où s'est développée l'architecture ottonienne.
un chœur
une abside avec ou non des chapelles rayonnantes, appelées également chapelles absidiales, et une voûte en cul de four (voûte quart
sphérique).
À l'extérieur du bâtiment, figurent des éléments décoratifs initialement très simples comme la bande lombarde (sous le Ier art roman), puis plus
riches avec de nombreuses sculptures (sous le second art roman).
À la fin du premier art roman apparaissent les déambulatoires dont le développement s'explique par l'explosion du culte des reliques et des
pèlerinages.
La structure de ce plan, très simple dans le Ier art roman, va se complexifier à l'apogée de l'art clunisien notamment dans l'organisation de la partie
Est des constructions (transept, chœur, abside) ; en réaction à cette richesse architecturale ostentatoire, les cisterciens vont prôner un retour à la
simplicité et sur le plan architectural et plus général artistique, à un esthétisme épuré qui va constituer l'art cistercien.
Les principales périodes
Premier âge roman
Le premier art roman est un art méridional et international. Il a débuté en Lombardie et s'est étendu aux régions voisines grâce aux maîtres d'œuvre
de Côme. Ces derniers travaillent sur différents chantiers successifs et, avec leur matériel de maçon, imposent la structure d'église en forme de
navire renversé (la nef) et les « bandes lombardes » ; ils insufflent des bases solides pour un développement riche de l'architecture romane.
Deuxième âge roman
L'apogée du style, de par sa qualité et sa beauté, est atteint entre 1050 et 1150. En provenance de la France, il se transmet principalement autour
des chemins de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Le deuxième art roman s'exporte en Terre Sainte grâce aux Croisades.
les nefs deviennent plus amples afin d'accueillir les pèlerins toujours plus nombreux : en Bourgogne, les églises abbatiales de Pontigny, de Saint-
Bénigne de Dijon et de Cluny III dépassent les 100 mètres;
la circulation des pèlerins et l'accès aux reliques ou à la crypte sont facilités par de nouveaux aménagements : larges déambulatoires et bas-
côtés, tribunes (Normandie), chapelles rayonnantes sur le transept;
Les édifices gagnent en hauteur : la tour de la basilique Saint-Sernin à Toulouse mesure 64 mètres; les tours de la façade de l'abbatiale Saint-
Étienne de Caen s'élancent à 80 mètres.
Les murs sont renforcés à l'extérieur par des contreforts massifs.
Les recherches sur le voûtement progressent : les voûtes à charpente sont remplacées par la pierre dans les grands édifices, dans le Sud et en
Bourgogne par exemple. Les absides sont souvent en cul de four, les collatéraux en voûtes d'arêtes. Dans le Sud-Ouest de la France et en
Auvergne, on utilise encore la coupole. Les premières voûtes en berceau brisé sont édifiées (église de Brancion (Saône-et-Loire) et les
premières voûtes en croisée d'ogives apparaissent dans le monde Anglo-normand au début du xiie siècle.
Cet art architectural atteint son apogée en termes de richesses et de grandeur à l'époque de Cluny, dont la cathédrale, dite de Cluny III, va rester le
plus grand bâtiment de la chrétienté jusqu'au xvie siècle.
Pendant le xiiie siècle, au fur et à mesure que les solutions architecturales sont renforcées et s'améliorent, l'art roman tardif se développe,
conjointement avec un début spontané de l'art gothique.
L'idéal de dépouillement dans l'architecture monastique
Les clunisiens
Un des premiers ordres réformateur était celui de Cluny. Il tire son nom du petit village de Cluny, près de Mâcon, une abbaye bénédictine
réformée a été fondée en 909 par Guillaume Ier, duc d'Aquitaine et comte d'Auvergne, qui l'a placée sous la direction de Bernon, abbé de Beaume.
Odon, souvent décrit comme le fondateur de l'ordre, lui a ensuite succédé.
La renommée de Cluny s'est étendue loin au-delà du monastère d'origine. Sa règle rigide a été adoptée par un grand nombre de vieilles abbayes
bénédictines qui se sont affiliées à la maison mère, et les nouveaux monastères, de plus en plus nombreux, désiraient tous se rattacher à Cluny. À
la fin du xiie siècle, le nombre de monastères affiliés à Cluny en Europe occidentale atteignait 2 000.
L'établissement de Cluny était un des plus grands et magnifiques de France. On peut se faire une bonne idée de ses dimensions grâce au pape
Innocent IV, qui a visité Cluny accompagné de douze cardinaux, d'un patriarche, de trois archevêques, des deux généraux des Cartusiens et des
Cisterciens, du Roi Saint-Louis et de trois de ses fils, de la reine-mère, du comte de Flandre, de l'empereur de Constantinople, du duc de
Bourgogne et de six lords. Tous logèrent au sein du monastère avec leurs suites, sans causer le moindre dérangement aux moines. La quasi-
totalité des bâtiments de l'abbaye, y compris l'église monumentale, ont été vendus comme biens nationaux, puis détruits à la fin du xviiie siècle.
À Cluny, l'église et le plan général de l'ensemble ressemblent de manière frappante à la cathédrale de Lincoln. L'église Cluny III était très vaste :
plus de 141 m de long sur 65 m de large. Le chœur se termine par une abside semi-circulaire entourée de 5 chapelles également semi-circulaires.
L'entrée ouest était constituée du narthex flanqué de deux tours. Au sud de l'église se trouvait la cour du cloître immense, placée beaucoup plus à
l'ouest qu'à l'accoutumée. Au sud du cloître se trouvait le réfectoire, un bâtiment imposant d'environ 30 mètres sur 20, rempli de six rangées de
tables en longueur et de trois en travers. Il était orné des portraits des bienfaiteurs de l'abbaye et d'objets scripturaux. Sur le mur du fond était peint
une scène du Jugement Dernier. Nous ne pouvons malheureusement pas identifier les autres bâtiments principaux. Restent la maison de l'abbé,
encore partiellement debout près de l'entrée, l'hospice et la très vaste boulangerie.
Toutes les maisons rattachées à Cluny étaient des dépendances françaises dirigées par des prieurs de cette nationalité. Ils n'ont obtenu leur
indépendance que sous le règne d'Henri VI.
Malgré son éclat, le renouveau clunisien a été de courte durée. Sa réputation et sa célébrité sont à l'origine de son déclin. Après une croissance
considérable de leur ordre, les moines clunisiens sont devenus aussi riches et peu disciplinés que leurs prédécesseurs. Une nouvelle réforme est
alors devenue nécessaire.
Les cisterciens
L’ordre de Cîteaux a été fondé par Robert de Molesme et quelques moines en 1098, en Bourgogne. Il considère que l'ordre clunisien s'est
fortement écarté de la règle édictée par Saint Benoit et prône un retour intégral à cette dernière. Il demande aux moines de respecter des principes
radicaux : isolement du monde, travail manuel, silence et pauvreté. Avec saint Bernard, ces règles trouvent un écho dans l'art monastique :
Architecture générale
isolement dans des endroits retirés : le monastère n’étant pas fait pour les laïcs, il doit s’insérer dans un cadre naturel qu’il respecte (harmonie
avec la nature, solitude propice à la prière intérieure et au silence) ;
clocher aux dimensions modestes (humilité) ;
voûtes en berceau brisé ;
lignes et volumes sobres ;
Décoration
décor dépouillé et épuré pour ne pas faire injure aux pauvres : refus de tout élément figuratif (en particulier au niveau des chapiteaux), d'où
l'absence de statues ou peintures ; la pierre doit rester nue, sans aucune couleur; il ne faut pas détourner le moine de sa prière ou de son
recueillement ;
vitraux incolores aux motifs abstraits ou fleur de lis (symbole de Marie) ;
mobilier simple : quelques cierges, pas d’or : encensoirs en cuivre ou en fer, chasubles sans broderies, crucifix ;
motifs végétaux et géométriques dans les manuscrits peu enluminés : limitation des couleurs avec quasi suppression des couleurs rouge et or,
très utilisées par les Clunisiens.
Les Chalaisens
Il s'agit d'un petit ordre monastique, proche de l'érémitisme et des cisterciens, à Chalais (sud du massif de la Chartreuse) dans les débuts du
xiie siècle. Cet ordre a d'abord essaimé dans la vallée de l'Isère, vers l'ouest (deux petites abbayes : Almeval et Albeval), puis vers le sud : d'abord
dans la vallée de la Durance, avec l'abbaye de Boscodon (1140) et, plus tard, l'abbaye de Clausonne, puis davantage vers le sud (Lure, Valbonne,
près de Nice, et Pierredon, près d'Arles). L'architecture y est encore plus dépouillée que dans l'ordre cistercien : chevets plats systématiques,
absence de clés d'arcs. L'exemple le plus fort et le mieux conservé est l'abbatiale de Boscodon (Hautes-Alpes), d'un dépouillement, d'une pureté et
d'une luminosité remarquables.
L'enluminure des manuscrits [modifier]
De nombreuses écoles régionales ont convergé pour produire les premiers manuscrits enluminés: l'école d'Angleterre et du nord de la France
"channel school" ont éfortement influencés par l'art Anglo-Saxon tardif, tandis que dans le sud de la France le style s'inscrit plus dans une
influence Ibérique, en Allemagne et en dessous l'art ottonien a continué à se développer et aussi, avec les styles Byzantins, ont influencés l'Italie. À
la fin du xiie siècle, les influences réciproques de tous ces styles se sont fondus, tout en gardant naturellement des distinctions régionales.
Le focii typique de l'enluminure romane est la Bible, chaque livre peut être préfacé par une grande Initiale illustrée, et les Psautiers, des
majuscules initiales étaient enluminées de la même façon. Dans les deux cas, des cycles de scènes peuvent être représentés sur des pages
entièrement enluminées, parfois avec plusieurs pages par scène, dans des compartiments. Les Bibles avaient en particulier des pages de
dimensions importantes et pouvaient être reliées en plusieurs volumes. Par exemple, le Psautier de Saint Alban, le Psautier de Hunter (Hunterian
Psalter), la Bible de Winchester (la "feuille de Morgan" présentée ci-dessus), la Bible de Fécamp Bible, la Bible de Stavelot et la Bible de Parc
Abbey. À la fin de cette période, des ateliers commerciaux de scribes et d'artistes devinrent significatifs, et l'enluminure, et les livres en général,
devinrent plus généralement disponibles pour le clergé comme pour les laïcs.
Peinture romane [modifier]
Catalan Fresque, actuellement au Museu Nacional d'Art de Catalunya.
Les larges surfaces murées et les vtes de la période romane se sont prêtées facilement à la décoration murale. Malheureusement, de
nombreuses peintures initiales ont été détruites soit par les restaurations, ou par le fait que les murs ont été replâtrés ou repeints. En France,
Angleterre et aux Pays-Bas, ces peintures ont été systématiquement détruites ou effacées par l'iconoclasme de la réforme protestante. Les
fresques des églises du Danemark et d'autres pays ont été depuis restaurées. Dans d'autres pays, elles ont souffert des guerres, négligences et
changement de modes.
La peinture d'une église suit un schéma classique, dérivé d'exemples antérieurs de mosaïques. Elle a son point focal dans la voûte en cul de four
de l'a nef, avec un Christ en Majesté ou un Christ rédempteur sur son trône et une mandorle encadrée par quatre éléments ailés, symboles des
Quatre Évangélistes, en comparaison directe avec les exemples des couvertures ornées ou les enluminures des évangéliaires de l'époque. Si la
Vierge Marie est la dédicace de l'église, elle peut y remplacer le Christ en représentation0. Sur les murs de l'apside, en dessous, seraient
représentés les saints et apôtres, incluant peut-être des scènes narratives, par exemple le saint auquel est dédicacé le monument. Sur les arches
du sanctuaire seraient les figures des apôtres, prophètes, ou les 24 vieillards joyeux de l'Apocalypse, regardant le Christ, ou son symbole sous
forme d'agneau, au sommet de l'arche. Le mur nord de la nef présenterait des scènes narratives de l'Ancien Testament, et le mur sud le Nouveau
Testament. Sur le mur ouest arrière serait le Jugement dernier, avec un Christ sur un trône qui juge à son sommet.
Un des plus beaux exemples intacts est visible dans l'abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe en France. La longue voûte en berceau de la nef fournit
une surface idéale pour la fresque, qui présente des scènes de l'Ancien Testament, dont la Création, la vie d'Adam et Eve et d'autres histoires dont
celle très vivante de l'arche de Noé présentant des personnages apeurés et de nombreuses fenêtres à travers lesquelles on peut voir Noah et sa
famille sur le pont supérieur, des oiseaux sur le pont du milieu, et des paires d'animaux sur l'inférieur. Une autre scène présente de façon très
vigoureuse la noyade de l'armée de Pharaon dans la mer rouge. Ce schéma s'étend à d'autres parties de l'église, avec le martyr de saints locaux
présentés dans la crypte, l'Apocalypse dans le narthex et un Christ en Majesté. Les palettes de couleurs employées sont limitées au bleu-vert clair,
jaune ocre, rouge marron et noir. Des peintures similaires sont présentes en Serbie, Espagne, Allemagne, Italie et ailleurs en France.
Concernant les techniques, les Fresques sont faciles à réaliser, mais il faut travailler vite car sur enduit frais. Cette technique peu onéreuse
explique que de modestes églises rurales, de simples cures priorales, reçurent de somptueux décors peints. Les couleurs sont vives.
Vitraux [modifier]
Les plus anciens fragments connus de vitraux peints médiévaux semblent dater du xe siècle. Les plus anciens personnages peints intacts sont les
cinq prophètes du vitrail d'Augsburg, daté de la fin du xie siècle. Les visages, même figés et formalisés, démontrent un dessin très maîtrisé et
l'usage fonctionnel du verre montre que ses créateurs étaient très bien entraînés à ce support. Dans les cathédrales du Le Mans, Canterbury et
Chartres, et la Saint-Denis, de nombreux panneaux du xiie siècle sont encore présents. A Canterbury, ils présentent un personnage d'Adam
creusant, et un autre de ses fils, Seth, parmi les ancêtres du Christ. Adam est représenté d'une façon hautement naturelle et vivante, tandis que le
portrait de Seth, les vêtements sont utilisés à des fins plus décoratives comme dans les meilleurs sculptures sur pierre de l'époque. Les artisan du
vitrail ont été plus lents que les architectes à changer leurs styles, et beaucoup de vitraux de la première partie du xiiie siècle peuvent être
considérés comme romans. Parmi les plus belles œuvres connues, on peut évoquer le vitrail daté de 1200 de la cathédrale de Strasbourg (en
partie déposé au musée) et de 1220 environ de l'église de Saint Kunibert à Cologne.
La plupart des plus beaux vitraux de France, dont notoirement ceux de Chartres, datent du xiiie siècle. Peu de vitraux importants du xiie siècle sont
restés intacts. Parmi ces derniers, celui de la Crucifixion de Poitiers, composition remarquable qui s'étend sur trois étages, le plus bas avec un trèfle
à quatre feuilles présentant le martyr de Saint Pierre, le plus grand central domine la crucifixion et le plus haut l'Ascension du Christ dans une
mandorle. Le personnage du Christ crucifié présente dédes signes de courbes Gothiques. Ce vitrail est décrit par George Seddon comme étant
d'une "beauté inoubliable"5. Beaucoup de fragments détachés sont dans des musées, et un vitrail du l'église de Twycross en Angleterre est fait à
partir d'importants panneaux de vitraux français récupérés pendant la révolution française6. Le verre était cher et faiblement flexible (en ce sens
qu'il pouvait être ajouté (superposé) ou réarrangé) et parait avoir été souvent réutilisé quand les églises ont été reconstruites en style gothique - le
plus ancien vitrail anglais datable, une fenêtre de York Minster de l'arbre de Jessé date probablement d'avant 1154, a été réutilisé de cette façon.
Initiation à la sculpture romane
Elle décore d'abord les chapiteaux dans les cryptes, les cloîtres et les églises. À la fin du xie siècle, elle prend place sur la façade des églises, à la
manière des antiques arcs de triomphes7. La sculpture devient « monumentale ». Elle a une vertu pédagogique, celle d'enseigner la vie des
apôtres et des saints, d'illustrer des passages de l'Ancien Testament. Elle s'inspire des bas-reliefs et des chapiteaux romains mais surtout des
images placées dans les manuscrits enluminés et sur les objets d'orfèvrerie.
La sculpture sur chapiteau : elle se diffuse à partir de l'an mil, même si ses débuts furent timides : dans les églises italiennes de la première
moitié du xie siècle est repris le modèle corinthien, plus ou moins stylisé (chapiteau à palmettes). D'autres lieux (Bourgogne, Catalogne)
expérimentent les chapiteaux à entrelacs et à feuilles d'acanthe. Mais bientôt, les animaux et les figures anthropomorphiques apparaissent,
même s'ils restent rares avant 1050 (Abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire). La basilique Saint-Sernin de Toulouse (deuxième moitié du
xie siècle) conserve 260 chapiteaux romans8.
Les ivoires [modifier]
On trouve de beaux coffrets d’ivoire, dont un de l’époque carolingienne au musée de Cluny ; il est en marqueterie de bois colorés et d’ivoire, avec
des entrelacs et des cadres entourant des animaux fantastiques9.
Un diptyque est une sorte de tablette double dont les composantes sont réunies à charnière. Ce fut, à l’origine, une sorte de carnet dont les feuilles
de bois, d’ivoire ou de métal, enduites de cire, servaient à prendre des notes.
Puis apparurent les diptyques consulaires, sur lesquels les nouveaux fonctionnaires faisaient part de leur nomination à leurs parents et à leurs
amis. Ils sont ornés d'un riche décor sculpté, qui pouvaient faire office de tablette à écrire : il s'agissait d'un objet commémoratif de luxe, commandé
par le consul ordinaire et distribué pour marquer son entrée en charge et récompenser les notables qui avaient soutenu sa candidature. Plus tard
enfin, l’Église les adopta pour orner ses autels. Consacrés aux saints et aux martyrs, des épisodes religieux étaient sculptés sur les lames d’ivoire
qui les formaient.
Les triptyques, avec une forme un peu différente, avaient des usages identiques. Ils se composaient de trois panneaux sculptés ou peints et réunis
à charnière. Le panneau central, deux fois plus large que les deux autres formant volets, pouvait être recouvert exactement par eux. Très estimés à
Byzance, ils ne pénétrèrent dans l’Europe occidentale qu’après les croisades.
L'apogée de l'orfèvrerie
En relation avec le développement du culte des reliques, les orfèvres produisent des reliquaires et des châsses de grande qualité. À l’époque
romane, le renouveau des sacrements et le culte des reliques provoquent un essor de l’orfèvrerie religieuse.
Œuvres à caractère somptuaire,
thèmes hagiographiques,
ateliers mosans et de Limoges prépondérants,
Châsses qui reproduisent les églises en miniature.
Les écoles régionales [modifier]
L'espace espagnol et le sud-ouest français
L'Espagne est une référence au niveau de l'art roman : de nombreux apports de la culture arabe ont enrichi le patrimoine artistique espagnol,
notamment à Salamanque (cathédrale).
Les églises de cette région se sont développées grâce aux chemins de pèlerinage qui mènent au sanctuaire de Saint-Jacques de Compostelle, au
nord-ouest de l'Espagne. Les moyens financiers qui affluent permettent aux abbés et aux évêques de bâtir des édifices somptueux. Le modèle
architectural est la Basilique Saint-Sernin : doubles collatéraux, vaste transept, chevet à déambulatoire desservant des chapelles rayonnantes,
dotées de reliques, caractérisent les grandes églises de pèlerinage.
Les Pyrénées centrales connaissent également, à partir de l'an mil une "floraison artistique romane" comme le souligne l'historien d'art Marcel
Durliat. Favorisée par la reprise des échanges commerciaux et la relative stabilité sociale et politique, la circulation des idées entretient dans les
Pyrénées une véritable période de création artistique.
Sites romans :
L'espace germanique
En Allemagne, le roman suit les traces de l'art ottonien, créant des grands ensembles monumentaux, dont beaucoup proposent des solutions
complètement nouvelles, telles que la double arche ou Westwerk. On peut citer parmi les plus singulières:
En France, la cathédrale de Verdun présente toutes les caractéristiques d'un plan roman-rhénan, à savoir :une nef unique encadrée par deux
chœurs, eux-mêmes flanqués de deux tours. De ce fait, les portails sont exclusivement latéraux.
La Bourgogne
L'art roman s'est développé en Bourgogne en relation avec l'essor des centres monastiques. Le rôle de Cluny en premier lieu explique le nombre
important d'édifices romans dans cette région. Les cathédrales et les églises abbatiales ont des dimensions importantes. Les bâtiments
monastiques ont des plans complexes, surtout à Cluny où l'ensemble est agrandi plusieurs fois par des ajouts successifs. L'abbatiale Cluny II (960-
981) a servi de modèle à bien des édifices romans bourguignons. La décoration murale, le voûtement et la massivité des édifices témoignent
d'influences méridionales.
La Normandie
Le développement de l'art roman en Normandie bénéficie d'un contexte favorable : le duc tient fermement sa principauté et la Normandie ne
connaît pas l'anarchie féodale qui règne dans d'autres provinces. La croissance économique et démographique créent les conditions d'un essor
architectural fécond et original. Les ducs eux-mêmes favorisent la construction de nouveaux édifices religieux. Ainsi, Richard Ier fait reconstruire
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