JEAN-PAUL II (suite)
C’est Dieu qui a mis au cœur de l’homme le désir de connaître la vérité, et au terme, de le
connaître lui-même afin que, le connaissant et l’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-
même » (Fides et Ratio 1998).
Tous ceux qui sont préoccupés de grandir et de faire croître l’homme dans toutes ses dimensions
corporelles, psychiques et spirituelles ont à se nourrir de son œuvre. Au milieu de toutes les
conduites de tous ceux qui allient les aspects concrets et pratiques et la démarche intellectuelle de
penser l’homme, il nous faut être très reconnaissant à Jean-Paul II d’avoir constamment pris en
compte l’évolution des sciences de l’homme de notre époque contemporaine et la pensée
philosophique.
« Phénoménologue de génie » disant tout récemment le Cardinal J.M. LUSTIGER,
phénoménologue de génie au milieu de toutes les dimensions humaines, sociales, politiques,
morales et spirituelles nécessaires à l’approche du monde contemporain. Phénoménologue brillant
pour notre temps dans le sillon des plus grands Ed. HUSSERL, Max SCHELER, Henri EY, R.
INGARDEN et les autres. Ainsi Jean-Paul II apporte au XXème siècle une anthropologie prenant
en compte les riches avancées de notre temps en les intégrant à celles des périodes antérieures. La
conception de la personne, la notion de l’expérience du sujet dans la subjectivité, et son
mouvement vers l’objectivité, la place de l’émotion et de l’intensité émotionnelle au sein de la
personne, la fonction de l’affectivité dans le concert des voix de l’homme.
C’est une pensée qui fait saisir la nature et la fonction de la conscience, le dévoilement de la
conscience dans la constitution de l’action, le mouvement vers les dimensions fondamentales de
l’acte humain. C’est l’importance de la rencontre et de l’altérité, l’ouverture à la culture de chacun
et aux cultures diverses constituant les personnes, la recherche permanente du sens, l’ouverture à
la liberté des individus comme il a ouvert aux peuples les portes de la liberté. C’est aussi de façon
très moderne la prise en compte du corps dans son vécu diversifié et sa dimension métaphysique,
ce sont les dimensions signifiantes multiples – humaines, métaphysiques et spirituelles – de la
sexualité. Nous rejoignons alors la place des pulsions dans le contexte de l’inconscient et
l’importance qu’il donne à la notion et au mouvement d’intégration constitutif de la dynamique de
la personne.
L’intégration de la personne dans l’acte est essentielle, dans l’acte humain où la valeur
personnaliste précède et conditionne la valeur éthique de toute conduite humaine. C’est bien là où
nous rencontrons l’intégration des importantes données du XXème siècle aux dimensions
spirituelles, métaphysiques et théologiques universelles. Nous rejoignons bien là, au cœur de ces
domaines structurels, le désir du Beau, du Bien, du Bon et de la Vérité, stimulé en tout homme
dans la rencontre de Dieu fait homme. C’est dans la participation à l’humanité de tout homme que
nous retrouvons la signification du commandement de l’amour. Et il nous permet ainsi de
rejoindre la vocation de la personne à la transcendance. K. WOJTYLA a le souci constant d’une
démarche intellectuelle rigoureuse capable d’allier les dimensions spirituelles et théologiques
« s’organisant comme science de la foi » aux exigences de la raison philosophique, de la structure
de la connaissance et de la communication personnelle la plus authentique.
C’est en effet dans la force de l’amour et la puissance de la pensée que toute l’œuvre de
Jean-Paul II a pu se déployer dans les multiples dimensions humaines, spirituelles et théologiques,
en prenant constamment en compte les évolutions de notre monde contemporain et en montrant à
chaque homme, à chaque pays, à chaque continent les chemins de l’amour et les démarches
profondes de la pensée dans la lumière de l’Évangile de Jésus-Christ.