CHOMAGE
Phénomène majeur dans la plupart des pays industrialisés, le chômage est aujourd'hui une réalité
quotidienne pour de très nombreuses personnes. Véritable défi pour la société, le chômage est
cependant l'objet de débats chez les économistes dont le premier concerne la mesure d'un tel
phénomène.
1. Les mesures du chômage
1.1 Deux définitions du chômage
II existe deux grands indicateurs en matière de mesure du chômage. Le premier correspond à la
définition du Bureau international du travail (BIT) et il est calculé une fois par an par l'INSEE dans
l'enquête Emploi réalisée en mars. L'autre correspond aux demandes d'emploi en fin de mois
(DEFM) calculées chaque mois par l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE). La définition du
chômage du BIT comprend trois critères :
- "être sans travail". Ce critère est très restrictif pour le BIT car une personne qui exerce, même pour
une période très courte babysitting » par exemple), une activité est exclue du chômage au sens du
BIT;
- "être disponible pour travailler" ;
- "et rechercher effectivement un emploi". L'INSEE exige que les personnes se déclarant chômeurs
précisent la nature de l'emploi recherché et les démarches effectives réalisées dans le mois
précédent.
La définition de l'ANPE comptabilise les demandes d'emploi en fin de mois (DEFM), c'est-à-dire
les "personnes sans emploi et disponibles pour en occuper un, qui ont fait la démarche de s'inscrire
à l'ANPE". On peut donc être chômeur au sens de l'ANPE et exercer une activité professionnelle
très réduite (emploi très occasionnel ou à temps très partiel), insuffisante pour interrompre les droits
à indemnisation. Par ailleurs, depuis 1985, les chômeurs les plus âgés sont dispensés de recherche
d'emploi (et donc exclus des DEFM) sans perdre leurs droits à l'indemnisation. Précisions enfin
qu'il existe une troisième mesure du chômage, celle du recensement. Sont chômeurs ceux qui se
déclarent chômeurs. Cette mesure est toutefois très épisodique car elle est réalisée une seule fois à
chaque recensement, c'est-à-dire tous les sept ans.
1.2 Quelles sont les différences entre les indicateurs ?
Les deux définitions ne coïncident guère, comme le montre l'écart important qui se crée entre ces
deux mesures, les DEFM ayant tendance à augmenter au début des années 90 davantage que le
chômage au sens du BIT. On peut noter trois différences importantes entre ces deux définitions :
- certaines personnes sont au chômage au sens du BIT sans être pour autant inscrites à l'ANPE ; il
peut s'agir, par exemple, des personnes ayant trouvé un emploi ultérieurement car la définition du
BIT retient les personnes sans emploi à la recherche d'un emploi (PSERE) ainsi que celles qui ont
trouvé un emploi pour plus tard ;
- certaines personnes ont une petite activité tout en étant inscrites comme DEFM ; elles ne sont pas
au chômage au sens du BIT ;
- certaines personnes inscrites à l'ANPE ont renoncé à rechercher activement un emploi ; elles ne
répondent donc pas au troisième critère du BIT; il s'agit en particulier des chômeurs découragés,
souvent âgés, qui pensent avoir peu de chances d'insertion, soit en raison de leur situation
personnelle soit en raison de la conjoncture. En définitive, la mesure du chômage est le résultat
d'une convention. Ce qui importe est de maintenir les conventions afin de disposer du même
instrument sur une longue période.
L'enquête Emploi de l'INSEE, publiée une fois par an, ne peut fournir un bon indicateur
conjoncturel du chômage. En revanche, seuls les critères du BIT permettent de faire des
comparaisons internationales. Les résultats de l'enquête Emploi fournissent en outre une estimation
(par sondage) du volume de la population active, ce qui permet de calculer les taux de chômage.
taux de chômage = chômeurs au sens du BIT / population active
Le taux de chômage peut ainsi être calculé pour l'ensemble de la population active ou pour une
partie de celle-ci. On peut aussi calculer un taux de chômage en retenant la définition de l'ANPE.
1.3 Le "halo" autour du chômage
Les économistes de l'INSEE ont mis en évidence, depuis le début des années 80, l'existence d'une
sorte de "halo" autour du noyau du chômage constitué par les chômeurs au sens du BIT. Ce "halo"
se composerait des catégories suivantes :
- ceux qui recherchent un emploi sans être disponibles (raisons familiales, stages par exemple) ;
- ceux qui sont disponibles sans effectuer de démarches réelles ;
- les "inactifs ne cherchant plus ou pas encore" (exemple des pré-retraitée c'est-à-dire des
travailleurs âgés qui, sans avoir l'âge légal de la retraite, doivent quitter leur entreprise).
De façon plus générale, les frontières entre les catégories chômeurs-inactifs-actifs sont de plus en
plus floues. Des situations intermédiaires sont apparues : entre le chômage et l'inactivité (exemple
des pré-retraités, classés dans les inactifs), entre le chômage et l'activité (stages, apprentissage,
formations en alternance, classés parmi les actifs). Le chômage devient aussi plus difficile à
mesurer car une partie de la population active évolue rapidement entre des situations différentes
(intérim, chômage, puis stage par exemple).
Les passages d'une catégorie d'emplois à une autre se multiplient avec le développement des
nouvelles formes d'emplois. Ces formes particulières d'emplois (FPE), correspondant au travail
atypique, regroupent toutes les formes d'emplois qui ne correspondent pas à un emploi normal,
c'est-à-dire un emploi durable (contrat à durée indéterminée) et à temps plein. Les FPE sont ainsi le
temps partiel (horaires réduits), l'apprentissage, les stages, l'intérim (travail temporaire) et les
contrats à durée déterminée. L'emploi précaire correspond aux trois dernières FPE.
2. Le marché du travail
Le marché du travail a un double sens. Au sens courant, il désigne la situation de l'emploi dans une
économie et, plus précisément, l'état des emplois disponibles (nature, qualifications exigées,
quantité). On dira ainsi que les demandeurs d'emplois, c'est-à-dire les chômeurs, ont des difficultés
pour s'insérer sur le marché du travail car les offres d'emplois des entreprises sont insuffisantes.
Le marché du travail est aussi un concept économique. C'est un marché mettant en relation ceux qui
offrent leur travail (les salariés) et ceux qui demandent ce service qu'est le travail (facteur de
production pour les entreprises). Langage courant et langage économique s'opposent ici car l'offre
de travail des salariés (notion économique) correspond à la demande d'emploi (sens courant). À
l'inverse, la demande de travail des entreprises correspond à l'offre d'emploi (sens courant).
Sur le marché du travail, la confrontation de l'offre et la demande conduit à déterminer deux
grandeurs : le salaire et le niveau d'emploi. La théorie néo-classique utilise ce mécanisme de marché
pour démontrer que le chômage ne peut être durable. Il suffit en effet de diminuer les salaires pour
que la demande de travail des entreprises s'accroisse et fasse disparaître le chômage. Les
économistes keynésiens ont cependant contesté ce mécanisme car une baisse des salaires réduit le
pouvoir d'achat et donc la demande qui s'adresse aux entreprises de telle sorte que celles-ci ne sont
nullement incitées à embaucher, pour accroître leur production. Le chômage résulte au contraire
d'une insuffisance de la demande effective.
Lorsque la demande de travail est inférieure à l'offre de travail émanant des salariés, le marché du
travail est en situation de sous-emploi. Le sous-emploi correspond donc à l'existence d'un chômage.
L'INSEE donne toutefois une autre définition du sous-emploi puisqu'il s'agit de l'ensemble des
personnes ayant un emploi mais qui travaillent involontairement moins que la durée normale de
travail et qui souhaitent travailler davantage (une partie des personnes à temps partiel, les stagiaires,
les apprentis, etc.).
Le plein emploi correspond à une situation caractérisée par l'emploi de toutes les personnes
appartenant à la population active.
3. Chômage et politique de l'emploi
3.1 Les différents types de chômage
On distingue les formes de chômage suivantes :
- chômage de longue durée : il s'agit des demandes d'emplois en fin de mois (ANPE) enregistrées
depuis plus de douze mois consécutifs ;
- chômage conjoncturel : chômage résultant d'un ralentissement de l'activité économique ;
- chômage structurel : chômage lié aux déséquilibres structurels de l'économie (déséquilibres
régionaux, inadaptation des qualifications, déclin d'activités traditionnelles, etc.) ;
- chômage technique : inactivité forcée dans l'entreprise en raison de circonstances particulières et
indépendantes de l'entreprise (panne de machines, défauts d'approvisionnement en pièces, etc.);
- chômage partiel : inactivité forcée des salariés décidée par le chef d'entreprise pour réduire la
production lorsque la conjoncture est mauvaise (les heures non travaillées font alors l'objet d'une
moindre rémunération) ;
- chômage frictionnel : en situation de plein-emploi, chômage d'adaptation lié à la période entre
deux emplois.
La théorie économique est aussi à l'origine d'une typologie du chômage. Le chômage en effet est la
conséquence de deux tendances contraires, la croissance de la population active et le déclin de
l'emploi. Si les facteurs socio-démographiques sont plutôt des données (évolutions démographiques,
activité féminine par exemple), le recul du nombre d'emplois disponibles dans l'économie doit
recevoir une explication.
Pour les économistes keynésiens, la demande des ménages et des entreprises (ainsi que des marchés
étrangers) est insuffisante et les entreprises hésitent alors à investir et à accroître leurs capacités de
production. Il y a donc, dans ce cas, un chômage qui disparaîtra lorsque la demande repartira ; c'est
le chômage keynésien. D'autres économistes pensent que dans certaines situations, voire dans
certains secteurs de l'économie, le relance de la demande ne fera pas disparaître le chômage. Même
avec une demande supplémentaire les entreprises ne développeront pas leurs capacités de
production car elles jugent que celles-ci ne sont pas rentables (profits insuffisants ou coût salarial
élevé). Il y a alors un chômage appelé chômage classique.
3.2 La politique de l'emploi
La lutte contre le chômage est l'un des objectifs majeurs de la politique économique globale
(politique budgétaire de déficit public par exemple).
Il existe aussi des politiques spécifiques de l'emploi. On distingue trois types de politiques mises en
œuvre successivement en France entre 1974-1980 et à partir du début des années 80 :
- 1ère phase de défense de l'emploi : on freine les licenciements et les suppressions d'emplois. On
crée des emplois publics (1981) ;
la réduction de la durée du travail est envisagée comme une solution pour partager le travail ;
- 2e phase de gestion de la population active : on cherche à obtenir une diminution de la population
active ; ce sont par exemple les pré-retraites (retraites avant l'âge légal) ou les aides au retour
(appelées ensuite aide à la réinsertion) pour les travailleurs étrangers acceptant de regagner leur
pays ;
- 3e phase de traitement économique et social du chômage, en faveur de certaines catégories
particulièrement affectées (jeunes, personnes âgées) ; le traitement économique concerne les
entreprises (mesures pour favoriser les créations d'emplois comme la baisse du coût du travail avec
la diminution des charges sociales) tandis que le traitement social du chômage cherche à corriger les
mécanismes d'exclusion en favorisant l'insertion ou la réinsertion dans la vie professionnelle
(formation en alternance, stage d’adaptation ou de formation, congé de conversion, pour les salariés
touchés par les restructurations industrielles, etc.). C’est cette politique qui est actuellement mise en
œuvre.
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