PREMIRE PARTIE : Travail Méthodologique (39 points)

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Développement Structuré
Depuis le printemps dernier, le gouvernement français, inquiet de l’essoufflement de la
croissance économique, recherche les mesures susceptibles de relancer celle-ci. Une
commission présidée par Jacques Attali, ancien conseiller du Président François Mitterrand,
avance une série de propositions qui permettraient de stimuler la consommation, vecteur
important de la croissance économique d’un pays (exemple ouverture des magasins le
dimanche).
Dans un développement structuré vous vous interrogerez sur la question suivante :
« La consommation des ménages est-elle le seul déterminant de la croissance
économique et quels sont les effets de la croissance pour l’économie d’un pays ? »
En fait ce sujet se compose de deux sujets :
Premier sujet :"Est-ce que la consommation des ménages est l'unique déterminant de la
croissance économique". Cela aurait largement pu faire l'objet d'un sujet, avec une
problématique "Est-ce l'unique déterminant ou y en a-t-il d'autres.
Deuxième sujet : Quels sont les effets de la croissance économique sur l'économie?

Effets positifs

Effets pervers
Le plan qui s'imposait était donc de faire une partie de chacun des sujets.
I.- Est-ce que la consommation des ménages est l'unique déterminant de la croissance
économique?
II.- Quels sont les effets de la croissance sur l'économie d'un pays
Bien entendu on ne vous demandait pas de développer aussi longuement que je l'ai fait
toutes les idées. Cela serait impossible dans le temps qui vous est imparti. Il suffisait d'en
développer une ou deux ou de les citer simplement, mais dans un ordre logique avec des
enchaînements d'idées qui constituent un raisonnement, une argumentation.
J'ai essayé de mettre le maximum de choses dan ce corrigé, avec des rappels et des
citations du cours de première année. Il faut donc bien lire ce corrigé, car il survole un
ensemble de connaissances qui sont liées.
Les enchaînements logiques qu'il fallait faire étaient les suivants :
PLAN
La consommation des ménages
est-elle l'unique déterminant de
la croissance économique ?
C'est un
déterminant
important (cercle
vertueux de la
consommation).
Mais problème de
la mondialisation
Il y a d'autres
déterminants :
 Le profit (point
de vue libéral
 La
démographie
 La qualité de
la population
 Les
innovations
majeures
(Schumpeter)
Les effets de la croissance
économiques
Effets positifs :
 Augmentation
des revenus
donc du
niveau de vie
 Possibilité de
redistribution
 Baisse du
chômage
Effets pervers :
 Pollution
 Dégradation
de la qualité
de vie
 Inflation
éventuelle
 Creusement
des inégalités
Dépression économique, chômage, croissance en panne, baisse de la consommation,
autant de problèmes qui se posent aux responsables politiques de plus en plus inquiets devant
l'essoufflement de la croissance économique. Mais comment ces phénomènes s'enchaînent ils?
Quelles sont les relations de cause à effet entre eux ? Des questions en suspens dont les
réponses sont loin de faire l'unanimité. Une évidence s'impose : sans croissance économique,
pas de création d'emplois. Au sens courant du terme la croissance économique est
l'augmentation durable d'un indicateur économique (généralement le PIB ou le PNB). L'analyse
économique a constaté qu'elle est soumise à des fluctuations plus ou moins longues qu'on
appelle cycles économiques, chaque cycle comportant un période d'expansion (augmentation
du PIB) et des phases de récession (diminution du PIB ou du moins, forte diminution de son
taux de croissance). Or en phase d'expansion tous les indicateurs économiques sont
favorables, on s'approche du carré magique, alors qu'en phase de récession on s'en éloigne de
plus en plus. Il convient donc de s'interroger sur les déterminants de la croissance économique.
Parmi eux, la consommation joue un rôle essentiel, mais est-ce l'unique déterminant ? Il faudra
ensuite analyser les effets de la croissance pour l'économie d'un pays.
I.- Les déterminants de la croissance économique
Depuis l'analyse keynésienne, tout le monde admet que la consommation des ménages
est un déterminant important de relance de la croissance économique. Mais il y en a d'autres.
A) Les effets de la consommation des ménages sur la croissance économique :
C'est le point central de la théorie keynésienne pour qui les entreprises investissent et
embauchent en fonction de la "demande effective", c'est à dire la demande prévue. Il y a un
"cercle vertueux" de la consommation. Plus de consommation va rendre les entreprises
optimistes ce qui les incitera à investir, donc distribuer plus de revenus ce qui va, à nouveau
entraîner une hausse de la consommation, et ainsi de suite. De même, le volume des
exportations constituera un élément favorable à la croissance, étant donné qu'il s'agit d'une
demande extérieure. Les politiques gouvernementales devront donc s'attacher à mettre en
œuvre des politiques favorisant la consommation : baisse des taux d'intérêt à la consommation,
augmentation des revenus les plus faibles qui ont une propension à consommer importante :
par exemple augmentation du SMIC, des revenus sociaux (allocations divers, bourses, emplois
sociaux) embauche de fonctionnaires, politique de grands travaux qui auront un effet positif sur
le revenu des ménages et donc sur la consommation.
Le rôle de la consommation ne fait pas de doute chez la plupart des économistes et le
rapport Attali, demandé par le gouvernement, propose des mesures qui la doperaient.
Le problème, cependant, est que la relance de la consommation ne favorise pas seulement les
entreprises du pays, mais également les entreprises étrangères en raison de la mondialisation.
L'argent dépensé par l'Etat pour relancer la consommation ne reviendra donc pas dans ces
caisses par le biais de la fiscalité (plus de TVA, plus d'impôts sur les revenus).
C'est la raison pour laquelle d'autres facteurs de croissance doivent également être
examinés.
B) Les autres déterminants de la croissance économique :
Pour les économistes libéraux, à court terme, c'est le profit réalisé par les entreprises qui
va les déterminer à investir. Comme Keynes, ils reconnaissent le rôle bénéfique de
l'investissement, mais contrairement à lui ils partent du profit et non de la demande; c'est ce
qu'exprime la célèbre phrase du chancelier Schmidt "Les profits d'aujourd'hui font les
investissements de demain et les emplois d'après demain.
D'autre part, la croissance économique dépend, à long terme, de plusieurs facteurs
structurels qu'il est intéressant de passer en revue.
La démographie est un de ces facteurs, dans la mesure où une population peu
nombreuse et vieille est défavorable à la croissance, car l'esprit d'entreprise et le dynamisme
font défaut. De plus, en système de répartition des retraites, une faible proportion d'actifs a à sa
charge un nombre important de retraités, ce qui entraîne une hausse des charges des
entreprises, donc une baisse de leur compétitivité. Mais une population trop nombreuse,
comme dans les P V D, est également un handicap. Il faut donc trouver un juste équilibre.
D'autre part la qualité de la population joue également un rôle important. Ainsi, une
population bien formée est plus créative et favorise le développement économique et vice
versa. De même, la productivité du travail joue un rôle important. Elle rend le travail moins cher.
Les entreprises partagent généralement les gains de productivité entre les actionnaires, les
salariés et le consommateur, en baissant le prix des produits. Cette baisse des prix va rendre
l'entreprise plus compétitive. De plus la hausse des salaires va entraîner une hausse de la
demande. Tous ces facteurs sont favorables à l'investissement, donc l'embauche, donc à la
croissance.
L'internationalisation des économies est un autre facteur de croissance, dans la mesure
où cela élargit les marchés et permet la division internationale du travail, déjà louée par
Ricardo, ce qui est bénéfique au consommateur et oblige les entreprises à devenir plus
compétitives pour faire face à la concurrence internationale. Mais cette internationalisation
favorise également le "dumping social" et les "délocalisations, donc des pertes d'emplois. De
plus, elle rend inefficaces les politiques de relance étant donné des mesures en faveur de la
demande risquent de bénéficier aux pays voisins.
Il ne faut pas oublier, enfin, le progrès technique qui serait un moteur primordial de la
croissance économique, selon Schumpeter, économiste autrichien. Celui-ci attribue aux
innovations un rôle primordial dans la croissance économique. Il explique les cycles longs mis
en évidence par Kondratieff (25 ans d'expansion et 25 ans de récession) à l'existence ou non
d'innovations majeures. En effet, pour cet économiste, lorsque des inventions majeures ont lieu,
apparaissent de nouveaux secteurs économiques moteurs. Exemple l'invention de l'automobile
qui a créé le développement de nombreux secteurs (sidérurgie etc..). La prospérité correspond
aux phases de diffusion massive d'une technologie nouvelle. L'achèvement de cette diffusion
marque le début de la phase de récession. D'autre part Schumpeter a constaté, en analysant
les cycles, qu'il existait des périodes prospères à l'innovation où l'on observe des "grappes
d'invention", comme si tous les scientifiques s'étaient donnés le mot et des périodes comme
celle que nous vivons actuellement pauvres en inventions majeures. La révolution informatique
et les biotechnologies devraient être le point de départ d'un cycle Kondratieff. Solow estime que
l'informatique n'a pas été une innovation porteuse de croissance, comme l'automobile ou
l'électricité, car elle ne concerne qu'un faible pourcentage de services (les banques, la SNCF,
les assurances), mais pas les commerces, les coiffeurs etc.
Les déterminants de la croissance recensés, il reste à en examiner les effets.
II.- Les effets de la croissance sur l'économie d'un pays :
On attribue beaucoup de vertus à la croissance économique, mais elle présente
également certains aspects négatifs
A) Les vertus de la croissance
Sur le long terme la croissance économique entraîne des transformations de la société:
urbanisation, allongement de l'espérance de vie, augmentation du pouvoir d'achat, modification
de la structure de la consommation (développement des services, des consommation liés à la
santé, aux loisirs et à la culture, consommation de masse et exigences de qualité.
D'autre part Keynes a montré une relation directe entre croissance et plein emploi. En
effet, en période de croissance le climat général est optimiste. Les entrepreneurs seront alors
incités à investir et les ménages à consommer, ce qui va contribuer à une augmentation
substantielle du revenu national, grâce à l'effet multiplicateur de l'investissement, mis en
évidence par Keynes. Ceci se vérifie dans les faits. Généralement, les périodes de croissance
coïncident avec une baisse du chômage et vice versa Cette relation n'est cependant pas
toujours évidente. Pour que la croissance ait pour conséquence des créations d'emploi il faut
qu'elle provienne de l'accroissement des moyens de production. Par contre, une croissance qui
proviendrait d'une meilleure utilisation des facteurs de production n'engendrerait pas d'emplois,
car il y a substitution du capital au travail.
Il faut noter cependant que la croissance n'a pas que des effets positifs.
B) Les effets pervers de la croissance
La comptabilité Nationale ne tient pas compte de la dégradation de l'environnement
écologique : pollution des rivières, trou dans la couche d'ozone etc. Ces nuisances sont
pourtant le résultat de la croissance et devraient être soustraites de la richesse créée, ce qui
n'est pas le cas, au contraire. En effet, lorsqu'une usine pollue, non seulement on ne compte
pas en négatif cette pollution, mais, en outre, on comptera en positif les frais de dépollution.
Polluer, dépolluer augmente la richesse nationale, ce qui est paradoxal.
D'autre part, croissance économique n'est pas toujours synonyme de développement.
C'est pourquoi les économistes ont créé "l'indicateur de développement humain" (IDH) qui
prend en compte, outre le revenu, des éléments qualitatifs tels que l'espérance de vie, le taux
d'alphabétisation, le niveau d'instruction. Certains économistes voudraient aller plus loin et
proposent un nouvel indicateur, le BNB (Bonheur National Brut) qui comptabiliserait également
certains éléments qualitatifs tels que l'augmentation des distances à parcourir entre son
domicile et le lieu de son travail, la fatigue nerveuse, les dépressions, les taux de suicide.
Enfin, la croissance économique est souvent accompagnée d'une inflation et donc d'une
baisse du pouvoir d'achat. En effet, étant donné qu'il y plein emploi, les facteurs de production
coûtent plus chers et les entreprises, pour compenser la hausse de leurs coûts de production,
vont augmenter leurs prix. En outre, une croissance non équilibrée peut accentuer les
inégalités.
Il est incontestable que la croissance économique est indispensable pour le bien-être
d'un pays. Sans croissance s'installe un cercle vicieux qui aboutira très certainement à
l'installation du chômage. C'est la raison pour laquelle l'étude des facteurs de la croissance est
essentielle pour mettre en place les politiques économiques adéquates. On peut se demander
si la nouvelle économie fondée sur les nouvelles technologies de l'information et de la
communication pourra, à l'avenir, créer une nouvelle dynamique de croissance. Cependant la
croissance a également des effets négatifs et la croissance à tout prix peut mettre en danger
l'avenir des populations.
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