© Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 1 Forum Philosophie et spiritualité La transformation de la conscience Toutes les questions que nous nous posons nous ramènent invariablement à ce que nous sommes et reconduisent à la conscience. Ce que nous pouvons souhaiter de meilleur pour l'humanité actuelle, c'est qu'elle connaissent une véritable mutation de sa conscience pour passer du mental chaotique qui est le nôtre vers une intelligence plus large, plus libre, plus éclairée. Dans ce forum, ce qui nous intéresse, c'est l'ouverture de la conscience. Ce que nous visons en premier lieu, c'est la compréhension de la nature de la conscience, de la nature de l'ego et du mental. Il n'est pas possible d'entrer dans cette compréhension à moitié en se situant à l'extérieur. Il doit être bien clair que chacun de nous est en cause et que dans ces conversations nous faisons un travail sur nous même. En fait nous levons des obstacles en éliminant des erreurs. Une seule règle sur le forum : parler à partir de l'expérience et ne pas faire intervenir d'argument d'autorité. Donc, pas d'auteur, pas de citation, mais une grande attention portée sur ce qui est vécu. * * * Philippe D. Dès que nous nous levons le matin, nous sommes happés par un réseau de préoccupations. Nous entrons dans le monde avec les soucis et l'urgence de ce qui doit être fait. C'est la caractéristique de l'état de veille d'être une ek-stase vers le monde. C'est cette tension que nous appelons la vigilance quotidienne, la vigilance qui nous maintient perpétuellement sur le qui-vive. Mais est-ce cela être éveillé? Vraiment éveillé. Être conscient, est-ce vraiment cela? Magali B. Pourquoi ce mot ek-stase? Cela fait penser à quelque chose de réjouissant et de plutôt lunatique ! Philippe D. Dans ek-stase, il y a ek qui indique l'extériorité, et stase qui indique se tenir. L'état de veille, c'est l'état où la conscience se tient au dehors. Pas toujours joyeux non! Mais vers l'extérieur oui. Dans l'état de rêve par contre la conscience est tournée vers l'intérieur, mais elle ne le sait pas. Elle patauge dans ses contenus subconscients. Souvent les traces de la veille. Agnès T. Qu'est ce que vous lui reprochez à la conscience exactement pour vouloir la transformer? Philippe D. C'est vrai qu'on peut se demander s'il est souhaitable de rester dans l'égocentrisme ordinaire ! Ce qui devient intéressant, c'est de savoir ce que c'est que l'égocentrisme. Qu'est-ce que c'est fondamentalement que cet ego? Ce n'est pas vraiment une question de "vouloir transformer", mais plutôt de comprendre. La compréhension agit. © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 2 Magali B. Il y a bien des moments dans la vie où on n'est pas égocentrique. Quand on aime par exemple. Philippe D. Oui, dans l'amour l'ego se déclôt, c'est à dire disparaît. Quand on aime, il n'y a plus de sens du moi et c'est pourquoi on éprouve une unité,... jusqu'au moment où le désir débarque et l'ego revient, alors l'amour devient de l'attachement et l'attachement c'est toujours égocentrique. Milo B De toute façon pour connaître le bien, ils nous faut avoir fait l'expérience du "mal", mais comme le mal n'existe pas en lui même appelons cela : la peur. Serge C. Dans le monde de la dualité où nous vivons, il y a bien sûr la dualité bien/mal, et l'un ne va pas sans l'autre. La nécessité de passer par le mal pour connaître le bien n'existe pas. C'est comme si on disait : pour que tu comprennes la perte de soi dans la drogue, il faut que tu y plonge jusqu'au cou. Il est parfaitement possible d'avoir cette compréhension lucide tout de suite, et de transcender l'expérience elle-même, de ne pas en avoir besoin. Philippe D. La peur est une structure de conscience complexe. Il existe une peur naturelle, celle que je ressent quand mon pieds glisse au bord d'un précipice et qu'il s'en fallait de peu pour que je tombe. Mais la peur la plus importante est la peur psychologique. Je me fais peur en me représentant un futur oppressant, une menace terrible etc. Cette peur fait que la plupart des être humain vive dans l'effroi et l'insécurité. Maintenant que cela devient plus clair, qu'est ce que veut dire "comme le mal n'existe pas en soi nous appelons cela la peur"? Eric P. La transformation de la conscience, c'est l'expérience de Vie, de vivre. De vivre chaque journée et d'apprendre à chaque exercices que l'on fait, chaque obstacles que nous rencontrons, chaque personne avec qui nous parlons, nous nous chicanons. Transformer la conscience, je crois, peut être vue de plusieurs façon: l'une, comme je viens de le décrire par les expériences d'éveil; par l'utilisation de psychotropes, ce qui est une transformation artificielle et temporaire, mais qui malgré tout laisse des marques sur notre conscience et éveille d'autres façons de penser qui n'étaient pas présents auparavant; dernière façon à laquelle je pense, par la méditation, la relaxation. Il existe sûrement toutes sortes de façon de façonner notre conscience et différente façon de concevoir ce qu'est la transformation de la conscience. Celle que je veux explorer personnellement, c'est l'évolution de ma conscience, pour en arriver, comme le sujet le dit, à prendre conscience de la globablité de la race humaine, de moi qui est une unité parmi un grand nombres d'unités humaines. Avec ses conflits, ses peines, ses joies. J'en arrive à m'identifier plus comme terrien que Québécois ou Canadien. Mais il m'arrive fréquemment de retomber dans des vieux préceptes de personne bornée qui ne veut pas s'ouvrir aux autres nations ou races. C'est surtout quand l'insécurité me gagne et la douleur de mon âme. je ne tiens pas à m'étendre sur le sujet de la douleur de mon âge, premièrement ça serait long, deuxièmement c'est personnel et je ne veux pas étendre ma vie privée et ma personne sur le web. © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 3 Enfin, j'aimerais rencontrer un maître de la spiritualité qui saurait me guider. pas un guru ou un dirigeant de secte. Je suis assez autonome pour ne pas avoir besoin de cela. Non, en fait ce que je recherche ne se trouve pas sur le plan matériel, je continue à espérer quand même, si mon appel est entendu. :-) On sait jamais! Philippe D. La Vie se révèle à elle-même à travers la conscience que nous en prenons et en un sens, chaque expérience a son sens et le sens que je découvre, c'est une leçon par laquelle la Vie s'auto-révèle. L'auto-révélation de la Vie induit directement une expansion de conscience, ou alors ce n'est pas une auto-révélation, ce n'est pas une compréhension de la Vie, mais seulement une représentation. Serge C. Pour cette classification d'Eric, quelque remarques. L'expérience d'éveil, nous l'appelons éclair de lucidité, cet éclair qui jaillit d'une commotion intérieure où l'Intelligence et le Coeur sont simultanément présente. Pour ce qui est de l'utilisation des drogues, si nous abordons la chose sans préjugé, sans émettre de jugement de valeur, en ne considérant que l'expérience, il faut avouer qu'il peut y avoir effectivement des effets, des flashs d'expansion de conscience. C'est justement ce qui est gênant car, de retour à la vigilance ordinaire, le fossé se creuse. La comparaison entre un état modifié de conscience et une état quasiment nauséeux, terne est cruelle. Elle peut entraîner à la fuite. Le travail sur la conscience ne peut se faire qu'au sein de la vigilance et sans tricher. Le seul fait d'habiter complètement la conscience de veille la modifie profondément. Enfin, la mention de la méditation est effectivement très juste. La méditation permet de diminuer l'activité du mental, son agitation habituelle. Elle permet au Silence de se manifester. Il ne faut peut être pas trop attendre d'une technique. Toutes les techniques sont des instruments et les techniques spirituelles sont des instruments de purification et c'est tout. Aucune technique ne peut donner la lumière intérieure de la Conscience. La Conscience brille par elle-même, mais la désobstruction intérieure est essentielle. Pour être paradoxal : la méditation est indispensable... mais elle ne sert à rien!! Philippe D. Sur la maître spirituel, il y a ambiguïté. Nous avons en Occident une réaction épidermique contre les "gurus", parce que nous les assimilons à des manipulateurs de conscience et du coup le mot est devenu une sorte d'insulte. La contradiction, c'est qu'en même temps, nous sentons bien qu'une aide est précieuse et qu'il y a des personne dont l'éveil peut parfois provoquer notre réveil. Or c'est exactement cela le guru en Inde. Le mot guru vient d'un adjectif qui veut dire lourd (par opposition à léger : laghucetas, les esprits légers). Celui qui a les pieds sur Terre, dans la Réalité, qui ne plane pas ! Le véritable guru en fait renvoie directement au maître intérieur, il renvoie le disciple à son autonomie, afin que le disciple cesse de se croire disciple et trouve le maître en lui-même. Soyons notre propre maître et notre propre disciple. Maître par ce que nous restons autoréférent, disciple, parce que nous savons écouter, être attentif à tout ce que nous recevons, jusque dans les plus petits détails de la vie. Serge C. Ne pas vouloir entrer dans le récit de ses petits problèmes personnels est une pudeur qui a une très grande valeur. Il y a le poids de l'âge, les problèmes que l'on rencontre dans le vie, toutes les misères et les souffrances etc. Cependant qui est au coeur de tout cela? qui est la personne? La personne n'a pas à être rejetée. Elle est aimable pour ce qu'elle est. Comment se donne-t-elle? suis-je présent à moi-même dans ces circonstances de la vie où je me trouve accablé comme une petite personne limitée? qui est la petite personne limitée? © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 4 Alex B. votre renommée est grande et c'est pour cela que je voudrais vous poser cette question, à laquelle je souhaiterais que vous répondiez le plus vite possible : "quel sera, psychologiquement, l'homme du futur?". Je connais votre profondeur sûrement pas d'être pertinente. d'esprit et votre réponse ne manquera Philipe D. Laissons au portemanteau la "renommée", la "profondeur d'esprit" et toutes les formules enflées s'il vous plaît!! Accrochons tout cela à l'entrée du forum, au portemanteau. Prenons la question avec le sérieux et la simplicité qu'elle mérite. Elle est exactement dans la ligne des interrogation du forum. L'homme du futur, c'est l'homme que nous préparons maintenant dans le présent. ce n'est pas la peine de compter sur le temps pour accomplir des miracles et changer l'homme actuel si nous ne pouvons pas changer nous même intérieurement maintenant. Nous avons une fâcheuse tendance à croire que l'évolution psychologique va se faire aussi graduellement que l'évolution biologique et en quelque sorte sans nous. Il y a dans cette question un enjeu qui porte sur le statut de l'évolution. Nous souhaitons que l'homme du futur soit meilleur que l'homme d'aujourd'hui, que le temps soit un facteur de changement constructif, en bref, un progrès. Nous croyons dans l'évolution et nous mettons tous nos espoirs dans le futur, parce que le présent n'est pas très glorieux. Cependant, le temps psychologique n'est pas le temps biologique. Ce que l'homme du futur sera, est une question en rapport direct avec le rôle du temps psychologique. Or c'est bien justement ce qui mérite toute notre attention : de quelle manière vivons nous dans ce rapport au temps? Pour que le temps psychologique ait un sens, il faut qu'il soit une Durée créatrice et pas une répétition, une simple routine, une habitude. Bref, la Durée vraie, celle qui introduit le passage d'une évolution de la conscience, suppose une changement créateur de chaque instant. Pour qu'il y ait un homme du futur aussi neuf, aussi libre, aussi créateur, que nous le souhaitons dans nos fantasmes les plus idéalistes, il faut que naisse une conscience neuve, libre et créatrice. Irène B. J'entends souvent des personnes parler de maître spirituel. J'ai même entendu dire maintes fois que lorsque "l'élève est prêt", le maître apparaît. Moi aussi j'ai cherché et attendu ce fameux maître.... toute ma vie durant.... et puis un jour j'ai eu une terrible maladie, celle dont on n'ose prononcer le nom sans frémir, je crois que j'ai eu une prise de conscience (il me semblait en avoir tant eu durant ma pénible vie) plus grande et j'ai trouvé.... que le maître que j'attendais était en moi, plus précisément c'était moi. Toutes les questions métaphysiques, philosophiques, existentialistes que je me suis posées toute ma vie, je n'ai trouvé les réponses nulle part qu'à l'intérieur de moi.... J'ai trouvé autre chose aussi : que la pensée était co-créatrice, mais cela je la manipulais sans le savoir..... et aussi que rien n'est le fait du hasard... les rencontres que l'on fait, ce que l'on dit aux gens qu'on rencontre tous les jours ou .... par hasard ; certaines paroles marquent et souvent on dit ce que la personne attendait en fait.... moi je crois que la conscience de la planète est en évolution et qu'elle va faire un grand bond. Excusez moi pour ces "divagations" mais c'était "ma pensée du jour, ou mes pensées". Philippe D Merci pour les pensées du jour qui ne sont pas des divagations ! Sur la question du maître spirituel, il y a dans votre formule un itinéraire essentiel. Dans l'ignorance, pour l'ignorant, le besoin d'un éclairage n'est pas présent. Puis se manifeste dans la conscience une besoin de comprendre, le besoin de comprendre porté consciemment créer le chercheur. Le chercher de vérité, sent la nécessité d'être aidée, il devient disciple. Le disciple qui cherche appelle intérieurement un maître. Mais justement quand il le © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 5 rencontre, il se rend compte que le maître ne fait que le renvoyer à sa propre autorité intérieure, à son auto-référence. Quand la conscience a pris assise dans sa propre autoréférence, elle a trouvé le maître en elle-même. Et on revient au point de départ en un sens car le besoin d'éclairage n'est plus présent, car ce que l'on a cherché en dehors de soi est trouvé en soi-même. Le véritable maître reconduit le disciple à l'assomption de sa propre autonomie. Alors autant la trouve tout de suite sans détour. C'est alors que l'on se rend compte que la maître est présent partout dans les actes la vie quotidienne. Un chien qui passe dans la rue peut être l'occasion d'une compréhension, comme chacune de mes rencontres. Que la pensée soit co-créatrice est peu dire, la pensée est créatrice tout court. que nous ayons conscience ou pas de la pensée n'affecte pas sa puissance de création. Ce que je crois forme ce que je suis. Autant se rendre compte de ce fonctionnement du mental que de le subir. Maintenant, sur l'absence de hasard, il faut tout de même être très attentif. Il est vrai que chacun rencontre en fait les personnes qu'il doit rencontrer et au bon moment. Il n'y a pas de hasard en réalité, parce que la réalité est une intelligence qui se manifeste à elle-même. Cependant, cette vérité peut se corrompre en superstition, quand elle est altérée par la peur. Dans l'état de peur, nous avons tendance à voir des signes partout, parce qu'en réalité nous ne faisons que projeter l'image de nos inquiétudes et cela n'a rien à voir avec la corrélation infinie des événements. Les tendance obsessionnelles ont le même effet. Quand au grand bond de la conscience de l'humanité, c'est le sujet de travail de ce forum et nous allons devoir nous y arrêter très longuement. Irène B Le Temps c'est quoi pour vous ? Pour moi c'est une invention créée par les hommes pour compter, pour mesurer, quoi au juste ? Leur pouvoir ? Pour moi tout est là en même temps : le passé, le présent le futur, que le Temps n'existe pas, ou n'existe plus de la manière du moins dont on nous l'a présenté.... au fur et à mesure que j'avance dans le temps ? l'âge ? J'oublie mon physique et je laisse place à mon âme et mon esprit qui prennent plus de place dans ma vie. J'ai l'impression que tout est transparent, même les personnes avec qui je travaille et que je rencontre... j'ai l'impression que le voile se lève aussi puisque pour sentir "l'air du Temps", je le fais avec le mental.... sensations décuplées on dirait...hé dites, dans mon entourage, je passe pour une "originale" mais ça moi je m'en fiche, l'essentiel c'est que je sois Moi. Philippe D Le temps a plusieurs valeurs qu'il est important de ne pas confondre. Il y a le Temps de la Nature, qui est le rythme du changement de tout ce qui entre dans l'existence, se maintient et disparaît, le temps circulaire des saisons, des cycles du corps etc. Dans ce temps, le changement de la vie et de la mort suit son cours. Mais en réalité, nous ne vivons pas dans ce temps dans la vigilance ordinaire, nous vivons dans le temps psychologique, celui des attentes, des espoirs, des regrets, des souvenirs et c'est le temps psychologique qui nous fait souffrir le plus car il nous met toujours dans un ailleurs : demain ou hier. Ce temps psychologique, nous cherchons à lui donner une consistance, alors on s'en forme une image qui est le temps chronologique celui du comptage des heures et des jours, du compte des années et des siècles, mais c'est aussi cette impression de puissance que nous donne le calendrier, cette impression de dominer, de maîtriser le temps, parce qu'on le gère. Et c'est là que ta remarque est tout à fait pertinente. La volonté de puissance de l'ego se traduit par une représentation du temps liée au pouvoir. Or il suffit d'examiner avec attention ce pouvoir pour constater qu'il est illusoire. Je ne peux pas me transporter à la semaine prochaine, je ne peux pas revenir à l'an passé. Il n'existe que maintenant, ce maintenant dans lequel je me projette ou je me souviens. Le maintenant donne existence au concept du passé, et du futur, le présent pose l'extase du temps. Dans le présent tout est contenu. Aussi, quand je suis présent au présent, sans fuite extatique - en pleine conscience, le temps psychologique s'abolit. Le © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 6 changement suit son cours, mon corps vieillit, tout se transforme et rien n'est stable, mais en même temps, ce qui est fascinant, c'est que ce cours du temps se déroule sur mon propre fond immobile. Le Soi témoigne du temps qui se déroule en dehors de lui. J'ai déposé le fardeau du temps et repris pieds dans la propre Conscience qui est intemporelle. Une mention spéciale pour l'originale ! L'important n'est pas de passer pour une originale, c'est de vivre sa propre singularité telle qu'elle est et en un sens tout être humain est original, unique. Je ne crois pas qu'une personne éveillée à sa propre conscience doivent être semblable à tous autre personne éveillée, mais justement, la réalisation de soi c'est aussi l'expression tout à fait unique d'une manière d'être qui est strictement personnelle. Cela ne peut s'épanouir qu'en s'autorisant réellement à être Soimême. En s'honorant soi-même comme intériorité vraie et libre. Ce qui -en passant- n'a rien à voir avec le faire-valoir égocentrique pour s'afficher dans le personnage d'un "original". Pour une question de clarté et de précision, nous préférons sur le forum ne pas "majusculer" l'ego. Nous disons le Soi plutôt. Irène B. Justement à propos de la peur, je voulais vous faire part (puis-je) de mon expérience .... j'étais dans une situation difficile dont je n'en voyais pas l'issue il y a quelque temps... et puis un jour quelqu'un sur un forum comme celui ci m'a dit que c'est parce que justement j'avais peur, il m'a dit alors de prendre le courage et de la regarder en face, que tout ce qui m'arrivait était la projection de ma pensée et que j'attirais ces événements désagréables. C'est ce que j'ai fait ! ça a été dur, mais quand j'ai pu la transcender, mes problèmes se sont dissous comme ma peur d'ailleurs. Philippe D. La peur n'existe que dans la dualité, quand il y a une séparation entre la conscience et son objet. Sans la dualité, la peur ne peut pas tenir. Ce qui est étonnant, c'est que justement, un jour nous faisons l'expérience que la peur ne résiste pas au regard du Soi. La peur ne tient que par le dualité, la coupure, si la coupure n'est pas là que que je vis avec elle en pleine conscience, elle disparaît. Ici le courage est d'être pleinement conscient, lucide, sans introduire de jugement, vivre la peur, sans être emporté par son flux émotionnel. La projection de la pensée se fait dans l'émotion de la peur, comme dans toutes les autres émotions. Dans l'ignorance, je prend le train et je suis emporté par les suggestions de la peur et du coup, je m'installe dans un état de peur. La connaissance de la conscience et de ses état, permets de comprendre ce qui se passe, et de laisser le train émotionnel partir. Pour cela, il faut ne pas avoir froid aux yeux pour vraiment regarder la peur sans complaisance, mais aussi sans condamnation. Irène B. Quelqu'un m'a dit que j'avais un "ego surdimensionné".... je n'ai jamais compris pourquoi, alors je cherche, si on me l'a dit c'est que c'est vrai, ou bien nous sommes l'effet miroir des autres.... et puis celui que me l'a dit ne me connaît que par "écrit", dans la réalité personne ne me le dit, ou personne n'ose me le dire, même mon mari avec qui je vis depuis plus de 25 ans. Philippe D. Avant de se demander si on a un "ego surdimensionné", il va falloir comprendre ce qu'est l'ego tout court ! C'est quoi le "moi"? Le moi vrai? Le moi-enflé? Parler d'une enflure de l'ego est certainement dans certain cas toucher quelque chose de juste. Maintenant, tu évoques un point très intéressant pour nous mettre sur la piste. Le miroir des autres, c'est cette caractéristique remarquable qui fait que les autres peuvent spontanément repérer les angles morts de ma vision, m'aider à identifier les constructions, le projections, les attentes, les réactions de l'ego. Si je me comporte comme © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 7 une brute ou une garce, c'est à dire si mon petit moi devient ce personnage, je n'en aurais peut être pas conscience, mais le personnage sera identifié sous le regard de l'autre. Très souvent donc, ce miroir de l'autre est actif et nous renvoie le personnage que l'ego se donne. Parfois, une injure reçue peut contenir une leçon. Cependant, ce point est très délicat, car d'un autre côté, les réactions de l'autre lui appartiennent et elles ne sont pas toujours à prendre au pied de la lettre. Le point le plus passionnant dans cette affaire, c'est de voir quand on reçoit des remarques si elles éveillent un écho. S'il y a un écho, alors une émotion apparaît, on est courroucé, furieux, on se met en réaction de toutes sortes de manières. L'écho qui résonne ainsi dans les réactions indique qu'il y a des noeuds en moi qui ne sont pas résolus. Cela met l'accent sur ce qui est en moi. Irène B. En fait quand on me dit cela, ça ne me dérange pas, en fait je trouve cela presque flatteur.... moi j'aime bien qu'on me dise que j'ai un ego surdimensionné... en fait, cette personne m'a avoué plus tard qu'il avait pris vraiment conscience de l'orgueil qui l'étouffait et que je lui faisais justement cet effet de miroir ; le mien avait mis en évidence le sien. Je lui avais dit quelques paroles très désagréables à entendre, justement celles qu'il n'avait pas envie d'entendre et justement moi je me suis surprise à les dire aussi..... C'est incroyable ! lorsque je parle avec des personnes surtout sur le net, mes messages se formatent d'eux mêmes en fonction de la personne qui est en face et en ce moment je suis très expéditive, j'ai l'impression de "faire le ménage".... en fait dans ma vie c'est pareil ! Philippe D. Un ego surdimensionné, cela veut dire immanquablement une tendance constante à vouloir dominer, gérer, à organiser en fonction de vue personnelles, c'est à dire aussi à vouloir convaincre, voir manipuler, imposer. Cela va avec une certaine fierté personnelle, une glorification de sa propre différence, avec cette petite point qui consiste le plus souvent à vouloir avoir raison sur tout. Donc de l'orgueil et peu de simplicité. Voir cela est essentiel. Il est exact que tout ce que nous remarquons chez les autres est aussi présent en nous de manière potentielle. Quand je critique quelqu'un en disant qu'il est imbu de lui-même ou superficiel, ces deux formes, je les connais intimement, je sais intimement ce que signifie imbu de soi ou superficiel. Je peut me couler dans ce moule et je trouve toujours qu moins que dans le passé, je l'ai déjà fait. Prendre conscience de cela a un effet, cela abolit la séparation entre moi et l'autre. Cela veut dire prendre conscience que la Vie est relation intime. Quant à la question de savoir si le Net favorise des échanges vrais et directs, je ne suis pas vraiment persuadé que cela fonctionne vraiment. La plupart des gens qui interviennent sur les forum le font avec un art du masque assez consommé. L'ego se cache derrière un pseudo, rigole, se moque de tout, fait de la causette ou spécule avec des grands airs. Mais le petit air vif de la sincérité? La simplicité de la Parole? L'humilité qui consiste à partager et à découvrir? Sans la sincérité, la communication n'est que du bruitage confus. Irène D Au fait, quand je lis plus haut vos messages, je vois que vous parlez d'un bond de la conscience, "mon franc-maçon" me disait que la Terre s'apprêtait à faire un saut vibratoire et que ne pourront y survivre que ceux qui y seront préparés, j'ai ma petite interprétation là-dessus, quelle est la vôtre ? j'ai l'impression que tout a pris de la vitesse...Je crains toujours un peu de genre d'affirmations, car les sectes en font souvent leur choux gras pour alimenter je ne sais quoi Philippe D. C'est pour cela que nous n'avons ici qu'une règle majeure, ne pas s'appuyer sur une autorité quelconque. Nous voulons rencontrer toutes les questions seul à seul, sans © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 8 l'appui des livres, des personnes, des références académiques ou non-académiques. Si un trait de vérité émerge dans tout ce que nous pouvons dire, nous ne lui collons dessus aucune étiquette de propriété. Il serait tentant de faire des rapprochements, mais on virerait illico sur le forum au catalogue de citations et il faudrait alors se livrer à des commentaires, orientés soit dans le sens de l'apologie ou de la critique. Ce qui est très choquant, c'est que pour la plupart d'entre nous, l'autorité compte plus que la vérité. Une idée, quand on la pique dans nos lectures préférées est "juste", mais si elle est reprise chez un auteur honni ou détesté, pour toutes sortes de raisons, devient illico "aberrante"!! Pour un peu, il viendrait à l'idée exprès de citer tous les réprouvés de l'opinion, rien que pour montrer ce qu'ils ont dit de juste !!! Philippe D. Maintenant, la question du bond en avant de la conscience collective aujourd'hui est en effet importante. Il faut rester prudent sur ce terrain, mais nous pouvons commencer à en parler. Cela fait des années que le champ de la conscience collective est labouré et il y a une cohérence qui est en train de naître. La Conscience fait pression à travers la présence de plus en plus grande de personnes éveillées dans le monde. La pression se traduit par la destruction de ce qui repose sur la dualité, notamment la grande coupure entre ce que je suis et ce que je parais, entre l'extériorité et l'intériorité. Il est devenu extrêmement difficile aujourd'hui de cultiver le faux-semblant, car plus personne n'est totalement dupe. Ce monde de la fausseté, ce monde du mensonge ne peut plus tenir. Le taux vibratoire de la Conscience dans le monde est en train de s'élever effectivement et c'est dangereux, dangereux pour tout ce qui appartient aux valeurs de l'ignorance. Il y a bien une nouvelle conscience qui s'éveille et bientôt plus personne ne pourra réellement le nier. Disons que pour l'instant, c'est comme si on était encore dans l'obscurité, mais les lueurs de l'Aube sont là et le déferlement du soleil fait disparaître beaucoup d'ombre. Ceci n'est pas du tout une affirmation en l'air et nous n'avons pas besoin de citer des références dans ce sens (qui seraient effectivement nombreuses car il y a beaucoup de personne qui ont eu cette prise de conscience). Nous n'avons pas besoin d'ameuter la population et il ne s'agit pas de se fonder là une nouvelle religion. Ce qui est peut être plus important, c'est d'apporter de la lumière ici, maintenant, en nous même, plutôt que de spéculer sur l'Age de l'illumination !. Irène B Votre sémantique est franc-maçonnique on dirait... (et voilà encore un de mes défauts, j'ai tendance à généraliser, un tic dont je n'arrive pas à me débarrasser, cela me permet d'aller droit au but et de libérer ma conscience aussi, la facilité quoi...) Philippe D. Désolé, je ne connais rien à la franc-maçonnerie ! Jamais rien lu dans ce sens. Je n'ai pas rencontré non plus de franc-maçon. Je ne critique personne ici, je ne roule pour personne et en plus, je suis la règle du forum, pas d'autorité et l'explicitation directe du vécu conscient. Ce qui est dit plus haut est juste une perspective sur la relation entre la conscience et l'orientation du temps. C'est ce qui a dû attirer votre remarque sur ma sémantique. Irène B Très juste ce que vous dites sur l'ego, en tout cas très proche de la perception que j'en ai. Mais dites moi pourquoi moi je suis attirée par ces gens là, ces orgueilleux qui sont imbus de leur personne, qui veulent avoir raison de tout et sur tout ? En fait, quand je leur parle, c'est l'affrontement que je recherche ; et j'ai toujours envie de "me mesurer" aux autres je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, car je suis limitée en beaucoup de points, j'en ai conscience et mes limites m'agacent. © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 9 Philippe D. L'ego n'existe que dans la relation. Il n'existe pas tout seul. Il n'existe pas tout le temps. en fait, il n'existe vraiment que dans les réactions. Quand la conscience est limpide, neutre, paisible, il n'y a pas de sens de l'ego. Le besoin de se mesurer, de s'affronter est une manière de se poser dans un vis-à-vis en tant que moi. Il y a dans cette attitude un besoin fondamental : soyons honnête, un désir de reconnaissance de sa propre valeur. Si je doute un peu de moi, il y a une façon de me rassurer en cherchant l'affrontement et le triomphe dans l'affrontement, car de cette manière, je suis confirmé en tant que moi, moi, devant l'autre. L'ego se maintient de toutes sortes de manières, et celle-ci en est une. Vous êtes de ces personnes qui détestent rencontrer en face d'elle la neutralité. Vous avez besoin de sentir en face un autre moi, bien campé, capable de vous répondre. De vous répondre pour vous confirmer dans votre ego personnel. La neutralité est agaçante, parce que justement, elle n'est pas le fait d'un moi bien présent et qu'il vous faut un aliment pour vous sentir exister dans la relation d'affrontement. Irène B Vous dites que le net ne favorise pas vraiment les échanges vrais et directs....je dirai direct si ! mais vrai c'est discutable. Certes, souvent on projette inconsciemment une image fausse, mais le net est aussi révélateur de la véritable personnalité de la personne et de toute façon on n'arrive pas à tricher longtemps... J'aime bien discuter, échanger des idées, apprendre surtout, (apprendre à vivre mais je crois que j'ai compris qu'apprendre à vivre c'est apprendre à mourir, je l'ai expérimenté quand j'en étais si près); tiens on pourrait discuter sur le mot communiquer ; on me dit que j'aime communiquer parce que j'ai des problèmes de communication.... et je suis prof de communication.... je ne sais pas si cela est vrai, mais quand j'étais gosse, à la maison je n'avais pas droit à la parole, alors peut être que je me rattrape Philippe D. Le Net favorise l'expression tout azimuts, tout et n'importe quoi, des aspirations les plus sincères, les plus élevées, des déballages de drames intérieurs, des mesquineries politiques, des critiques stupides, de la bêtise prétentieuse à la connerie la plus épaisse !. tout ce qui peut donner de la voix ! Mais oui, c'est exact, les masques cela ne tient pas longtemps, ou alors, il faut s'en aller tout de suite et aller voir ailleurs ! Le fait même de parler en gardant l'intention de parler met sur une piste : le désir plus profond de clarifier des doutes et de se dire de manière plus intime. C'est ici notre point de départ. Ce qui est infiniment précieux et malheureusement assez rare, c'est le désir d'apprendre. Si la Passion d'apprendre pouvait être vivante en chacun ! Ce serait vraiment merveilleux. Exaltant. Fantastique. Cette Passion il faut la garder vivante. Le mot communication est un mot tellement défiguré que j'ose à peine l'employer. Dans notre monde post-moderne on a même réussi à installer l'idée que la télévision est un moyen de communication ! bon, je ne vais pas me lancer de ce côté, mais tout de même, communiquer, ce n'est pas informer et encore moins distraire. On ne discute par avec la télé, on ne communique pas avec, on est là hypnotisé par des images qui défilent et qui ne sont pas ma vie, mais des images de la Vie, de la vie des autres. La communication s'établit quand la relation est réellement vécue. Je ne dis pas qu'elle doit être "établie". Elle est déjà là, le drame de la non-communication, de la mécompréhension mutuelle, de la séparation, ce n'est du tout de ne pas parvenir à "établir", la communication, mais surtout de ne pas la vivre. Je suis en relation. Vivre, c'est être en relation. Et si je parle à partir de là, alors la séparation n'existe plus. La séparation, elle, doit être crée. C'est le mental qui fait des séparation, qui met une cloison hermétique. C'est lui qui juge : "celui là, après ce qu'il m'a fait, il ne faut pas compter que je lui parle". Le mental rompt ce qui est non-séparé. Quand je suis est présent, quand la spontanéité de la Vie se donne, alors, toute relation devient fraîche, immédiatement intime. Comme la relation est par avance établie sur un plan qui est celui du sentiment, la vivre - et enfin communiquer ! - c'est être présent dans le sentiment, de coeur à coeur. © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 10 Pour ce qui est du passé, nous y reviendrons, mais il y a un lien subtil entre ce qui est déposé dans ma mémoire, mes noeuds intérieurs, et mes choix dans la vie. Le passé non-résolu porte ses fruits. C'est un fait très facile à reconnaître. Irène B Excusez moi encore de vous ennuyer avec ces histoires d'ego mais encore une fois c'est vrai ce que vous dites là. Je crois que si je recherche l'affrontement c'est justement pour savoir si j'existe vraiment et j'essaie peut être de m'imposer, cela vient d'une souffrance qui remonte à mon enfance... j'entendais dire que je n'étais rien, que je ne valais rien etc... j'ai fini par croire tout ça. Plus tard, j'ai reproduit les mêmes schémas par mon mariage : d'après mon mari, il fallait que j'entre dans un moule, tout ce que je faisais n'était pas digne d'une femme "bien", je ne parlais pas toujours "comme il faut", enfin j'en passe.... j'ai toujours eu cette sensation d'étouffer... Philippe D. Soyons clair, nous n'allons pas ici faire le travail d'un psychanalyste qui irait décortiquer votre enfance pour l'interpréter. Non, ce qui nous importe, c'est de comprendre le fonctionnement subtil de la conscience. De toute manière, le présent nous importe infiniment plus que le passé. Ce que tu dis là, en parlant de reproduire les mêmes schéma, c'est la répétition du modèle. Il y a eu des blessures dans le passé qui ont laissé des traces, comme des traits dans de la pierre. Ces traces émettent des conditionnements. Concrètement, cela signifie que chaque fois que des circonstances analogues reviennent dans le présent, par rapport à une blessure du passé, aussitôt l'ego va répéter le même comportement. Indéfiniment les mêmes réactions, les mêmes peurs, les mêmes angoisses qui reviennent, parce que les traces sont toujours là. Nous n'allons pas faire le procès de nos parents, ils ont fait ce qu'ils ont pu, par ignorance ils ont parfois marqué la conscience de leurs enfants. Tout cela, c'est du passé qui est définitivement parti. Ce qui reste est plus essentiel. La répétition du modèle n'est pas difficile à identifier, à mettre en lumière. Et c'est tout ce que nous pouvons faire. Elle se déroule à partir des émotions, d'une sorte de remous des vielles eaux du passé. On est troublé intérieurement, déstabilisé et aussitôt, on réagit en enclenchant un comportement mille fois répété pour essayer de retrouver une sécurité. Je pressens que l'on mets en doute ma valeur, au fond de moi, cela me trouble, cela vient résonner en écho avec "décidément, tu ne vaux vraiment rien" du passé. Alors, je réagis brutalement et je produis mon modèle d'insurgé pour reconquérir ma valeur personnelle qui a été blessée. L'étouffement, c'est la sensation d'avoir vécu avec l'idée constante d'être en dessous de ce que je devrais être. N'être jamais à la hauteur. Ce poids du devoir-être. Ce poids, il est temps de le poser définitivement. Je dépose mes valises du passé et je pars en sifflotant ! J'arrête de m'imposer un devoir-être. Stop. J'arrête de vouloir me changer de force. La bonne nouvelle c'est : "mais, vous être très bien comme vous êtes ! Pourquoi voulez-vous changer? Soyez vous-même flutte !! Il y a un travail très intéressant à mener dans la vigilance, c'est d'identifier le fonctionnement des émotions. Juste regarder, sans vouloir intervenir. A chaque fois que cela se produit, tout un arrière-fond remonte dont il est possible de prendre conscience. Le voir produit un relâchement, un lâcher-prise. Irène B D'autre part, je suis animée d'une dualité profonde et j'en souffre : quelque chose me dit de faire telle ou telle chose et l'autre partie me dit le contraire ; j'arrive même à dire le contraire de ce que je pense parfois et je me dis que je suis une cinglée qui ne sait pas ce qu'elle veut. En fait, je crois que j'ai passé du temps à me chercher... en tout cas, ma maladie m'a permis de comprendre (comprendre ? est ce le terme exact) qu'après tout, mes défauts, c'était moi ! et que je n'avais pas à changer puisque je me sentais bien comme cela, même nulle, même disant n'importe quoi à n'importe qui et puis j'ai commencé à renvoyer l'image que les gens se faisaient de moi sur eux... du coup ça va mieux. © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 11 Philippe D. Cette dualité là est vraiment très spéciale. Le mot dualité ne convient pas tout à fait. Je prends une décision et j'argument à fond dans un sens. Puis, je m'arrête et j'ai une angoisse de me tromper et hop, j'argument à fond en sens inverse, pour la décision contraire ! Du coup, je ne sais plus du tout ou j'en suis ! c'est la confiance en soi qui manque au fond. Le Soi sait très bien ce qui est juste et très rapidement, avant que le mental ne se mettre en route. Le premier sentiment est juste parce qu'il coïncide avec Soi. Le renvoi d'image, c'est de la petite guerre personnelle. Il faut se camper droit devant ce genre de considération : en ai-je quoi que ce soit à foutre de ce que l'on pense de moi? Détruire l'image de soi, détruire l'image des autres, c'est déposer toutes les complications inventées par le mental. On se retrouve alors très simple, tout à fait joyeux, avec la sensation d'avoir déposé un poids énorme. Irène B Pour revenir à la communication, je ne pense pas que la télévision soit un instrument de communication, c'est un instrument de désinformation et d'aliénation mentale ; quand je pense communication, je pense "échange" mais j'arrête là, je suis atteinte de logorrhée chronique. En tous cas, en vous lisant, j'en ai appris beaucoup sur moi. Mais voyez vous, pourquoi est ce que je reviens toujours à moi ? "ego surdimensionné" ... Philippe D Pour liquider le souci de l'ego, il faut bien l'identifier clairement. Après tout le souci de Soi est tout à fait recommandable! S'honorer Soi-même dignement, c'est s'aimer soi-même en toute simplicité. Par contre, se fabriquer une image et un personnage plaisant, c'est tout à fait autre chose. Trafic de l'ego. Irène B Avant de pouvoir faire quelque chose pour "les autres" il faut que j'aie réglé cette affaire là.... et puis toute ma vie, je me suis dispersée en oubliant l'essentiel, mais l'essentiel c'est quoi ? pourtant il me semble que je suis près du but... Philippe D Ok. Pour être vraiment utile à autrui, il faut pouvoir cesser de vouloir leur en imposer et sortir de toutes les complaisances narcissiques. Y compris la complaisance dans des soi-disant problèmes personnels. Une manière rusée qu'a l'ego d'attirer constamment l'attention sur lui. L'essentiel c'est quoi? L'essentiel c'est Soi ! C'est à dire tout de suite, ici, c'est à dire qu'il n'y a pas de but, mais seulement du Présence consciente. Quand le but c'est être, c'est tout de suite atteint. Les gens qui parlent de "but" en matière de spiritualité, on dirait tout de suite qu'il sont dans un vague. Le vague le plus complet. Et en plus ne prenant des grands airs. Irène B J'ai à peine fini de poser la question que je formule déjà les réponses, les réponses qui me conviennent bien sûr c'est plus confortable ! Philippe D. Les réponses convenues ne sont pas de bonnes réponses. Les réponses confortables sont des mauvaises réponses. Le confort, c'est l'ego. Il adore la sécurité. Il cherche tout le temps à se sécuriser, alors il aime les formulations douillettes qui ne mettent jamais l'accent sur son oeuvre. Or nous cherchons nous à traquer l'ego. Pas la fausse sécurité, pas le confort. Si nous voulons faire descendre un peu pus de présence dans notre vie, il faut s'habituer à la non-sécurité. © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 12 Jean B. Merci, Il est bon de vous lire. J'ai aussi l'ego premier péché de l'incarné mais il faut bien faire avec. Mon egotrip se nomme comme. De lui est né un site qui me permet de philosopher à mon aise, une purgation comme cet écrit. Pourquoi, parce que l'on enseigne le mieux... parce qu'elle me manque. parce que j'ai tellement peur loin de elle puisqu'elle est et que je suis L'anomie me guette mais le tao m'enseigne. Conscient de n'être pas dans le même style que ce que j'ai lu, j"offre de bon gré ces quelques lignes qui m'aide à me conscientiser . L'absence que j'habite revêt les masques de mes conditionnements. Sans Masques la magie du miroir disparaît. L'absence que j'habite est un manque à être. Oubli dans l'oubli l'anomie me guette et le tao m'enseigne. Philippe D. Je ne comprend pas grand chose au début de votre texte. Le terme egotrip sonne bien. Cela signifie que l'ego vous mène par le bout du nez dans un voyage qui finit mal, comme un mauvais trip dans la drogue. Philosopher est une purgation dans un sens subtil, purgation par l'écriture peut être. Il y a des personnes qui éprouvent le besoin de coucher sur le papier des mauvaises pensées pour s'en débarrasser. Se "conscientiser". Cela veut dire quoi "elle" dans ce texte? Est-ce de l'abandon de celle que j'ai aimé et qui m'a quitté? C'est l'implicite de ce texte? Oui ou non? C'est un manque de sens de l'existence? C'est la solitude? L'anomie, c'est l'absence de loi. Cela veut dire quoi ici ? Que désespéré, je suis prêt à faire n'importe quoi? En dépit de toutes lois? L'absence a un sens vrai et un sens faux. Si c'est l'absence relative au désir, c'est du charabia complaisant de l'ego. Si cela veut dire que, du sein de ma propre présence, je comprend qu'il n'y a pas de "moi", il y a là un sens plus vertical. L'Absence, au sens radical, c'est plus de "moi" en lieu et place de la Conscience qui continuellement fuse et s'éclaire elle-même. Chaque conditionnement est un masque, parce qu'il est une forme du mental que l'ego se donne. Sans masque, plus personne au sens de la petite personne, plus d'ego, car l'ego aime les masque. La magie du miroir de la vie ordinaire, c'est de se donner des airs, comme celui d'un désespéré, d'un macho ou d'un je-m'en-foutiste et de se complaire du fait que les autres renvoient cette image, ce qui est une manière pour l'ego de se maintenir dans une forme. Pour le reste, encore une fois, les références, nous ne les commentons pas sur ce forum. Au fait, l'egotrip par excellence, est-ce que ce n'est pas se payer de mots? Se donner un air obscur- mais profond ? Irène .B ok pour la répétition du modèle comme vous dites, mais en ce qui me concerne, je sens que je dois répéter l'expérience, ou bien je suis attirée ou j'attire le même genre d'expérience ; cependant cette répétition d'expériences m'apporte un enseignement différent à chaque fois. Il me semble que pour "progresser" , c'est moi qui ai effectué ce choix car je me rends compte que bien souvent rien ne m'a été imposé mais j'ai "choisi" et c'est une évidence de plus en plus marquée chaque jour. Il me semble aussi que j'ai décidé d'expérimenter les "contraires", je m'explique et j'espère que vous comprendrez dans tout ce fatras d'idées... De femme indépendante, anticonformiste, ne supportant aucune contrainte... j'ai essayé de rentrer dans le moule d'une personne discrète, réservée, posée, soumise et à force de vouloir entrer dans ce © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 13 moule, il est devenu une seconde nature pour moi, je suis devenue les deux ; je peux me montrer autoritaire, avec un esprit étriqué, exigeante, sûre de moi, hardi et parfois je suis timide, coincée et perds totalement confiance en moi et la peur s'installe.... la peur de moi ? Philippe D. La répétition du modèle veut être attirer sans cesse sur soi des expériences qui entrent en écho avec ce que je porte en moi. Le besoin d'expérimenter des contrastes en fait partie. Mais pourquoi se casser la tête à se soucier de l'image du moi ? Quelle importance y a-t-il à se montre comme autoritaire, indépendante etc. C'est comme si tu passais ton temps à exprimer des réactions, puis à se demander ensuite à quelle image cela renvoie. Et qui dit que le Soi correspondent à une image? Il faut arrêter cet auto-examen constant, cette division entretenue, cette comparaison avec une image du moi que l'on estime devoir donner, que l'on ne devrait pas donner, que l'on est forcé de donner etc. Cette idée de "moule" est une manière spécieuse de donner une réalité à l'image du moi. Tout cela est un discours d'illusion. Il n'y a pas deux "moi", l'un acceptable, l'autre rebelle. Il n'y a que moi et les potentialités infinies de la conscience. La femme indépendante, la femme réservée etc. tout cela est à mettre au panier des images du moi. Dès l'instant où j'introduis dans une relation une image de l'autre, (c'est un flic, un homosexuel un ceci ou cela), je me coupe de la personne, je perds toute spontanéité et je me comporte seulement par rapport à l'image, et non en voyant en face un être humain. Cela fonctionne exactement de la même manière vis-à-vis du soi. Toute les images sont à détruite, toutes les images voilent et enferment dans une définition. J'ai à chaque instant le droit d'être différent, de ne pas correspondra à une image que je me suis forgé. Vivre sans aucune image, c'est être réellement libre. Irène B je me dis que ma véritable nature "reprend le dessus" et c'est celle ci en fait, et moi toute ma vie je n'ai fait que la masquer, la masquer pourquoi ? par crainte des autres, toujours les autres et leur regard, pour cacher "ma médiocrité".... j'ai cherché des années durant un sens à cette dualité permanente, mal vécue certes car je la vis comme une séparation de Moi, mais une séparation dont les éléments se complètent. Philippe D. Voilà qui tend à montrer que quand on pose une question, la réponse n'est pas loin, la réponse se trouve dans la question elle-même. La dualité ici est une fiction inventée par le mental. La séparation est produite par le mental qui se divise en deux en observateur et observé en pratiquant une coupure à la hache entre les deux, une séparation. Celui qui juge "t'est pas à la hauteur de ce que tu devrais être", "tu a réagi comme une idiote", tu ne devrais pas être fière de toi" etc. est le même que celui qui est jugé, le pauvre petit moi mis à l'index. Je suis c'est tout. Cela ne se mesure pas, c'est une manifestation unique, incomparable, vivante. Mais cette conscience commence à souffrir sans l'action du jugement et du jugement porté sur soi. Est-ce que ce ne serait pas une bonne expérience que d'arrêter de juger? J'arrête de juger, de condamner ou l'inverse de louer, d'idolâtrer qui que ce soi y compris moi. Je regarde la Vie comme une manifestation continue, diverse, très variée où tout est neuf et incomparable. Irène B. Je n'essaie pas non de montrer un personnage plaisant et aimant ; je ne pense pas avoir cherché à plaire ni à me faire aimer, cela m'amuse quand je vois qu'on a une opinion erronée de moi et j'aime bien cultiver cette opinion parfois et parfois cela me dérange et je me demande pourquoi ces gens ne font pas l'effort de me voir telle que je suis, pourquoi se fient ils aux apparences..... et puis maintenant j'ai vite réglé le problème, je me dis qu'ils m'envoient l'image de ce qu'ils sont. Je l'ai vérifié encore hier : quelqu'un m'a © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 14 traité d'égoïste, alors là j'ai franchement ri ! une personne qui culpabilise et qui me renvoie cette image là. Bizarre, en ce moment je rencontre plein de gens comme ça, qui me crachent à la figure ce qu'ils sont... Vous savez je ne culpabilise sur plus rien maintenant, peut être qu'enfin j'ai "posé les valises" comme vous dites, maintenant je me sens bien comme "en sécurité" et libre.... voilà la réponse que je donnerai si on me posait la question : "qui êtes vous" "une femme libre" pourquoi parce que j'ai "choisi" aussi de vivre libre ! Disons que je prends l'initiative pleine de mes choix et qui prétend m'aimer n'a qu'à les respecter. Je suis peut être hors sujet encore une fois... mais vos remarques sont pertinentes. Philippe D. Il suffit de lire attentivement ce qui précède pour voir à quel point l'obsession de l'image du moi est présente. Il faut être radical et sans compromis. Ce que vous êtes ne s'enferme dans aucune définition, y compris la définition de la femme libre, ce qui est encore une définition limitée... et encore une image du moi! Vous être Conscience, votre vraie nature, si justement elle est libre, est libre de toutes forme. Alors si justement vous prétendez être libre, ayez le culot de nier toute définition. vous ne pouvez pas définir ce que vous êtes, vous ne pouvez définir que ce que vous n'êtes pas. Toute cette histoire d'image de moi, ce ne sont que des complications du mental. et dire que vous exigez des autres qu'ils vous renvoie l'image que vous souhaitez leur donner - au nom de vos choix ! "qui prétend m'aimer" ! Cruel. C'est aussi ouvrir la porte à tellement de déceptions. Personne n'est là pour vous confirmer dans l'idée que vous vous faîtes de vous-même qui est toujours une illusion entretenue. Celui qui vous aime vraiment ne voient pas le trafic de l'image, il voit une personne aimable, qui mérite d'être aimée pour ce qu'elle est, pas pour ce qu'elle devrait être, ni pour ce qu'elle voudrait être, et encore moins pour ce qu'elle voudrait paraître être etc. Un être humain est touchant dans sa fragilité, sans son absence de présomption et la personne ne se rencontre que dans la simplicité... ce qui veut dire en l'absence complète de toute image. C'est un peu comme revenir à l'enfant qui était spontané, qui se moquait éperdument de toutes les comparaisons, parce qu'il était spontané. Vous vous êtes appliqué à tuer votre spontanéité par la comparaison, donc par le jugement. Certains d'entre nous y parviennent. Cela s'appelle prendre la pose, la pose de la bonne ménagère, la pose du business man prospère, de l'artiste etc. Mais prendre une pose tue la spontanéité et la spontanéité est la Vie. Irène B. j'ai essayé d'appliquer ce que vous m'avez conseillé : me positionner en spectateur des événements, eh bien je trouve que tout est plus facile et je me pose moins de questions et je me remets moins en question aussi, je me sens comme "déchargée" de quelque chose.... tout va tellement mieux ! je crois parce que j'ai changé aussi le regard que j'ai sur moi Anne B. J'ai enfin compris que (pour moi) je dois choisir entre mon ego et ma conscience. J'avais compris qu'aimer c'est rendre libre, mais comme vous dites, avec l'amour vient l'attachement et donc le désir, donc l'ego. Philippe D Il est assez paradoxal de formuler les choses ainsi. Remarquez bien : "j'ai", "je", "pour moi", "mon ego", "ma conscience". C'est comme si vous mettiez sur la Conscience les caractéristiques de l'ego, celui là même qui sans arrêt dit "moi", "moi". En même temps, vous comprenez qu'il a une différence de conscience entre vivre sous la coupe de l'ego et vivre en pleine Conscience. Vous présentez cela comme un choix, mais le choix, c'est l'ego. Vivre dans la clarté de la conscience, c'est laisser tomber moi, moi et cela implique une disponibilité lucide au présent sans choix. Vous avez pressenti qu'il y a dans © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 15 la Conscience vraie une auto-référence qui n'est pas celle de l'ego. C'est très juste. C'est même une intuition très profonde. Vous formulez cependant cela dans le langage de l'ego et ce n'est pas la même chose. Pour "comme vous le dites", nous rappelons que les interventions du forum sont indépendantes de toute autorité, y compris celle du cours de philosophie présent sur le site ! Maintenant, sur le fond, oui aimer vraiment, c'est laisser libre et l'amour n'est pas l'attachement qui lui réduit en servitude. C'est une compréhension décisive et un saut radical de la conscience quand cela est vraiment compris. Anne B. A force de chercher, j'ai bien vu qu'il y avait deux mondes: celui du " pouvoir", de la mort et de l'argent, du désir et de la violence ou de la séduction. Ce qui était recherché était quelque part le désir de survivre à soi-même: une oeuvre qui laisse trace. L'autre monde est celui de l'amour, de la vérité et de la liberté. Chaque fois que j'agis selon ma conscience ( celle qui est inscrite en moi) je me sens conforme à la vérité, je me sens libre, disponible aux autres. Philippe D. Je ne sais pas si vraiment il faut parler de "deux" mondes. Il n'y a qu'un seul Monde, et il y a des millions de fantasmes de chacun de ceux qui fabriquent leur propre monde. Dès qu'il y a "mon" monde "à moi", il y a l'appétit du pouvoir, le désir, la peur de la mort, la violence et la séduction, car tout cela est intégralement la projection de l'ego : la volonté de puissance de l'ego, le désir de posséder, l'agressivité de l'attachement, le désir de reconnaissance. Ils y a autant de "mondes" que d'ego fantasmant le monde. Quand le sens de l'ego s'efface, toutes les constructions tombent, et le Monde revient, simple, vivant, prodigieusement libre et toujours neuf. Ce qu'il a toujours été. Dans le Monde réel, la communication est infinie, elle est relation et cela est immédiatement présent dans la disponibilité. Anne B. Même avec les miens, je suis en équilibre instable mais ce qu'ils m'ont permis de découvrir, c'est justement que l'amour sculpte, burine la personnalité et lui donne sa vraie dimension. Philippe D. Dans l'état actuel des choses, presque toutes les relations sont en équilibre instable! Si vous regardez vos proches avec amour, alors vous changez votre regard sur les remarques qui tombent en flèche. Vous vous apercevez que les autres voient bien ce qui est est pour vous un angle mort de votre personnalité. C'est très instructif, à condition de ne pas se mettre à culpabiliser. L'amour aide la plante de la vraie personne à grandir, mais sans la contrainte d'un tuteur qui l'oblige à se tenir droit. La plante trouve sa vraie forme. Une éducation qui aiderait l'enfant à grandir dans l'amour l'entourerait de soins pour qu'il pousse en se trouvant lui-même. Anne B. Je souhaite à chacun d'avoir le courage d'agir selon sa conscience, celle que la vie a mis en lui. Car nous naissons avec un potentiel que nous ne connaissons pas, la vie est éducatrice et nous mène par des chemins que nous n'apprécions pas forcément, nous sommes confrontés à des obstacles qui exigent de nous une vigilance toujours plus grande envers autrui. Car autrui est notre révélateur, c'est lui qui nous limite et nous conduit. Il suffit de faire confiance. © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 16 Philippe D. Agir selon sa conscience, cela veut dire conserver en permanence l'autoréférence. La Conscience est par nature auto-référente. Il faut peut être un certain courage pour se décider enfin à vivre délibérément. Mais le courage est surtout nécessaire dans les obstacles, car pour être il n'est pas nécessaire de faire un effort. L'obstacle est une fine culture qui en effet provoque la lucidité à condition que l'expérience soit pleinement comprise. Sinon les obstacles vous casse et ne donnent aucune leçon. Autrui a une place particulière dans la transformation de la conscience. Parler de révélateur, est important. C'est ce que nous disions au sujets des angles morts de la personnalité. Parler de limite et de guide par contre ne va pas de soi. Au sens de la morale, autrui est représenté comme une personne et voir dans l'autre une personne, c'est reconnaître une limite à ne pas franchir, la limite du respect. Bon d'accord. Pour le terme de guide il y a vraiment ambiguïté. Si je laisse l'autre prendre la barre sur moi, si je suis soumis, si je ne fais que subir, sous prétexte que l'autre est mon "guide", alors nous sommes en pleine aliénation. Et une aliénation très ordinaire. Le terme guide appliqué à autrui a un sens plus précis : l'autre me renvoie en permanence à la Conscience intime, à la présence vraie, il me renvoie à moi-même en me donnant toutes les occasions possibles pour mettre en écho tout ce qui est en moi à titre de noeuds, de blessures intimes, de plis entretenu par l'ego, de complaisance, de fuite ou de compensation. Norbert C. Si la conscience d'exister est vraie, comment s'assurer (ou mesurer la possibilité) de l'existence d'autrui? En effet, seule la conscience de l'appartenance des autres à la réalité est accessible, mais qu'en est-il de la vérité que l'on peut donner à leur état de conscience ? Philippe D. Cette question est très intellectuelle. Je veux dire qu'elle est une question de l'intellect plus que du coeur. Qu'est ce qui est vraiment en cause dans cette question? Endeçà de la question intellectuelle? Il serait important de voir qui pose exactement la question. Cependant, elle recoupe des constructions mentales complexes qu'il va falloir éclairer. La conscience d'être est vraie et tout ce qui apparaît, apparaît au sein de la conscience d'être. Y compris autrui. Seulement, nous voyons poindre dans la question une inquiétude : je ne suis pas tout seul, il y a les autres. Il y a moi et il y a autrui. C'est une expérience qui est à même l'attitude naturelle. Je me réveille le matin inquiet, je tombe dans un monde oppressant, où il y a des choses qui pressent, où il y a aussi les autres qui me bouscule. Dans la vigilance, j'ai un peu le sentiment d'être jeté dans un monde, comme un papier dans la poubelle. Je suis semble-t-il précipité, je chute dans un monde des choses et des autres. Et puis voilà, je commence depuis un moment à pressentir qu'en fait, ce qui est premier n'est pas les choses ni les autres, mais la conscience dans laquelle ils apparaissent. et comme la plupart de mes problèmes sont liés à la relation avec autrui, je me pose la question de savoir comment situer autrui par rapport à la conscience qu'immédiatement j'identifie comme "moi". Quand je dit "moi", il y a "l'autre". L'un ne va pas sans l'autre! alors je suis coincé, je doit me débrouiller pour donner un statut à l'autre à partir de "ma" conscience, de "moi". Au sein de la conscience d'être se produit la Manifestation perpétuelle de la réalité : ma tasse de café sur la table, les cris des enfants dans le jardin, le menton qui me pique parce que je ne suis pas rasé, mon chien qui déboule dans le bureau et renverse mes cahiers. Tout cela est et s'étend de proche en proche à l'infini. Est-il pertinent de parle ici "d'appartenance des autres à la réalité? " C'est assez curieux. Comme si la réalité était une boite dans laquelle je devais ranger des jouets après les avoir étiqueté : un paillasson, un calepin bleu, un ciel d'orage, un "autre". Se poser la question de savoir ce que pense quelqu'un d'autre pour se demander ce que vaut son état de conscience est une erreur et une perversion intellectuelle. Quand © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 17 je suis à un carrefour, je suis les règles du code de la route en ce qui me concerne. Si je commence à me mettre à la place du type qui est à ma gauche en me disant "pour lui la priorité est..." je vais faire des bêtises. Je suis là où je suis et pas dans la tête d'un autre. L'action juste est ici et maintenant, dans la réponse que j'adresse à la situation d'expérience. Il est vain de spéculer sur les états de conscience d'autrui. Encore plus stupide est la reconstruction consistant à se demander ce que l'autre pense de moi et si il a une idée juste de "moi" ou si son état de conscience est fiable. C'est ce genre d'acrobaties qui entretient en permanence une relation conflictuelle avec soi et avec les autres. Il suffit de prendre le phénomène de l'expérience pour ce qui l'est. Cependant, il est assez remarquable que chacun existe de manière tout à fait indépendante et en quelque sorte l'autre renouvelle mes surprises car il n'est certainement pas là pour faire ce que j'attends de lui. Norbert C. Bien entendu, il n'est pas question ici de se demander ce que l'autre pense de soi mais si l'autre "se pense" ou plus exactement: Ne suis-je pas seul? Et si les autres n'existaient pas? Dans la vie quotidienne, je rencontre des personnes, mais dans mes rêves, j'interagis également avec des personnes d'une manière aussi crédible. Toutes apparaissent imprévisibles. Autrui appartient tantôt à ce monde que l'on nomme le réel, tantôt à ce que l'on nomme l'imaginaire. Dans chaque cas, je suis le témoin de ses réactions, tout comme autrui doit être le témoin des miennes (sauf si autrui appartient à mon imaginaire et n'a par conséquent aucune existence extérieure à mon être). Pour avoir la certitude qu'il y a bien symétrie, et qu'autrui est bien le témoin de mes réactions, il faudrait pouvoir s'assurer que j'apparais au sein de sa conscience d'être (ce qui suppose au préalable de s'assurer qu'autrui a conscience d'être). Philippe D. Petit détour : quand on aime, "l'autre" n'existe pas. Cela signifie seulement que l'altérité a pris fin, que la séparation a pris fin et que l'unité prévaut. Dans le conflit, "l'autre" est très présent et évidemment, simultanément il y a "moi". Mais cela signifie seulement fin de la séparation, pas fin de la personne spirituelle. L'amour est à la fois personnel et impersonnel, il s'adresse à une personne quand nous aimons réellement. Quand je me lève le matin, je sors d'un état d'unité, celui du sommeil profond. La dualité se met très vite en place, dans la tension de la vigilance ordinaire (bon sang, il faut que je me dépêche, il y a encore cela à faire etc.) Je suis précipité dans le monde de la séparation. La dualité est durcie et je me cogne contre les choses et contre les autres. Ce n'est pas sur la base de la vigilance que je peux rencontrer une expérience où je serais tout seul. Serge C. Il semble qu'il existe une différence entre la stase de la veille, et la stase du rêve. Le monde de l'état de veille a pour lui une plus grande cohérence que celui du rêve. Je peux à partir de l'état de rêve disqualifier les productions oniriques en me disant qu'elles ne sont que des illusions. Cela signifie que la manifestation du rêve a été engendrée par le mental. Ce qui est stupéfiant c'est qu'alors le mental se montre capable d'animer une histoire et de constituer des personnages de manière tout à fait réaliste. Autrui dans le rêve n'est que ma pensée, c'est une image animée, que j'ai inconsciemment animée, mais de sorte que je me prends au piège de ma propre illusion en croyant dans sa réalité. Ici effectivement, l'autre n'a pas d'existence propre, en lui-même, son irréalité est égale à celle de tous les objets du rêve. L'armoire du rêve est aussi irréelle que la belle amazone. L'ego en rêve est donc à la fois le sujet et l'objet de la représentation. Il ne s'agit que d'images, il n'y a pas de choses qui soient présentes, comme dans la perception, ni bien entendu, de personnes. Mais, attention, cette irréalité, je ne peux la dénoncer qu'à partir d'un autre état de conscience, l'état de veille. © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 18 Dans l'état de veille, je ne peux pas m'attribuer la Manifestation. Je ne peux pas me poser comme un illusionniste sortant n'importe quoi de son chapeau. Les choses et les personnes qui apparaissent, surgissent de la Manifestation universelle, dans l'espace, le temps et la causalité, cela n'est pas de l'ordre de mes fantasmes personnels, comme dans le rêve. Je ne suis pas créateur, mais je suis intégralement responsable de la manière dont je pense ce qui vient se manifester au sein de ma vigilance. Autrui existe ici bel et bien d'une manière indépendante de mon petit moi, comme les choses. Cette existence indépendante surgit non seulement dans ma conscience, mais elle est aussi conscience, conscience qui perce et me transperce dans son individualité même. Le monde des personnes. Le monde spirituel des esprits. Ce qui est cependant assez fallacieux, c'est que la dualité paraît si forte, que l'extériorité m'incline à croire qu'il y a une séparation complète entre moi et l'autre. C'est une illusion. Autrui ne fait pas partie de mon imaginaire, mais il n'est pas tout autre, complètement séparé. Autrui est conscience, comme je suis conscience. Peut être la même Conscience sur le fond ! Flamme d'un même feu. La Vie qui frémit, qui souffre, se perd, s'oublie, ou se retrouve en moi est la même Vie qui s'éprouve elle-même, se donne, se perd et se retrouve en lui. Je n'ai pas besoin d'une gymnastique intellectuelle pour supposer qu'il pense comme moi. Je n'ai même pas à me poser la question de savoir s'il pense correctement tel ou tel chose. Il est conscience. Il est conscience d'être. De même que je ne peux douter de ma propre conscience d'être, je ne peux douter de la conscience d'être en lui. Pourquoi donc aller se torturer le mental pour savoir comment l'autre me perçoit dans sa conscience? Pourquoi donc se demander s'il y a une conscience d'être en l'autre? Et, d'abord, qu'est-ce qui nous prouve qu'il n'y a pas une conscience en toutes choses? Irène B Juste pour revenir à ce que vous avez inscrit précédemment sur les "guides" ou "maîtres" spirituels... d'abord quelle différence faites vous entre ces deux termes? Pour ma part, j'aurai tendance à dire qu'un guide est une entité, une personne qui nous montre la voie à suivre, les attitudes. à adopter... et pourtant il faut être vigilant car cela peut correspondre à la vision qu'il a du monde, pas forcément exacte, et il peut en profiter asseoir son pouvoir et ainsi aliéner la liberté de l'autre. Un maître est différent puisqu'il nous renvoie toujours à nous même et nous fait prendre conscience justement de notre propre conscience. Un maître n'est pas forcément un être humain, cela peut être un événement, un animal, une plante même qu'on prend la peine d'observer... En fait, quand je fais la synthèse des événements qui ont ponctué ma vie, tous m'ont ramené à moi et je crois que j'ai pris enfin "conscience" de ma dimension. En tout cas vos paroles formulées ici dans ce forum m'ont aidé à bien avancer. J'ai cheminé à petits pas et cette année j'ai le sentiment d'avoir fait un pas de géant. Philippe D. Conformément à la règle du forum, nous éviterons toute référence, toute autorité. Cette question invite des tonnes de commentaires ésotériques. De quoi polémiquer pendant des pages et perdre son temps. Que disent les mots? "guide" est un terme que l'on rencontre en mécanique, pour désigner une pièce qui coulisse et doit être maintenue suivant un axe dans un assemblage. Le guide empêche que la pièce qui est en mouvement ne sorte de ses gonds, comme dans mon garage où des pièces maintiennent guident - la porte coulissante afin que l'on puisse fermer correctement. La métaphore est assez parlante : le guide maintient dans une voie à suivre. Cela se justifie dans la mesure où celui qui manifeste le besoin d'être guidé se trouve dans un état de complet égarement et a besoin d'une aide pour se retrouver, se recentrer en quelque sorte, après s'être perdu dans sa propre circonférence. Il y a ici effectivement un péril, car il serait possible de tirer profit de la faiblesse par le pouvoir. Si l'amour n'est pas présent et que seule la volonté © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 19 prétend guider, alors l'acte de guider, au lieu de donner le conseil ou l'inspiration juste, va tourner à la manipulation. "maître" contient une référence d'autorité qui évoque le respect enveloppé de l'admiration. C'est un mot qui renvoie à l'attitude de "élève", comme en maternelle "le maître il a dit que mon dessin, il était très joli" ! Ou comme en peinture, ou on parle du maître et de ses élèves. Cela se dit aussi dans l'autorité du psychanalyste célèbre que l'on écoute presque religieusement dans ses séminaires et ses causeries : le public "boit les paroles du maître". (Je laisse de côté la relation maître/esclave, pour m'en tenir à la relation maître/disciple). Ce qui est important en l'affaire, c'est de voir que le maître est posé par le disciple. Dans la mesure où cette relation est instaurée, il appartient au maître de ramener l'admiration, le respect, l'autorité sur la personne du disciple pour s'en dépouiller et ne laisser en tout et pour tout que l'essence, la maîtrise. La maîtrise veut dire auto-référence dans la discipline qui permet d'être indépendant et en pas s'appuyer sur un autre. Partout où je rencontre la leçon de l'auto-référence, l'éclairage qui brusquement illumine ma compréhension, il y a la présence subtile du maître en quelque sorte. Vous avez déjà observé des canards? quand on leur jette un bout de pain, ils peuvent se disputer, mais l'instant d'après, ils ont battu des ailes, se sont éloigné et c'est fini. Le canard sait gérer l'émotion. Il l'exprime et ne l'entretient pas, l'émotion le quitte et il est aussitôt aussi lisse et tranquille que l'eau sur laquelle il nage. Le canard est un maître! Il m'enseigne par son exemple, il m'enseigne si je suis capable d'intégrer en moi ce qu'il me montre. Sam. B. Qu’est ce cette conscience supérieure? Aucune conclusion à ce sujet, simplement la longue problématique suivante : soit elle est comme la conscience animale une sorte de mécanisme intrinsèque à la matière organique, soit elle est phénomène indépendant ; ainsi elle est soit outil mettant « je ne sais quoi » à notre portée soit une sorte de produit d’interférence entre mécanismes physiologique ou que sais-je encore. Philippe D. Dans ce forum, nous n'introduisons pas de référence d'autorité, de théories, pour nous attacher à l'expérience consciente. Tout ce que je connais n'est connu que par la conscience. Tout le reste n'est que oui-dire et abstractions. Donc, ce qui est important dans votre intervention, c'est ce qu'est la conscience vitale en moi ? Qu'est-ce que le mécanisme dans ma propre pensée ? Y-a-t-il des expériences qui attestent qu'une conscience mentale semble bel et bien exister en dehors de ma conscience vitale (attelée au corps-propre) dans l'expérience de l'état de veille. La Conscience pure vient-elle se réverbérer dans mon système nerveux pour donner lieu à mon expérience de vigilance? Je n'écarte rien. Nous souhaitons seulement éviter la spéculation en l'air, sans lien avec l'expérience. Eric H. Comment peut-il y avoir auto-référence à soi-même, lorsqu'on n'est plus identifié a une personne? Comment la conscience indifférenciée peut elle se différencier d'elle même? Comment goûter le vivant paradoxe d'être tout et rien en même temps? Expliciter l'implicite n'est-ce pas comme vouloir se mordre les dents? Il n'y a aucune obligation à devoir répondre ou ignorer ces questions. Serge C. Le terme auto-référence peut s'entendre en un sens relatif et en un sens absolu. Au sens relatif, l'auto-référence veut dire référence à ma petite personne, donc quelqu'un, moi, avec mon histoire, mes parti-pris, mes croyances, mes référence de culture etc. C'est © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 20 exactement ce qui se passe quand je juge de manière égocentrique : je ramène tout à moi et de ce fait mes jugements sont entachés de subjectivité personnelle, de comparaison larvée avec d'autres. C'est "selon moi ...". Au sens absolu, l'auto-référence veut dire ce qui procède avec une nécessité intérieure de mon Soi le plus profond, sans comparaison, sans parti pris, sans appui sur une autre autorité. Cela peut ne pas sembler très rationnel, mais il y a une spontanéité, une justesse qui trouve son chemin. Pour l'ego, l'auto-référence vraie est en fait ressentie comme le domaine du non-référent. Marcher dans l'inconnu, mais avec un pas assuré et juste. Je ne suis pas sûr que la seconde question corresponde à une expérience vécue. Ce qui est beaucoup plus clair, c'est pratiquement l'inverse : chacun de nous a une nette conscience de sa différence, de sa conscience individuelle égotique et n'envisage pas du tout que celle-ci puisse jaillir d'un Fond indifférencié. Par contre, cela se précise quand on compare l'état de sommeil profond (indifférencié) et l'état de veille (différencié). S'éveille dans la vigilance au matin, c'est sortir d'un état indifférencié pour plonger dans la différence et dans une différence que l'on croit tout de suite réelle. La troisième question est superbe. Elle est la réponse au question précédentes, sauf que le "comment" n'a pas de sens. Exister, dans le vif, sur le vif de la lucidité, c'est exactement cela. La Présence, c'est ce paradoxe vivant : sentiment d'être uni à toutes choses et de n'être rien de quantifiable, d'indentifiable. Enfin, la quatrième question pointe aussi sur un paradoxe, mais qui n'est en fait qu'apparent. Il faudrait exactement cerner ce que représente l'implicite. L'implicite est présent en chacune des expressions de la pensée sous forme d'acte, de parole ou de comportement, comme si tout ce qui émergeait de moi était porté par un fond implicite que j'ignore la plupart du temps, de sorte que prendre conscience de soi, c'est remonter le cours de la pensée depuis son état exprimé le plus grossier vers ses états plus subtils, naissants : ce qui est habituellement considéré comme inconscient. Il est tout à fait possible de prendre conscience de l'implicite. Je dis une parole désagréable à quelqu'un. Je me rends compte que cette pensée est venue de l'intérieur, d'une rancune sourde que je porte par-devers moi. De l'implicite qui se dévoile. Où est donc le fait de "se mordre les dents"? Ce qui m'interroge en fait ici, c'est la provenance (implicite!!) des questions posées par Eric: s'agit-il de s'amuser avec des paradoxes du mental ou de se poser de vraies questions? A partir de quelle expérience les questions émergent-elles? Quelle est le lien avec ma vie de tous les jours? Clémentine A. La conscience existe sous plusieurs formes....on dit avoir conscience d'un problème....prendre conscience de... ou encore perdre conscience..... Mais peut on parler de transformation de la conscience? On devrait plutôt parler de niveaux de conscience. Car la conscience c'est un assemblage subtil de connaissances mais aussi d'instincts... L'instinct confronte l'homme et son inconscient....il fait alors apparaître ses désirs refoulés alors que les connaissances apportent une maîtrise des pulsions Serge C. Il faut éviter de tout mélanger. Il y a la conscience morale qui se traduit par l'évaluation en bien/mal de l'action, le jugement et toute la suite des conséquences : remords, angoisse du choix, honte etc. Il y a la conscience psychologique qui est l'état de veille, qui est communément la vigilance. Dans la vigilance, la conscience est dans un état particulier, elle est dans l'état de veille qui diffère entièrement par ses caractéristiques du rêve ou du sommeil profond. La vigilance est surtout une attention tournée au dehors : il faut faire attention ! Rester sur le qui-vive ! Elle est naturellement extravertie, tournée vers l'objet. Ce qui implique que la vigilance commune comporte aussi un oubli de soi. Ce qui nous intéresse sur ce forum, c'est de savoir s'il est possible que la conscience s'éveille au © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 21 sein de la vigilance à une plus haute lucidité. C'est non seulement possible, mais tout à fait accessible et les perspectives qui s'ouvre alors sont considérables. Nous parlons de transformation de la conscience, car il y a un travail possible sur la quasi-somnolence ordinaire qui est notre vie, sur notre prétendue vigilance. Cela va comme cela la réponse? Pour ce qui est de l'instinct, de l'inconscient, parlons de l'expérience directe, évitons de déraper dans des théories. Avez-vous une seule expérience personnelle précise de ce que vous nommez inconscient? De la pulsion? Si nous en restons à des théories genre théorie freudienne, nous en restons à une connaissance de seconde main, à du ouï-dire. Cela peut marcher dans le domaine de la physique et des sciences, mais cela n'a aucun sens pour ce qui est de la conscience. Irène B. Je voulais vous demander si le fait de rechercher le confort , d'acquérir des biens matériels était une manière de "prouver" son existence, de se rassurer, que sais-je encore ? quand on a recherché une forme de spiritualité ou un niveau de conscience toute sa vie, quand on n'est jamais arrivé à se positionner par rapport à ses proches, ses collègues, le Monde, les événements.....et qu'on n'a rien trouvé... enfin c'est du moins l'impression qu'il en ressort. Vous savez ce que je ressens actuellement ? le Vide ! la vacuité totale ! puis finalement je m'y sens pas si mal que cela, je trouve que tout est futile et j'aime bien "perdre mon temps" pour des activités sans importance.....Un "éminent" penseur m'a dit que le fait de rechercher le confort matériel était un moyen de satisfaire son ego... on en revient toujours à ça ... l'ego ! Une autre manière de reposer la question d'Eric H ! Philippe D. L'importance que nous accordons au confort, à l'acquisition des bien a un sens dans les profondeurs de la conscience et le plus souvent effectivement, c'est une façon de se rassurer. Nous faisons beaucoup d'effort pour nous convaincre que notre vie est tout à fait comme il faut, que nous sommes quelqu'un qui a réussi et tout le tralala de ce type. Mais au fond de l'âme, il y a le sentiment de vide et un jour, entouré de tout ce qu'il faut, on est devant sa misère intérieure. Mais enfin, tu as tout pour être heureux!!! C'est quoi le "tout" dont le soi à besoin? Et si c'était son propre Tout, sa propre plénitude? Et c'est là justement que les choses se renversent, car la plénitude du Soi, c'est la Vacuité sans objet, Cela que je porte en moi, que je porte partout, et qui n'a rien à voir avec mon sac Versace, ma maison de campagne, mon compte en banque, mon coin de soleil à Saint Barth' ou autre. Etre un flux libre, un mouvement de la Vie qui ne transporte pas de poids donne une sacrée liberté ! Sentir à chaque instant que l'on pourrait tout lâcher et partir, parce que la Vie est un mouvement libre et sans attache. Une liberté Sacrée. Et c'est peut être effectivement qu'alors on se dit que la recherche de la sécurité dans les choses est un processus qui appartient seulement à l'ego. Sam B. Une chose me parait fondamentale: la conscience en tant que phénomène commun ne doit pas perturber l'étude que l'on en fait au sens philosophique voir spirituel. S'attacher à voir ce que l'on ressent comme un principe de la conscience ne peut que nous mener à des conclusions erronées. Nous voir comme des entités binaire, de corps ET d'esprit, souligne que la conscience ne peut qu'être altérée par la sensation que l'on en a. Ainsi le mode de fonctionnement de la conscience lors d'un sommeil ne être peut opposé à celui de la conscience d'un individu éveillé afin de décrire ce qu'est la conscience: le sommeil n'est il pas le lieu de repos psychologique de l'organe jonction entre corps et esprit, n'est ce donc pas précisément le moment ou la conscience nous laisse un peut de répit ? Certes on peut parler de la conscience comme un nom commun courrant dans nos phrases, ce qui à vrai dire reviendrait à discuter des définitions que donne le "petit robert" de la conscience... © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 22 Philippe D. Il n'y a pas de distinction possible entre le phénomène et l'observation et bien sûr le seul fait d'observer change cela même qui est observé : c'est bien le but ! Si je suis hypocrite et stupide, et que je ne m'en rend pas compte, je ne fais que jouer mon petit personnage dans la vie de tous les jours. Au moment même où j'en prends réellement conscience - dramatiquement, pathétiquement, à en pleurer - je change ma relation à l'hypocrisie, à la stupidité et quelque chose se produit. Toute observation est un lien entre observateur et observé, y compris dans les sciences. A un niveau grossier, cela ne se remarque pas, mais un niveau subtil, l'action de l'observation est immédiate et profonde. Dans le sommeil, il y a un répit en effet, le répit accordé est la suppression de la pensée la suppression de la conscience de l'ego. L'ego de la veille est une entité qui n'existe pas toujours. Il y a des moments sans ego, avec ou sans conscience, le cas du sommeil profond est une absence de l'ego, mais enveloppée des ténèbre de l'inertie. Mais cet absence du sens du moi se produit aussi dans la veille, par exemple dans l'étonnement, ou dans l'amour. Il n'y a pas d'expérience claire de la dualité corps/esprit, ce n'est qu'un concept, pas un vécu, l'expérience proprement humaine est toujours dans l'incarnation donc dans la relation corps-esprit. Cela ne nous autorise pas pour autant à dire que le corps, c'est l'esprit. C'est pourquoi nous nous servons de ce couple de termes corps-esprit. Alena B. Tout d'abord, je suis heureuse de me joindre à vous sur le forum de ce site riche d'enseignements et aide précieuse pour qui cherche l'Eveil, par la transformation de sa conscience. Nous sommes des êtres communicants, mais comment être soi quant il faut constamment s'adapter à la psychologie des autres ou à leurs schémas de raisonnements sous peine de ne pas être compris, ou de passer pour un farfelu, et risquer l'incompréhension, la raillerie, la dérision...( bon, ça vaut mieux que périr sur un bûcher pour hérésie...).La pensée "commune", occidentale, exerce une sorte d'emprise et commencer à s'en échapper, c'est un peu s'exclure... un peu s'isoler. Alena B (suite)* Les grandes questions existentielles ( d'où vient l'ordre superbe de l'Univers? Qu'est ce que l'Infini?où naissent nos pensées?peut-on connaître l'esprit? Y a t il Une Vérité ? Pourquoi sommes nous ignorants et de surcroît ignorants de l'être? la Création ex-nihilo?le Temps, les cycles, les saisons, les facettes innombrables et merveilleuses du déploiement de la Vie, les galaxies, l'infiniment petit, ........) ces questions m'ont toujours habitée et j'observe mes congénères avec l'étonnement de leurs préoccupations habituelles qui prennent toute la place dans leurs pensées et excluent ces questions, vaines pour l'agnostique, résolues par la foi pour le croyant, et inexistantes pour le quidam. Le chercheur spirituel est obstiné car il veut apprendre, comprendre, évoluer, s'élever, se perfectionner, et derrière les réponses qu'il trouve parfois, se cachent des écueils, et aussi d'autres questions. Au fur et à mesure de sa progression, il voit les autres qui stagnent dans leur ignorance, qui y croupissent même et rejettent leurs maux sur la faute à pas de chance, les autres, la société, la politique, que sais-je encore...(oh là là, c'est pas très gentil ce que je dis là), il voudrait tant qu'ils cherchent à s'élever aussi, à transformer leur conscience, à chasser de leur esprit l'avidité et l'aversion qui soustendent leurs agissements.. Mais il ne peut donner à chacun qu'à la mesure de sa faim sinon il les gave... et puis il n'en est qu'au début de la transformation de sa conscience lui même, alors... l'humilité doit être sa plus fidèle compagne sur la voie de l'Eveil... et ensemble ils rencontreront la Compassion et l'Amour. Le Monde n'a pas vraiment changé mais c'est, je crois, la transformation de la conscience qui change notre regard sur lui. C'est aussi une chance inouïe que de prendre conscience de l'ignorance fondamentale ( rien à voir avec le savoir ou la culture...) et de © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 23 chercher à en sortir. Cette transformation de la conscience, cette métanoïa, me semble une chance incroyable pour le devenir de l'humanité, mais c'est vrai que c'est un chemin de patience, de persévérance... et qu'on ne chasse pas du jour au lendemain les ténèbres qui nous obscurcissent la vue, l'esprit et le coeur, et dans laquelle on peut se complaire douillettement.... En tout cas, l'existence de ce site** ne peut qu'emplir de gratitude le coeur de celui qui ouvre sa sensibilité et oeuvre pour la transformation de sa conscience. Philippe D Il y a un passage dans votre communication qui me retient. C'est ce qui est dit au sujet du chercheur spirituel. Avec les meilleures intentions du monde, on peut très bien devenir tout de même, par étroitesse d'esprit, une sorte de fanatique. Je m'enthousiasme pour la culture bio... hop, je devient critique, sectaire, agressif, méprisant pour tous ces abrutis qui vont se nourrir au supermarché ! Je commence un programme de yoga avec un maître compétent... hop je devient mesquin, hautain vis-à-vis de tous ces ignorants qui ne pratiquent pas le yoga etc. La liste serait longue. On peut y mettre toute démarche spirituelle. C'est ce qui se passe à partir du moment ou l'ego s'invente un nouveau personnage qui n'a pas encore été démasqué, l'ego "spirituel", l'ego qui est plein de suffisance avec ce nouveau pain béni pour sa volonté de puissance ! C'est un piège commun. Le contresens de fond, c'est qu'il n'y a pas d'ego "spirituel", que la transformation de la conscience, c'est mais moins d'ego, plus d'effacement de l'ego. La lucidité ne met personne sur un piédestal à partir duquel il pourrait condamner tous ceux qui ne sont pas à sa hauteur. Plus de conscience, c'est aussi, plus de proximité, se sentir humain, simplement humain parmi les humains. Plus de simplicité. Serge C. Il y a une jolie anecdote : on raconte (Epictète) que quand un étranger se présentait à Athènes pour rencontrer des philosophes, Socrate le prenait par la main pour le conduire vers A ou B. Suffisamment humble pour s'oublier complètement lui-même et ne pas s'afficher en "philosophe". L'identité de "chercheur spirituel" possède la même ambiguïté au fond. Philippe D. C'est tout de même assez curieux, car le mot est bien choisi : "chercheur", ce n'est pas "savant", c'est plus modeste. "spirituel", de même, ce n'est pas quelque chose dont je puisse faire un étalage, ni même que je puisse m'approprier en propre et revendiquer comme "mien" au sens égocentrique du terme. Le "spirituel" n'est pas un marché (où on vend des pratiques) avec des "parts de marché" que l'on pourrait découper en autant d'entreprises concurrentes (les sectes et les religions). L'essence de l'esprit ne peut pas se découper en tranches, ni ne se réduit à une pratique, où à un mouvement. Cela appartient à tous car c'est justement l'universel en chacun. Maintenant, la question de ce regard différent sur un Monde qui est le même. Il y a le regard de la vigilance ordinaire, étroit, limité, intéressé partiellement et la vision qui va avec. Il y a l'ouverture du regard d'une conscience plus élargie. Changer le regard ne modifie pas magiquement le Monde. La formule peut paraître un peu quiétiste, dire "de toutes façons, ce monde, il ne changera pas, alors soyez zen et flottez au-dessus en vous ne fichant éperdument !", auquel cas, la spiritualité serait affaire de gentils tranquillisants pour se mettre dans une bulle de bonheur céleste. Non, non. Le changement même de regard affecte cela même qui est regardé. Si une conversion du regard peut opérer dans la conscience, elle drainera avec elle la conscience élargie. S'il se produisait une mutation radicale de la conscience, cela engendrerait une mutation radicale du monde. De toute manière notre monde est le reflet de ce que nous sommes. Serge C. Le mot métanoïa est très joli. Ce serait un plaisir de l'employer, mais il faudrait que la résonance intérieure du mot puisse être éclairante. Sinon on va partir dans © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 24 l'ésotérisme. Nous préférons un langage plus simple sur le site, de sorte que les mots soient toujours habités pas le vécu de celui qui les prononce et soient partagés. Mais sur le fond, tout ce qui est dit plus haut sonne très juste. Ce qui est frappant dans l'intervention d'Elena, le semble se retrouver aussi dans bien d'autres communications ou il est manifeste que la compréhension en profondeur de la conscience est déjà très présente. J'ai presque envie de dire que ce n'est pas individuel et que cela est porté dans l'intelligence collective qui est parvenue il me semble à une certaine maturité. Il y a quelques années seulement, parler de cela, c'était comme débarquer sur Terre en venant d'une autre planète, parlant un langage incompréhensible. Irène B Alena dit plus haut je cite "Le chercheur spirituel est obstiné car il veut apprendre, comprendre, évoluer, s'élever, se perfectionner,..... Au fur et à mesure de sa progression, il voit les autres qui stagnent dans leur ignorance, qui y croupissent même et rejettent leurs maux sur la faute à pas de chance, les autres, la société, la politique, que sais-je encore... il voudrait tant qu'ils cherchent à s'élever aussi, à transformer leur conscience, à chasser de leur esprit l'avidité et l'aversion qui sous-tendent leurs agissements... " Oui je comprends parfaitement cela puisque moi-même ai entrepris cette démarche, et encore je me demande si je n'avance pas à reculons en ce moment puisque tout finit par m'indifférer. Seulement je voulais dire qu'en ce qui me concerne, si je vois les autres "croupir dans leur ignorance", cela ne me gêne pas.... je me dis simplement qu'ils ont encore du chemin à faire (ou bien même qu'ils ont sans doute raison et moi j'ai tort) et je ne cherche pas à intervenir auprès d'eux en quoi que ce soit. Bien sûr je réagis par rapport aux événements, à l'actualité, je donne mon opinion haut et fort sans crainte de blesser les susceptibilités.... Le Monde n'a pas vraiment changé mais c'est, je crois, la transformation de la conscience qui change notre regard sur lui. C'est aussi une chance inouïe que de prendre conscience de l'ignorance fondamentale ( rien à voir avec le savoir ou la culture...) A ce propos, je pense que c'est le regard que nous avons du monde, qui le fait changer. A titre d'exemple, je sais qu'une personne est mal intentionnée à mon égard, je me dis que je vais me montrer désagréable avec elle comme elle l'est avec moi.... la situation n'évoluera jamais entre elle et moi puisqu'il y a une espèce de blocage. Si bien au contraire, je l'accepte avec ses défauts et que je la considère comme n'importe quelle personne que j'estime, là je change mon regard sur elle en quelque sorte, et son attitude sera différente... à grande échelle c'est pareil.... je vois le monde comme une perfection, je trouve que les gens de la planète ont beaucoup évolué, tout ce qui s'y passe fait partie de l'ordre des choses, de ce que les hommes ont décidé et non une entité supérieure sur qui on a tendance à rejeter la faute ! Peut être hors sujet mais c'était ma pensée du jour : une vie ne vaut rien, mais toutes les vies "ensemble"..... Philippe D. Nous avons tous été, et nous sommes peut être toujours des idéalistes enflammés, prêts à couper à la hache ce qui en va pas, prêt à mitrailler à l'arme critique tout ce qui n'est pas conforme à nos vues. Ce qui nous rend cruels et souvent méprisants. Il y a deux éléments qui ne tiennent ensemble que dans l'Eveil et sont totalement contradictoires dans l'ignorance. La révolte de l'intelligence et la suprême indifférence pour les valeurs de l'ignorance. La révolte de l'intelligence, c'est le feu de la lucidité qui voit le faux là où il se trouve, toute l'horreur du monde et la démence d'une société égarée. La suprême indifférence, c'est cet état dans lequel nous sommes comme la feuille lavée par l'eau de pluie et sur laquelle la poussière n'accroche pas. Quand on a réellement vu la bêtise graveleuse de certaines émissions de télévision, il y a comme un décollement. Comme une feuille d'arbre qui tombe. Le tronc reste, il lâche les feuilles. Cela a cessé de m'intéresser, cela m'est suprêmement indifférent sans que je n'ai plus rien à faire, sans que cela procède d'une volonté explicite. Cette indifférence a une haute valeur. Elle n'est © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 25 aucunement un mépris condescendant, mais la forme naturelle du détachement. Ce n'est pas du tout un effort idéaliste qui, hypocritement lorgnerait en fait sur ce qu'il critique. Vouloir intervenir dans la conscience d'autrui, c'est manipuler, c'est une intention stérile, car un changement de la conscience vient librement de l'intérieur. Nous ne pouvons que proposer, proposer une aide, sans plus, sans jamais forcer qui que ce soit. Que celui qui est dans son trou sombre et veut y rester, y reste, si tel est sa volonté ! Dans le domaine de la conscience je ne peux rien pour lui, rien, vraiment rien : je ne peux pas penser, comprendre, aimer, vouloir, décider à sa place. Mais la magie, c'est que parfois une étincelle, une luciole s'allume et que l'espace d'un instant une fenêtre est ouverte où la communication s'établit d'âme à âme, d'intelligence à intelligence. C'est joyeux, l'ombre s'efface. C'est une ouverture, c'est une fissure dans la carapace personnelle. Le processus suivra son cours. Je ne suis pas pressé. Le monde est exactement à sa place, à sa place exacte, il est, il est complet, il est parfait dans ce qu'il est, dans son imperfection même. Chaque être humain vit ce qu'il a à vivre, ses galères, ses expériences limites, ses fuites, ses peurs, ses souffrances. Peut être qu'à un moment il adviendra que tel homme s'éveillera et abandonnera la nécessité de la galère, des expériences limites, les fuites, les peurs, les souffrance. Mais cela ne peut jamais être provoqué. Il y a des être humains qui suivent une nécessité intérieure qui les portent à s'enfoncer dans le malheur, qui suivent un rail mental jusqu'à la démence. Je n'ai pas à en juger. C'est ainsi. Cela est. C'est tout à fait pathétique, mais c'est cela l'expérience humaine et l'incarnation. Josiane L Bonjour à tout le monde. La spiritualité me passionne plus que la philosophie, bien qu'elles soient, j'en suis consciente, indissociables. Sommes nous dissocié de la conscience ? Bien que fortement interpellée par elle... nous ne lui sommes pas assujetti et c'est la notre liberté d'action ou liberté de choix. Serge C. Qu'est-ce que je suis en dehors de la conscience? Mais dans la vigilance, je suis conscience. Il faut être attentif, ce terme a couramment deux sens. Il y a la conscience morale, - c'est le sens implicite dans votre question - la conscience morale, c'est la bonne et la mauvaise conscience ; il y a la conscience psychologique qui signifie seulement vécu conscient, expérience consciente, Présence. Sur ce forum, quand nous parlons de conscience, c'est surtout dans le second sens. Ce qui est en cause ici, c'est la possibilité de transformer la condition trop limitée de la vigilance dans un éveil plus élevé. J'aurais bien du mal, dans la vigilance quotidienne à me "dissocier" de la conscience, je vis dedans ! La conscience et le vécu ne sont qu'une seule et même chose. Par contre, que l'ego puisse se dissocier de la voix intérieure de sa conscience a plus de sens. Mais je ne pense pas qu'il faille s'en glorifier. Qu'est-ce que vous cherchez dans ce privilège de pouvoir ne pas écouter votre conscience morale? Vous voulez pouvoir sortir d'un magasin de luxe, gaie et légère, passer dans la rue devant quelqu'un qui crève de faim sans rien ressentir? Vous voulez vous libérer de toutes les obligations morales pour être "libre" ? Pour faire quoi? Pour faire n'importe quoi? Pour être complètement écervelée et insensible? Est-ce que c'est cela que vous appelez votre liberté? La liberté dissociée de la conscience morale? Je ne sais pas si vous avez vu Chaos de Colline Serreau. Au début, le couple du film est dans sa voiture le soir et leur tombe dessus une femme qui vient de se faire passer à tabac par des mac, une prostituée (jouée magnifiquement par Rachida Brakni). Le mari lui ne pense qu'à une chose : aller laver la voiture, pour enlever le sang du pare-brise ! Voilà quelqu'un qui est bien "dissocié" de sa conscience morale ! Il a une liberté oui ! Une liberté de choix. Et qu'est-ce qu'il en fait de sa liberté? Vous voulez revendiquer cette liberté de n'être pas assujetti à votre conscience morale? Et c'est le fait de ne pas être assujetti à votre conscience morale que vous appelez liberté? Et bien c'est cette liberté là qui fait de notre monde un Chaos ! C'est en revendiquant cette liberté que les êtres humains deviennent stupides, irresponsables et cruels. C'est avec l'ivresse de cette liberté que l'on balance négligemment un mégot dans une forêt, pour déclancher un incendie. Un homme sans conscience morale, c'est très dangereux. © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 26 Josiane L Oui, c'est cette liberté qui fait le monde sans conscience, cette même liberté peux vous servir dans le bien, pour une conscience plus haute, qui vous élève, vous débarrasse de l'ego afin que naisse enfin l'amour. Johnny M. Je viens par première fois ici, alors peut-être que je vais répéter certaines choses déjà dites. Je vais me baser sur le sujet. Ce que je vois globalement c'est une conceptualisation non négligeable sur certains termes et leur réalité. Ceci peut faciliter la discussion mais aussi parfois la limiter. Alors, certes je vais utiliser des termes mais, comprenez bien, ils ne sont pas la vérité mais un pont. La transformation de la conscience évoque pour moi ma vie, pas seulement les événements dans celle-ci mais bien plus. La vie que j'ai toujours ressenti a plusieurs niveaux et degrés d'existence non séparables mais cependant dans un certain ordre de priorités. En clair, je suis conscient que l'on vit plusieurs réalités simultanément, non pas tant du genre film science fiction mais plus une multiréalité. Ceci veut dire, que ce que l'on appelle ici transformation de la conscience est plus une expansion d'une certaine réalité subtile déjà vécue dans une certaine mesure. Tout comme les réalités sont expansives, elles sont inclusives, alors, la transformation de la conscience est plutôt un éveil de l'essence qui soutient les êtres et leur lien. Donc, quelque part la transformation serait une transposition d'axe, un changement de perspective partielle (et donc spatiotemporelle) pour une perspective plus entière, plus d'ensemble (où le temps s'assouplit). Comment transforme-t-on "sa" conscience? Là je crois que se situe la question pertinente... Certes, il y a pas mal de ponts mais toujours certains principes qui sont indispensables pour un réel changement. Le premier est le plus simple mais le plus négligé:" transformer sa conscience implique un changement de mode de vie". Cela ne fait pas référence aux maintes désirs atteints, mais plutôt à la correspondance dans notre vie de ce que notre être a intégré. Sans ce point élucidé, complètement intégré, il est souvent illusoire de continuer. Or, comme je l'ai dit précédemment, on vit a plusieurs niveaux, ce qui laisse d'autres possibilités, mais, ceci, dans une marge d'action limitée; un peu comme se promener dans un jardin encerclé par un grillage, cela nous donne un vaste jardin a parcourir, de maintes manières, or, pour dépasser le jardin faudra sauter (ou faire sauter) le grillage. Ce qui nous emmène à savoir que l'expérience en elle-même, ne nous fait pas avancer, elle n'est qu'une mise en scène de quelque chose qui est fait pour mettre en contact un peu de l'essentiel et pas mal de circonstanciel. Juste pour finir, rappeler un point à mes yeux important, tout n'est pas objectif certes, mais tout n'est pas subjectif non plus, ceci pour un peu démythifier "l'omnipouvoir" associé à la volonté humaine dernièrement. Philippe D. Désolé, mais en l'absence d'expérience claire, le concept de "multiréalité" est vraiment d'un vague! Je ne vois pas ce que veut dire "une certaine" réalité. C'est quoi "les réalités"? Que veut dire "expansive"? C'est quoi la "réalité subtile"? Pourquoi ne pas mettre les pieds dans le réel en se basant sur l'expérience directe, au lieu de rester dans une sorte de spéculation floue ? Avez vous une expérience claire de l'expansion de conscience ? A quoi se rattache concrètement l'idée floue d'inclusion ? Comprenez, nous travaillons sur notre conscience, pas sur des représentations floues. Ce que nous pouvons dire de précis se rattache nécessairement à une expérience qu'il est possible de décrire, sinon on parle en l'air. J'entends très bien la phrase "éveil de l'essence qui soutient les êtres et de leurs liens" (en corrigeant un peu). Mais encore une fois, qu'est-ce que c'est l'éveil de l'essence ? Comment comprenez vous concrètement s'éveiller aux liens qui unissent toutes choses ? Nous ne pouvons pas comprendre l'expansion de la conscience sans en faire l'expérience. Nous pouvons très bien cerner par contre la limitation de la condition de la © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 27 vigilance ordinaire, du fonctionnement du mental dans les limites. La pensée se meut effectivement d'ordinaire dans une perspective non seulement limitée, mais fragmentaire. Je plante du soja transgénique pour obtenir de bon rendements, faire du profit. Mais le pollen du soja va migrer et muter dans les plantes sauvages et altérer profondément l'environnement écologique. Je ne vois que mon horizon borné et à court terme. Ma vue est courte. Elle n'a pas d'ouverture globale. Si j'avais cela, je serais conscient que tout est lié dans la Nature et qu'une action créatrice, support de vue est nécessairement une action globale. Peut être justement qu'alors "je" sera beaucoup moins présent! Avant de se poser la question du "comment" transformer la conscience, il est indispensable de comprenne ce qu'est la conscience, comprendre comment le mental travaille au service de l'ego. Sinon, toutes les réponses seront faussées. Il est important d'avancer avec prudence, sans sauter trop vite dans une explication, dans une réponse toute faite. Le mental est capable de se donner toutes sortes de justifications spéculatives. Ce qui est plus essentiel c'est de voir exactement comment il fonctionne, de traquer l'ego dans les entrelacs très habiles du mental. Ainsi, le plus important dans votre intervention est en fait à la fin : qu'est ce que c'est que cet "omnipouvoir" que l'on prête à la volonté ? La volonté et l'ego ne sont qu'une seule et même chose, ce qui est issu d'une volonté du moi est aussi borné que la volonté du moi. La transformation de la conscience, est-ce changer "ma" conscience ? Il y a dans cette formule une retenue caractéristique : le sous-entendu serait : je veux bien faire un peu de ménage pour avoir une vision plus "panoramique", mais je veux rester "moi", "ma" conscience. Il se pourrait bien que justement, la seule transformation qui en vaille la peine, ce soit celle dans laquelle il n'y a plus la revendication "moi"! Plus de "sa" conscience en un sens. Thomas . M. Je n'ai pas lu toutes les pages du forum donc peut-être que je dirais des choses déjà dites. Ainsi si le thème de ce forum est le changement de la conscience vers une conscience plus épanouie, je vais tenter de poser ma pierre a cet édifice. Je pense que notre conscience est enfouie sous trop d'histoire, de traditions, et de préjugés. si nous voulons voir notre conscience changée, il faut nous prendre en main et oublier ce que nous avons pu être : soldats, dictateurs, etc. Si l'homme veut changer sa conscience, il doit changer sa vision du monde. Etre plus tolérant, accepter les autres dans leurs différences. Mais est cependant très difficile à l'heure actuelle, car nous sommes dans un monde tourné vers l'individualisme et vers l'intérêt de soi avant les autres. L'homme est en ce moment se soucie uniquement de sa survie physique, et de ce qu'il pourra laisser aux autres par son image. Avant, si on voulait passer à la postérité, on écrivait de grands ouvrages, ou on faisait de grandes et éclatantes actions. Aujourd'hui, nous laissons qu'une image, nous ne laissons plus de pensée, notre conscience est actuellement morte, ou tout du moins enfouie, cachée. Alors si nous voulons voir notre conscience changer, nous devons nous attacher à l'autre et penser que nous ne sommes jamais seul, il faut agir dans l'intérêt universel et nécessaire. C'est ainsi que notre conscience pourra évoluer. Philippe D. Bien, donnons un nom précis à ce "trop d'histoire, de traditions, de préjugés", qui couvre la conscience, disons que cela forme notre conditionnement. Trop d'histoire, c'est le poids des réponses de l'histoire, le fardeau du connu qui étouffe la fraîcheur d'une réponse neuve et créatrice aux situations d'expérience de la vie. Trop de traditions revient au même, encore le poids des réponses du passé, vidée de tout esprit, le poids des répétitions. Trop de préjugé, c'est encore le poids du connu, des réponses toutes faites, le oui-dire qui se substitue à l'intelligence directe. Il est essentiel de savoir déposer tout ce poids, pour laisser l'intelligence à elle-même, laisser à l'esprit sa souplesse, son éclat, sa capacité à éprouver une évidence sans dérobade. Lui laisser le bon sens aussi. Bref, être tout nu intellectuellement, face au réel, intensément présent. © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 28 Savoir oublier toutes les formes que le mental s'est donné est une ascèse. Il est dans la nature de l'ego d'aimer se donner des rôle pour se donner de l'importance. Or quand nous voyons ce que représente l'ego, nous prenons conscience que justement il n'a pas beaucoup d'importance ! Ce qui est radical, ce n'est pas la volonté de changer, une volonté humaine, c'est de seulement voir ce qu'est cette volonté qui prend tellement de formes violentes, c'est à dire l'ego. On ne peut pas "changer" sa vision du monde volontairement, elle change d'elle-même quand on a réellement vu qu'elle était sotte, limitée, pauvre, mesquine. Le voir est essentiel. De même, la tolérance forcée, morale, c'est bien peu. Voir à quel point je suis intolérant, est plus intéressant, voir le racisme larvé en moi, le rejet instinctif de celui que je range dans une boîte (un juif, un serbe, un arabe etc.) tout cela n'est certes pas agréable à regarder en face, mais cette audace à voir sans compromission agit réellement. Voir en moi le rejet de la différence tue le rejet. Si je vois cette mesquinerie de manière réellement pathétique, immédiatement quelque chose s'ouvre, j'entre dans la compassion. Si ce monde est actuellement tourné vers l'individualisme, alors il faut regarder exactement, de manière crue ce que c'est que l'individualisme. A sa racine, il y a l'égocentrisme et rien d'autre. Cela mérite d'être observé de près. Par contre, je ne sais pas si vous vous rendez bien compte de ce que recoupe le souci de la postérité. C'est le souci de devenir n'est-ce pas ? Le souci d'une image de soi ? Mais comment pourrait-on être capable d'aimer, de donner de soi de tout son coeur quand on cultive encore cette vieillerie de la recherche d'une reconnaissance d'autrui ? Si vous voulez vraiment agir dans le sens de l'universel et du nécessaire, soyez l'Universel, et n'écoutez que la force de la Nécessité intérieure. Serge C. Il y un point qui me frappe dans l'intervention de Thomas, c'est que nous avons conscience de ce qui devrait être, nous avons conscience de l'idéal. C'est très bien, mais qu'en est il du réel ? De ce que je suis. de ce qui est ? De ce qui est en moi ? de mes peurs, de mes frustrations, de mes attentes, de ma mesquinerie ordinaire ? de tout ce qui peut faire obstacle à une expansion de la conscience ? Ce n'est peut être pas très glorieux, mais s'il y a un travail à faire, n'est ce pas de côté là ? Ne considérer la vie que sous l'angle de l'idéal, cela relève pour une bonne part de l'auto-illusion de la représentation. C'est d'emblée se détourner en se situant dans la pensée. Eric R. Que diriez-vous de la pudeur dans son aspect philosophique rapporté à la notion de respect de l'autre ? Peut-il y avoir un rapport entre humilité et pudeur don de soi comme voie d'accès au bonheur intérieur ? Humilité par opposition à la fatuité agressive et violente, réductrice de l'autre, superficielle, qui écarte de la réflexion profonde sur la vie et la mort. Philippe D. Il n'y a pas d'aspect philosophique, par rapport à je ne sais quels autres "aspects", il y a l'essence de la pudeur. C'est tout. La pudeur est une retenue qui s'abstient de tout étalage de soi, une réserve qui contient l'humilité un sens du sacré que l'on préserve de toute violation. L'impudeur, c'est la violation du sacré, l'étalage de soi jusqu'à la nausée, l'absence de réserve,de délicatesse, de sens du secret de l'intériorité. Il y a dans la pudeur une sensibilité qui ne veut pas blesser. Il y a dans l'impudeur une brutalité qui ne prend pas de gants, mais choisi l'irruption, l'éclat. L'impudique n'a pas le sens du respect de la subjectivité. Je ne suis pas sûr qu'il faille nécessairement introduire 'l'autre" comme condition. Il y a de la pudeur à ne pas vouloir blesser, mais c'est surtout au fond une retenue sensible devant la Vie, devant cela qui est fondamentalement vulnérable, devant ce qui peut souffrir. la relation avec le bonheur est moins évidente. La relation avec l'amour, avec une délicatesse du coeur l'est davantage. Johnny M (cf p.18) Je ne crois pas que la base expérimentale soit seulement celle à laquelle vous faites référence Mr. Philippe. Vous avez l’air de confondre « clair » avec « concret ». Je © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 29 peux vous dire que pour pas mal de consciences, ce que vous appelez abstrait à une connotation concrète. Vous avez dit : que pour transformer la conscience il est indispensable de savoir ce qu’est la conscience. Il n’y a rien de plus faux que cette affirmation là ! Désolé mais c’est comme demander à un enfant de savoir ce qu’est un adulte avant de le devenir ! Voyez vous, il y a des réalités auxquelles on ne peut que suivre et pas retenir ! Oui, vous m’avez posé pas mal des questions... C’est quoi les réalités ? Les différentes réalités correspondent aux différents points bases (perspective de conscience et pas uniquement d’individu) qui établi l’ordre de priorités et par conséquent les besoins qui en découlent. Ce qui revient à dire qu’il n’y a pas un ordre de besoins fixe, mais cependant…oui, il y a tout de même des principes essentiels. C’est quoi réalité expansive ? Cela correspond à un changement d’état de conscience qui Lui découle de l’intégration et manifestations des principes essentiels suivant le cheminement particulier. C’est quoi réalité inclusive ? Cela se rapporte au fait que les réalités ne sont pas additives ou additionnelles, mais bien plus qu’une réalité plus large inclus déjà les éléments de sa précédente mais disposées de différente manière ou mode. Encore une fois la clé de la compréhension ne vient pas de termes (paroles) mais de l’intégration de l’essence à travers ces termes, soit : ce à quoi il se rapporte (en tant que moyen, et pas finalité). Ce qui veut dire qu’il y aura toujours pas mal de ponts se rapportant à un même principe, étant le principe de nature immuable et les moyens de nature éphémère. Votre certitude sur le fait qu’il faut comprendre ce qu’est la conscience avant de la transformer marque bien votre vision « prévoyante » ou « prévue » de la conscience, qui dès lors est enfermée. A titre de rappel : Pour comprendre le mental il faut s’en écarter, le dépasser, de même, pour comprendre la conscience (particulière) il faut s’en écarter, si vous voulez, utiliser une autre capacité. La question que vous posez, et à laquelle j’ai répondu dès votre point base (établi) se présente à mes yeux différemment. Comment cesse-t-on de transformer la conscience ? En quoi cela diffère de votre version ? Premier point : Cela implique déjà le mouvement naturel et essentiel que chaque être effectue, et non pas un mouvement a effectuer. Deuxième point : Cela met en évidence plus les limites que nous acceptons a un certain moment que non celles qui serait vraiment « nôtres ». Troisième point : Cela marque clairement une base subtile qui se densifie que non pas une base dense qui se subtilise, processus complètement inversé. En définitive la question ferait plus attention au fait de savoir ce que nous avons a défaire de ce qui a été fait que non pas à faire ce qui devrait l’être. Un changement de perspective qui paraît anodin peut-être mais dont les implications donnent un résultat autre. Par rapport à votre vision j’ai à vous dire : ce n’est pas parce que pour vous certaines pensées ou éléments de celle-ci est/sont floues que cela en est ainsi. Il se peut que vos limites ne soient pas celles d’autrui, et par conséquent que la perception que vous en faites ne soit pas partagée. Pour finir, la question (transformée) qui découle de la discussion sur le sujet que vous avez lancé est : Qu’est-ce qui nous fait croire que notre conscience a arrêté de se transformer ? Philippe D. Par compréhension de la conscience, je n'entends pas du tout une sorte de maturation psychologique, voire historique. Le flux du temps est là, il suit son cours. La question n'est pas là, elle porte sur la structure du mental. Que vous ayez 10 ans ou 90, la structure du mental reste la même, la manière dont se structure l'idiosyncrasie de l'ego reste identique. Quand nous parlons de compréhension de la conscience, nous avons en vu la manière très caractéristique de la pensée de structurer sa réalité. Mais attention, en disant cela, nous avons parfaitement conscience qu'il est possible de se situer en deçà du © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 30 mental et de ses constructions. Nous l'assumons. Je ne suis pas le mental. Je suis témoin de son activité. "pour comprendre la conscience il faut s'en écarter" passe donc. Par contre "utiliser une autre capacité" est très obscur. Cela veut dire quoi ? Pour le reste, j'insiste : je voudrais savoir ce qu'il y a derrière vos concepts, à quelle intuition ils renvoient, c'est-à-dire à quelle expérience. Je refuse de parler en l'air sans que les mots ne soient rattachés à la dimension du vécu. Je refuse la spéculation obscure. Je demande à ce que tous les termes soient explicités : "base dense", "point base", "base subtile", "limites", "ponts", "principes", "essence", "conscience", "expérimental" etc. Le mouvement naturel que chaque être effectue lui vient de sa manifestation dans le temps. Tout change, toutes choses sont en devenir. Ce qui ne veut pas dire nécessairement que tout changement soit forcément évolutif. La rigidité mentale est la règle commune, celle des ornières dans lesquelles la plupart d'entre nous s'installent, pour pérenniser le passé. Un esprit superficiel ne peut pas devenir profond, il tend à le rester. Il reste dans son ornière. Il ne peut la quitter que si il a vu en face, pathétiquement qu'il est superficiel. C'est cela la lucidité. Johnny M. Oui, j’avais compris votre vision de la conscience et c’est justement celle-ci que je corrige, car certes, elle est votre, mais elle n’est pas la seule. La conscience est l’ensemble de ce qui constitue un être, avec les couches connues (psychologie, émotionnel, physique, spirituel. etc.) mais aussi les couches non connues. Or, c’est les noms que nous avons donnés et une classification particulière et surtout provisoire à une réalité toujours dynamique, surtout du point de vue analytique (qui est celui utilisé dans ce forum). Disons, pour que vous ayez une image plus simple : il y a la Conscience (qui constitue tout) et la manifestation limitée de celle-ci qui devient la conscience particulière (attaché à l’egoidentité). Même si nous pourrions imaginer une évolution dans le temps, « graduelle », ce n’est pas pour autant la seule possibilité, car comme je vous ai dit, nous y sommes déjà. La réalité de la conscience particulière, individualisée est exclusiviste (car elle se place volontairement dans des limites d’identité partielle). Pour atteindre d’une certaine manière (à nouveau) la conscience, il suffit de cesser de maintenir les limites d’identité particulière comme base. La base étant l’état auquel vous vous identifiez le plus souvent, d’où part votre agir (à tous les niveaux). Serge C. Je me permets une irruption dans votre discussion pour deux remarques. Il serait bon de lire les contributions du forum avant de pouvoir porter un jugement global sur le forum (le terme point de vue analytique est inadéquat). A cette fin, nous publions à la page 1 un fichier format RTF de l'intégralité des contributions (page 1-20 déjà). Nous invitons tous ceux qui arrivent sur le forum à l'imprimer et le parcourir. Cela permettrait d'éviter les redites et de recentrer le dialogue. Seconde remarque : Prétendre vouloir "corriger votre vision" est assez prétentieux quand juste après vous dites "ce n'est pas la seule". Si vous admettez qu'il y a toutes sortes d'opinions qui se valent, la vôtre ne vaut pas d'avantage qu'une autre et vous n'avez pas d'autorité pour corriger qui que ce soit. Si par contre, nous laissons tomber les opinions personnelles pour rester attentif aux choses mêmes, si la vérité est notre seule référence, alors c'est très différent, car la vérité est impersonnelle, elle ne dépend ni de mon point de vue ni du vôtre. Alors là effectivement, il y a ce qui est juste et de tel point de vue, il y a ce qui est vrai, ce qui est faux, ce qui est réel et ce qui est complètement illusoire. Là cela vaut la même d'avoir un souci d'exactitude. Le vrai n'appartient à personne. © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 31 Johnny M « L’idiosyncrasie de l’ego reste la même ». Là, encore une fois, vous allez trop vite. Il ne s’agit pas que l’idiosyncrasie de l’ego demeure la même mais que le rapport à une telle identité base est toujours d’actualité, et donc le comportement qui lui est propre perdure. C'est-à-dire, que si je m’identifie à un x et x se définit par une vision qui donne lieu a un nombre défini de comportements, il ne s’agit pas que l’idiosyncrasie reste la même mais que sous cette identité praticable, j’agis toujours « pareil ». En d’autres termes, il est naturel de penser que si pour les âges physiques, certaines caractéristiques se répètent dans des personnes et lieux différents, il en va similairement pour l’âge de conscience ou âge spirituel, où ce qui les différencie n’est plus une différence d’âge mais d’amplitude de conscience ou, si vous préférez, de largeur d’identité. Or, tout comme l’âge physique est en mouvement et vous ne pouvez pas rester avec 15 ans éternellement, l’âge de conscience est dynamique aussi et l’identité base change inévitablement. Philippe D Ce qui est essentiel de repérer, de voir clairement, c'est que l'ego n'est jamais que la pensée, or le mental, si vous examinez de près son fonctionnement, a bel et bien un fonctionnement mécanique. Il tend à répliquer le passé, à répliquer le connu de manière compulsive. Vouloir distinguer une "identité praticable" et une "identité base" toutes deux individuelles est complètement illusoire. Il n'y a qu'un paquet de mémoire et son inertie naturelle qui donne cette prétendue identité qui s'appelle en réalité, la continuité de l'ego. Il n'y a en résultante qu'un ego et pas deux. C'est comme dans l'introspection s'imaginer deux moi, un "moi-juge" et un "moi-jugé". Quand au changement, cela a été assez dit, bien sûr qu'il est à l'oeuvre dans le corps, comme dans le flux de la pensée, sauf que l'expression "âge de la conscience" ne veut pas dire grand chose. Le "moi" est un terme fallacieux, car il tend déjà à faire croire dans une solidité, dans une sorte de noyaux constant, alors que ce n'est qu'un tourbillon de mémoire qui revient sans cesse sur lui-même, qui fait bien des efforts pour devenir et rester le même. Pour cela, l'ego s'appuie sur la continuité de la mémoire et il perpétue les structures du mental. D'où les habitudes, les conditionnements, la rigidité mentale. Johnny M Je comprends votre intérêt par les concepts, or, commencez par utiliser cette même intuition que vous m’accordez pour vous ouvrir l’entrée tâtonnante, (comme pour chacun), sans besoin d’extrêmes et inutiles précisions. La confusion est importante parce qu’elle nous approche de la vraie prise de conscience et son intégration au lieu de l’exactitude qui nous laisse le plus souvent dans un état léthargique de pseudo connaissance. Philippe D. Non, non. A la confusion est associée un état léthargique de pseudo-connaissance, à l'exactitude la distinction et la clarté. Je ne dis pas "la connaissance", mais le seul souci d'éliminer le faux. Là où vous êtes dans le vrai, c'est qu'effectivement, il faut savoir marcher dans l'inconnu pour approcher l'essentiel. Mais ce n'est pas confusion ni léthargie. Johnny M A mon avis la vraie question que vous auriez aimé poser est la suivante : Comment faire pour accélérer le (mon) processus de prise de conscience ? A cette question (déjà plus sincère) il est important de voir les propres connotations du genre : pourquoi veux-je aller plus vite ? Qu’arriverait-il si je ne pouvais aller plus vite ? Que vois-je en allant à ce rythme là ? Etc. Personnellement je vous dirais que la seule chose que nous pouvons intensifier est le désir (volonté, magnétisme) de nous approcher de l’essence, de la représenter, de la manifester, mais en aucun cas la « vitesse » de cheminement. Par le désir vous attirez l’expérience, et par la sincérité vous arriverez à l’intégrer, voire vous éveiller à l’expérience partagée. Certes, nos chemins sont interdépendants (dépendances des © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 32 êtres) et interactifs (réciprocité de l’influence des êtres), donc, vous pouvez partager votre ressenti, mais bien moins le transmettre. Philippe D. Je suis désolé, mais là vous parlez tout seul et vous n'avez pas suivi ce qui se dit sur ce forum, sinon vous ne pourriez pas faire cette remarque. Cela ne veut rien dire "accélérer la prise de conscience", car la compréhension ne dépend pas du temps. Elle est instantanée. La lucidité ne dépend jamais du temps. On ne peut pas dire qu'avec "le temps on comprendra". C'est une erreur. On voit ou on ne voit pas. Donc tout ce qui suit dans vos remarques est erroné. Il y a beaucoup de justesse - et même d'exactitude - au sens où nous l'entendons ! dans la formule "Par le désir vous attirez l’expérience, et par la sincérité vous arriverez à l’intégrer". Johnny M En vous il y a une envie extrême de l’exactitude, alors, ironiquement vous savez que dans votre cas, c’est dans le floue que vous devez évoluer… Floue n’étant rien d’autre que ce qui vous échappe du contrôle … C’est ce que certains appèlent « marcher sans pour autant voir » (savoir à l’avance la destination). Philippe D. Voilà, nous y sommes. Marcher dans l'inconnu. C'est le propre de l'intelligence en éveil. Pour le reste, voir plus haut. Johnny M Je propose comme suite à cette discussion, et puisque vous tenez au concret, plutôt que demander sur le sujet, exposer ce que personnellement la conscience particulière de chacun vit. En d’autres termes, qu’elles sont les « difficultés » que chacun éprouve dans la vie (pratique), au niveau qui soit : sentimental, matériel, spirituel, conceptuel, religieux, relationnel, culturel…etc. Pour débuter, je vous dirai que j’ai toujours vécu avec le sentiment d’être, non pas de personne, d’individu. Cela me faisait accepter non pas seulement qui j’étais (au-delà de la forme) mais aussi qui j’étais en train d’être ou paraître pour être plus exact (dans la forme, sous un espace-temps). Ce ressenti a fait que je regarde les gens qui m’entouraient non pas par rapport à moi, mais par rapport à eux. Dit ainsi cela paraît idiot, mais les connotations sont sans précédents : tout individu, toute personne, est un être à part entière ! La difficulté qui s’est présenté par la suite fût de savoir la place des rôles, la « juste » manière de les aborder…Une autre difficulté attachée mais plus délicate fût savoir recevoir la « sagesse » de chacun même si je sentais des limites très fortes en eux… Philippe D. Enfin. De la sincérité et un tout petit peu plus de simplicité ! C'était exactement ce que nous demandions plus haut. Rien de plus. C'est cette perle que nous attendions. La conscience impersonnelle est la conscience la plus profonde, elle vient avec le sentiment d'être comme témoin de ce qui advient, témoin veut dire sans parti-pris, sans prise de position particulière. Cela se manifeste par une sorte d'intégration spontanée de la différence. Par contre, ces acrobaties pour se mettre à la place d'autrui semblent assez curieuses. Quand je suis sur un rond-point en voiture, je ne me demande pas ce que l'autre doit faire, je ne cherche pas à savoir ce que je ferais à sa place pour déterminer qui a la priorité. Je suis ici, ici et maintenant et cela détermine ce que je dois faire. Pas de calcul, par de réflexion sur les rôles, une réponse juste à la situation d'expérience et c'est tout. Que je comprenne mieux © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 33 autrui à partir d'une conscience plus impersonnelle est très différent. Il me semble que pour comprendre les autres, il faut laisser tomber tous les rôles et toutes les images que l'on se fait de l'autre. Se laisser toucher, se laisser envahir par la présence et c'est comme une fleur qui s'ouvre, un univers à part entière. Johnny M. Voilà, pour débuter…Un petit secret, ce n’est que dans la sincérité (transparence) que la conscience peut se transformer (intégrer plus naturellement l’essence). A vous de suivre, si vous le souhaitez, ce mouvement (proposition). Philippe D. Le conseil a déjà été donné plus haut dans le forum, c'est ce que nous disons depuis le début. La sincérité est une clé. La première. Une autre clé, tout aussi importante est la simplicité. Johnny M. Pour ce qui est de la remarque de Mr Serge, juste dire, que la discussion énoncée bloque dans la terminologie globalement. Ceci dit, certes qu’un individu peut se prononcer sur l’erreur d’un autre, non pas en tant que juge, mais justement en tant que témoin. L’ego n’est pas uniquement celui qui croit agir, mais aussi qui croit que l’on agit sur lui. Si l’on accepte la conscience en soi, on l’accepte aussi en dehors de ce soi (personnage), et la constatation des propres limitations que nous nous imposons dans la bouche d’autrui. Il ne s’agit pas tellement d’appartenance de la vérité mais du véhicule de son expression. Serge C. Rester bloqué dans la terminologie, voir dans la mésentente un problème de terminologie indique simplement que l'on ne voit pas clairement ce qui est en jeu avec les yeux de l'intelligence. Sinon il n'y aurait pas de problème. One ne peut pas s'entendre sur des mots. On ne peut s'entendre que ce qui est clairement vu. Maintenant, pour ce qui est de l'ego qui croit agir et qui croit que l'on agit sur lui, c'est très juste. L'ego n'existe que dans la réaction. Il n'est pas présent dans l'absence de réaction et attention, de réaction émotionnelle. Or cle plus drôle en l'affaire, c'est que c'est bien cela qui semble présent dans vos interventions ! C'est très net dans le passage du mail qui termine par : Johnny Pour ce qui est des remarques de Mr Philippe, et là sans vouloir entrer dans l’offense, je sens que c’est justement la sincérité qui manque ! Ou du moins il y a une mésentente assez forte. Il a été dit que la conscience impersonnelle est la la plus profonde, or, dites-moi, messieurs, mesdames, ici une seule conscience impersonnelle ? ! Je veux dire par là (d’où aussi ma suggestion) que c’est justement ce qui fait défaut ; nous personnaliser, non pas en tant que pur et dur ego, mais en tant que manifestation particulière de cette conscience (impersonnelle). Toute perception vous met dans un « parti pris », or, je ne sens cela s’opposant à la nature, ni même à la conscience, si nous sommes conscient que c’est un statut partiel et provisoire. Ce n’est pas dans son aspect d’usage que l’ego peut nous bloquer, mais dans son aspect définitif. Ici, l’ego est présenté comme l’ennemi, mais, et tout en comprenant le point de vu, je suis en total désaccord. L’ego est un élément de l’existence, il a une fonction, et il la tiendra. Il ne s’agit pas de l’éliminer, mais tout simplement de le dépasser, comme on dépasse le grillage d’un jardin, sans que pour autant le grillage, le jardin, et le nouvel horizon disparaissent. Ce ne sont pas les éléments en eux-mêmes qui nous limitent, mais l’usage que nous en faisons ! © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 34 Philippe D. Dans cette formule, nous personnaliser non en tant que pur et du ego ou manifestation de la conscience impersonnelle, il y a une justesse. Ce que je demande, c'est comment vous faites la différence. Il y en a une. La manifestation de l'ego est réactive, la manifestation spontanée de la conscience n'est pas réactive. Il n'a jamais été question ici de l'ego comme ennemi. Ni d'élimination. Si l'ego dépose les armes, l'ego retrouve sa fonction naturelle qui est de servir. Dans le don par exemple, l'ego devient plus transparent, il est traversé et c'est une très bonne manière de le remettre à sa place. Ce n'est pas la perception qui installe un parti-pris, c'est la volonté de croire que telle perception est la seule possible et cela est typique de l'intervention de l'ego. L'usage que "nous" en faisons quand "nous" est en fait "moi". Ce qui n'est pas le vrai "nous" de la communication. Johnny M. Ensuite, « la conscience observatrice » est une bonne image jusqu’à un certain point. Si nous acceptons dans l’absolu une telle image, il en découle que ce qui EST l’est en dehors de ce nous, à l’écart ! Et c’est justement à mon avis, la plus grande prétention de l’ego, la tranquillité basée sur le fait d’une illusoire « immunité divine ». Pour celui qui l’observe, rien ne le touche, l’aspiration sublime de l’humain qui espère que ces souffrances, maladies, incertains, disparaîtront de la sorte. Certes, être témoin implique ne pas retenir, et en cela il y a justesse, mais il implique aussi être extérieur, et en cela il y a erreur. Philippe D. Non. Quand nous parlons de témoin, nous parlons d'un état, pas d'une sorte de position hypocrite de l'ego, qui se planquerait en dehors du monde, qui camperait dans une attitude d'indifférence, ce qui est un personnage, un personnage très "spirituel", mais un personnage quand même. Qui ne vaut pas mieux que le personnage qui se monte le cou, prend parti pour fait et cause, ou contre fait et cause. Bref, qui joue le jeu de la dualité. La conscience témoin advient immédiatement dès que l'intelligence en nous entre en mouvement, dès que nous comprenons. Cela n'enlève pas la souffrance de quoi que ce soit et de qui que ce soit. Cela l'accroît au contraire en révélant une étendue de souffrance insoupçonnée. Et ce n'est pas très agréable de voir la sensibilité se développer ainsi. Mais c'est ainsi. Etre conscient, c'est entrer dans une ouverture pathétique. Ce serait bien plus facile de vouloir de continuer à maintenir l'inconscience : il suffit de se fabriquer une bulle intellectuelle (un joli système), une bulle émotionnelle (un amour fou qui exclut tout le reste), une bulle religieuse (ma croyance qui sauve tout), etc. Johnny M. L’état de conscience se manifeste par un vécu simultané du sentiment de première personne et celui de troisième personne, en d’autres termes, l’acteur et l’observateur (public si vous préférés). Mais ce qui est bien plus important, qu’étant liés essentiellement dans et de cette conscience impersonnelle, ce qui reste à manifester, à éveiller, c’est l’unité de l’état personnel de la conscience, donc de ces personnages. Autrement dit : l’unité impersonnelle ne devrait nous faire défaut lors d’un échange personnel (pluriculturel, pluriracial, sous tous les âges, sexes, conditions) parce que l’un ne s’oppose pas à l’autre, et s’il en est ainsi, c’est parce que la conscience impersonnelle n’atteint pas tous les horizons de la création, donc, elle est plus une limite qu’un lien. Philippe D. "L'état de conscience" est un concept flou. Cela veut dire quoi? L'attitude naturelle? La conscience habituelle? La vigilance? La conscience présente aussi dans le rêve ? La lucidité? Votre expression dans le texte précédent est assez vague et passablement contradictoire. Si la conscience impersonnelle est effectivement un lien essentiel entre les consciences © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 35 personnelles, si nous sommes dans cette conscience, si nous sommes de cette conscience, vous ne pouvez pas dire en même temps qu'elle est "plus une limite qu'un lien". Ce qui marque une limite, c'est le territoire que vous tracez dedans, le territoire personnel ! C'est comme tracer un trait de craie autour de ses pieds et ne pas en sortir. Quand vous avez accès à une autre culture, vous rencontrez un être humain comme vous. Vous rencontrez l'humain dans l'unité. Vous oubliez votre petite personne et il ne reste que la relation vivante. C'est à partir du dépouillement impersonnel que la relation personnelle devient chaleureuse, intelligente. Autrement dit, ce qui émerge de la conscience témoin, de vibrant, de sens, de sympathie n'a pas grand chose à voir avec la petite personne qui est le produit du moi. Johnny M. Ce que je veux exprimer, c’est qu’ici, derrière ces belles paroles soignées, de ces manières contrôlées, de ce respect présenté, il n’y a presque rien, aucune implication personnelle, juste un ensemble d’avis (malgré la dite conscience impersonnelle) et de concepts mis en évidence selon le supposé vécu de celui/celle qui l’exprime. Si ce qui nous lie peut-être universel, ceux qui se lient seront toujours particuliers, alors, de cette particularité terriblement simple et naturelle, on constate l’évident manque. Ce n’est pas une accusation, mais une constatation de ce qui se dégage, pour enfin se demander si c’est cela l’objectif. Philippe D. Il n'y a pas le moindre "avis" dans ce qui a été écrit plus haut. Rien à défendre. Rien à soutenir. Pas la moindre opinion. Juste un travail d'exploration de la conscience placé sous une seule question thématique, la transformation de la conscience. Il vous appartient de savoir si cela vous intéresse ou pas. Les règles sont simples et claires. Nous n'avons pas envie de faire du forum un lieu de débat sans queue ni tête, où on parlerait de tout et de rien. Il y a des tonnes de forums pour cela. Après tout, si ces règles ne vous conviennent pas, vous êtes tout à fait libre de passer votre chemin ! Nous ne retenons personne. Au contraire. Si vous trouvez ici un éclaircissement susceptible de vous aider, très bien, alors repartez tout de suite. C'est ce que vous avez de mieux à faire. Johnny M. A titre particulier, et par rapport aux « jonglages de rôles », je vous dirait Mr Philippe, que l’on peut se dire qu’être l’unité se situe en dehors de tous (aucune identité), mais aussi à l’intérieur de tous (toutes les identités) ou alors (sûrement le plus juste) les deux en même temps. Dans mon cas ce n’est pas un processus mental, qui me demande un quelconque effort, mais un état naturel d’unité en pratique, certains appellent cela : conscience commune (aussi connu parfois sous le terme de conscience multidimensionnelle). Philippe D. Très bien. La conscience d'unité cependant est assez différente de la "conscience commune", disons seulement que le terme est assez vague en raison d'une association d'idée (voyez ce qu'un journal en dit de la "conscience commune"!) qui incline vers une polarité assez confuse, qui n'est certainement ce que vous avez en tête en parlant de conscience d'unité. Johnny M Ce que je constate, c’est que justement lors de « réelles différences », il est plus facile d’exclure, de ramener tout à l’illusoire égalité. Vous en êtes un bon exemple, (certains bien sûr, loin de mes intentions d’inclure tout le monde) dès que j’ai commencé à me situer dans l’apparente (toujours) différence, on me fait un signe discret qu’ici (forum spirituel et © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 36 philosophique) c’est pas le lieu indiqué…Pardonnez ma réflexion, mais, dans un lieu dit de recherche philosophique et spirituel, ce n’est pas lieu de l’expression de la différence ? Son étude pour justement éveillé son secret : l’unité (et non pas la conclure frivolement) ? Philippe D. Il n'y avait ci-dessus qu'un rappel, qu'un renvoi à la première page du forum, pour le seul souci que les discussions qui ont court ici restent centrée sur le thème du forum et surtout évitent de tourner à la polémique, ce qui n'apporte jamais de clarification, mais falsifie toute réflexion dans l'affrontement de positions rigides. Cela dit, effectivement, il ne s'agit pas pour nous de nous livrer à des acrobaties mentales, ce que l'on appelle spéculation, pour "conclure" frivolement à l'unité. L'unité réelle n'est jamais affaire de conclusion, mais il y a sûrement un rapport avec l'éveil. Johnny M. L’intelligence est ce mécanisme qui tend à re-unir les parties apparemment adverses (et/ou disperses) ou a trier dans l’égalité formellement confortable ? Nous savons tous la réponse, mais ce n’est pas dans celle-ci que nous différons, mais dans son application ! Et justement c’est là l’aspect délicat. Vous me parlez de se situer en témoin, de lucidité, d’intelligence, de conscience observatrice, de vigilance…Oui, cela je suis assez conscient, mais pourquoi dans la pratique ici même je ne vois guère en vous ces éléments sinon de loin ? Philippe D. L'intelligence n'est pas un mécanisme. Ce que vous comprenez très bien, c'est que tous les arrangements purement formels de l'unité de l'intellect sont insuffisants et trompeurs. Le syncrétisme, cela reste toujours confus. Pour le reste, je vous laisse les procès d'intention et la prise à partie, ce qui n'a d'intérêt pour personne à la lecture. Johnny M. Oui ça peut-être moi ou la perception, et au fait vous êtes déjà cette merveilleuse conscience, or si cela est ainsi, ne pourrait-on pas dire que ce n’est que dans le regard de celui qui l’exerce que se situe la Conscience ? Or dans ces cas, pas besoin de transformer la conscience (interactive) mais juste « sa » conscience. Cependant, il y a un mensonge la dedans : l’existence en unité sous une manifestation multiple n’est pas une illusion, ou alors tout est illusion : ce forum, vos interventions, votre intelligence, lucidité, etc. Je crois au fait, qu’ici il y a une dualité très subtilement déguisée mais évidente : le tout ou rien. Philippe D. Dommage que vous ayez ce ton ironique, car les questions que vous approchez là sont d'une réel intérêt, à condition de dépassionner le débat. Encore une fois, il faut se montrer très prudent. Qu'est-ce que vous entendedez vous, par "la Conscience"? Que veut dire pour vous "la conscience interactive" et quelle est donc la différence avec "ma conscience"? Si la conscience d'unité au sein de la diversité n'est pas une illusion, comment interpréter le "mensonge" dont vous parlez? Johnny M. Si nous acceptons le cheminement ce qu’il n’y a plus de relatif et absolu dans les deux côtés d’une corde, c’est que nous dépassons le regard duel ou plutôt linéaire sur la réalité et nous en incarnons un autre. Dans ce regard déjà détaché d’une identité exclusivement individuelle, on peut vivre ce que l’on exprime par vacuité, non pas dans le sens, je ne suis rien, mais je ne suis rien séparément de tout ce qui est ! Dans la pratique cela s’exprime par © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 37 ne plus vivre l’opposition. Comment cela se peut ? En comprenant que les deux côtés de l’histoire (jusque là) son valables et vrais, mais qu’ils se disposent différemment. Dans mon cas, je ne me suis situé contre vous mais à l’autre côté d’où généralement vous vous situez dans cette dynamique (relativement bien sûr). Philippe D. Ce qui me paraît étrange, c'est cette volonté chez vous de se définir par rapport à un autre. Pour confirmer l'originalité irréductible de votre point de vue? Pour éviter d'être contaminer par "l'autre?" A quoi cela sert de chercher à "se situer"? Qui est celui cherche à se situer par rapport à un autre? Vous voulez marquer des territoires? Si réellement vous ne viviez plus l'opposition, vous n'auriez pas le besoin de vous situer par rapport à l'autre. Très concrètement, que veut dire Vacuité dans votre expérience? Cela se réfère-t-il à une expérience bien précise? Ou bien est-ce purement intellectuel? Johnny M. D’où est-ce que je tire la conscience ?! Enfin je comprends la question, même si la réponse, je vais l’exposer sur plusieurs niveaux. La conscience ne se tire que d’elle-même, de la réalisation de la non-séparation (premier niveau). Quand à l’apparition de telle connaissance, je dois dire que cela se fait au cours du cheminement, même s’il y a des jours où une ouverture majeure, une proximité plus intime se dévoile (deuxième niveau). Quand au fait si cela incite ou implique une pratique, je crois que la réponse serait toutes les deux : c’est le résultat d’une pratique et l’ouverture pour une autre. Partant du fait que rien n’est statique, même le chemin se dynamise et mobilise donnant lieu à d’autres possibilités. La pratique qui a donné lieu à cette prise de conscience est l’empathie (dans mon cas), et « l’extension ». Je m’explique, l’empathie c’est ce qui m’a permis de vivre aussi ce que les autres vivent (certes pas dans sa totalité), et « l’extension » m’a été précieuse pour subtiliser l’identité (il s’agissait de retrouver l’essence par le ressenti partant de l’individu, puis quartier, ville, pays, planète, système solaire, galaxie, etc.). J’avoue que la vie elle-même vous donne les moyens (souvent assez intenses) pour l’ouverture nécessaire au temps opportun, suivant le désir base qui détermine votre quête. Cela fonde-t-il une pratique ? Cela va bien plus loin ! Cela fait partie d’un mouvement d’un nouvel ordre, d’une vie particulière reliée aux autres entités ; la (de plus en plus proche) conscience commune (interactive). Chacun se rapproche selon son rythme et ouverture (préparation). Je crois que c’est la prise de conscience des besoins de l’ensemble de l’être, et pas exclusivement que le corps (de celui-ci) qui peut ouvrir la voie aux pratiques pertinentes, variées. Philippe D. Que veut dire "désir base qui détermine votre quête"? Pensez-vous qu'il est nécessaire que nous ayons une identité de "chercheur de vérité" pour qu'une expansion de la conscience se manifeste? N'est-ce pas plutôt quand prend fin toute quête que la conscience s'ouvre? Johnny M. La question de l’ego est autant simple que délicate, car, dans un sens communément accepté ego revient à dire « moi personne », « humain » « je », or, à vrai dire ego veut dire simplement identité, le besoin de se sentir quelqu’un ou quelque chose. Dans ce sens, l’être adopte d’une manière ou d’une autre une identité (un exemple peu commun c’est celui que votre être peut prendre l’identité d’une galaxie, or, malgré la grandeur et son côté intangible, c’est une identité, donc de l’ego). L’identité, sous n’importe quelle forme (ou non forme) est une séparation (nécessaire) pour donner lieu au cheminement (ou ironiquement comme vous © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 38 avez intitulé le sujet du forum, transformation…). Maintenant, il existe la réalisation où comme j’ai dit précédemment vous n’êtes plus uniquement contenu mais aussi contenant : contenant-contenu ; ou si vous préférez : principe et dérivé. Je crois qu’un mouvement approximatif (dans le concept) est celui de se demander si un nombre immense de « personnes » (personnages) prennent la même identité base, une source commune ? Etendez cela à l’infini (toujours dans le concept) et vous obtiendrez la Conscience. Philippe D. Bon, passons pour l'ego pour "moi personne" et la suite dans la volonté de se sentir quelqu'un, qui est la même chose que se sentir quelque chose prise dans ce sens. Par contre "la manière d'être" que chacun adopte n'est aucunement séparable de l'ego lui-même, c'est l'ego se posant dans une forme, dans un rôle. L'ego est par nature poseur. Qu'il pose sous la forme d'une crapule, sous la forme de l'intellectuel très fier de lui ou du personnage du show business, c'est toujours l'ego. Johnny M. Ce que je peux dire aujourd’hui c’est que la spiritualité a changé, et changera encore. Les mythes de Jésus et Mère Thérésa, qui font toujours référence plus à un contenu qu’une forme (bien que l’humanité en retienne d’avantage sa forme que non guère le contenu), ne sont plus d’actualité. D’une manière insolite l’humain se réveille à la spiritualité, philosophie, au développement de la conscience commune et d’unité. Or, ce qu’il est incroyable qu’il ne soit pas encore réalisé que les anciennes formes, même de spiritualité, de recherche de l’invisible, ont « évolué », car à chaque temps son mouvement correspondant. Les anciennes routes ce n’est pas qu’elles sont non valables mais plutôt qu’elles ne mènent pas à la même destination que jadis, parce que jadis la Terre, les humains, se situaient autrement. Ce que je peux vous dire, en toute simplicité, que la voie de l’ego est révolue, car il n’est plus aujourd’hui ce qu’il était, il n’a plus la même fonction. L’ego était à une époque nécessaire, alors il fût conçu (autrement dit, conceptualisé). Or, il est important de saisir que les concepts ont une vie limitée en rapport au temps où ils naissent. L’ego aujourd’hui veut dire manifestation, de toute sorte. Sans envie de vous choquer le moindre, je peux dire ceci : Dieu est ego. Et il est ego parce qu’il est manifeste et manifestation. Alors que dire de ses dérivés… ? Il n’est plus la peine de se perdre dans cette voie. La Voie qui s’ouvre actuellement accueille un horizon bien plus large : l’unité des manifestations, des ego de toute nature et sorte. L’abstrait, ce n’est pas le non ego, c’est simplement une autre forme, qui vous semble dépourvue de ego. Or, ce qu’il est important de relever est que ego ce n’est pas synonyme de « égoïste ». L’égoïsme subsiste par le manque d’ouverture, d’unité. Dans l’unité les manifestations ne s’opposent, bien au contraire, se complémentent, vont en accord. Les conflits, autant internes comme externes que nous avons (tous les deux reliés) ne sont qu’une preuve de combien les changements des anciennes voies révolues coûtent et effraient à tous ceux qui s’attachent à ce qui se meurt naturellement et qui ne sera manifestement pas un soutient valable et conscient de ce qui naît. Carolyn S. Vous parlez de l'ego comme d'une simple identité, un besoin de se sentir quelqu'un ou quelque chose. A partir du moment où il y a prise de conscience, l'important n'est-il pas la forme que prend cette identité même si elle est changeante . Les formes se succèdent alors et traduise l'évolution de la conscience. Et là encore, la conscience peut-elle subir des "transformations" si elle ne se préoccupe pas aussi de l'inconscient auquel elle est © Philosophie et spiritualité, 2003 étroitement Forum La transformation de la conscience liée 39 ? Irène B. Pour réagir par rapport à ce que vous dites sur la conscience, je vais essayer de vous donner mon humble ressenti. Pour moi la quête ne fait que commencer justement au moment où la conscience s'ouvre. Que de concepts dans ces dernières pages et j'ai l'impression de commencer à comprendre qu'à la 27è ! ego, vacuité, conscience..... Quand la conscience s'ouvre il me semble que l'être commence à chercher à se positionner par rapport aux autres, au monde, à l'univers, au cosmos dont nous faisons partie et l'ego se manifeste... que serait-on sans ego....la révélation de l'identité....qui nous permet d'aller à la recherche de quoi en fait, la vérité ? mais c'est quoi la vérité ? ce qu'on a envie de découvrir ? sur qui, sur quoi ? je n'ai pas bien compris le sens du terme séparation évoqué par Johnny quand il dit que la conscience résulte de la réalisation de la non séparation.... Quant à la vacuité, je pense aussi qu'elle est le résultat d'un cheminement et celui qui y arrive est un bienheureux... la vacuité c'est parvenir au détachement... après avoir jeté toutes les scories de notre âme.... pour résumer je dirai que la vacuité ne peut exister sans la conscience, qui est elle-même une autre manifestation de l'ego sans lequel l'homme ne peut exister. peut-être hors sujet mais c'est mon ressenti par rapport à ça, mais il est intéressant de noter les opinions de chacun et moi je vois les choses d'une manière simpliste, très simpliste... mon ego n'en souffre pas trop d'ailleurs... Serge C. La question de l'Histoire de la conscience dans la Manifestation est tout à fait passionnante. Mais elle déborde le cadre de ce forum où nous cherchons surtout à expliciter dans la relation directe de l'expérience ce que la conscience peut-être. Il se produit actuellement une transformation de la conscience collective qui ne peut pas nous laisser indifférent. Disons qu'il y a sûrement quelque chose comme une Pression de la Conscience sur la Terre. Il serait très intéressant de scruter l'histoire depuis le début du XIX ème siècle pour remarquer que des personnalités spirituelles très importantes sont apparues et que jusque sous nos yeux, il y a une sorte d'éclosion de la conscience, qui est même en cohérence avec certains événements. Il faudrait un forum entier pour mettre sur papier tous les détails. Nous nous abstenons de spéculer trop dans ce sens, pour rester dans ce qui nous semble important dans la connaissance de soi. Philippe D. Il me semble que nous devons être très circonspect sur ce que nous entendons par "évolution" de la conscience, pour employer le formule de Carolyn. Evolution est un terme qui a parfaitement sa place en biologie, on peut aussi parler d'évolution de la technique et là non plus, cela ne pose aucun problème. Par contre, sur le plan psychologique, ce n'est pas évident du tout. Le propre du mental, le propre de l'ego, c'est de conserver un caractère rigide. Un esprit borné reste borné. L'ignorant reste ignorant etc. Si nous regardons de très près cela nous verrons que le mental ne maintient très facilement dans une ornière. Et n'évolue pas. Pour que l'esprit borné cesse, pour que l'ignorance cesse, il faut qu'ils y ait une prise de conscience radicale qui y mette fin. La lucidité n'est pas une évolution, mais un véritable saut. c'est une illusion de compter sur le temps pour qu'un changement profond s'opère, c'est une illusion de penser la transformation de la conscience en terme de continuité. © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 40 Serge C. Ou bien, disons que le nouveau puisse apparaître, disons qu'il faut une mutation de la conscience. peut-être justement que toute l'histoire de la vie sur Terre s'est ponctuée par l'apparition de sauts évolutifs. Nous avons employé plus haut l'expression de bond en avant à propos de la conscience de l'humanité. Mais peut-être que ce sont les sauts évolutifs qui ont été justement le moteur de l'évolution. Sur le plan de la conscience, le principe est encore plus juste, la prise de conscience effectue un saut par lequel je brûle un état antérieur pour entrer dans une conscience nouvelle. Sans cela, ce serait le train train ordinaire qui voue l'être humain à n'évoluer que vers la sénilité et c'est tout ! Il y a une illusion dans la croyance que la continuité du temps suffit pour faire évoluer. Quetzal Il est assez étrange de vous voir parler de cette conscience et de cet ego, dans ce maelström, dans ce conflit de vos ego, y a t'il une dialectique a vos point de vue, sans doute une transcendance a tenter, vers l'immanence même de la conscience ? Comme je vous sens a fleur d'ego, pourquoi ne pas retourner vers la conscience de vos ego a l'oeuvre?? Le mien est ici a l'oeuvre, présence a votre lecture, connaissance par votre attentivité compréhensive de ce mon message... je suis dans ce message, et mon ego tout entier le suit... en vous et travers vous, a la recherche d'un quelque chose... sans doute de l'expression de mon identité dans votre future réponse... mais a quoi bon, où se trouve la transformation promise ici... du moins si il y a transformation, nous n'en sommes qu'aux prémisses, voir a la recherche de cette tentative... Pour ma part je vous propose ce petit chose... ce matin, je dormais encore, perdue dans ce doux et bienveillant non-être, dans ce néant réparateur... inconscience pure diras-t-on car, même le temps lui-même est happer dans la ténèbre de mon oreiller ...et la!!! mon radioréveil me rappelle dans son cri strident que l'humanité et le monde a besoin de moi, de mon ego... et dire que je n'étais rien même pas dans le début d'une conscience, mais n'étais-je pas tout de même vigilance en face du monde pour que le cris du buzzer me sorte de ma torpeur.... Que faire donc de cette possibilité de cette attentivité permanente de soi, ou plutôt du grand soi en face du monde, que deviens le savoir de notre intimité de ce savoir être en interactivité avec le monde sans toutefois que l'éveil au monde, au jugement de celui-ci, ne soit... et encore, personnellement je me sais déjà être juge dans mon sommeil de ce qui est de nature a me réveiller... ma femme le sais bien, puisque c'est toujours elle qui se lève pour calmer les pleurs nocturnes du petit dernier.... moi je n'entend rien, ou pas beaucoup, enfin pas souvent : que penser de cette pure inconscience se drapant des attributs de la conscience elle-même... serait-elle notre conscience première, celle du soi en face du monde, vigilance première, passive, simplement attentive... Serge C. Vous êtes bien rapide à voir des ego partout ! Vous croyez que l'ego est présent tout le temps dans ce que vous faites? Regardez exactement ce qui a lieu quand vous écoutez vraiment, quand vous êtes librement attentif. Est-ce qu'il y a vraiment "moi", "moi"? Non. Quand l'écoute est présente, il n'y a plus de sens du moi. Par contre, dès qu'il s'agit de se mettre à polémiquer, apparaît, "moi" je pense que, et "lui" il pense, moi je suis d'accord, moi je ne suis pas d'accord. L'intelligence peut être très présente, très éveillée, sans qu'il y ait le sens de l'ego. Il n'y a pas de "promesse" affichée en gros caractère en tire du forum concernant un phénomène étrange qui serait la "transformation de la conscience". Elle n'est écrite nulle part. Ne nous faites pas dire ce que nous ne disons pas. Ce que nous mettons en question ici, ce que peut signifier un changement de conscience. Il n'y a pas de méthode ici, pas d'a priori avancé. Cependant, commençons pas observer attentivement ce que nous sommes et nous © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 41 verrons bien. Il se pourrait bien que le seul fait d'observer attentivement le fonctionnement du mental quand il est à l'oeuvre provoque justement un changement subtil. Ce qui nous rassemble sur ce forum (qui n'en n'est pas tout à fait un vu son mode de fonctionnement au ralenti), c'est une chose au fond très simple : nous sentons bien que la conscience ordinaire est assez étroite, ignorante, limitée et qu'il est tout à fait possible et même nécessaire que se produise une expansion de conscience. En trois lignes, c'est toute la question. Philippe D. Ce que vous évoquez dans la seconde partie de ce message, c'est le subliminal, ce qui précède la vigilance, mais n'est pas encore investi d'une intention, mais comporte déjà de la conscience. C'est étrange, mais il y a une attention particulière au sein du sommeil, quand vous avez posé la veille une exigence. Je dois faire attention au petit. Demain, il faut que je sois debout à sept heures. J'émets une intention et cette intention continue de travailler dans la nuit. C'est un peu comme si j'avais laisser un programme en tâche de fond, tandis que la machine est mise en sommeil. Il est remarquable de constater que ce fonctionnement est très efficace. Nous mettons en oeuvre alors une intelligence qui n'appartient pas à la volonté consciente, à l'ego de la veille. Il est tout à fait possible que l'intelligence qui opère ainsi soit la véritable intelligence dont je crois pouvoir m'emparer dans la veille en pensant qu'elle est ma propriété. "mon" intelligence. L'intelligence ne m'appartient pas. Comment l'ego apparaît-il, puisqu'il n'est pas toujours là? Est-il possible d'agir dans le monde sans cette obnubilation constante de "moi"? Serge C. C'est assez casse-pieds de se tenir dans la prise de conscience sans vouloir aller au-delà ! C'est ce que vous exprimez au début, ces gens qui en sont à la prémisse de la recherche sur etc.! Ras le bol des préliminaires ! donnez moi un morceau de bois, un ciseau et je vais tailler, tailler pour en sortir une statue. De l'action. Un truc à faire. Une méthode à suivre. Dans le domaine de l'action, c'est ce que tout le monde attend. Disons qu'ici, on fait une pose. Juste pour observer ce qui se passe en moi. Juste pour comprendre, sans chercher à aller au-delà. Petit exercice de lucidité. Tiens, le maelström de la vie ordinaire. Ce tiraillement constant des impératifs de la vie. Ai-je jamais remarqué à quel point j'étais perdu dans ce bazar de la vie ordinaire? Est-ce que j'en ai jamais pris conscience? Claude D. Etre ou ne pas être dans l’ego. Je crois que il faudrait voir différemment l’ego à savoir si l’ego est là ou pas, je répondrai que l’ego n’est pas, n’est plus là, quand il ne dérange votre conscience d’y être. Ce que je veut dire c’est que nous, nous somme construit un image de la conscience et de l’ego. Une image tantôt intellectuelle tantôt et ou sentit Qui se pose la question premièrement es ce que j’ai un ego ou pas. Si vraiment il n’y as plus d’ego, il n’y a que la conscience qui s’en ego, ne sent pas le besoin de demander cette question, puisque elle est dans l’action dans le fait d’être, Elle sait ce qu’elle elle, elle est tellement complète en elle-même elle sent tellement le plein de la vie qui la remplis elle ne sens pas le besoin de cette pseudo question du manque de cette basse estime d’elle-même à demander si elle un diminutif relier à l’ego ou pas à savoir si elle est correct ou pas (c’est des mots intellectuellement ont le sais mais dans le sentit souvent c’est autre chose qui est vécu) elle est d’une réelle harmonisation avec la vie sa réponse est en sa question, mais pas la question es ce que je suis ou non dans l’ego. C’est une évidence, je ne pourrais mettre de mot, mais je sais que c’est mot là ne se pose pas. C’est comme quand ont est en amour © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 42 vraiment la question ne se pose pas, là je parle du summum de l’amour de la conscience sans ego. Ce n’est pas que c’est mal de se poser la question mais c’est que la réponse est déjà fusionnée à la question. C’est le genre de chose que tu ne peux plus te poser si tu l’as vécu. Encore une fois l’ego une fois que ont peut en être épargné de part notre percée à vivre sans lui et à d’être dans notre esprit cela ne veut pas dire que il n’est plus là. Pour l’instant il n’a que cédé la place. Comme il se passe en nous avec bien des parties continuellement La question à savoir si un moment donner que l’on sent que l’on ais dans un continuum de pensée sans ego en nous, ne fait pas que nous n’avons plus d’ego, pas plus que lorsque nous vivons de la joie en nous cela ne veut pas dire que nous n’avons plus de peine du tout en nous bien que c’est émotion soi bien opposé, les deux sont là en potentiel. Bien que nous ayons le potentiel de vivre dans notre esprit de plus en plus du fait que nous avons moins d’ego ou bien que notre conscience prend plus d’ampleur par instant, cela n’insinue pas que le travail est terminer non au contraire il est là pour nous encourager et pour nous dire combien le travail n’est pas facile car même après être rendu là ce qui est possible de ne pas sous-estimé les subtilité en strate de d’inconscience il peut y avoir à surmonté dans toute leur complexité que nous verrons dans notre conscience après avoir arpenté le chemin… Rappelez vous au début de votre évolution consciente vous pensiez que l’ego étais ceci cela et maintenant vous voyez en grosso modo différemment dans 15ans vous le verrais encore différemment et vous trouverais que vous étiez plus dans l’ego que vous ne le pensiez bien souvent car pour certain vous pouvez déjà vous le dire quand vous regardez votre passé… Alors être ou ne pas être dans l’ego est justement une question d’ego. Quetzal © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 43 Oui, je comprend parfaitement le sens de ce forum. mais, peut-il y avoir dans l'action autre chose qu'un ego a l'oeuvre, l'action n'est-il pas le reflet de celui qui agit dans le monde, et ce, sous n'importe qu'elle forme... déjà ne pas agir, n'es-ce pas déjà être un ego, un individu, une individualité. Je comprend tout a fait que tu prenne mal le fait que je mette en exergue ce point, l'ego, le moi agissant, qui, même dans l'inconscience de l'action, puisqu'il se fait action, la conscience/je filtre et transforme le réel dans le melting-pot de l'ego, et ceci au travers de ses représentations. Quand on dis "je suis", l'on dit implicitement "moi-je suis". et Etre/exister, se tenir en face du monde, se confond dans notre présence au monde, pour l'autre et par l'autre. Quand a la transformation de la conscience, celle-ci, n'est-elle pas elle même a cheval sur le temps, dans une durée ou le monde se jette, dans un présent continue, toujours renouvelé, et ou le futur n'est pas encore et ou le passé n'est déjà plus... Ainsi la transformation de la conscience, peut-elle autre chose que l'acte de conscience lui-même en face du temps et dans le temps.. une transformation perpétuelle et continue ou toute représentation, souvenir, se mélange et se recombine, dans l'espoir d'un futur, d'un avenir certains mais encore inconnu. Quand a savoir qu'elle forme particulière la conscience vas prendre, quel est son devenir... mystère... je pense qu'ici chacun est juge de ses propres états psychique, du mouvement immanent de son propre être dans le monde, et ceci a travers cette conscience de soi, un moi, et un je pour l'action. Mais n'est-ce pas plutôt de la conscience collective, de cet être abstrait, l'être d'un groupe, de son soi culturel dont il serait utile de juger de la transformation. Mais de quelle culture?? la notre, française, d'une culture mondialisée et urbaine, ou de celle du peuple bantou?? il y 'a t'il une conscience universelle de l'Homme dans l'homme, et est-ce celle-ci vers laquelle toute les culture peu ou proue tendent a se rejoindre?? Philippe D. La conscience collective n'est que l'écho des consciences individuelles. Elle ne change qu'avec elles et sa transformation suppose la transformation de la conscience individuelle. L'accent principal porte sur ce que je suis, le reste n'est qu'une extension, une extension chaotique ou ordonnée, à la mesure de mon rayonnement dans le monde. Spéculer sur l'avenir ne nous avance guère, ce qui importe c'est de le créer, et de le créer maintenant. Or il est tout à fait clair qu'une expansion réelle de la conscience affectera la conscience collective. Ce que nous appelons aujourd'hui "culture", n'est qu'un égocentrisme collectif de plus. Une manière de distinguer, de séparer, d'opposer, de se faire valoir par rapport à d'autres. Cela n'a guère de sens et cela ne mérite que d'être jeté aux orties. Vu de l'unité, le paysage est très différent, car la diversité coexiste dans l'unité sans friction. Danièle C. La transformation de la conscience passe nécessairement par la souffrance, quand tout va bien, on ne se pose pas de question. On continue pensant que l’on est à tort ou à raison sur la bonne voie, ce n’est que lorsque l’on traverse des épreuves, que l’on se questionne, que l’on cherche, et plus on souffre, plus on cherche des réponses, pour justement ne plus souffrir. Je suis en chemin comme bien d’autres, je suis en chemin pour m’élever spirituellement et donc m’ouvrir en conscience. La conscience que nous vivons un monde d’illusions, nous vivons sur un système de croyances, que nous ont transmis nos parents. Notre culture. Sans © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 44 jugement aucun, mais la vie nous fait prendre conscience que « ce que nous croyons être l’amour n’en n’était pas », que ce que Nous détenions comme vérité, n’en n’était pas une », « que ce que nous croyons comme idéal de vie et de bonheur, ne l’était pas » … Nous sommes des chercheurs permanents en quête de vérité, qui sitôt découverte est balayée par une autre. L’élévation de conscience est un travail douloureux, car il déstabilise (ce qui n’était qu’illusion de stabilité), mais dans le même temps, il rend lucide, éclaire les choses d’un autre regard, voit les choses que d’autres ne voient pas encore, il exige ouverture, tolérance, humilité, Acceptation, et foi, et devient alors une force extraordinaire pour continuer, c’est un long chemin. Philipe D. "Nécessairement" est un terme dont je doute beaucoup. La nécessité de la souffrance ne s'impose que quand l'esprit et fermé et le coeur endurci. Quand trop de rigidité mentale s'est accumulée et cela craque. Parce que la Vie est une fluidité absolue et une conscience ample et développée est nécessairement très fluide et très adaptable. Il n'y a pas de fatalité de la souffrance. C'est nous qui dessinons nos propres épreuves. Ce n'est pas la vie qui les impose. S'il y a des questions, c'est parce qu'il y a ignorance bien sûr. Mais, justement, l'expansion libre de la conscience, est-ce que finalement il ne conduit pas à un état sans question? Pour ce qui est de l'illusion oui, tout à fait. Et cela va même certainement bien plus loin que le seul conditionnement social, car il faut inclure dans l'illusion le rapport au temps psychologique et tout ce que cela entraîne. Tout ce que l'ego veut faire durer et poser comme réel dans le temps repose sur l'llusion de la continuité. Il n'y a pas de stabilité possible dans le domaine du relatif effectivement. Quand on est déstabilisé, c'est surtout parce que l'on s'est accroché à une fausse stabilité. La véritable Stabilité est absolue, elle est une assise dans le Soi, elle est intemporelle. Joseph A. Je voulais apporter ma petite contribution à ce forum dont je trouve le thème très important, pas seulement intellectuellement mais surtout pour ma vie présente et future. Personnellement, je me pose souvent toutes sortes de questions sur ma vie, sur moi, ma raison d'être. En ce qui concerne la transformation de la conscience, j'ai remarqué que je n'arrivais jamais atteindre une conscience réelle parce que à chaque fois que j'essayais, je savais que il était possible d'atteindre un niveau de conscience encore supérieure. Cependant, Je cherche de plus en plus à comprendre comment marche le monde, quelles sont les motivations des personnes que je côtoie et des personnes en général. Vous allez me dire: Quel rapport avec le thème de la conscience? Le rapport est que j'ai réalisé + ou - consciemment que chaque fois que je comprenais quelque chose, quelque le domaine, cette compréhension avait pour effet de me connaître d'avantage. Mais pour que ce phénomène marche il faut remplir au moins 2 conditions: - Il faut être prêt à accepter ce que l'on a de pire chez soi (sans pour autant l'entretenir) Autrement la révélation de soi est impossible. © Philosophie et spiritualité, 2003 Forum La transformation de la conscience 45 Philippe D. Dès l'instant où nous prenons conscience de ce que les hommes fonctionnent à partir de leur motivations, nous avons fait déjà un pas. C'est l'intention qui dirige la direction de la conscience. Ce que valent mes actes, mes pensées, mes sentiments, c'est ce que valent mes intentions. L'extériorité est parfois trompeuse, c'est l'intention qui est importante. Or, effectivement, la lucidité qui éclaire les intentions révèle aussi le pire. Cela signifie qu'il est important de ne pas juger par avance, mais seulement d'observer sans condamner. Joseph A. - Il faut que chacune de ces choses que l'on comprend se rattache à quelque chose de vivant, Par exemple, si on m'affirme que la passion est destructrice, alors une histoire m'aidera à mieux comprendre puis je me souviendrais d'une situation similaire dont j'ai été le témoin et enfin, pendant quelques secondes, j'essaierais de ressentir la passion et tout ce qu'elle implique sur mes pensées. Et ce n'est qu'à ce moment que je me connaîtrais mieux. Je réaliserait que je suis capable d'avoir des sentiments destructeurs, je réaliserais que la passion peut entraîner la jalousie, la haine etc... Il s'agit donc d'essayer de se connaître soit même en se servant de l'extérieur comme d'un miroir. Je renvoie tout ce que j'observe à mes pensées, mon vécu, mes états d'âmes. Tout ce processus provoque chez moi des prises de conscience en cascade. En fait, je pense que l'intérêt de se révéler à soi-même peu à peu est un moyen d'atteindre le niveau ultime de conscience (si il existe). Philippe D. De toute manière, je ne suis pas séparé du monde, je vis en relation. Croire qu'existe une séparation est une illusion. La compréhension peut être de deux ordres, il y a une compréhension intellectuelle, celle que l'on trouve souvent dans des livres, elle est compréhension d'idées, mais elle ne m'affecte pas vraiment profondément. Il y a aussi une compréhension qui part du coeur, qui jaillit dans le pathétique où je suis profondément touché. Ce que je comprends avec le coeur est bien plus profond que ce que je saisis avec l'intellect. Il y a quelque chose de faux dans la formule "atteindre le niveau ultime". La conscience ne s'atteint pas. Elle est. Toute entière ici et maintenant, pas dans le temps. Il n'y a pas de trajet, pas de distance à parcourir, mais la présence entière au maintenant. La conscience est une. Ce que vous décrivez comme prise de conscience en cascade est fin et très juste. Nous donnons un nom à cela, la lucidité. Mettre en lumière. Plus précisément voir. Voir la passion, surtout quand elle est emprisonnée dans le désir, voir ses ramifications, sa logique, sa clôture. Voir l'emprise de l'ego dans la passion, sa volonté de puissance, sa volonté de posséder l'autre, d'en faire l'objet de ses désirs. Voir la prison de l'attachement passionnel et l'inévitable conséquence de l'éclatement conflictuel. C'est un seul processus qui peut être observé droit dans les yeux. Le seul acte du voir est délivrance, car nous ne pouvons plus nous identifier à cela quand nous avons vu ce qui est destructeur dans le processus. © Philosophie et spiritualité, 2003 * * Forum La transformation de la conscience 46 * Page 1-34 incluse.