population suisse n’accepterait l’ouverture à l’Europe et au reste du monde que si les milieux
politiques et l’économie prenaient sur eux pour que cette ouverture ne se fasse pas aux
dépens de la main-d’œuvre. Cette condition est primordiale lorsque l’on entend privilégier
l’ouverture et l’intégration internationale, et c’est là que le modèle suisse de partenariat social
ouvre des perspectives d’avenir. Les accords bilatéraux conclus entre la Suisse et l’Union
européenne nous ont appris que notre pays doit œuvrer sur deux niveaux.
Premièrement, si le peuple a accepté l’accord sur la libre circulation des personnes avec
l’UE, c’est parce que sa conclusion comprenait des mesures d’accompagnement social
destinées à prévenir le dumping salarial et social. Le principe «un salaire égal à travail égal
au même endroit» signifie concrètement que toute étrangère et tout étranger travaillant en
Suisse doit être payé selon les tarifs suisses et être protégé contre toute discrimination
sociale. Pour les travailleuses et les travailleurs suisses, cela veut dire qu’ils ne risquent pas
de perdre leur emploi au profit de collègues polonais ou roumains du fait que ceux-ci
touchent un salaire inférieur.
Ce problème n’épargne d’ailleurs pas l’Europe centrale et orientale. Si l’on veut éviter que
les «salaires chinois» ne se généralisent, comme c’est le cas en Pologne dans le cadre de la
construction de deux tronçons autoroutiers en prévision de l’Eurofoot 2012, il faut également
prévoir, dans ces pays-là, des mesures complémentaires pour protéger la main-d’œuvre
nationale.
Deuxièmement, un effort d’unification s’impose dès lors au sein de l’Europe: il importe de
défendre l’application de normes sociales dignes de ce nom dans l’ensemble de l’Europe, en
visant une harmonisation vers le haut. Pour y parvenir, le partenariat social doit, en Europe
centrale et orientale aussi, se doter de structures solides et opérationnelles.
Les activités suisses en Europe centrale et orientale
Le passage des pays de l’ancien bloc de l’Est de l’économie planifiée à l’économie de
marché a particulièrement pesé sur la main-d’œuvre: licenciements massifs, diminutions de
rentes et déficiences des systèmes de sécurité sociale ont plongé nombre de salariés dans
la pauvreté et la précarité, les privant de toute perspective. Pour beaucoup, même le
rapprochement avec l’UE, voire l’adhésion, n’ont pas suffi pour faire renaître complètement
l’espoir d’un avenir économique, de la mise en place d’une véritable sécurité sociale et de
l’instauration d’un équilibre social. La situation a engendré des tensions sociales et poussé
nombre de déçus, même au sein des nouveaux Etats membres de l’UE, dans les bras du
camp populiste et nationaliste. Ce dernier avance pour l’essentiel des arguments
protectionnistes et hostiles à la migration, qu’aucun courant social et politique sensé, ni en
Suisse ni dans l’UE, ne peut embrasser.
Ces vingt dernières années, la Suisse a mené nombre de projets de coopération dans les
pays d’Europe centrale et orientale. L’évolution sociale préoccupante qui prévaut aujourd’hui
exige qu’elle renforce encore cet engagement à l’avenir.
Dans le cadre de ses obligations bilatérales, la Suisse verse des contributions aux nouveaux
Etats membres de l’UE en Europe de l’Est. La majeure partie des ressources se répartit
entre les pays de Visegrad (Hongrie, République tchèque, Slovaquie et Pologne), et la
Suisse prépare à présent sa contribution à la Roumanie et à la Bulgarie. Avec leurs
partenaires d’Europe centrale et orientale, l’OSEO et les partenaires sociaux suisses veillent
à ce que cet argent finance aussi des projets destinés à promouvoir le partenariat social (cf.
annexe).
Dans le cadre de sa coopération avec les pays de l’Est, la Confédération cofinance
également des projets que l’OSEO réalise avec ses partenaires locaux dans les Balkans
occidentaux, afin d’y encourager le partenariat et le dialogue sociaux.