SEMINAIRE GOUVERNEMENTAL SUR L'ATTRACTIVITE DU TERRITOIRE ALLOCUTION DU PREMIER MINISTRE, M. DOMINIQUE DE VILLEPIN (Paris, 22 mai 2006) Je viens de réunir un séminaire gouvernemental sur l'attractivité de notre pays. C'est, vous le savez, un enjeu essentiel dans une économie mondialisée. La création d'emploi, le développement de la croissance, l'enrichissement du pays dépendent de la capacité à attirer les talents, les intelligences et les investissements. Nous avons, dans ce domaine, la France, une vraie longueur l'avance. Nous sommes un pays ouvert, un pays ouvert aux échanges commerciaux, puisque nous exportons et nous importons près de 30 % de notre production. La France s'est aussi ouverte aux capitaux étrangers, qui participent pour une large part aux financements de nos grandes entreprises. Elle est ouverte aux implantations étrangères puisqu'un Français sur sept travaille dans une filiale de groupes étrangers. C'est davantage, il faut le noter, qu'en Allemagne, au Royaume-Uni, ou encore aux Pays-Bas. Notre pays a su également devenir de plus en plus attractif : nous sommes une destination européenne privilégiée des investissements internationaux qui ont atteint 40 milliards d'euros en 2005, 664 projets d'implantation ou d'extension ont vu le jour l'an passé, permettant la création de plus de 33.000 emplois, souvent dans des secteurs à forte valeur ajoutée. Ces résultats sont le fruit des atouts de la France, des atouts historiques, comme la taille de son marché intérieur, sa position géographique en Europe, l'efficacité de sa main d'œuvre, ou encore la qualité de ses infrastructures, des atouts culturels qui sont indiscutables et qu'ils nous faut faire vivre. C'est ce que nous faisons avec une nouvelle politique en faveur de la création artistique en France. Mais nous pouvons aussi compter sur des atouts plus récents que le gouvernement a voulu valoriser tout particulièrement au cours des derniers mois. Je pense à la relance de notre politique de recherche et d'innovation avec l'augmentation du crédit d'impôt recherche et la création des pôles de compétitivité ; je pense aussi à l'amélioration de notre compétitivité fiscale avec le plafonnement de la taxe professionnelle, l'allègement de l'impôt sur le revenu et le plafonnement des impôts directs. Je pense, enfin, à la relance des investissements publics dans le domaine des infrastructures et de l'énergie. C'est dans ce cadre que j'ai décidé l'ouverture du capital d'Aéroport de Paris pour permettre à nos aéroports de se développer et d'améliorer l'accueil des touristes et des professionnels étrangers. Mais nous avons encore des ressources à exploiter, nous devons faire un effort permanent de modernisation et de promotion dans tous les domaines, y compris sur nos points forts, traditionnels. C'est le cas de l'organisation des congrès internationaux où notre avance se réduit. J'ai demandé à Christine Lagarde et à Léon Bertrand de mener une concertation avec les différents acteurs pour mieux promouvoir nos territoires. C'est aussi le cas en matière de tourisme : le contrat de croissance conclu la semaine dernière avec les professionnels de l'hôtellerie : restauration prévoit des mesures importantes de modernisation du secteur et de promotion à l'étranger de l'offre touristique française. Nous renforcerons aussi notre action en faveur du patrimoine et des monuments historiques. C'est le cas, enfin, de l'industrie financière : un projet de pôle de compétitivité sera prochainement présenté afin de conforter le rôle international de la place financière de Paris. Dans cet esprit, le gouvernement vient de présenter 40 mesures pour l'attractivité. Elles visent, au-delà de l'action générale de modernisation de notre économie, à améliorer au quotidien, dès cette année, l'attractivité de la destination France. Ces mesures préparées sous l'égide de Thierry Breton et Christine Lagarde, en collaboration notamment avec Nicolas Sarkozy, Philippe Douste-Blazy, Christian Estrosi et François Goulard, sont le fruit d'un travail en commun de plusieurs mois associant administrations, entrepreneurs, cadres, et étudiants étrangers. Ensemble, tous les acteurs, ont passé au crible les mesures antérieures, proposé des améliorations et chantiers d'action pour les années à venir. Ces mesures s'articulent autour de trois axes. Le premier axe, c'est faire de la France la destination favorite des talents, qu'ils soient cadres, entrepreneurs, chercheurs ou étudiants. Pour les étudiants de niveau "master", il s'agit de faciliter leur accès au marché du travail, en leur permettant de rester six mois pour trouver un poste et ne pas devoir retourner dans leur pays pour changer de visa. Pour les chercheurs, nous avons mis en place un programme d'ensemble qui, outre des mesures fiscales spécifiques, vise à nous donner les moyens d'attirer les meilleurs et ce, dans tous les domaines. D'abord, les scientifiques d'envergure mondiale, avec des chaires d'excellence, afin de pouvoir les accueillir dans nos établissements d'enseignement et de recherche. L'Etat s'engage à ce que tous les projets d'accueil de qualité soient financés. Mais aussi, les chercheurs implantés à l'étranger, qui portent des projets de création d'entreprises en France. Ceux-ci bénéficieront d'un accompagnement personnalisé et d'un partenariat technologique avec des entreprises françaises, pour les aider à concrétiser leurs projets. Les jeunes scientifiques à fort potentiel bénéficieront pour leur part, de 200 bourses Descartes à la rentrée 2006. Pour les cadres de haut niveau et leurs familles, nous simplifions le parcours d'accueil. Accueil, par l'administration, avec un seul et même interlocuteur pour l'entreprise, le cadre et sa famille, pour toutes les formalités relatives à l'entrée et au séjour en France. Suppression de la carte de "commerçant" pour tous ; cette mesure concrète va simplifier la vie de tous les dirigeants et mandataires sociaux résidant en France. Le deuxième axe, c'est de favoriser le retour des talents, permettre aux Français qui ont réussi à l'étranger, de revenir, et transmettre leur savoir ainsi que leur expérience. Aujourd'hui, plus d'un million de Français ont choisi d'aller travailler hors de nos frontières. Cela peut être un facteur d'enrichissement formidable pour la France, à condition de leur donner l'envie et les moyens de revenir ensuite dans notre pays. Pour cela, j'ai voulu que, pour la première fois, des mesures spécifiques soient prises pour garantir leur retour dans les meilleures conditions, et j'en citerai deux : la création d'un portail administratif unique pour fournir l'ensemble des informations nécessaires au retour en France. Deuxièmement, la possibilité de bénéficier d'un régime fiscal favorable pour la constitution d'une épargne-retraite, au titre des années passées à l'étranger. Le troisième axe, nous devons enfin agir sur les nouvelles frontières de l'attractivité pour promouvoir l'image de la France et sa lisibilité. La compétition mondiale s'étend aujourd'hui à un nombre croissant de domaines que nous avions jusque-là ignorés, comme le droit. Le droit des affaires français, et plus généralement, le droit d'Europe continentale, n'est pas assez compris à l'étranger. Une fondation pour le droit continental va donc être mise en place. Elle associera partenaires publics et privés pour assurer la promotion à l'étranger de notre droit, montrer qu'il favorise la création d'entreprises et la croissance. Parallèlement, le droit économique français continuera d'être modernisé, comme nous l'avons fait en matière de procédure collective, et enrichi d'instruments d'investissements familiers aux investisseurs anglo-saxons comme la fiducie. Vous le voyez, en matière de croissance économique et d'emploi, il faut se battre sur tous les fronts. Rester en alerte, prêts à nous adapter aux évolutions internationales pour en tirer le parti pour tous les Français. Il faut savoir défendre nos intérêts renforcer les grands groupes européens, protéger nos centres industriels, améliorer sans cesse notre capacité d'innovation, c'est tout le sens du patriotisme économique européen que le gouvernement défend depuis plusieurs mois. Mais il faut aussi savoir attirer sur son territoire, les investissements étrangers, rester une terre d'accueil, une terre d'ouverture, pour tous ceux qui ont un projet économique à construire en France, pour tous ceux qui veulent étudier dans notre pays. C'est bien l'objet des mesures en faveur de l'attractivité que nous venons de prendre avec le gouvernement. Je vous remercie./. (source : site Internet du Premier ministre)