Thème général de l’étude :
Depuis deux ans et demi, nous menons une étude portant sur l’analyse des représentations
et des pratiques d’exploitants agricoles de moyenne montagne française, soumis à de fortes
pullulations de bio-ravageurs (dont le campagnol terrestre, plus particulièrement).
Cette étude repose sur un partenariat entre chercheurs de sciences humaines et sociales
(géographie et anthropologie), de sciences bio-techniques (agronomie et biologie des
populations) et des techniciens de lutte contre les invasifs.
Le but de l’étude est de faire émerger les marges de manœuvres techniques et perceptives
dont disposent les agriculteurs pour adapter leur exploitation à une gestion renouvelée de la
lutte contre les invasifs des prairies ; qui soit à la fois conforme à leurs désirs/besoins,
pérenne pour l’exploitation et environnementalement acceptable.
Cette nécessité provient du fait que :
- La lutte contre ces invasifs se pratique encore aujourd’hui par le biais de la chimie
(hormis dans quelques communes expérimentales) et plus ou moins massivement ;
avec un impact considérable sur la faune non-cible, la santé des exploitants, ainsi que
sur l’image de l’agriculture, perçue de plus en plus majoritairement comme
contaminante.
- Les nouvelles approches proposées par les professionnels de la lutte (basées sur la
modification des pratiques agricoles et paysagères) ne trouvent pas d’écho favorable
parmi les éleveurs.
Pour accompagner le transfert de ces nouvelles orientations, il est donc nécessaire d’acquérir
une connaissance permettant d’adapter l’accompagnement agricole aux systèmes de
pensées et de pratiques individuelles des éleveurs et des conseillers agricoles.
L’acquisition de connaissances nous permet ainsi d’offrir des solutions transférables à des
individus ne partageant pas les mêmes systèmes de représentations et de pratiques, et
d’individualiser le conseil agricole à travers l’élaboration d’approches réflexives.
Thème spécifique de l’étude 2010-2011 :
Pour mener cet objectif à terme, nous avons recentré le nouveau volet de l’étude autour de
l’analyse des représentations et des pratiques associées aux produits chimiques, et ce
auprès des divers publics concernés (techniciens de la lutte, agriculteurs, vendeurs de
produits, chercheurs de sciences bio-technique), sur trois zones précises (Puy de Dôme,
Jura-Doubs, Ain). Un terrain a été ouvert sur chacune de ces zones (entre 2008 et 2010,
suivant la zone), et sera réinvesti autour de cette thématique.
Cette nouvelle étude contribuera à approfondir les connaissances déjà acquises et à affiner
notre compréhension d’un phénomène complexe : les raisons déterminant les choix et les
actions - propres à chaque individu - dans un système de pensée régit par l’ontologie
naturaliste, et dans des contextes régionaux spécifiques.
Cette étude sera menée dans le cadre d’un projet de réduction des pesticides à usage
agricole, financé par le Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de
la mer (MEEDDM).
Proposition de recherche :
Pour accompagner cette réflexion, nous proposons à un étudiant de M2
d’ethnologie/anthropologie de mener, dans le cadre d’un mémoire de master 2, une étude
des représentations d’un groupe d’éleveurs (10 à 15 personnes) des montagnes de l’Ain -
en collaboration avec un étudiant agronome, qui sera chargé d’établir une analyse des
pratiques – afin de faire émerger les divers cadres de pensées projetées sur des pratiques et
des items spécifiques (l’invasif, la lutte chimique, les pesticides, le système agricole, le
territoire, les relations sociales, la « nature », ….).