Chapitre : Les thérapies systémiques I - Historique « Les prémisses théoriques du thérapeute influencent la représentation qu’il se fait des problèmes humains de leur nature et de la façon dont il faut les traiter », Gregory Bateson Il était biologiste, puis anthropologue par la suite, et par ces voyages fut confronté a de nombreuses cultures. Il vit ainsi des comportements qui lui ne lui semblait pas logique alors que ça l’était pour la culture qui la prodiguait. Il n’y a pas une façon de voir les choses mais plusieurs différentes. L’approche systémique est une vision des choses allant au-delà d’une théorie et thérapie. Les thérapies systémiques sont nées de l’école de Palo Alto, groupe de chercheur réunit autour de Bateson au cour des années 50. Palo Alto est une petite ville en Californie. Ce groupe de chercheur a travaillé selon 3 directions : - une théorie de la communication - une méthodologie du changement - une pratique thérapeutique qui a été développé au Mental Researsh Institute Le MRI a été formé en 1959 et c’était le centre le + notoire où les thérapies familiales ont été pratiqués, enseignés. On les appelait a ce moment là « les thérapies menées conjointement avec les familles ». John Weakland, autre membre du groupe, était ingénieur et anthropologue. Jay Halley et John Weakland ont travaillés sur les paradoxes de la communication. Don Jackson, psychiatre de formation psychanalytique, a été directeur du MRI et travaillait avec les familles. Il a introduit les principes cybernétiques dans la thérapie familiale. Il travailla sur des familles dont un des membres était schizophrènes et vit qu’autour de ce membre il y avait un équilibre. Paul Watzlawick a intégré le groupe en 1967, philosophe et psychanalyste, et il a synthétisé l’approche systémique avec l’apport de l’hypnothérapie d’Erickson pour élaboré sa théorie de la communication. Richard Fish, psychiatre, Watzlawick et Weakland ont formé au sein du MRI le centre de thérapie brève. Ils ont formulés aussi la notion de thérapie brève (différent de la thérapie familiale). II - Le cadre théorique Les thérapies systémiques se trouvent au croisement de la théorie générale des systèmes et de la théorie de la communication. Ludwin Von Bertonlanffy a fondé la théorie générale des systèmes dans les années 40, c’est-à-dire un ensemble d’éléments en interaction tel que la modification de l’un des éléments entraînent la modification de tout les autres. 1 Exemple de système : une cellule de notre organisme, le corps humain en entier Il y a le système, l’environnement du système (supra-système) et les composants du système. Il fonde la théorie cybernétique qui s’occupe à décrire et à explorer comment fonctionne et se passe les rapports entre les éléments du système. Il y a la distinction ouvert et fermé. Les systèmes humains sont ouverts et communiquent de manière constante avec leur environnement. Mots clés : interaction & contexte On peut comprendre la famille comme un système humain, de même comme l’église, les organisations politiques,… Les systèmes sont compris en fonction de 4 principes (propriétés des systèmes) : - le principe de totalité le tout constitue + que la somme des parties (ex : la foule qui peut avoir des comportements totalement différent que si on prenait les individus séparément). Seul l’analyse systémique permet d’éclairer les composants du système (ex : l’eau = hydrogène + oxygène c’est seulement si on les combine qu’on obtient de l’eau) - le principe de rétroaction on raisonne en terme de causalité circulaire, la conséquence par le feedback peut avoir un effet sur la cause. Il y a 2 types de feedback : o positif qui accentue le phénomène (effet boule de neige) o négatif qui tend à amortir le phénomène, c’est un mécanisme de régulation, permet de conserver le système à un état stable - le principe d’homéostasie il s’agit d’un état invariant, c’est cette qualité là qui permet au système de rester stable au fil du temps. Ce sont les informations provenant de l’extérieur qui permet au système d’atteindre cet état. Il s’agit d’un mécanisme auto-correcteur. Ce n’est pas synonyme d’un état pathologique, il ne l’est que quand l’état est trop ancré. (exemple : le thermostat est là pour maintenir la température ambiante équilibré, lorsque la température souhaité est atteinte, il s’arrête en prenant l’information provenant de l’extérieur) - le principe de l’équifinalité l’équifinalité définit que dans l’évolution des systèmes les caractéristiques des composants ne peuvent s’expliquer que par l’état actuel dans le présent que leur état dans le passé. Des états initiaux identiques peuvent aboutir à des résultats différents (et inversement) (par exemple deux personnes commençant dans deux familles alcooliques peuvent aboutir à un avenir différent). Le système à lui seul est la meilleure explication pour comprendre les composants internes du système et en + avec cette idée là on privilégie le synchronique et non pas la genèse. Le système le + facile a étudié est la famille : interaction permanente, ensemble organisé de manière dynamique (si un des membres changent, le reste aussi), respect de certains modèles et de règles, évolution, trouve toujours des moyens 2 dans l’interaction de ses membres dans le but de rester unie (cohésion familiale), donc en conséquences pour modifier quelque chose dans une famille on aura à faire à des résistances (comportement symptomatique). Watzlavick, dans Vers une logique de la communication, a développé cette théorie. La communication parce que qui parle de relation parle de communication, l’échange et l’intégration des informations échangées. La théorie de la communication met l’accent sur ces phénomènes d’autorégulation comportementales, sur la différenciation de niveaux logiques (paradoxe de la communication), avec l’affirmation que la communication dépend du contexte. Watzlawick disait qu’il est impossible de ne pas communiquer. Cette information qui au premier abord semble surprenante par du principe que tout comportement a valeur de communication. Le comportement n’a pas de contraire, il n’y a pas de non-comportement. De par ce fait, il n’y a donc pas moyen pour ne pas communiquer. Il y a 2 aspects dans la communication : - le contenu/le message - la relation Batson disait que le contenu est le mot et la relation c’est l’ordre. La relation englobe le message/contenu. La relation signifie comment on comprend le message. Il y a 2 niveaux de communication : - digitale qui nous apporte des informations, tout le discours verbal et la logique rationnelle - analogique tout l’aspect de la compréhension du langage digitale, tout ce qui est non-verbale (posture, mimique,…), tout ce qui entoure la communication et nous donne des informations complémentaires sur la compréhension du message La thérapie brève est basé sur la communication, les problèmes y sont vus comme étant des problèmes de communication. III – La notion de patient désigné Dans l’approche systémique on considère qu’il n’y a pas de sujet malade en soi, se sont les systèmes qui induisent des pathologies. Une des personnes de la famille va être identifiée, ou sera désignée, comme étant une personne malade et elle sera le porteur de la souffrance familiale. Cela prouve la puissance de l’homéostasie qui pour préserver l’équilibre peut rendre malade un de ses membres. Dans l’approche systémique, et notamment familial, si un symptôme persiste c’est qu’il a un rôle à jouer pour le maintien de la cohésion familiale. Avant d’essayer de supprimer le symptôme il faut tenter de voir son rôle dans la dynamique familiale. On n’attaque pas le symptôme dans la thérapie 3 systémique, ou sur ses causes, mais l’intérêt se déplace du symptôme à la structure qui la générer. Le but thérapeutique est de modifier la structure relationnelle et une fois fait le symptôme serait inutile et disparaîtra. Il y a plusieurs conséquences théoriques, un symptôme correspond à une réponse adaptative (le système n’a pas trouvé de meilleur moyen pour rester en équilibre, et donc n’est pas forcément pathologique). Ce qui est considéré comme problème à traiter dans la thérapie systémique peut se résumé selon 2 caractéristiques : - la perspective interactionnelle (les problèmes de communication s’inscrivant dans des contextes précis) - la persistance du problème (si la personne n’a pas réussi à résoudre le problème, il met en place des efforts qui sont contre-productif) C’est le thérapeute qui va instaurer des nouvelles règles à ce cercle vicieux afin de résoudre le problème (agit donc sur tout le système et non pas juste avec le patient désigné). Le cadre thérapeutique : La thérapie systémique est brève (4 à 6 mois) avec des séances de 45min environ, on travaille avec l’ensemble des personnes concernées par la situation problématique. Au niveau dispositif : 2 salles, une où la thérapie se passe et une autre où un observateur/équipe co-thérapeutiques est installés, les deux reliés par un téléphone. Le thérapeute est actif tout au long. Il fait signer un consentement éclairer aux patients (vu qu’on les enregistre). Identifier dès le début la personne la + motivée par le changement, qui montre le + de sentiment d’insatisfaction et qui a tenter le + de changer tout ça, on travaille le + avec cette personne là, car il sera le levier du changement et fera entrer dans le système (le client). On fait de la systémique avec une seule personne, vue qu’elle est intégré dans un système et étant un de ces éléments, le modifier modifie le système en entier. Faire avec une seule personne permet un certain confort pour le thérapeute vu qu’il se limite à une seule interaction et non pas une multitude. Egalement on peut modifier le système en faisant changer le client et sans voir le patient désigné (la femme d’un mari alcoolique par exemple qui viendrait parce qu’elle souhaite changer la situation). La démarche psychothérapeutique : Elle se décline selon le schéma suivi : - la première question auquel le systémicien répond est de savoir quel est la personne qui n’arrive pas à trouver satisfaction dans la relation entretenu, qui en est mécontent, qui a essayé des solutions et qui est encore motivé pour chercher un changement. Elle sera la personne 4 - - - - avec qui on va travailler, cela parce que c’est + efficace que de prendre en thérapie tout le monde concerné car cela renforçait l’homéostasie. Il peut donc s’agir de quelqu’un autre que le patient désigné. Le deuxième point est celui du problème et en quoi c’est un problème. Question cruciale car au vu du nombre de séance limitée, si on arrive pas à résoudre le problème au bout du compte on y arrivera jamais (thérapie brève de Palo Alto). Aujourd’hui néanmoins on est moins stricte mais on étale pas sur des années. D’où le besoin d’identifier le véritable problème et en quoi ça l’est. Il faut arriver à faire le tri entre les explications, les informations et le ressenti du patient. Le soucis pour la thérapie brève est d’exprimer la difficulté en terme concret, actuel et interactionnel. Cela peut s’avérer éreintant pour le patient, d’où le besoin de jouer stratégique pour ne pas l’épuiser. Il faut formuler le problème de façon à amener une solution (« j’ai un problème de boisson parce que vers 20h en général je me sens seul et j’ai recours aux bières ») plutôt que une étiquette qui fige la personne (« je suis alcoolique »). Le but étant de modifier la structure entourant le problème et non le symptôme en lui même (au contraire des TCC). Identifier les tentatives de solution (ce qui se fait en même temps que le deuxième point), il s’agit de la marque déposée de l’école de Palo Alto. Si la personne n’a pas réussit à résoudre son problème toute seule c’est parce que tout ce qu’elle a tenté de faire n’a pas marché. C’est une importance primordiale, car une fois avoir répertorier tout ce que le sujet a tenter pour solutionner le symptôme, on sait ce qu’on doit éviter en thérapie. On essaye d’en dégager toutes les caractéristiques communes ce qui permettra de construire le thème thérapeutique qui ira à l’opposé de ce que le sujet a tenter. Le but de la thérapie brève est de stopper les tentatives de solution, on va modifier le décodage sur le plan cognitif et le comportement qui amène la personne a avoir recours à ce type de solution, assurant qu’il n’y aura pas de rechute ou de déplacement. On obtient cela par le recadrage pour le niveau cognitif, et les injonctions comportementales/tâches pour le niveau du comportement. Tout au long de l’entretien, le thérapeute est attentif à ce que fait le patient : sa façon de s’exprimer, sa posture, la position du patient (les croyances, les valeurs, les idéaux, les priorités personnelles). La position est ce qui amène le patient à agir ou ne pas agir de certaines façons. Cela est important de la définir car elle entraîne la définition des tâches thérapeutiques. Il faut fixer un objectif minimum. Afin de mener à bien la thérapie il faut un objectif petit mais suffisamment significatif pour le patient. Il faut arriver à déterminer à partir de quel moment le patient n’est pas encore sortie d’affaire mais est dans la bonne voie. Cela permet 5 également d’augmenter la confiance/l’optimisme thérapeutique car le patient ne se sent pas figer dans sa problématique, renforçant ainsi aussi l’alliance thérapeutique. C’est une approche non-normative (pas de normal ou de pathologique), pragmatique, concrète. Les outils thérapeutiques : On peut distinguer 3 catégories : - Les interventions de procédure les questionnements qui servent à démystifier le problème et de rendre accessible une solution - Les interventions d’opportunité tout au long de l’entretien on va se saisir des informations que donne le patient pour faire du recadrage, donner des redéfinitions des problèmes, mettre en rapport des éléments distincts dans le discours du patient, on utilise des métaphore - Les interventions planifiées/structurées il est question des injonctions comportementales/les tâches, les injonctions paradoxales, ce qui a pour but d’arrêter les tentatives de solution L’affluence d’Erickson dans l’école de Palo Alto est l’idée de se mettre dans le monde du patient, adopter son point de vue, que se soit verbal ou non-verbal (mimique, posture,…). Il faut s’approprier et se mettre à parler le langage du patient. Parce que quand on y arrive, on travaille sur les résistances (ou on évite de les heurter justement), et la réaction qui prouve qu’on est sur la bonne piste est quand le patient est exalté (« c’est tout à fait ce que je veux dire »). A ce moment là le patient va acheter la tâche beaucoup + facilement. On renforce donc l’alliance thérapeutique. Parler le langage du patient est toujours couplé avec le recadrage qui est une explication verbale qui change le sens conceptuel et émotionnel d’une situation particulière et qui est compatible avec la position du patient. On essaye de donner un autre sens à la situation, amener le patient à changer de point de vue. Le recadrage sert à ramener le problème dans une situation où une solution semble possible. Watzlavick dit qu’il n’y a pas une seule réalité mais autant de réalité que le nombre de regard qu’on peut poser sur la réalité. Le paradoxe est une pathologie de la communication, où on a 2 affirmations qui se contredisent (« il est interdit d’interdire » « soyez spontané »). Une injonction paradoxale est donc un message de 2 contenant se contre-disant l’un l’autre. Les tâches qu’on peut dégager dans l’injonction paradoxale est la prescription du symptôme, accentuer un comportement non-volontaire (dans le cas de l’alcoolisme, obliger à boire encore +). Le patient organise tout pour stopper l’apparition du symptôme, or là on lui ordonne de le faire, ce qui désoriente les séquences de comportement, au point que le symptôme devient inutile. Pareil pour le déplacement où on demande de déplacer le symptôme dans le 6 temps/espace. Le paradoxe induit la double contrainte thérapeutique, ce qui nécessite une très bonne relation avec le patient. Cette double contrainte désigne le fait qu’on met le sujet dans la situation que quoi qu’elle fasse au niveau du dilemme qu’on lui a demander de faire, ce sera thérapeutique. La double contrainte est une situation où le patient se trouve entre 2 injonctions où l’une annule une, avec une 3ème qui empêche toute sortie/critique/commentaire. Il faut y avoir une victime et un contraignant (minimum), la relation étant affective intense (niveau physique et psychologique). La double contrainte peut être rencontré dans tout lien où on a ce lien affectif fort, une dépendance matériel ou physiquement (handicap), un contexte religieux et même thérapeutique. L’expérience de la double contrainte doit être répétitive, au point où pour la victime c’est quelque chose d’attendu, d’automatique. Le troisième point est l’injonction primaire négative qui prend souvent la forme « si tu ne fais pas ceci je te punirai/ne fais pas ceci je te punirai ». L’idée est qu’avec ce type d’injonction la personne cherche à éviter la punition et non la gratification. Le quatrième point est l’injonction secondaire contredisant la première. Elle est exprimée par forcément verbalement, ça peut être comportementale. Le cinquième point est la 3ème injonction qui empêche la personne de sortir de ce dilemme. Le sixième point est qu’il n’est pas indispensable de réunir tout les éléments pour imposer la double contrainte. Ex : une mère demandant a son enfant de venir lui faire la bise et qui est froide quand il le fait. 7