Relations internationales 1924-1945 Cours général E. Monnet
Page 4
Vers la guerre : les élections présidentielles de 1916 voient s’affronter le républicain Hughes et Wilson qui sont
tout deux pacifistes→ c’est la prospérité américaine qui est en jeu. Mais janvier 1917 : décision allemande de couler
tout navire même neutre → c’est indépendance politique qui est contestée : rupture diplomatique (torpillage de
qques navires américains dont le Vigilentia, « télégramme Zimmermann » : entreprises allemandes aux Mexique
contre doctrine Monroe ), la menace du militarisme prussien sur la démocratie en Europe Wilson demande au
Congrès la déclaration de guerre le 2 avril 1917.
Une mobilisation importante : dans le cadre d’un nationalisme outrancier ; investissement néanmoins
considérable (36 milliards de $ sur les 147 investis dans la guerre), en particulier par la contribution financière
auprès des Etats et politique (14 points) ; si le rejet du traité de Versailles par le Sénat marque le désir de rester à
l’écart des affaires européennes, la créance de 10 milliards de $ dont elle dispose, par ses capacités renouvelées de
puissance commerciale et monétaire, l’intrusion américaine dans les affaires américaines est inévitable.
2. Une rupture féconde ?
Un bilan contrasté de cette guerre : une Europe saignée, mais aussi promotion de nouvelles formes d’organisation
(politique et économique).
La victoire de la démocratie et les promesses d’un nouvel ordre international
L’esprit du règlement du conflit : il ne s’agit pas de rétablir un statu quo ante et d’imposer uniquement des
indemnités de guerre, mais de liquider les litiges européens et les possibilités de conflit. La victoire des démocraties
va entraîner la démocratisation de l’Europe démocratisation des vainqueurs eux-mêmes (suffrage universel en
GB, RP en France, loi électorale en Italie), installation en démocraties dans les Etats issus des traités (Roumanie,
Yougo, Pologne, Baltes, Finlande, Tchécoslovaquie), transformation des anciens régimes en Allemagne et Autriche-
Hongrie (au nom de la sécurité et de Allemagne = mal absolu
)
Un double choix idéologique :
o Le droit des nations : apparition de nouveaux états, 30 millions de personnes émancipées des
tutelles étrangères, mais souvent contourné : ignoré pour les anciennes colonies allemandes, +
stratagème de la reconnaissance des « droits historiques » le plus souvent au bénéfice des
vainqueurs (ex Alsace – Lorraine) cachant des intérêts économiques, ex. région de Ostrava
(gisement houiller important) donné à la Tchécoslovaquie malgré une population majoritairement
polonaise. (idem pour Fiume et Teschen en Silésie). → balkanisation éloignée de l’idéal wilsonien
,
mal évaluée économiquement et surtout politiquement (danger bolchevique)
o Caractère justicier des traités vis-à-vis de l’Allemagne : déclarée responsable de la guerre (article
231 du traité de Versailles), elle se voit retirée son rang de grande puissance (colonies,
participations financières, armée), du circuit diplomatique et des négociations de paix (diktat).
Le sens du diktat : si son caractère excessif est déjà remarqué par des contemporains (Keynes, les conséquences
économiques de la Paix, dès 19) , la culpabilisation correspond au choc psychologique subi par les états, à la prise
de conscience de l’état d’impréparation des économies en 1914 pour une guerre longue ; en réalité le traité comme
diktat, est indispensable à l’équilibrage des impérialismes en présence (Royaume Uni France/ Etats-Unis Japon), par
la mise entre parenthèse de l’impérialisme allemand, en particulier sur le plan économique (cf. 5 premiers points de
la déclaration des Quatorze points de Wilson, 8 janvier 1918).
o les USA veulent obtenir la liberté des mers, l’ouverture des marchés coloniaux, le maintien du
principe de la « porte ouverte » en Europe,. En échange : livraison de mat 1ère de Allemagne →
France
o la GB veut s’assurer le marché allemand garanties de sécurité à la France,
o la France veut assurer des débouchés en Allemagne (cf. article 268 prévoyant que les produits
d’Alsace Lorraine seraient reçus en franchise en Allemagne pendant 5 ans pour éviter surpdtion
française ), projet préparé dès 1915 par le comité d’études économiques et administratives relatives
à l’Alsace-Lorraine, avec Dolfuss, Wendel, Renault…
La prédominance américaine : le TdeV veut une Europe prospère et pacifique c'est-à-dire une Europe où Etats-
Unis peuvent investir sans être entraînés malgré eux dans une guerre. l’hypothèse de l’isolationnisme américain au
C’est très clair dans le discours de Clemenceau : d’une part dans la querelle qui l’oppose à Foch : il dit qu’il
adopte sa théorie des « frontières naturelles » mais n’ont pas avec ses implications impérialistes/annexionistes de la
Révolution mais uniquement pour maintien de sécurité collective qui passe par une clause de garantie sur le traité
lui-même (ainsi GC renoncera à l’annexion de Rhénanie (occupation définitive) pour une occupation pdt 15 ans,
conditionnelle (cf. aussi la Sarre).
En revanche –et cela file dans tous ses écrits théoriques si France s’oppose à Allemagne c’est pas pour revanche
(cf. Barodet) mais 1) esquisse de ce qui est pour le moment encore « militarisme prussien » et spectre de la
Mitteleuropa –mais deviendra bientôt Sonderweg (Allemagne destinée par nature à avoir pouvoir fort, autoritaire) :
cf. les réflexion de Clemenceau (alimentée par 1) plébiscite de LNB 2) AD et « faux Henry ») sur Nation/Raison
d’Etat ; Démocratie./ suffrage universel …) : pour lui, l’Allemagne est le pays de la Raison d’Etat souveraine.
Clemenceau encore et son jeu de mot sur « candor » quant à Wilson