CCMF, 5 avenue de l’Observatoire, F-75006 Paris Tél : 01 46 34 59 15 Fax : 01 43 54 10 07
E-mail : [email protected] Site Internet : www.ccmf.info
BULLETIN DU C.C.M.F.
JUIN 2005 N°11
LETTRE DE L’ESPÉRANCE ……
ÉDITORIAL
Professeur Jean-Paul ESCHARD
Président du CCMF de Reims
Le groupe de Reims est heureux d’accueillir les 3 et 4 décembre prochains le congrès
national du CCMF dont le thème sera « Le médecin face à ses limites ».
Ce sujet d’actualité a été emprunté à nos amis Nantais : la médecine est en effet à la croisée
des chemins. D’un côté, nous bénéficions de progrès technologiques sans précédent ;
l’espérance de vie ne cesse d’augmenter et la prise en charge médicale de s’améliorer. De
l’autre, nous devons fléchir à des règles d’utilisation de ces nouvelles techniques pour des
raisons éthiques et humaines ; nous sommes confrontés à des alisés économiques, à
l’évolution des mentalités des malades, à une remise en cause de l’aléa thérapeutique et, bien
entendu, aussi à nos défaillances personnelles.
Nos échanges seront nécessairement riches en raison de la grande qualité et de l’expérience
des intervenants ; ils nous permettront de mieux nous situer entre d’une part la demande et
l’attente des malades influencés par la pression de la société et des médias et d’autre part nos
convictions profondes qu’il nous faut nourrir et approfondir d’autant plus qu’elles ne nous
semblent pas toujours en harmonie avec les positions de l’Eglise.
Ce congrès sera sans aucun doute une source d’espérance en l’Homme et en l’avenir du
monde. Les échanges qu’il suscitera illustreront, s’il en était besoin, l’intérêt et l’importance
de ces lieux de réflexion qui constituent notre mouvement national et nos groupes régionaux
que nous essayons de faire évoluer ; la présence d’un groupe de « jeunes médecins » au
congrès de REIMS constitue certainement un signe de renouveau.
Nous espérons que vous serez nombreux à assister à ce congrès en raison de l’intérêt des
sujets traités mais aussi de l’assemblée générale nous discuterons les nouveaux statuts de
notre mouvement.
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ÉLECTIONS
TRÈS IMPORTANT
Des élections sont prévues lors du prochain Congrès National de REIMS : le samedi 3 et
dimanche 4 Décembre 2005. ______________
La Présidente (Dr Solange GROSBUIS),
Le Vice-Président (Dr Séjean SÉJEAN)
La Trésorier (Pr Jean-Michel REMY)
auront achevé leur mandat.
Quatre postes du Bureau sont à pourvoir :
Président
Vice-Président
Trésorier
Trésorier adjoint (non pourvu actuellement)
APPEL À CANDIDATURES :
Sont éligibles, les membres du CCMF ayant 2 années d’ancienneté et à jour de leur cotisation.
Dépôt des candidatures uniquement par lettre adressée au CCMF 5, avenue de l’Observatoire
75006 PARIS, comprenant acte de candidature, motivations, postes souhaités,
AVANT LE 3 OCTOBRE 2005
JEAN-PAUL II
Au moment de la mort de Jean-Paul II, décédé le 2 avril 2005, le Professeur de BOUCAUD, de
BORDEAUX, nous communique le texte suivant :
Jean-Paul II : force de l’amour, puissance de la pensée et anthropologie
moderne
par le Pr Michel de BOUCAUD
Au milieu de l’hommage planétaire, au milieu de l’émotion profonde de la Terre entière, de
l’affection du monde, et de toutes les formes de prière jaillissant du cœur de millions d’adultes, de
jeunes et d’enfants, c’est un grand mouvement de reconnaissance qui accompagne la personne de
Jean-Paul II en cette période.
Reconnaissance et action de grâce pour tout ce qu’il a apporté au monde d’Occident et d’Orient,
aux différentes religions, à l’Église, aux diverses générations, aux jeunes bien évidemment, aux
opprimés et aux blessés de la vie, et aussi à chaque personne en particulier, à chacun d’entre nous,
pour son amour pour l’homme. Au sein même de ce qu’on pouvait saisir de toute son approche du
monde en union à Jésus-Christ, c’est la force de l’amour nourrissant l’action et la pensée, c’est
l’alliance de la force de l’amour et de la puissance de la pensée.
Car si l’action a constitué le permanent dynamisme de toute son œuvre, la pensée constamment
présente constitue la source et la racine de son activité, dans la lumière de l’Esprit. « La foi et la
raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la
contemplation de la vérité.
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JEAN-PAUL II (suite)
C’est Dieu qui a mis au cœur de l’homme le désir de connaître la vérité, et au terme, de le
connaître lui-même afin que, le connaissant et l’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-
même » (Fides et Ratio 1998).
Tous ceux qui sont préoccupés de grandir et de faire croître l’homme dans toutes ses dimensions
corporelles, psychiques et spirituelles ont à se nourrir de son œuvre. Au milieu de toutes les
conduites de tous ceux qui allient les aspects concrets et pratiques et la démarche intellectuelle de
penser l’homme, il nous faut être très reconnaissant à Jean-Paul II d’avoir constamment pris en
compte l’évolution des sciences de l’homme de notre époque contemporaine et la pensée
philosophique.
« Phénoménologue de génie » disant tout récemment le Cardinal J.M. LUSTIGER,
phénoménologue de génie au milieu de toutes les dimensions humaines, sociales, politiques,
morales et spirituelles nécessaires à l’approche du monde contemporain. Phénoménologue brillant
pour notre temps dans le sillon des plus grands Ed. HUSSERL, Max SCHELER, Henri EY, R.
INGARDEN et les autres. Ainsi Jean-Paul II apporte au XXème siècle une anthropologie prenant
en compte les riches avancées de notre temps en les intégrant à celles des périodes antérieures. La
conception de la personne, la notion de l’expérience du sujet dans la subjectivité, et son
mouvement vers l’objectivité, la place de l’émotion et de l’intensité émotionnelle au sein de la
personne, la fonction de l’affectivité dans le concert des voix de l’homme.
C’est une pensée qui fait saisir la nature et la fonction de la conscience, le dévoilement de la
conscience dans la constitution de l’action, le mouvement vers les dimensions fondamentales de
l’acte humain. C’est l’importance de la rencontre et de l’altérité, l’ouverture à la culture de chacun
et aux cultures diverses constituant les personnes, la recherche permanente du sens, l’ouverture à
la liberté des individus comme il a ouvert aux peuples les portes de la liberté. C’est aussi de façon
très moderne la prise en compte du corps dans son vécu diversifié et sa dimension métaphysique,
ce sont les dimensions signifiantes multiples humaines, métaphysiques et spirituelles de la
sexualité. Nous rejoignons alors la place des pulsions dans le contexte de l’inconscient et
l’importance qu’il donne à la notion et au mouvement d’intégration constitutif de la dynamique de
la personne.
L’intégration de la personne dans l’acte est essentielle, dans l’acte humain où la valeur
personnaliste précède et conditionne la valeur éthique de toute conduite humaine. C’est bien là où
nous rencontrons l’intégration des importantes données du XXème siècle aux dimensions
spirituelles, métaphysiques et théologiques universelles. Nous rejoignons bien là, au cœur de ces
domaines structurels, le désir du Beau, du Bien, du Bon et de la Vérité, stimulé en tout homme
dans la rencontre de Dieu fait homme. C’est dans la participation à l’humanité de tout homme que
nous retrouvons la signification du commandement de l’amour. Et il nous permet ainsi de
rejoindre la vocation de la personne à la transcendance. K. WOJTYLA a le souci constant d’une
démarche intellectuelle rigoureuse capable d’allier les dimensions spirituelles et théologiques
« s’organisant comme science de la foi » aux exigences de la raison philosophique, de la structure
de la connaissance et de la communication personnelle la plus authentique.
C’est en effet dans la force de l’amour et la puissance de la pensée que toute l’œuvre de
Jean-Paul II a pu se déployer dans les multiples dimensions humaines, spirituelles et théologiques,
en prenant constamment en compte les évolutions de notre monde contemporain et en montrant à
chaque homme, à chaque pays, à chaque continent les chemins de l’amour et les démarches
profondes de la pensée dans la lumière de l’Évangile de Jésus-Christ.
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NOUVELLES DES RÉGIONS
RÉUNION DU C.C.M.F. à DIJON
Exposé de M. Jacques GIRARDIER
En présence du nouvel Archevêque : Mgr MINNERATH
L’éthique, une notion récente ….
Nous faisons partie d’une génération où cette notion n’existait pas, ou bien où nous faisions
de l’éthique sans le savoir …
C’était l’époque d’un savoir limité, compensé par une compétence clinique
remarquable,
Époque du paternalisme médical marqué par un sens marqué de la responsabilité
médicale,
qui n’empêchait pas pour autant une relation médecin malade de qualité (sans trop
idéaliser) ; rencontre d’une confiance avec une conscience (Louis Portes 1949)
et où les règles morales et déontologiques avaient un caractère absolu et
indiscutable.
Alors pourquoi surgit l’éthique …
VAN RENSSELAER POTTER 1971 : l’éthique, c’est la rencontre du savoir biologique avec les
valeurs humaines.
Le monde de la médecine a changé :
Le développement extraordinaire de la science médicale qui donne au médecin une
compétence nouvelle avec plus de moyens pour plus d’efficacité. C’est l’ère de la
médecine des protocoles, des grandes entreprises et des prouesses techniques avec
des résultats remarquables sur la maîtrise des maladies.
Mais en même temps un effacement de la clinique, des excès dans les entreprises
ou au contraire un abandon et la perte des repères humains (c’est d’ailleurs
pourquoi les soins palliatifs vont émerger, en réaction).
Le changement de comportement de la société marqué par une certaine distance
par rapport à la morale, une revendication, au nom de l’autonomie de la personne,
de la participation des patients et de leurs familles aux décisions médicales les
concernant et également une modification de la mentalité des médecins qui
désormais refusent d’être taillables et corvéables à merci et recherchent une qualité
de vie.
La conséquence se retrouve dans une détérioration de la relation médecin malade.
Une montée de la judiciarisation de la médecine qui découle de ces constatations.
Enfin, il ne faut pas oublier le poids sans cesse croissant du contingentement des
soins.
Il résulte de ces différentes constatations une difficulté croissante à prendre des décisions et
trouver la meilleure solution dans l’intérêt du malade.
Cette interrogation sur la recherche du bien peut définir l’éthique.
RÉUNION DU C.C.M.F. à DIJON (suite)
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L’éthique, en effet, est un questionnement qui peut se formuler ainsi :
« quoi faire pour bien faire ? »
Noter que cette recherche du bien dans l’exercice de notre profession n’est pas sans rappeler la parenté
étroite entre morale et éthique mais aujourd’hui il ne faut plus parler de morale mais seulement
d’éthique.
La décision médicale éthique.
Son but : concilier le respect de la vie, la bienfaisance, la non malfaisance et la justice.
Elle doit s’appuyer sur des principes
qui constituent le référentiel de chaque médecin :
La connaissance médicale, la compétence enrichie par l’expérience,
les lois :
lois sur l’accès aux soins palliatifs du 9 juin 1999,
loi sur les droits des malades et la qualité du système de santé du 4 mars 2002,
loi sur les droits du malade et la fin de vie votée le 30 novembre 2004,
le code de déontologie médical,
sans oublier les valeurs morales et éventuellement les convictions religieuses.
Ces principes permettent de résoudre bien des problèmes. Les malades ne posent pas tous
heureusement des questions éthiques difficiles.
En revanche, ces principes ne permettent pas d’avoir réponse à tout.
Il est des situations difficiles où la décision à prendre pour bien faire ne va pas de soi.
Elles interrogent la conscience morale critique du médecin pour trouver la meilleure solution
ou la moins mauvaise.
Exemple : l’arrêt des traitements, la place de la animation, les limites de la médecine, le
débranchement d’un appareil, la poursuite de l’alimentation, de l’hydratation, la poursuite des
traitements de correction, le respect de la volonté du malade, la place de la famille dans les
décisions, sans parler de l’éternelle question de l’euthanasie et de tout ce qui touche au début
de la vie.
Bien se rappeler que chaque cas constitue un cas particulier du fait du contexte, de l’histoire
et de la personnalité des acteurs.
En quoi consiste la réflexion éthique en médecine ?
C’est d’abord la capacité :
de s’interroger, de se remettre en question,
de ne pas se laisser aller à la routine, à l’habitude mais d’être sans cesse en éveil,
de prendre le temps de la réflexion,
d’écouter chacun des intervenants,
de prendre l’avis du malade ou de son représentant.
La décision médicale appartient au médecin qui doit décider en toute responsabilité. Il n’y a
pas de responsabilité partagée. Mais cette décision doit être éclairée par l’avis de tous les
acteurs. Ainsi l’éthique contribue à poursuivre la construction de l’humain.
Je ne sais pas si l’éthique peut s’enseigner mais une chose est sûre : il faut créer chez tout le
monde une habitude à s’interroger sur cette notion de bien faire.
Il est remarquable de noter à ce propos que le jeune étudiant qui arrive à l’hôpital est rempli
d’interrogations, mais, au cours de ces études, il perd cette capacité pour se remplir
progressivement de certitudes.
RÉUNION DU C.C.M.F. à DIJON (suite)
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