Les français dans la première guerre mondiale

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Proposition de Alain HUYEZ
Lycée Levavasseur
Saint-Denis, La Réunion
Première S
Ouvrage Bréal
La grippe coloniale de HUO CHAO SI et APPOLLO, éditions Vents d’ouest
Les français dans la première guerre mondiale.
Calques au rétroprojecteur :
L ’Europe politique et les systèmes d’alliance en 1914
Les empires coloniaux en 1914
Objectif : Montrer quelles sont les rivalités entre les puissances européennes.
L'attentat de Sarajevo, le 28 juin 1914.
L'archiduc héritier d'Autriche-Hongrie, François Ferdinand, et son épouse
sont assassinés par l'étudiant Prinzip, à Sarajevo, capitale de la Bosnie-Herzégovine,
La riposte autrichienne et l'engrenage des alliances
L'Autriche-Hongrie adresse un ultimatum à la Serbie.
Le 28 juillet, l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie.
Le 30 juillet, la Russie mobilise.
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Le 1er août, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie ; la France
mobilise.
Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France.
Le 4 août, l'Allemagne envahit le territoire de la Belgique neutre. Le
Royaume-Uni déclare la guerre à l'Allemagne.
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Les français dans la première guerre mondiale.
L'Humanité est maudite,
si, pour faire preuve de courage,
elle est condamnée à tuer éternellement.
Jean JAURES
I)
ENTRÉE DANS LA GUERRE
Problématiques
Comment les français sont entrés dans la guerre ?
Comment l’ensemble des organisations politiques soutient cette entrée en guerre avec l’union
sacrée.
Comment, à la fin de 1914, au moment du blocage stratégique, on s’apprête à rentrer dans une
guerre longue, aux formes nouvelles, qui implique une mobilisation non seulement des soldats
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sur le front, mais aussi des ressources économiques.
A° La mobilisation
A l’été 1914, l’État comme la société française ne prennent pas la mesure de la crise qui s’amorce
avec l’assassinat de l’archiduc François – Ferdinand .Pour exemple le président de la République,
Raymond Poincaré a maintenu un voyage en Russie prévu de longue date et se trouve en mer
lorsque l’ultimatum autrichien est adressé.
A son retour, le 29 juillet, la France est un pays plus préoccupé des récoltes à effectuer que du
conflit austro serbe.
Doc 2 p 124
Lorsque la mobilisation est décrétée le 1er août 1914, elle trouve une opinion marquée par la
stupeur et la consternation, notamment dans le monde rural.
Mais les mobilisés font preuve d’une véritable résolution devant cette guerre à entreprendre , la
France fait figure d’agressée par l’Allemagne , de plus beaucoup pensent qu’elle sera courte
Même si les moments d’enthousiasme sont une réalité , notamment à l’occasion du
rassemblement des mobilisés dans les gares , on est loin de l’image d’Epinal d’un pays partant
« la fleur au fusil » pour reconquérir au nom de la « revanche » les provinces d’Alsace –Lorraine
perdues lors de la guerre de 1870-1871.Les français ne sont pas moins décidés à se battre comme
en témoigne le nombre dérisoire de déserteurs et convaincus dans leur immense majorité de la
légitimité de leur cause qui est d’abord celle d’un pays qui , malgré ses divisions politiques et ses
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crises , comme en en avait témoigné l’affaire Dreyfus , entend affirmer sa conscience nationale .
Dès l’été 1914, la France mobilise 3 ,6 millions d’hommes.
Alors que le service militaire n'est pas obligatoire, 14 000 réunionnais vont se porter volontaires
.Ils furent d'abord incorporés dans les troupes coloniales puis dans les troupes métropolitaines,
3 000 d'entre eux ne reviendront pas.
B° L’ « union sacrée »
Doc p 139 Carte postale de 1916
La mobilisation totale a entraîné un rôle croissant de l’État .La première guerre mondiale a
reconsidérer les relations entre pouvoir civil et pouvoir militaire .De même pour les démocraties
à reconsidérer les relations entre pouvoir exécutif et pouvoir législatif.
L’ensemble des organisations politiques soutient cette entrée en guerre.
Le monde politique enterre ses divisions d’avant guerre : les socialistes pacifistes se rallient à la
politique de défense nationale .Les tensions, exacerbées par la loi de 1905, entre catholiques et
laïcs s’apaisent : union de la « gueuse » et du « goupillon » Doc 6 p 137
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C° La mobilisation économique et sociale.
La guerre impose la reconversion de l’économie de paix en une économie de guerre .Il faut en
effet produire , en quantité croissante , armes et munitions .Pour exemple la fabrication
quotidienne des obus de 75 est multipliée par 38 ( 1914 : 4 000 ; 1916 : 151 000 ) . Les États
interviennent dans l’effort de guerre .Le conflit entraîne une mobilisation économique sans
précédent.
Doc 3 p 134 Les « munitionnettes »
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Prends garde au môme... hein !
Dessin publié dans La Baïonnette, n° 124, 15 novembre 1917
« L'ouvrière, toujours debout, saisit l'obus, le porte sur l'appareil dont elle soulève
la partie supérieure. L'engin en place, elle abaisse cette partie, vérifie les
dimensions (c’est le but de l'opération), relève la cloche, prend l'obus et le dépose
à gauche.
Chaque obus pèse sept kilos. En temps de production normale, 2 500 obus
passent en 11 heures entre ses mains. Comme elle doit soulever deux fois chaque
engin, elle soupèse en un jour 35 000 kg.
Au bout de 3/4 d'heure, je me suis avouée vaincue.
J'ai vu ma compagne toute frêle, toute jeune, toute gentille dans son grand tablier
noir, poursuivre sa besogne. Elle est à la cloche depuis un an. 900 000 obus sont
passés entre ses doigts. Elle a donc soulevé un fardeau de 7 millions de kilos.
Arrivée fraîche et forte à l'usine, elle a perdu ses belles couleurs et n'est plus
qu'une mince fillette épuisée.
Je la regarde avec stupeur et ces mots résonnent dans ma tête :
35 000 kg ».
14-18. Le magazine de la Grande Guerre, n° 1, avril- mai 2001
L'appel aux femmes dans les campagnes comme dans les villes pour remplacer aux champs et
dans les usines les hommes mobilisés au front n'a pas permis à lui seul de faire face la pénurie
de main d’œuvre.
Il a fallu aussi recourir aux jeunes, aux personnes âgées et aux travailleurs indigènes venus
des colonies.
Après la guerre, la publication du roman de Victor MARGUERITTE en 1922,
La Garçonne, et le développement de la mode garçonne ( abandon du corset et de la robe
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longue, cheveux courts, bras nus, ceinture basse, silhouette d'adolescente ) ont pu laisser croire
que la 1ère guerre mondiale avait entraîné une révolution dans les mœurs débouchant sur une
émancipation de la femme.
En réalité ces velléités d'émancipation ont été contenues dans le cercle étroit des
intellectuels et de la bourgeoisie éclairée.
Pour la majorité des femmes, l'après-1ère guerre mondiale s'est traduite par un retour à la
normale et aux valeurs traditionnelles.
Dans une France traumatisée par la saignée démographique qu'avait provoquée la 1ère guerre
mondiale, les femmes ont été rappelées à leur rôle d'épouses, de maîtresses de maison et de mères
de famille.
Au recensement de 1921, les femmes au travail n'étaient pas plus nombreuses qu'avant 1914,
mais la guerre les avait fait accéder à des fonctions de responsabilités.
C'est ainsi que 630 000 veuves étaient devenues chefs de famille, tandis que le déséquilibre
entre les sexes (1 103 femmes pour 1 000 hommes) conduisait un certain nombre de femmes
restées célibataires à se comporter en égales de l'homme.
La mobilisation conduit à une profonde transformation du monde du travail .430 000 femmes
sont employées dans l’industrie d’armement. Les femmes deviennent des salariées, s’engagent
dans les actions revendicatives pour l’obtention du pain ou de permissions dans le cadre de
manifestations.
II) Les français dans le conflit.
A) La brutalisation du conflit
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Le premier conflit mondial est fondateur en matière de violences.
1°La violence vécue par les combattants
(Calque au rétroprojecteur : lignes de tranchées)
Témoignage doc 5 p 131 + témoignage d’u poilu réunionnais.
Filmographie : Un long dimanche de fiançailles (les 10 premières minutes)
1 Le combat est au cœur de la vie du soldat
2 Quotidien dominé par l’immobilisme lié à la guerre de position.
Vit constamment dans la peur.
A l’inverse, la présence d’un groupe rassure, soude et crée un esprit de corps.
La raison de cette peur c’est l’omniprésence de la mort.
Le nombre des décès est considérable : 900 Français et 1300 Allemands sont tués chaque jour
entre 1914 et 1918.
Doc 4 P 131 « des gueules cassées »
Si le champ de bataille tue , il est aussi responsable d’une quantité incroyable de blessures , plus
de 3,5millions pour la seule armée française .Blessures physiques mais aussi psychiques .Ces
dernières sont les plus mal acceptées , y compris des psychiatres eux-mêmes qui interprètent les
névroses de guerre comme le « résultat de prédispositions »,les assimilant même parfois à de la
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simulation et à de la lâcheté , préconisant pour les soigner des traitements à base de stimulations
électriques .
Les prisonniers : 600 000 français sont prisonniers en Allemagne en 1917qui connaissent la faim
selon les colis familiaux reçus, l’ennui, la maladie, le travail (10 000 camps de travail en
Allemagne.), les punitions collectives en cas de désobéissance à l’autorité.
2° La violence subie par les civils.
Implication forcée des civils dans des zones de combat .Pourquoi ? Existence de zones
d’occupation, en particulier dans le Nord de la France .Dans ces territoires la vie est
particulièrement difficile, non seulement à cause des pénuries et de l’absence d’informations sur
le reste du pays, que les civils occupés opposent à la « France libre » mais également à cause de
la pression exercée par l’occupant et qui prend en particulier la forme de réquisitions suivies de
représailles violentes.
Des prises d’otages ont lieu lorsque les habitants ne répondent pas aux exigences.
Dès 1914, des internements d’hommes mais aussi de femmes s’y ajoutent .Au total ce sont
100000 belges et français qui ont été déportés en Allemagne.
Au delà des zones d’occupation, les civils, notamment citadins, peuvent être directement touchés
par la guerre .Pour exemple la ville de Reims a connu 1O51 jours de bombardements
B La culture de guerre
« La guerre totale » passe aussi par la volonté de façonner et d’encadrer l’opinion des sociétés
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belligérantes.
La propagande, longtemps assimilée au seul « bourrage de crâne » et à une manœuvre
d’intoxication.
Cependant il s’agit d’une véritable culture de guerre. C’est à dire de l’ensemble des
représentations, des attitudes et des pratiques des années 1914 –1918
Doc 4 p 137
Censure : force d’interdiction, il s’agit d’éviter la divulgation du secret militaire. La censure est
inséparable de la propagande = « bobards »
Presse, films, cartes … en sont les supports .Cette propagande martèle un certain nombre de
vérités supposées évidentes : infériorité morale de l’ennemi, promesse de succès rapides,
héroïsme des combattants et surtout dramatisation des enjeux.
La propagande n’oublie pas les enfants.
Cas des fugues héroïques symbolisé par le jeune breton Jean-Corentin CARRE qui s’est engagé
sous un faux nom à 15 ans dans l’infanterie avant d’être tué en 1918.
Cas des exploits, mythifiés d’enfants –héros comme la petite Denise CARTIER amputée d’une
jambe à cause d’un obus allemand et qui aurait déclaré « offrir sa jambe à la France »
Les ressorts du consentement :
La haine raciale
La défense de la civilisation contre la barbarie
Idée que cette guerre est une croisade.
III) Une paix impossible ?
A Un bilan très lourd
1,4 millions soldats
Déficit de naissances 1 million
Destructions matérielles importantes 10 départements français touchés +zones d’occupation de
l’armée allemande ( puits de mines inondés).Au total pour le cas français on comptabilise en
destructions , 450 000 logements , 11 000 édifices publics , plus de 60 000 kms de routes ,5 000
kms de voies ferrées .
B UN DEUIL IMMENSE
1 Deuil individuel
Met en jeu les 600 000 veuves
1 100 OOO orphelins
Traumatismes propres aux deuils de guerre :
-impossibilité de « faire son deuil » cas des disparus
3 difficultés à pouvoir pratiquer les rites funéraires habituels 30% des
700 000 corps identifiés ont pu être rapatriés.
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Choc pour les parents et notamment pour les mères de voir
disparaître les enfants avant les aînés.
Traumatismes aussi pour les enfants et adolescents qui doivent
grandir sans leurs pères.
Maurice BARRES « orphelins que la patrie honore, le sel de la
Nation »
2 Deuil collectif
L’ensemble de la société française a été touchée par le deuil .Le pourcentage de tués par rapport à
la population est énorme.
Les commémorations sont nombreuses.
Ensemble documentaire p 14 2-143
36 000 monuments aux morts sont construits »Hommage rendu par les citoyens et par la patrie à
ceux qui sont morts à la guerre »
11 Novembre 1920 : cérémonie du soldat inconnu sous l’arc de triomphe à Paris, choisi au
hasard parmi huit autres tombés comme lui à Verdun.
La cérémonie du 11 novembre devient fête nationale. (Jour férié depuis 1922)
C Une paix compromise
1° Une paix de vainqueurs
Doc 4p 141 + calque
Répondre au questionnaire p141
Le traité de Versailles, mettait fin à la Première Guerre mondiale. Il fut signé, le 28
juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, entre l’Allemagne,
d’une part, et les Alliés, d’autre part. Le traité avait été préparé par la Conférence de la
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Paix (Paris: du 18 janvier 1919 au 10 août 1920) qui élaborait notamment les quatre
traités secondaires de Saint-Germain-en-Laye, Trianon, Neuilly-sur-Seine et Sèvres.
Bien que cette conférence ait réuni 27 États (vaincus exclus), les travaux furent
dominés par une sorte de «directoire» de quatre membres: Georges Clemenceau pour
la France, David Lloyd George pour la Grande-Bretagne, Vittorio Emanuele Orlando
pour l’Italie et Thomas Wilson pour les États-Unis.
L'Europe en 1923 au lendemain de la 1ère guerre mondiale
L’Empire austro-hongrois, l’Empire ottoman et l’Empire russe disparaissent, remplacés par 10
nouveaux États fixés par les traités en essayant de donner un territoire à chaque peuple ou
nation :
– les Slaves en Tchécoslovaquie et en Yougoslavie, sur les dépouilles de l’Empire austrohongrois ;
– la Finlande, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie sur l’Empire russe ;
– la Pologne à partir de territoires pris à l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et la Russie ;
– les Autrichiens, les Hongrois et les Turcs conservent chacun un État limité à leur territoire
national.
Les vaincus sont exclus des débats. Il est demandé aux plénipotentiaires allemands de signer le
texte sans qu'ils aient pu négocier quoi que soit. C'est une première lourde de conséquences dans
les annales de la diplomatie européenne. Les Allemands, qui qualifieront le traité de Diktat,
auront beau jeu de se prévaloir de cette infraction aux règles diplomatiques pour en contester les
dispositions.
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2°La grande désillusion.
La Société des Nations doit faire respecter le principe des nationalités et éviter une nouvelle
guerre par une diplomatie ouverte. Au lendemain de la guerre il apparaît que les principes
démocratiques doivent triompher .Cependant une fois passée l’euphorie de la victoire notre aire
géographique n’a pas connu un développement supplémentaire de démocratie .Au contraire , les
années Vingt se traduisent par une poussée d’autoritarisme comme en Espagne .Dans les
démocraties traditionnelles on assiste à une poussée révolutionnaire comme en France mais
l’heure est à la fierté d’avoir vu la république triompher et à des débats sur d’éventuelles
réformes .Un slogan soude tous les français « plus jamais çà ! » .Mais l’aspiration des français à
faire payer l’Allemagne est contradictoire .
La première guerre mondiale constitue un profond traumatisme pour ceux qui
l’ont vécue et a entraîné une grave crise morale .Le pacifisme et l’antimilitarisme
se développent.
La paix s’appuie sur le refus de l’oubli , selon le capitaine De Gaulle , « Chacun
sait, chacun sent que cette paix n’est qu’une mauvaise couverture jetée sur les
ambitions non satisfaites, des haines plus vivaces que jamais , des colères
nationales non éteintes . »
La brutalisation (selon l’historien américain MOSSE) souligne le fait que la
violence de guerre s’est perpétuée après la guerre et envahit toute la scène
politique.
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L’expérience de la première guerre mondiale a-t-elle été la matrice des
totalitarismes du XXème siècle ?
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