ETUDES (extraits)
Auguste BARBIER
XIXe siècle (28 avril 1805 à Paris 14 février 1882 à Nice)
- inhumé au cimetière du Père-Lachaise (division 23)
- études au lycée Henri-IV et peu de temps à l'École le Droit
- poète français, également nouvelliste, mémorialiste, librettiste (opéra Benvenuto Cellini), critique
d'art et traducteur (Jules César de Shakespeare, La Chanson du vieux marin de Samuel Taylor
Coleridge)
- connu surtout pour ses Iambes, poèmes satiriques inspirés par les « Trois Glorieuses ».
Il débutait après les journées de juillet 1830 avec Curée, poème satirique et rythmé, bien accueilli à
l'époque.
Auguste BARBIER, La Curée
Cet écrivain a produit des œuvres appartenant à des genres divers : poète, librettiste (livrets
d'opéra, celui de Benvenuto Cellini), mémorialiste, traducteur... Après les « journées de juillet » 1830 il
a écrit La Curée placée au début des Iambes, poèmes dits satiriques et inspirés des iambes d’André
Chénier.
Définitions :
curée : terme de vénerie (chasse) désignant le moment où les chiens dépècent l'animal →
moment sanglant ici au sens figuré.
iambe : unité de métrique d'origine grecque, syllabe courte suivie d'une longue ; en français cela
va désigner un poème satirique :
* vers irréguliers (alternance d'alexandrins et d'octosyllabes)
* rimes croisées, féminines pour les alexandrins et masculines pour les
octosyllabes.
satirique : qui se moque, parfois avec méchanceté, de ce qui se passe dans les domaines
politique, social et moral le plus souvent. Une satire doit faire rire et dénoncer une situation...
A ce propos, dans son invocation aux Muses au début des Iambes, A. Barbier écrit :
« Toujours je me suis dit : en ce monde incertain,
Quels que soient les partis qui commettent le crime,
En face de l'injure et du mal indompté,
Le poète doit être un protestant sublime
Du droit et de l'humanité. »
Ainsi le poète évoque les Trois Glorieuses (27, 28 et 29 juillet 1830 > abdication de Charles X)
opposant les citoyens du peuple (menés par une allégorie de la Liberté) et les nantis (noblesse, grande
bourgeoisie par exemple). Les premiers sont au combat (cf strophe II) tandis que les autres montrent
leur lâcheté comme le disent les vers suivants :
« Pâles, suant la peur, et la main aux
[oreilles,
Accroupis derrière un rideau. »
L'allégorie de la liberté :
(strophe III)
c'est une forme de personnification : une abstraction est représentée sous forme humaine comme
ici « une comtesse », « une forte femme », le nom souvent porte alors une majuscule (cf . le titre
du tableau de Delacroix).
femme du peuple comme l'indiquent les expressions « agile et marchant à grands pas, « qui ne
prend ses amours que dans la populace », « à la voix rauque », « Se plait aux cris du peuple, aux
sanglantes mêlées », « du brun sur sa peau ».
le poète met en valeur sa force physique parallèlement à son ardeur au combat : c'est un être qui
ne craint rien et qui est même galvanisé par la bataille.
Les sens sont sollicités par « l'odeur de la poudre », « aux longs roulement des tambours », « aux
lointaines volées de cloches et des canons sourds », « on l'embrasse ».
un ton sarcastique : le poète se moque de la prétendue délicatesse des femmes nobles qui n'ont
pas de résistance, avec le jeu de mots dans « noble faubourg Saint Germain » et l'opposition
noblesse/ peuple, il évoque les deux partis en guerre. Les mots qui riment expriment la même
idée, « comtesse » rime par exemple avec « faiblesse », « populace » avec « embrasse ».
Dans la strophe suivante (IV), A. Barbier évoque l'histoire de la Liberté en lui donnant la vie d'une
jeune fille « vierge fougueuse » en 1789 à la prise de la Bastille, puis d'une femme en 1830, revenue au
combat contre la monarchie de Charles X.
E. Delacroix a eu connaissance de ce texte écrit en août 1830 pour peindre son tableau en
octobre-novembre, c'est pourquoi l'on trouve de nombreux points communs entre les deux œuvres ; les
arts sont intimement liés mais l'œuvre qui a eu la plus grande postérité est celle du peintre.
V. HUGO, Dicté après juillet 1830 (III, IV) : représentation de la liberté et du peuple
Synthèse (strophes III, IV) :
Parallèle avec le tableau de Delacroix :
- Tous concernés (pas de différence de sexe ou d’âge) dans révolte
- Ville = Paris
- Violence, tuerie, mêlée (hommes, armes, architecture
- Figures de style : métaphore, personnification, hyperbole, accumulation
Violence mais aussi énergie irrépressible (cf mer/foule) ; « tout » indéfini correspond à une
masse indistincte, récit d’un témoin, d’un contemporain
Lyrisme :
- Exclamations, invocation « ô », 2e pers (pl ou sg), métaphore, hyperbole, métonymie
- Adresse à la ville pour le peuple : questions rhétoriques puis réponses ; familiarité + respect
- La cité = emblème = Paris associée au chiffre symbolique 3, personnifiée
- Héroïsme (peuple indistinct > héros), voc de la tragédie (ex « fatale »), fatum-destin, idée du
sacrifice ?, combat idéalisé comme dans le tableau de Delacroix où pas de vision politique en
réalité
- Opposition des « fléaux », des « malheureux » aveuglés par une divinité (cf Antiquité où la folie,
permanente ou passagère, est un châtiment divin) > erreur politique et humaine, incompréhension
donc échec et châtiment
- Passage « foule » au « peuple » avec idéal commun, objectif commun = maturité, peuple peut
assumer son histoire (Louis XVI, révolutionnaires tués…), est une entité historique, passé
exemplaire ; idée de grandeur
« …âme commune (…) a lui »
« Hier vous n’étiez qu’une foule :
Vous êtes un peule aujourd’hui ! »
- Emploi de strophes hétérométriques (IV) ou non (III) : ruptures, vers classiques avec octosyllabes
et alexandrins > énergie, dynamisme, progrès et volonté ?
- Mots rimant cf insistance sur sens du récit, tout en écho
Définitions :
- Métonymie : figure où concept désigné par un terme désignant un autre concept mais lié par
une relation nécessaire et très nette (ex : toute la ville dort ; une Diane de marbre ; boire un verre) :
effet / cause ; tout / partie
- Synecdoque : procédé stylistique consistant à prendre la partie pour le tout, le genre pour
l’espère ou inversement ; désigner qqc par un terme dont le sens inclut - ou est inclus dans - celui
du terme propre.
(ex : voile = navire, Israël = peuple juif)
Vue de l’ensemble :
Questions :
A qui s’adresse le poète quand il emploie le pronom personnel « vous » ?
Quelles villes sont mentionnées et pourquoi ?
Recenser tous les évènements historiques qui sont évoqués de manière poétique et parfois peu
explicite.
Quels groupes nominaux et périphrases désignent les « Trois glorieuses » ?
Quels vers emploie Victor Hugo ?
Quels sont les systèmes des rimes choisis ?
Quels sont les types de phrases ? Lequel domine ?
Trois Glorieuses : 27, 28 et 29 juillet 1830
Insurrection provoquée par les ordonnances de Charles X suspendant la liberté de la presse et
d’expression, dissolvant la Chambre des députés (cf Thiers), restreignant le droit de vote
Appel à Louis-Philippe Ier d’Orléans > Monarchie de Juillet > renversée par la révolution de
février 1848
Correction des questions :
1. Le pronom personnel « vous » désigne les révolutionnaires de 1830, « enfants symboliques » des
révolutionnaires de 1789. Ensuite, à partir de la fin de la strophe VI, « vous » désigne les
« prêtres » qui doivent perdre leur richesse et retrouver ler mission.
2. Les villes mentionnées :
villes
raisons
(I) Austerlitz « faire envie/à de vieux
drapeaux d’Austerlitz »
Moscou
Référence à une victoire magnifique que
surpassent donc les évènements mentionnés,
auj, Rép tchèque, « la bataille des trois
empereurs » (Nap, François II du St Empire
romain germanique, tsar Alexandre Ier), 2
déc 1805, chef d’œuvre de stratégie tjs
enseigné
Campagne de Russie Par Napoléon,
occupation de Moscou de sept à oct 1812,
incendie, retraite honteuse, harcèlement par
l’ennemi, « Bérézina » rivière de l’actuelle
Biélorussie
Cadix
Rome
Le Caire
Jemmapes
Montmirail
(II sq) Paris « notre ville toute garrottée »
Iéna
Sainte-Hélène « De Sainte-Hélène à Saint-
Denis »
Bataille de Barrosa près de Cadix, troupes
anglo-espagnoles, défaite française en mars
1811, une aigle d’un régiment capturée (cf
livre de Jose Luis Zafon)
Chef-lieu de dépt français sous Nap en 1812,
l’Aiglon (surnom posthume) est nommé roi
de Rome à sa naissance le 20 mars 1811 ;
Nap = président de la Rép italienne de 1802 à
1805 puis roi d’Italie de 1805 à 1814
Campagne d’Egypte, 25 juillet 1798-1799,
pour couper la route des Indes à la Grande-
Bretagne, avec armée et scientifiques,
batailles contre mamelouks (victoire à Gizeh
le 24 juillet 1798), Turquie déclare la guerre
car Eg appartient à l’empire ottoman, Nap
veut faire de l’Eg un véritable Etat
indépendant, abandonne l’armée diminuée et
malade au gl Kléber > assassiné, son
successeur sera vaincu en août1801 ;
obélisque
Bataille contre Prussiens et Autrichiens ds
guerre contre « Roi de Bohême et de
Hongrie », avec Valmy, sept 1792 où Louis-
Philippe d’Orléans, futur Louis-Philippe 1er,
fait partie des vainqueurs cf œuvres d’Horace
Vernet et Goethe, chute de la royauté
consacrée, La Convention proclame la
République le 21 sept 1792
Campagne des Six-jours pdt campagne de
France, 11 février 1814, victoire de Nap. sur
les troupes russes et les troupes prussiennes
deux fois plus nombreuses (32000 h) >
monument en forme de colonne sur la route
de Paris
L’insurrection de trois jours contre les
ordonnances de Charles X (personnification
de la cité, nbses références au site)
Bataille 14 octobre 1806 pdt campagne de
Prusse et de Pologne, victoire éclatante
contre Prussioens menés par un Hohenlohe
Exil imposé par les Britanniques ap défaite
de Waterloo le 18 juin 1815, mort le 5 mai
1821
Inhumation des rois et reines de France
(profanation des cercueils royaux en 1793),
église consacrée par Nap à la sépulture des
empereurs, décret de 1806, un bataillon porta
ce nom à la bataille de Jemmape, école des
Saint-Denis
Naples « Naples s’émeut »
filles des légionnaires, retour des restes
royaux
Métaphore d’une éruption du Vésuve :
conquête de Napoléon et envie de liberté
(bouleversement, destruction mais fécondité
et respect de l’humilité)
2e invasion des Français en 1805, frère de
Nap Joseph > roi de Naples puis, en 1808
beau-frère Joachim Murat jusqu’en 1816 au
rétablissement du roi Ferdinand IV dans un
Royaume des Deux-Siciles
3. Evènements historiques :
I :
L’insurrection de juillet 1830
La prise La Bastille
La guerre avec l’Angleterre
La guerre de Troie
L’indépendance des Etats-Unis
Batailles des diverses campagnes napoléoniennes dans les « plaines » pour « enserrer la terre »
en Europe et en Afrique
La création des lycées
La fin de Napoléon à Sainte-Hélène
II :
Les ordonnances de Charles X limitant les libertés
Les acquis de la Révolution (« œuvre de 40 années »)
Guillotine pour les nobles pdt la Révolution
Encore batailles sur les plaines avec « ossements humains »
Nouveaux privilégiés qu’il faut combattre cf « Et que le lion populaire / Regarde ses ongles
souvent »
III et IV :
Les Trois Glorieuses
Assassinat de Louis XVI (cimetière de La Madeleine ?, restes à la Basilique Saint-Denis),
colonne des victoires de Napoléon (colonne Vendôme ou celle de la Grande Armée)
Foule > peuple
V :
Exil des rois morts, des soldats, de Napoléon…
Drapeau de Fleurus (ville du Hainaut en Belgique, comme Jemmape), oriflamme = étendard
rouge donné à Saint-Denis par l’abbé Suger à Louis VI en 1124
Nouveau roi à venir
Exil de Napoléon et rois à Saint-Denis
Couronne d’épines de Jésus Christ lors de la Passion
Profiteurs des révolutions à bannir
VI :
Conquêtes napoléoniennes > états indépendants, dépendant de la « protection française »,
civilisation, idées des Lumières
Liberté, indépendance des nations, idée d’un souverain éclairé
Nap voulait le pape à Paris et plus de grande pompe
VII :
Eruption du Vésuve, invasion des Français (2)
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