- Les déformations des orteils.
La plus fréquente des déformations des orteils est classiquement appelée orteil en griffe. On a
longtemps expliqué son apparition par une atrophie et une faiblesse des muscles intrinsèques
liées à la neuropathie, conduisant à une perte de l'équilibre des forces entre muscles
intrinsèques et extrinsèques sur les articulations méta-tarso-phalangiennes et
interphalangiennes. Néanmoins, des études récentes, réalisées par IRM du pied, ont montré
que ce facteur ne serait pas le seul impliqué. Il semble exister en effet des anomalies de
l'aponévrose plantaire, qui constitue un tissu conjonctif important dans la stabilité de la
flexion plantaire, et qui peut être déchiré ou fibrosé.
- Pied de Charcot
Complication ultime de la neuroathropathie diabétique, le pied de Charcot se caractérise par
une destruction de l'architecture osseuse du pied, une déformation du pied, qui favorise
l'apparition de plaies. Une phase aiguë initiale passe souvent inaperçue alors que l'on peut
mettre en place des moyens thérapeutiques afin de limiter ces déformations, notamment par
l'immobilisation et le port d'attelles. Une meilleure compréhension des mécanismes
physiopathologiques semble ouvrir de nouvelles voies de prise en charge. Les facteurs sont
multiples. D'une part, la neuropathie entraîne une amyotrophie mais également une perte des
capacités sensorielles de protection des os et des articulations, ce qui entraîne la répétition de
traumatismes avec microfractures et dislocations articulaires. D'autre part, a été mise en avant
la théorie neurovasculaire : la neuropathie autonome entraîne un état d'hypervascularisation,
avec une augmentation du flux sanguin, dû au développement de shunts artéro-veineux. Cette
hypervascularisation semble causer une ostéopénie, une augmentation de la résorption osseuse
et donc une fragilisation osseuse. C'est sur ce terrain qu'apparaîtrait, suite à des traumatismes
mineurs ou de manière spontanée, des microfractures et une dislocation osseuse. Toutefois,
ceci n'explique pas les aspects typiques du pied dans la forme aiguë, le caractère le plus
souvent unilatéral et sa rareté relativement à la fréquence de la présence d'une neuropathie.
Une récente théorie dite « inflammatoire » semblerait permettre de mieux répondre à ces
interrogations. Le lien commun est l'existence d'une inflammation locale, et il a été montré
qu'il existe à cette occasion un relargage de cytokines proinflammatoires comme l'interleukine
(IL)-1ß et TNFa (tumor necrosis factor), connus comme médiateurs de résorption osseuse via
un excès d'activité ostéoclastique. Les cytokines entraînent une augmentation de l'expression
des RANKL (receptor activator of nuclear factor kB - ligand). Ceci va activer la voie du
facteur de transciption NF-kB qui induit la maturation des précurseurs des ostéoclastes. Ainsi
un traumatisme mineur, parfois passé inaperçu, une plaie ou une chirurgie du pied pourrait
entraîner cette activation de l'inflammation, ce qui permettrait d'expliquer le « déclenchement
» du pied de Charcot 11.
- Ostéoporose
Le diabète et les fractures sont deux problèmes de santé publique. Bien que plusieurs études
se soient penchées sur la relation entre ostéoporose et diabète, elle demeure controversée.
Chez les diabétiques de type 1, la majorité des études a confirmé l'association entre diabète de
type 1 et baisse de la densité minérale osseuse (DMO) mesurée par ostéodensitométrie. Une
ostéopénie existerait chez 50 à 60 %, et une ostéoporose chez 14 à 20 % 12. Le risque
fracturaire est également élevé avec un risque relatif autour de 7 pour les fractures de hanche,
chiffre retrouvé dans plusieurs études13. Les résultats chez les diabétiques de type 2 sont
nettement différents puisque puique la DMO est normale à augmentée. En revanche, le risque