Qu'entend-on par BPCO? Les maladies pulmonaires obstructives sont des affections qui se caractérisent par un rétrécissement des voies respiratoires. Les deux principales maladies pulmonaires obstructives sont la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et l’asthme. La bronchite chronique et l'emphysème sont des 'sous-groupes' de la BPCO (ou apparentés), ayant chacun leurs propres caractéristiques. La BPCO est la conséquence d'un rétrécissement progressif des voies respiratoires, qui rend le transport de l'air vers les poumons de plus en plus difficile. L'obstruction des voies respiratoires en cas de BPCO est irréversible. La BPCO survient à un âge plus avancé (rarement avant 45 ans) et est généralement la conséquence d'un tabagisme de longue date. On pourrait l’appeler très simplement « le poumon du fumeur ». La BPCO est la dénomination commune de 2 types d'atteinte des voies respiratoires: La bronchite chronique La bronchite chronique est caractérisée par une inflammation chronique et un rétrécissement des voies respiratoires - la couche protectrice des voies respiratoires et les petits cils qui éliminent le mucus des voies respiratoires sont altérés. La bronchite chronique se manifeste généralement dès les phases débutantes de la BPCO. L'emphysème L'emphysème est caractérisé par une atteinte progressive des alvéoles pulmonaires et de leurs parois. Il se caractérise par une destruction des propriétés élastiques des poumons et lors de l'expiration, l'air reste partiellement prisonnier des poumons. L'emphysème correspond à une forme plus grave de BPCO. En cas de BPCO, on peut donc souffrir simultanément de bronchite chronique et d'emphysème. Les symptômes principaux de cette maladie sont la toux (toux du fumeur, toux chronique), la présence d’expectorations et l’essoufflement. De nombreuses personnes présentant les symptômes de la BPCO considèrent trop rapidement ces signaux comme faisant partie du processus de vieillissement. Plus d'un Belge sur deux souffrant de BPCO ignore son état. La banalisation de ces symptômes entraîne dès lors un sous-diagnostic et une dégradation de la qualité de vie. La SPIROMETRIE est une méthode permettant de dépister efficacement cette affection. Quelles sont les causes de la BPCO? Dans 80 à 90% des cas, le tabagisme de longue date est l'origine principale de la BPCO. C’est pour cette raison que l’on pourrait également appeler cette maladie le « poumon du fumeur ». En général, 10 paquets-années, ce qui correspond au fait de fumer un paquet par jour pendant 10 ans, sont nécessaires pour développer une BPCO. Ceci explique que la BPCO commence rarement avant l’âge de 40-45 ans. Cependant, tous les fumeurs ne sont pas également sensibles au développement de cette affection. On estime que 20% des fumeurs vont développer la BPCO On constate de manière générale que plusieurs facteurs génétiques déterminent le risque de BPCO. Non seulement l'inhalation de la fumée de tabac mais également l'exposition à certaines substances chimiques (ex. certains solvants) augmentent le risque de développer la maladie. Comment établir le diagnostic? Au début de l’affection, les plaintes sont rares ou absentes. C’est néanmoins le développement des symptômes qui va permettre la détection précoce de la maladie. Les symptômes suivants sont typiques de la BPCO : - une toux chronique, tout au long de la journée ou à prédominance matinale, au lever; des expectorations (crachats); une sensation de manque de souffle (dyspnée), surtout à l’effort et progressive avec les années. Les patients sont alors souvent incapables de poursuivre leurs activités journalières habituelles ou même de marcher sur une courte distance. Beaucoup d’entre eux éprouvent des difficultés à monter des escaliers et doivent s’arrêter pour reprendre leur souffle. La dyspnée peut apparaître lorsqu’ils jardinent, lors de la marche en montée ou tout simplement pendant qu’ils se déplacent dans leur domicile. Le plus souvent, ils se déplacent moins rapidement que les gens normaux du même âge. Avec les années, la dyspnée apparaît de plus en plus régulièrement et pour des efforts de plus en plus faibles. Pendant plus de la moitié de l’évolution de la maladie, le patient n’est pas conscient de son affection : Dans 50% des cas, la toux et les crachats sont absents. Dans l’autre moitié des cas, ces symptômes sont hélas considérés comme normaux par les fumeurs. Au stade précoce, la dyspnée et le manque de souffle n’apparaissent que pour des efforts importants. La présence de symptômes ou de plaintes (toux du fumeur, difficultés à l’exercice, endurance réduite…), dans un contexte de tabagisme ou d’exposition à des substances nocives devrait faire penser à la BPCO. Il existe également un questionnaire qui permet aux malades de s’identifier et de consulter un médecin. Avec un test respiratoire simple, appelé spirométrie, le diagnostic peut être fait rapidement, sans douleur. Il est important qu’il soit fait à un stade précoce pour prévenir l’évolution irréversible de cette maladie. Quelle est la différence entre BPCO et asthme ? L'ASTHME est également une maladie pulmonaire obstructive. Elle se caractérise par une inflammation chronique des voies respiratoires qui est caractérisée par des phases périodiques de rétrécissement des voies respiratoires et d'essoufflement. En raison du rétrécissement des voies respiratoires, les patients asthmatiques souffrent d'une respiration sifflante. A l’inverse de la BPCO, L'obstruction des voies respiratoires dans le cas de l'asthme est variable et réversible. L'asthme est une maladie qui survient à tout âge mais qui se déclare généralement dès le plus jeune âge. Il se manifeste par de l’essoufflement, en crise ou par périodes, ou à l'effort, par une respiration sifflante, ou ronflante, et/ou de la toux parfois accompagnée d'expectorations Les causes de l’asthme sont également de nature différente. L'hypersensibilité des voies respiratoires est souvent un problème de nature héréditaire. Si un parent est asthmatique ou allergique, la probabilité que l'enfant le devienne est d’environ 50%. Lorsque les deux parents souffrent d'asthme ou d'allergie, ce risque grimpe à 70%. La réaction asthmatique est souvent la conséquence d'une allergie. Les substances qui sont la cause des allergies - les allergènes- varient de patient à patient. Parmi les allergènes possibles, citons le pollen, les acariens, les squames d'animaux et les traces de moisissures. Cependant, une crise d'asthme est souvent provoquée par des facteurs déclencheurs non allergiques, comme l'air froid, l'effort physique et la pollution atmosphérique. Rétrécissement des voies respiratoires Âge d’apparition Allergie Tabagisme Dépistage But du traitement BPCO permanent Rarement avant 40 ans Peu ou pas de relation Asthme réversible Plus souvent dans l’enfance Relation importante, surtout chez l’enfant Plus de 90% des patients Rare Spirométrie Spirométrie/ test de provocation à l’histamine et à la metacholine Arrêt du tabac Corriger complètement le Contrôler les symptômes rétrécissement des voies par des médicaments respiratoires par des médicaments Le traitement de la BPCO La BPCO ne peut pas être corrigée complètement et il persiste donc une obstruction définitive des voies aériennes que l’on peut plus ou moins bien traiter mais pas guérir. Au stades les plus avancés de la maladie, l’espérance de vie et la qualité de vie sont considérablement réduites. Les symptômes peuvent être diminués par l’administration de médicaments qui ont comme effet principal d’ouvrir quelque peu les voies aériennes. Les techniques de revalidation peuvent améliorer la qualité de vie des patients atteints de BPCO mais ne freinent pas le déclin de la fonction respiratoire. Le traitement par oxygène améliore également la qualité de vie de ceux qui montrent, lors de tests sanguins, un niveau trop bas en oxygène mais ici également, il s’agit d’un traitement palliatif qui ne modifie pas le déclin progressif. La transplantation pulmonaire est un traitement remarquable mais lourd, qui ne peutêtre offert qu’à une minorité de malades. Le nombre de donneurs est en outre limité. Prévalence et impact de la BPCO et de l’asthme La prévalence des maladies pulmonaires obstructives (BPCO et l’asthme) ne cesse d'augmenter dans le monde. La BPCO est une maladie fréquemment observée dans les pays développés et absorbe une grosse part des dépenses totales de santé: environ 2% du budget de la santé serait consacré à cette affection. « Compte tenu de l'impact considérable de la BPCO sur la mortalité et le budget de la santé, et puisque le tabagisme est le principal facteur de risque de la BPCO, une meilleure conscientisation de la population à l'arrêt du tabac revêt une grande importance» (IBES, Novembre 2002) La prévalence moyenne de la BPCO dépasse les 20% chez les hommes fumeurs de plus de 45 ans. On estime le nombre de patients atteints de BPCO en Belgique à 680000. La BPCO est la cause de 6,4% des décès chez les hommes et de 3,9% chez les femmes. Elle arrive au quatrième rang parmi les principales causes de mortalité dans le monde. La BPCO est la seule parmi les plus importantes causes de mortalité dans le monde à progresser encore (+ 163% de 1965 à 1998 contre -64% pour les accidents vasculaires cérébraux). Ceci serait du à l'augmentation du tabagisme dans les pays en voie de développement et aux habitudes tabagiques bien ancrées dans les pays industrialisés mais aussi au vieillissement de la population. La prévalence de l'asthme est estimée à 5-10% de la population générale et a également augmenté sensiblement au cours de ces 25 dernières années, surtout chez les enfants et les jeunes adultes. L'OMS (Organisation mondiale de la Santé) a en 2001 estimé le nombre de patients asthmatiques à 150 millions, dont 260.000 cas de décès pour cette même année. BPCO ET ARRET DU TABAGISME Toutes les grandes études menées de manière stricte sur des patients atteints de BPCO modérée démontrent que si les différentes classes de médicaments ont des effets sur la qualité de vie, sur l'importance et la fréquence des exacerbations, l'effet sur le déclin de la fonction pulmonaire est très modeste. La seule manière de ramener le déclin de la fonction pulmonaire à sa valeur naturelle est l'arrêt du tabagisme. L'étude de Doll et Hill réalisée chez des médecins anglais a bien montré l'histoire naturelle de la BPCO, permettant d'établir la mortalité liée à cette maladie et démontrant également qu'il existe une courbe dose-réponse entre fumeurs légers, moyens et importants. BPCO mortalité pour 100.000 Non-fumeurs < 15 cigarettes 15 - 24 cigarettes > 25 cigarettes 5 34 64 106 Dans une population moins sélectionnée, Fletcher avait montré, à peu près à la même époque, que 26% des grands fumeurs développaient une BPCO. Le phénomène particulier qui se développe au cours des dernières décennies, est la contribution croissante des femmes à cette pathologie: en 1970, 19% des BPCO étaient des femmes, en 1993 le chiffre est monté à 38,5%. La plus grande étude d'intervention dans cette histoire naturelle est la « Lung Health Study » conduite aux Etats-Unis depuis 1986 dans laquelle près de 6000 fumeurs ont été inclus. Deux tiers des participants ont fait l'objet d'une action intense de cessation tabagique associant à un programme de soutien psychologique de 12 semaines, tant sur le plan cognitif que sur le plan comportemental, et l'administration de gommes à la nicotine. Ce traitement a été parfaitement toléré, ne présentant aucun effet secondaire important, notamment de type cardio-vasculaire. Le taux d'arrêt, contrôlé par la mesure du CO dans l'air expiré et par le niveau de cotinine dans la salive, a été extraordinairement élevé dans cette étude puisqu'il atteignait 22% des participants du groupe d'intervention comparé aux 5% du groupe contrôle. Dès la première année, les quatre symptômes cardinaux de la BPCO, à savoir toux chronique, expectorations, sifflements respiratoires et dyspnée avaient considérablement diminué dans le groupe ayant fait l'objet de cette intervention intense. Les effets significatifs sur la fonction pulmonaire dans le groupe qui avait cessé de fumer ont été vérifiés 11 ans plus tard avec la démonstration que 93% des participants qui étaient abstinents pendant les 5 années de l'étude proprement dite étaient toujours abstinents après ce long délai. A ce moment, si 38% des fumeurs persistants avaient un VEMS inférieur à 60% des valeurs prédites, seulement 10% de ceux qui avaient arrêté étaient dans cette situation. Une chose plus intéressante encore: la « Lung Health Study» a montré que le déclin de la fonction pulmonaire chez ceux qui oscillaient entre arrêt et rechute était moindre que chez les fumeurs persistants, même après normalisation de la consommation de cigarettes: en effet, la diminution de VEMS chez ceux qui avaient complètement arrêté était de 0.33% par année, de 0.55% par année pour les fumeurs intermittents et de 1.18% par année pour les fumeurs persistants. Par ailleurs, s'il apparaît que les femmes sont plus résistantes aux stratégies d'arrêt du tabagisme, elles semblent bénéficier encore plus que les hommes de cet arrêt du tabac lorsqu'on considère l'évolution de la fonction pulmonaire. Cette même étude a par ailleurs montré que le gain de poids existe bien lorsqu'on arrête de fumer, qu'il est particulièrement élevé pendant la première année d'arrêt et que les femmes ont tendance à prendre plus de poids que les hommes. Peut-être en raison de la distribution différente de la graisse chez l'homme et chez la femme, l'effet de la prise de poids sur la fonction pulmonaire est un peu plus marqué chez l'homme que chez la femme. On sait par des études portant sur le système cardio-vasculaire que la prise de poids est beaucoup moins nocive que la poursuite du tabagisme; la «Lung Health Study » a également démontré que l'effet de la prise de poids sur la fonction pulmonaire proprement dite est marginal par rapport à la poursuite de la consommation de cigarettes. On peut espérer qu'à bref délai, nous pourrons disposer de médicaments d'aide au sevrage tabagique qui seront actifs à la fois sur la prise de poids et sur l'habitude tabagique. Quoi qu'il en soit dès à présent, on doit inclure dans une bonne stratégie d'arrêt du tabac la prise en charge des répercussions pondérales de l'arrêt du tabac essentiellement liées aux modifications des habitudes alimentaires et à l'insuffisance de l'activité physique. Faites le test Remplissez le questionnaire. Si vous répondez positivement à trois des six questions, vous êtes à risque de souffrir d’une BPCO ou de l’asthme. La spirométrie est un test qui sert à diagnostiquer la BPCO et l’asthme. Adultes - Etes-vous fumeur ou ex-fumeur? - Toussez-vous régulièrement? Avez-vous régulièrement des expectorations ou crachats? Etes-vous plus rapidement essoufflé que la plupart des personnes de votre âge? Avez-vous régulièrement une respiration sifflante ? Est ce que vous vous réveillez parfois la nuit à cause de toux ou de difficultés respiratoires ? Enfants - Est ce que ton papa/ ta maman/ ou un de tes frères ou soeurs souffre d'asthme, d'eczéma ou de rhume des foins (diagnostiqué par un docteur)? - Est ce que tu as souffert (ou souffres toujours) d'eczéma? - Est ce que tu présentes des difficultés respiratoires, des sifflements ou de la toux après un effort? - Est ce que tu réagis régulièrement vis-à-vis des poussières de maison, des animaux ou de pollens? - Est ce que tu te réveilles parfois la nuit à cause de toux ou de difficultés respiratoires, même quand tu n'as pas de rhume (ou d'infection respiratoire)? - Est ce que tu présentes régulièrement des difficultés respiratoires, des sifflements ou de la toux la journée, la nuit, le matin?