Les Troubadours

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Les Troubadours
Les troubadours sont des poètes musiciens compositeurs.
Ce sont des hommes ou des femmes.
Les premiers troubadours étaient originaires d'Aquitaine et du Limousin. Puis le mouvement s'est étendu vers le
midi toulousain, le Languedoc, puis vers la Catalogne et le nord de l'Italie.
Le terme troubadour que l’on prononce trobador en occitan, vient du verbe trobar, du latin tropare, qui
signifie alors "composer des tropes", c'est-à-dire des pièces chantées en latin destinées à orner le chant
liturgique.
Les troubadours inventent le poète comme "trouveur" de mots, de sons, de rimes, c'est-à-dire comme artisan.
Le verbe trobar en langue d’oc veut donc dire « trouver ».
Les troubadours n’écrivent pas en latin mais dans leur langue maternelle : la langue d’Oc. Cette langue est
parlée par toutes les populations du sud de la France.
Le troubadour est donc celui qui trouve, c'est à dire celui qui compose. Très vite, il va revendiquer une exigence
et un savoir faire tels qu'il souhaitera se distinguer de celui qui n'est qu'un interprète : le « joglar ».
Le joglar était un amuseur itinérant qui reprenait les chants du troubadour pour les diffuser.
On imagine généralement que les troubadours étaient ces chanteurs frêles et ennuyeux, qui allaient de château
en château. C’est entièrement faux. Ils étaient en fait une multitude de créateurs de poésie à chanter, lettrés et
passionnés.
Pour eux les mots et la musique sont indissociables. Le plus ancien que nous connaissions est Guillaume de
Poitiers, qui était à la fois, Comte de Poitiers, et Duc d'Aquitaine, et plus puissant que le roi de France.
Les troubadours venaient de milieux sociaux très différents : on compte parmi leurs rangs des rois, des
comtes, des princes, des barons, des chevaliers, mais aussi des bourgeois et même des hommes de Dieu, des
moines, des chanoines, des serviteurs ou des commerçants.
Gui Folqueis était troubadour avant de devenir le pape Clément VI.
D’un côté, il y avait les hommes relativement puissants, et à l’opposé, il y avait Cercamon, traduisez "celui qui
court le monde" et Marcabru, surnommé "pain perdu", de simples jongleurs sans doute très pauvres.
Et dans la hiérarchisation de l’église, le jongleur était une véritable catastrophe sociale ; la seule personne située
plus bas que lui était la femme.
Et enfin, certains troubadours étaient des femmes, les trobaïritz, dont la plus connue était la Comtesse de
Die.
On ne sait pas grand chose sur la comtesse de Die, sauf peut-être qu’elle fut l'épouse du troubadour
Guillaume de Poitiers et qu’elle s'énamoura de Raimbaut d'Orange, pour lequel elle fit de nombreuses
chansons.
Leur idée novatrice est de remplacer la fidélité au seigneur, par la fidélité à la Domna (la Dame), la femme
idéalisée et rêvée. Cela changera la Civilisation Européenne profondément et décisivement.
Pour comprendre, il faut savoir que les troubadours apparaissent juste après la fin des invasions barbares, au
moment où la triste vie des châteaux forts demande à être améliorée par des distractions nouvelles.
Les Troubadours vont donner le ton à la vie des cours du Moyen Age en créant le Biais de Viure, le style de vie
raffiné des cours seigneuriales.
Ils amenèrent au Monde profane des valeurs lyriques, qui serviront de modèle à l'Europe entière.
Et comme ils changeaient souvent de cour, le rayonnement de toute leur œuvre, se répandit à travers l'Europe.
Environ 2500 poèmes, anonymes ou attribués, nous sont parvenus, pour environ 350 troubadours
répertoriés. Ces poèmes ont en général été conservés dans des recueils manuscrits regroupant les textes de
nombreux auteurs qui sont appelés "chansonniers". Dans ces recueils on trouve également des vidas, des vies
souvent très postérieures qui fournissent des éléments biographiques extrêmement lacunaires et sujets à caution.
De plus, l’archaïsme de la notation musicale de l’époque rend assez difficile une retranscription authentique.
En fait, les chants de troubadours sont des chants monodiques aux nombreux mélismes. Le mouvement
intérieur de la mélodie est très lié à l'élan du texte. Le chanteur doit donc avoir une bonne compréhension de ce
texte pour lui donner toute sa force. Mais faut-il "mesurer" cette musique ? Doit-on préserver les longs
mélismes sans marquer le rythme, ou au contraire trouver un rythme bien scandé?
Dans quelle mesure peut-on utiliser des instruments ? Ces poèmes peuvent être simplement déclamés, ou
chantés a capella. Pourtant l'iconographie nous présente des troubadours utilisant une harpe ou une vièle et
certains textes le confirment.
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Le fin amor en langue d’oc, ou l’amour courtois joue un rôle prépondérant.
C'est au XIIe siècle que naquit l'amour courtois, genre littéraire dont l'invention est attribuée à Guillaume
IX de Poitiers, dit le Troubadour (1071-1127).
Le principe est simple, puisque le troubadour se met au service de sa dame car il espère toujours la
conquérir. C'est là une grande nouveauté car jusqu'alors, les femmes de l'aristocratie étaient cantonnées à un
rôle de mère et d'épouse.
Mais les discordances entre l’amour courtois et les principes de l’Église étaient loin de contribuer à une entente
cordiale. Déjà, Guillaume IX, qui avait défini à lui seul ce qui restera pendant deux siècles le style des
troubadours, avait été excommunié deux fois pour sa vie quelque peu … dissolue !
Et cela est simple à comprendre, puisque, d’une part les mariages, essentiellement dans la noblesse, étaient
rarement des mariages d’amour, l’amour courtois se tourne naturellement vers l’amour adultère.
Enfin, l'amour courtois use de plusieurs genres : la chanson (la plus courante) : cinq ou six couplets bâtis sur
les mêmes rimes, l'aube décrit avec brièveté le réveil des deux amants par le cri d'un guetteur, la sérénade,
dépeint les lamentations du chevalier amoureux, le jeu parti et la tenson permettent à plusieurs troubadours de
débattre des questions d'amour, la pastourelle dépeint l'amour pour une bergère. Mais on trouve également
d’autres genres et d’autres inspirations, comme la ballade qui est destinée à être dansée, les sirventés qui sont
des satires plus politiques et morales et le planh qui est un chant de deuil
Le fin amor n’a rien de gaulois, mais nous vient directement des cours arabes !
Le plus ancien des troubadours français, Guillaume IX d’Aquitaine, seigneur de haut lignage, prince d’un Etat
vaste, riche et prospère, était sans doute celui qui est le premier responsable de l’emprunt des formes et des
thèmes de la poésie lyrique hispano-arabe. Peut-être connaissait-il la langue Arabe. On a découvert dans l’un de
ses textes un dialecte hispano-arabe ! D’autant que Guillaume IX savait ce qu’étaient les terres d’islam. Nous
savons notamment qu’en 1101-1102 il participa à la croisade d’Orient et fit en Syrie un séjour de quelque
durée. Est-ce là qu’il se familiarisa avec l’arabe, qu’il en apprit au moins quelques rudiments ?
Nous savons aussi que Guillaume IX, au cours de sa vie, alla jusqu’en Aragon pour porter aide au roi Alphonse
le Batailleur, au moment de la bataille de Cutanda, en 1120.
Mais, ce qui ne fait pas de doute, c’est qu’à partir des dernières années du XIe siècle, un courant de relations
directes et des contacts assez étroits s’établiront entre la France et l’Espagne chrétienne.
Quand la Reconquête espagnole commença à porter ses premiers fruits, par la prise de Tolède dans l’année
1085, par le roi de Léon et de Castille, Alphonse VI, ce prince attira dans sa nouvelle capitale un assez grand
nombre de religieux français. C’est à ce moment qu’il prit pour épouse la reine Constance, une propre sœur de
Guillaume IX, et veuve d’un duc de Bourgogne.
Cluny fournit alors à l’Espagne d’Alphonse VI une grande partie de ses cadres ecclésiastiques et ce fut alors,
entre Tolède et la Bourgogne par Toulouse et Poitiers, un incessant va-et-vient de missions de clercs et aussi de
caravanes de marchands. Or Tolède était à cette époque une ville de la plus pure tradition hispano-arabe, et ses
rapports permanents avec Toulouse et les abbayes clunisiennes de Bourgogne et d’ailleurs donnent sans
doute la clef du mystère de cet emprunt artistique.
Guillaume IX lui-même épousera une Espagnole, la fille du roi d’Aragon, Ramiro le Moine. Et n’oublions pas
non plus que dès cette époque lointaine, pour beaucoup de chrétiens d’outre-Pyrénées, le pèlerinage à SaintJacques-de-Compostelle était aussi recherché que le pèlerinage à Rome.
Il faut dire aussi un mot de la croisade de Barbastro qui eut un retentissement considérable en chrétienté et en
islam, et qui précédera de plusieurs années, en terre espagnole, les premières croisades dirigées vers l’Orient.
Une armée, composée de Normands et de seigneurs français, traversa les Pyrénées, dans l’année 1064, et vint
de vive force enlever la place musulmane de Barbastro, sur la frontière du royaume d’Aragon.
L’un des chefs principaux de l’expédition était le duc d’Aquitaine Guillaume VIII, précisément le père du
troubadour Guillaume IX.
L’armée franco-normande ramena de Barbastro un nombre très élevé de captifs, de l’ordre de plusieurs dizaines
de milliers, hommes et femmes. Alors, même si toutes ses explications n’ont pas de preuves réelles, il est admis
aujourd’hui que l’Espagne musulmane a représenté pour l’Europe méditerranéenne un foyer de civilisation
raffinée, de vie luxueuse et policée, une sorte de conservatoire des belles manières et du bon ton.
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