Document 2 Discours de Jules Ferry La première forme de

Document 2
Discours de Jules Ferry
La première forme de colonisation, c’est celle qui offre un
asile et du travail au surcroît de population des pays
pauvres ou de ceux qui renferment une population
exubérante.
Mais il y a une autre forme de colonisation, c’est celle qui
s’adapte aux peuples qui ont, ou bien un excédent de
capitaux, ou bien un excédent de produits.
Et c’est là la forme moderne […]
Les colonies sont pour les pays riches un placement de
capitaux des plus avantageux […].
Mais, Messieurs, il y a un autre côté plus important de
cette question, et qui domine de beaucoup celui auquel je
viens de toucher. La question coloniale, c’est pour les pays
voués par la nature même de leur industrie à une grande
exportation, la question même des débouchés.
Je dis que la politique coloniale de la France, que la
politique d’expansion coloniale — celle qui nous a fait
aller, sous l’Empire, à Saïgon, en Cochinchine, celle qui
nous conduit en Tunisie, celle qui nous a amenés à
Madagascar — je dis que cette politique d’expansion
coloniale s’est inspirée d’une vérité sur laquelle il faut
pourtant appeler un instant votre attention, à savoir
qu’une marine comme la nôtre ne peut pas se passer, sur
la surface des mers, d’abris solides, de défenses, de
centres de ravitaillement […].
Les nations, au temps où nous sommes, ne sont grandes
que par l’activité qu’elles développent ; ce n’est pas par le
rayonnement pacifique des institutions.
[…] Il faut que notre pays se mette à même de faire ce que
font tous les autres et, puisque la politique d’expansion
coloniale est le mobile général qui emporte à l’heure qu’il
est toutes les puissances européennes, il faut en prendre
son parti. (Journal officiel, séance du 28 juillet 1885)
Document 3
Alliance austro-allemande (7 octobre 1879)
[…] Leurs Majestés l’Empereur d’Autriche, Roi de Hongrie,
et l’Empereur d’Allemagne, […] ont décidé de conclure une
alliance de paix et de défense réciproque.
Art. 1. Si […] l’un des deux Empires était attaqué par la
Russie, les deux Hautes Parties contractantes
s’engagent à s’assister avec toutes les forces
militaires de leurs Empires et à ne conclure la paix
qu’en commun et d’accord.
Art. 2. Si l’une des Hautes Parties contractantes était
attaquée par une autre puissance, l’autre Haute
Partie contractante s’engage non seulement à ne
pas assister l’agresseur contre son allié, mais à
observer tout au moins une attitude de neutralité
bienveillante à l’égard de son co-contractant.
Si toutefois, en pareil cas, la puissance agressive
était soutenue par la Russie, soit sous la forme
d’une coopération active, soit par des mesures
militaires menaçant la puissance attaquée,
l’obligation d’assistance réciproque avec toutes les
forces armées stipulée par l’article premier du
présent traité entrera également, dans ce cas,
immédiatement en vigueur, et la conduite de la
guerre par les deux Hautes Parties contractantes
aura lieu en commun jusqu’à la conclusion de la
paix en commun.
Édouard Simon, L’empereur Guillaume II et la première année de
son rè
g
ne, 1889
Document 4
Alliance franco-russe (1892)
La France et la Russie étant animées d’un égal désir de
conserver la paix, et n’ayant d’autre but que de parer aux
nécessités d’une guerre défensive, provoquée par une
attaque des forces de la Triple-Alliance contre l’une ou
l’autre d’entre elles, sont convenues des dispositions
suivantes :
1. Si la France est attaquée par l’Allemagne, ou par
l’Italie soutenue par l’Allemagne, la Russie emploiera
toutes ses forces disponibles pour attaque
r
l’Allemagne.
Si la Russie est attaquée par l’Allemagne, ou par
l’Autriche soutenue par l’Allemagne, la France
emploiera toutes ses forces disponibles pou
r
combattre l’Allemagne.
2. Dans le cas où les forces de la Triple-Alliance, ou une
des puissances qui en font partie, viendraient à se
mobiliser, la France et la Russie, à la première
annonce de l’événement et sans qu’il soit besoin d’un
concert préalable, mobiliseront immédiatement et
simultanément la totalité de leurs forces, et les
porteront le plus près possible de leurs frontières.
Document 1
Déclarations de Bismarck à l’ambassadeur de France
(5 janvier 1879)
[…] Je ne veux plus d’annexions, je vous l’ai déjà dit : nous
n’en avons fait que trop, à mon sens ; je repousse donc les
aventures et je tiens au calme et à la sécurité garantis par
des rapports amicaux avec nos voisins, spécialement avec
vous.
On a beaucoup dit que j’étais favorable à la République en
France parce que j’y voyais une cause de faiblesse pour
votre pays […]. La vérité, c’est que la République, sage et
modérée comme vous l’avez en ce moment, est, à mes
yeux, une garantie de paix […].
Mais, je le répète, je crois qu’il faut au peuple français
(bien qu’il fasse preuve maintenant d’une grande sagesse)
des satisfactions d’amour-propre, et je désire sincèrement
lui voir obtenir celles qu’il peut rechercher dans le bassin
de la Méditerranée, sa sphère d’expansion naturelle ; plus
il aura de succès de ce côté, moins il sera porté à faire
valoir contre nous des griefs et des douleurs dont je ne
discute pas la légitimité, mais qu’il n’est pas en notre
pouvoir d’apaiser […]
Document 6
Les dernières lois militaires de l’Allemagne ont été la
conséquence de deux faits que l’opinion en France n’a pas
jugés comme on les jugeait ici. En premier lieu,
l’Allemagne, qui aspirait à obtenir une part du Maroc et un
port sur l’Atlantique, n’a rien obtenu sur l’Océan et elle a
considéré comme un échec grave l’issue des négociations
de 1911 […].
En second lieu, la guerre des Balkans lui a ouvert les yeux
sur la faiblesse de l’Autriche dont elle est arrivée à
escompter la disparition comme le vrai moyen de se
raccommoder avec la Russie.
Elle ne s’est plus sentie assez forte ; elle a donc voulu
reconquérir la situation militaire éminente qu’elle
considère comme obligée d’avoir pour se maintenir et pour
s’imposer. Voilà pourquoi elle a augmenté son armée […]
sans qu’elle ait le dessein prémédité d’agression que notre
opinion lui prête. […]
Dépêche de Jules CAMBON, ambassadeur de France à Berlin,
le 3 mai 1914
Document 8
Le développement des forces productives du capitalisme
mondial a fait, au cours des dernières décennies, un bond
gigantesque. Partout, dans le processus de lutte pour la
concurrence, la grande production est sortie victorieuse,
en groupant les magnats du capital en une organisation de
fer qui a étendu son empire sur la totalité de la vie
économique. Une oligarchie financière s’est installée au
pouvoir et dirige la production liée par les banques en un
seul faisceau. Ce processus d’organisation de la production
est parti d’en bas pour se consolider dans les cadres des
États modernes devenus les interprètes fidèles des intérêts
du capital financier. […] La surproduction de marchandises
inhérente au développement des grandes entreprises, la
politique d’exportation des cartels et le rétrécissement des
débouchées par suite de la politique coloniale et douanière
des puissances capitalistes […] l’immense extension de
l’exportation du capital et l’assujettissement économique
de pays entiers à des consortiums bancaires nationaux
portent au paroxysme l’antagonisme entre les intérêts des
groupes nationaux du capital. Ces groupes puisent leur
dernier argument dans la force et dans la puissance de
l’organisation d’État et, en premier lieu, de leur flotte et
de leurs armées. Un puissant État militaire est le dernier
atout dans la lutte des puissances.
BOUKHARINE, L'économie mondiale et l'impérialisme, 1917
Document 7
Lettre du secrétaire d’État aux Affaires étrangères de
l’Empire allemand (18 juillet 1914)
Nous avons actuellement une alliance avec l’Autriche […].
Notre alliance avec cet État du Danube qui apparaît de
plus en plus en décomposition est-elle réellement à notre
avantage ? […] Or nous ne sommes malheureusement pas
encore parvenus à rétablir avec l’Angleterre des relations
cordiales […].
L’Autriche […] a vu se compromettre de plus en plus son
prestige […]. La crise balkanique a encore affaibli sa
position […].
L’Autriche veut maintenant régler ses comptes avec la
Serbie et elle nous fait part de ses intentions. […] Ce n’est
pas nous qui l’avons poussée à sa résolution actuelle. Mais
nous ne devons et ne pouvons arrêter son bras. […] Vous
conviendrez avec moi que l’affermissement absolu de
l’hégémonie russe dans les Balkans n’est pas admissible
pour nous.
D’après tous les observateurs compétents, la Russie, dans
quelques années, sera prête à faire la guerre. […] Notre
groupe, en attendant, devient de plus en plus faible.
Document 5
La France n’est pas encore prête pour le combat.
L’Angleterre est aux prises avec des difficultés intérieures
et coloniales. La Russie redoute la guerre, parce qu’elle
craint la révolution intérieure. Allons-nous attendre que
nos adversaires soient prêts ou devons-nous profiter du
moment favorable pour provoquer la décision ? Voilà la
question lourde de sens qu’il s’agit de trancher.
L’armée autrichienne est encore fidèle et utile, L’Italie est
encore fermement attachée à la Triple Alliance et même si
elle préfère encore […] le maintien de la paix, pour panser
les plaies de la dernière guerre, elle sait […] que, si
l’Allemagne est battue, elle sera livrée sans remède à la
violence de la France et de l’Angleterre et elle perdra sa
position indépendante en Méditerranée […]. Nous pouvons
également compter le cas échéant sur la Turquie et la
Roumanie. Nous avons ainsi encore des atouts en main,
nous pourrions tenir les commandes de la politique
européenne, par une offensive résolue, et nous pourrions
assurer notre avenir.
Cela ne veut pas dire que nous devons provoquer la
guerre ; mais là où se manifeste un conflit d’intérêts […]
nous ne devrions pas reculer, mais le faire dépendre de la
guerre et la commencer par une offensive résolue ; peu
importe le prétexte, car il ne s’agit pas de cela, mais de
tout notre avenir, qui est en jeu. Die Post, 24 février 1914
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