III – Une pensée pythagoricienne : l’arithmologie
L’Evolution est la loi de la Vie.
Le Nombre est la loi de l’Univers.
L’Unité est la loi de Dieu.
Les choses sont des nombres, les nombres se trouvent dans les choses,
les nombres sont les causes et les principes des choses, les choses sont
constituées par les nombres. Le nombre est pour Pythagore un modèle au
sens idéal. Chez Pythagore, le mot nombre ne signifie pas chiffre ou
numéro mais plutôt proportion. Aussi, c’est le nombre qui rend le réel
accessible à nos sens : Sans lui, nous ne pourrions rien penser ni
connaître. Cette conception arithmologique s’avère inséparable de
spéculations géométriques, harmoniques, physiques et cosmologiques
liées à des préoccupations morales, politiques et religieuses.
Nous sommes confrontés à un double système, mystique et rationnel,
scientifique et religieux, théorique et expérimental qui n’éprouva pas de
remord à rapprocher en une même intuition le vol de l’âme vers les
hauteurs du monde et celui d’une colombe de bois à la surface de la Terre.
Les pythagoriciens parviennent à la conscience d’une méthode capable de
gagner l’assentiment intime de l’intelligence et d’en mettre hors de
conteste l’universalité. Ils découvrent notamment l’harmonie et
l’adéquation radicale des suites numériques dont ils déduisent des
principes mathématiques que Pythagore appliquera à l’âme. Le nombre (la
décade plus particulièrement), d’origine divine, est en tant qu’âme de la
beauté, un médiateur entre la nature et l’homme (culte du Tétraktys).
C’est à partir de ces principes que Pythagore élabore sa conception du
monde. Métaphysique et physique sont indissociables pour un
pythagoricien : l’univers ne peut être pensé sans l’homme, ni l’homme
sans l’univers, l’harmonie universelle englobant les rapports des hommes
entre eux et avec l’univers. Une vision du monde excluant l’homme ne
pouvait être une vision du monde pour Pythagore : tout comme l’œil est
intégré à l’ensemble du corps, l’homme est intégré au monde. Le sens de
l’existence humaine découle de ce sentiment d’appartenance au grand
Tout. Doué de mouvement, de respiration, d’organisation, le monde est
une sorte de grand vivant. Dans ce grand Cosmos - Pythagore fut le
premier à appeler Cosmos l’enveloppe de toute chose, à cause de l’ordre
qui s’y trouve – l’homme constitue un petit cosmos, un petit monde
organisé. L’homme est ainsi soumis, plus qu’aucun être singulier du grand
monde, à la loi de l’harmonie. C’est par cette loi que l’âme et le corps sont
unis.
Derrière le mouvement ordonné des astres (théorie du feu central qui
instaure l’harmonie dans l’univers sensible et autour duquel tourne sur
une orbite circulaire tous les astres), Pythagore voit le rayonnement de
l’Un, de l’Achevé (que l’on peut identifier à Dieu) qui façonna un monde
organisé, structuré, à partir d’une matière initiale appelée l’Inachevé ou la
Dyade.
De rapports numériques simples en gamme pythagoricienne, il en va pour
Pythagore de l’univers dans son ensemble – le macrocosme - comme de