Farge 2010-2011 Damien Mercredi 14 Décembre Philosophie

Farge 2010-2011
Damien Mercredi 14 Décembre
LMPHI172, R. Damien Philosophie Moderne
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Philosophie moderne
Partiel le 1er février.
Ouvrage de Naudé sur Considérations politiques sur les coups d'état disponible en ligne.
Présentation du mémoire le 18 janvier.
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Plus de savoir sûr de la nature, du cosmos, de la totalité ordonnée de la nature puisque la nature est multiple,
complexe, variable, muable. On a pas encore de certitudes ni physiques, ni mathématique. Fin de la theoria,
cest-à-dire la contemplation.
Plus de certitude de Dieu. Plus de certitude théologique.
La rationalité elle-même na plus de fondement démonstratif. On a un recommencement sceptique. Skepsis veut
dire examiner ; on couvre que tout jugement est incertain, plurivoque. Sentiment de la pluralité des ordres.
Dans lantiquité, il y a plusieurs antiquités, plusieurs natures, plusieurs dieux. Le 18e est la forteresse ébranlée du
thomisme. On doit vivre dans la pluralité des ordres, et donc dans la pluralité des désordres. Comment assurer sa
vie, la transmission des personnes, des biens, des connaissances ? Comment, à partir dun rassemblement des
livres, puis-je construire une concorde ? Notre humanité a vécu plusieurs fois cette crise.
Dans loccident, la première grande crise majeure du scepticisme, cest Socrate et son sens de la question : il ny
a pas de savoir absolu hormis un savoir prétendu. Pas de savoir de la physique naturelle, pas de savoir du mythe,
pas de savoir de Dieu. Le père du questionnement philosophique est exécuté, mais pas par un tyran. Il est
exécuté par le peuple, par le démos, la démocratie, le peuple ouvrier.
Anecdote : le peuple ouvrier appelle un grand chef autoritaire, qui va le détruire, mais quand même.
Un philosophe est celui qui a le sens de la question. Il ny a pas véritablement de gout pour la placidité bovine du
regard, avec aucune once de curiosité. Les bêtes elles, nont pas de question : limbécile heureux. On est attiré
par ceux-ci pour oublier la fameuse question : quand allons-nous mourir ?
On est dans une forme de résurrection, des ordres, des services, des états. Cest à partir de cette table rase,
mythologique, cosmologique théologique, que lon peut penser à partir de rien. Sens aigu de la catastrophe, la fin
du monde. Comment créer un autre monde ? Naudé dit que cest la fin dun monde, et non du monde. Pas de
fondement ontologique de lordre. Comment retrouver un sens commun des être, ce qui vaut et ne vaut pas, ne
vaut rien (vaurien, blabla, revoir cours précédents). On est pas condamné à la mort cadavérique, au trépas
métaphysique. On peut avoir une puissance de transmission. Ca implique donc une théorie de lartifice. Notre
univers est un univers culturel de lartifice, à partir dune technique, dun savoir technique, pour produire un
monde de prothèses.
Thèse machiavélienne reprise par Naudé : tout a été truit. Tout rapport à la transcendance est détruit. Il ny a
plus cette capacité qu’à l’être humain de savoir. Quand on veut faire de lhumain un ange, par lintermédiaire de
ce savoir transcendant, on fait alors le pire. On détruit lhumanité même, qui sentretient dans la jouissance du
carnage. Jubilation meurtrière du bien. Cest le fanatisme. Plus il y a savoir dun Dieu unique, plus il y a
fanatisme.
Si on légitime lintérêt, l’égoïsme, alors peut être que lon pourra générer du bien. Cest avec le pire que lon
produit du grand. Inutilité théâtrale du tout. Crise des évidences premières : la terre nest pas le centre de
lunivers. volution copernicienne ; lhomme nest peut être pas la création majeure de Dieu etc. etc. Comment
reconstruire un ordre consenti, à partir de ces ruines ?
Naissance de la philosophie, en tant quamoureux de la sagesse.
La Grèce invente trois choses en même temps : la philosophie, la démocratie, lathlétisme.
Comment engager une vie sans sagesse, ni certitude, pour un peuple ouvrier qui ne sait pas ? Il faut produire un
monde vivable où on ne sentretue pas.
Lathlétisme, avec la mise en place de la compétition. Il y a un premier, un second et un troisième sans quil y ait
de mort. Cest répétitif, car le second peut passer premier lannée suivante. Le sport est fondé sur le match, sur
les règles qui ordonnent lincertitude. La fin nest pas donnée. La joie qui sexprime. Être capable dun possible
quon ignorait (Spinoza). Théorie de la joie, de la puissance, par lintermédiaire de la compétition. Toute la
métaphore du sport est forte : lascèse.
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La grande valeur par excellence, la fidélité, ce qui entraine une crise de la confiance, notion centrale dans
l'économie. Il faut que je domine les autres (Machiavel), et cest mon intérêt. Cest ce que lon appelle le
conatus, la puissance de leffort pour devenir plus, augmenter sa puissance. Pour ça, je suis prêt à être criminel.
Comment passer alors à la compétition, à lexamen ? Voir concours, observation, jugement etc. Fonder des
rapports conflictuels entre les autres par lintermédiaire dune structure compétitive.
Comment arriver à ordonner un monde vivable ?
Le premier nest pas premier parce quil est héritier dun sang aristocratique (pouvoir du grand), parce quil
descend du christ ou de Moïse, ou parce quil vient dun Grand quelconque. La seule hiérarchie légitime que
nous connaissons est la compétition.
Dans la matrice nouvelle, machiavélienne, qui a le droit de tuer, ou d’être tué légitimement, cest-à-dire de Droit
? Cest la raison d’état. La providence, ça nest plus Socrate, mais le marché. Qui doit-on tuer pour la raison
d’état ? Quelles sont les règles de cet exercice ?
Il ny a pas de textes dans la bibliothèque nous délivrant le savoir faire de cette raison d’état. La bibliothèque
elle-même le fait disparaitre, le brûle : Machiavel na jamais été dans les bibliothèque, si ce nest
clandestinement.
La solution pour meubler ce bilan désastreux, cest l’état : stable, durable, artifice ayant le droit de la force. La
vraie question politique est : comment, sur un territoire, limiter, établir, maintenir et développer un état ? Cest
un exercice pratique.
L’état étant un artifice de souveraineté produite, il ne sinscrit ni dans le mythe, ni dans la nature, ni les idées, ni
dans la foi. Cest le résultat technique dun faire qui implique un savoir. On est donc dans le paradigme du faire,
du fabriquer, et non dans celui de l’être. Le Prince, cest pas la description dun idéal, cest un manuel technique
de faire. Il faut voir sil sagit d’établir, de maintenir ou d’étendre, et donc selon les moyens adaptés pour
pouvoir ainsi refaire. Nous ne sommes plus dans lordre du récit anecdotique « il était une fois ». Mais il était
deux fois, trois, quatre fois, si ce nest même une cinquième si la situation sy prête.
Ce sera la grande question de Hume quant au statut de la causalité. Puis-je passer du devoir être à l’être ? Dans le
domaine moral, il ny a pas de règle. Je veux faire ceci, et en fait ça clenche de telles choses qui invalident ce
que je fais.
Entre la première et la seconde fois, il ny a rien de comparable. Il y a toujours de laltérité. La question de
Naudé est de se demander si on peut toujours dégager des règles de lexception ? Si tant est quil y a du même,
est-ce reproductible ? Machiavel nous fourni des règles approchées dune connaissance pratique. Certes, ça nest
pas un savoir de la nécessité. On est bien dans lordre de la vraisemblance, ce que Bachelard nomme le
rationalisme rapproché. On est dans lapproximation et non la certitude.
Dla question de Naudé : quels sont les auteurs pour faire toutes lesquelles choses avec art et jugement ? On
rentre dans lintelligence instruite et le jugement judicieux. Cest une casuistique : le cas par cas.
Naudé soulève quil manque quelque chose dans la bibliothèque. Dans les cas extraordinaire règne le rare, lultra
inattendu. Multiplication de la difficulté. Il sagit donc bien de conduire à bonne fin.
Le chef assume les conséquences de ses choix : celui qui fait le coup d’état, mais aussi celui qui va jusquau
bout. Celui qui achève, est le chef d’état. Le chef doit mener à termes. Ca a donné les déterminations, ce qui
mène à termes. Nous sommes tous des gens qui commençons avec de linitiatives.
La grande remarque du mauvais chef est que « tu ten occupes. » Idem, entendre « moi je nai pas voulu ça », ou
« jy suis pour rien ». Nous sommes des véhicules de potentiels catastrophiques.
Le positif produit du gatif irrécusable. La raison d’état est la production dun mal conséquent pour faire du
bien. La chance d’être incompétent est quon ne sait pas quoi faire, et on ne doit rien faire ! La raison d'état, c'est
la raison d'urgence, ou l'heure de vérité. La politique doit affronter lurgence. Urgi, recréation dun monde.
Machiavel justifie le mensonge. Si la communauté « nationale » (attention, néologisme), la communauté
politique est menacée dans son existence, alors il y a une autre morale : la morale politique. Agir dans lintérêt
supérieur de l’état. Tous lont défendu, sauf Kant (et encore).
Face à un nazi qui nous torture, a-t-on le droit de mentir alors quon sait que Jean Moulin est dans notre chambre
? Selon Kant, on a pas le droit de mentir : je dis où il est. Platon défend le mensonge pieu : on peut mentir car
cest le maître de la résistance. Dsecond niveau : ai-je le droit de ne pas répondre et de me faire exécuter ? Y
a-t-il des conditions à ça ? Il y a des exemples, mais y a-t-il plus que des exemples ? Il ny a pas de modèle, mais
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entre les deux, ya quelque chose ? Quel est le bon conseil touchant les choses qui concerne la plus grande utilité
de la république sans considération daucune autre raison ? Quelque soit sa forme ou son statut, tout état
fonctionne selon ses règles.
Quel est le risque majeur ? La disparition de l’état. Si ça arrive, alors le chaos de la guerre civile prend place.
Quelles sont les actions commandées par rien dautre que la survie de l’état afin dassurer leffectivimême des
normes nécessaires à lexistence dune communauté humaine ? Il faut dabord quil y ait de l’état. Ce qui est
premier, cest lartifice étatique, de la force qui impose le respect des lois, lesquelles promeuvent la morale, les
obligations. L’état est premier, la morale est seconde. Je produis un état pour rendre possible le bien. Ce nest
pas le bien qui produit et promeut l’état.
« Les actions ne peuvent être légitimes par le droit des gens, civils ou naturels, mais seulement par la
considération du bien et de lutilité publique qui passe par-dessus celle du particulier. » Nécessité du demeuré
dépourvu de tout fondement transcendant, la raison de l’état ne peut plus être raison d’église, ou de tradition, ou
de nature, qui en dépendent au contraire. Elle ne peut être que raison de connaissances, qui déterminent ici et
maintenant les conditions nécessaires de la survie, du maintient et du développement de l’état. La thèse de Naudé
est avant tout l’état. Sans l’état, cest le chaos. Il faut dabord quil y ait un prince souverain. Capacité à se faire
obéir, à laide dune police, dans lintérêt de lutilité publique. Plus dappel à un conseil du prêtre ou du noble,
ou de lancêtre. Ca requiert un nouveau conseiller, savant, parce quil est capable de lire les rapports de force
dans la situation, où lintérêt de l’état est en jeu. Cet exercice ne relève plus du mystère. Quels sont les outils,
quels sont les instruments techniques pour exercer lintérêt supérieur de l’état ?
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