Développement Structuré Depuis le printemps dernier, le gouvernement français, inquiet de l’essoufflement de la croissance économique, recherche les mesures susceptibles de relancer celle-ci. Une commission présidée par Jacques Attali, ancien conseiller du Président François Mitterrand, avance une série de propositions qui permettraient de stimuler la consommation, vecteur important de la croissance économique d’un pays (exemple ouverture des magasins le dimanche). Dans un développement structuré vous vous interrogerez sur la question suivante : « La consommation des ménages est-elle le seul déterminant de la croissance économique et quels sont les effets de la croissance pour l’économie d’un pays ? » En fait ce sujet se compose de deux sujets : Premier sujet :"Est-ce que la consommation des ménages est l'unique déterminant de la croissance économique". Cela aurait largement pu faire l'objet d'un sujet, avec une problématique "Est-ce l'unique déterminant ou y en a-t-il d'autres. Deuxième sujet : Quels sont les effets de la croissance économique sur l'économie? Effets positifs Effets pervers Le plan qui s'imposait était donc de faire une partie de chacun des sujets. I.- Est-ce que la consommation des ménages est l'unique déterminant de la croissance économique? II.- Quels sont les effets de la croissance sur l'économie d'un pays Bien entendu on ne vous demandait pas de développer aussi longuement que je l'ai fait toutes les idées. Cela serait impossible dans le temps qui vous est imparti. Il suffisait d'en développer une ou deux ou de les citer simplement, mais dans un ordre logique avec des enchaînements d'idées qui constituent un raisonnement, une argumentation. J'ai essayé de mettre le maximum de choses dan ce corrigé, avec des rappels et des citations du cours de première année. Il faut donc bien lire ce corrigé, car il survole un ensemble de connaissances qui sont liées. Les enchaînements logiques qu'il fallait faire étaient les suivants : PLAN La consommation des ménages est-elle l'unique déterminant de la croissance économique ? C'est un déterminant important (cercle vertueux de la consommation). Mais problème de la mondialisation Il y a d'autres déterminants : Le profit (point de vue libéral La démographie La qualité de la population Les innovations majeures (Schumpeter) Les effets de la croissance économiques Effets positifs : Augmentation des revenus donc du niveau de vie Possibilité de redistribution Baisse du chômage Effets pervers : Pollution Dégradation de la qualité de vie Inflation éventuelle Creusement des inégalités Dépression économique, chômage, croissance en panne, baisse de la consommation, autant de problèmes qui se posent aux responsables politiques de plus en plus inquiets devant l'essoufflement de la croissance économique. Mais comment ces phénomènes s'enchaînent ils? Quelles sont les relations de cause à effet entre eux ? Des questions en suspens dont les réponses sont loin de faire l'unanimité. Une évidence s'impose : sans croissance économique, pas de création d'emplois. Au sens courant du terme la croissance économique est l'augmentation durable d'un indicateur économique (généralement le PIB ou le PNB). L'analyse économique a constaté qu'elle est soumise à des fluctuations plus ou moins longues qu'on appelle cycles économiques, chaque cycle comportant un période d'expansion (augmentation du PIB) et des phases de récession (diminution du PIB ou du moins, forte diminution de son taux de croissance). Or en phase d'expansion tous les indicateurs économiques sont favorables, on s'approche du carré magique, alors qu'en phase de récession on s'en éloigne de plus en plus. Il convient donc de s'interroger sur les déterminants de la croissance économique. Parmi eux, la consommation joue un rôle essentiel, mais est-ce l'unique déterminant ? Il faudra ensuite analyser les effets de la croissance pour l'économie d'un pays. I.- Les déterminants de la croissance économique Depuis l'analyse keynésienne, tout le monde admet que la consommation des ménages est un déterminant important de relance de la croissance économique. Mais il y en a d'autres. A) Les effets de la consommation des ménages sur la croissance économique : C'est le point central de la théorie keynésienne pour qui les entreprises investissent et embauchent en fonction de la "demande effective", c'est à dire la demande prévue. Il y a un "cercle vertueux" de la consommation. Plus de consommation va rendre les entreprises optimistes ce qui les incitera à investir, donc distribuer plus de revenus ce qui va, à nouveau entraîner une hausse de la consommation, et ainsi de suite. De même, le volume des exportations constituera un élément favorable à la croissance, étant donné qu'il s'agit d'une demande extérieure. Les politiques gouvernementales devront donc s'attacher à mettre en œuvre des politiques favorisant la consommation : baisse des taux d'intérêt à la consommation, augmentation des revenus les plus faibles qui ont une propension à consommer importante : par exemple augmentation du SMIC, des revenus sociaux (allocations divers, bourses, emplois sociaux) embauche de fonctionnaires, politique de grands travaux qui auront un effet positif sur le revenu des ménages et donc sur la consommation. Le rôle de la consommation ne fait pas de doute chez la plupart des économistes et le rapport Attali, demandé par le gouvernement, propose des mesures qui la doperaient. Le problème, cependant, est que la relance de la consommation ne favorise pas seulement les entreprises du pays, mais également les entreprises étrangères en raison de la mondialisation. L'argent dépensé par l'Etat pour relancer la consommation ne reviendra donc pas dans ces caisses par le biais de la fiscalité (plus de TVA, plus d'impôts sur les revenus). C'est la raison pour laquelle d'autres facteurs de croissance doivent également être examinés. B) Les autres déterminants de la croissance économique : Pour les économistes libéraux, à court terme, c'est le profit réalisé par les entreprises qui va les déterminer à investir. Comme Keynes, ils reconnaissent le rôle bénéfique de l'investissement, mais contrairement à lui ils partent du profit et non de la demande; c'est ce qu'exprime la célèbre phrase du chancelier Schmidt "Les profits d'aujourd'hui font les investissements de demain et les emplois d'après demain. D'autre part, la croissance économique dépend, à long terme, de plusieurs facteurs structurels qu'il est intéressant de passer en revue. La démographie est un de ces facteurs, dans la mesure où une population peu nombreuse et vieille est défavorable à la croissance, car l'esprit d'entreprise et le dynamisme font défaut. De plus, en système de répartition des retraites, une faible proportion d'actifs a à sa charge un nombre important de retraités, ce qui entraîne une hausse des charges des entreprises, donc une baisse de leur compétitivité. Mais une population trop nombreuse, comme dans les P V D, est également un handicap. Il faut donc trouver un juste équilibre. D'autre part la qualité de la population joue également un rôle important. Ainsi, une population bien formée est plus créative et favorise le développement économique et vice versa. De même, la productivité du travail joue un rôle important. Elle rend le travail moins cher. Les entreprises partagent généralement les gains de productivité entre les actionnaires, les salariés et le consommateur, en baissant le prix des produits. Cette baisse des prix va rendre l'entreprise plus compétitive. De plus la hausse des salaires va entraîner une hausse de la demande. Tous ces facteurs sont favorables à l'investissement, donc l'embauche, donc à la croissance. L'internationalisation des économies est un autre facteur de croissance, dans la mesure où cela élargit les marchés et permet la division internationale du travail, déjà louée par Ricardo, ce qui est bénéfique au consommateur et oblige les entreprises à devenir plus compétitives pour faire face à la concurrence internationale. Mais cette internationalisation favorise également le "dumping social" et les "délocalisations, donc des pertes d'emplois. De plus, elle rend inefficaces les politiques de relance étant donné des mesures en faveur de la demande risquent de bénéficier aux pays voisins. Il ne faut pas oublier, enfin, le progrès technique qui serait un moteur primordial de la croissance économique, selon Schumpeter, économiste autrichien. Celui-ci attribue aux innovations un rôle primordial dans la croissance économique. Il explique les cycles longs mis en évidence par Kondratieff (25 ans d'expansion et 25 ans de récession) à l'existence ou non d'innovations majeures. En effet, pour cet économiste, lorsque des inventions majeures ont lieu, apparaissent de nouveaux secteurs économiques moteurs. Exemple l'invention de l'automobile qui a créé le développement de nombreux secteurs (sidérurgie etc..). La prospérité correspond aux phases de diffusion massive d'une technologie nouvelle. L'achèvement de cette diffusion marque le début de la phase de récession. D'autre part Schumpeter a constaté, en analysant les cycles, qu'il existait des périodes prospères à l'innovation où l'on observe des "grappes d'invention", comme si tous les scientifiques s'étaient donnés le mot et des périodes comme celle que nous vivons actuellement pauvres en inventions majeures. La révolution informatique et les biotechnologies devraient être le point de départ d'un cycle Kondratieff. Solow estime que l'informatique n'a pas été une innovation porteuse de croissance, comme l'automobile ou l'électricité, car elle ne concerne qu'un faible pourcentage de services (les banques, la SNCF, les assurances), mais pas les commerces, les coiffeurs etc. Les déterminants de la croissance recensés, il reste à en examiner les effets. II.- Les effets de la croissance sur l'économie d'un pays : On attribue beaucoup de vertus à la croissance économique, mais elle présente également certains aspects négatifs A) Les vertus de la croissance Sur le long terme la croissance économique entraîne des transformations de la société: urbanisation, allongement de l'espérance de vie, augmentation du pouvoir d'achat, modification de la structure de la consommation (développement des services, des consommation liés à la santé, aux loisirs et à la culture, consommation de masse et exigences de qualité. D'autre part Keynes a montré une relation directe entre croissance et plein emploi. En effet, en période de croissance le climat général est optimiste. Les entrepreneurs seront alors incités à investir et les ménages à consommer, ce qui va contribuer à une augmentation substantielle du revenu national, grâce à l'effet multiplicateur de l'investissement, mis en évidence par Keynes. Ceci se vérifie dans les faits. Généralement, les périodes de croissance coïncident avec une baisse du chômage et vice versa Cette relation n'est cependant pas toujours évidente. Pour que la croissance ait pour conséquence des créations d'emploi il faut qu'elle provienne de l'accroissement des moyens de production. Par contre, une croissance qui proviendrait d'une meilleure utilisation des facteurs de production n'engendrerait pas d'emplois, car il y a substitution du capital au travail. Il faut noter cependant que la croissance n'a pas que des effets positifs. B) Les effets pervers de la croissance La comptabilité Nationale ne tient pas compte de la dégradation de l'environnement écologique : pollution des rivières, trou dans la couche d'ozone etc. Ces nuisances sont pourtant le résultat de la croissance et devraient être soustraites de la richesse créée, ce qui n'est pas le cas, au contraire. En effet, lorsqu'une usine pollue, non seulement on ne compte pas en négatif cette pollution, mais, en outre, on comptera en positif les frais de dépollution. Polluer, dépolluer augmente la richesse nationale, ce qui est paradoxal. D'autre part, croissance économique n'est pas toujours synonyme de développement. C'est pourquoi les économistes ont créé "l'indicateur de développement humain" (IDH) qui prend en compte, outre le revenu, des éléments qualitatifs tels que l'espérance de vie, le taux d'alphabétisation, le niveau d'instruction. Certains économistes voudraient aller plus loin et proposent un nouvel indicateur, le BNB (Bonheur National Brut) qui comptabiliserait également certains éléments qualitatifs tels que l'augmentation des distances à parcourir entre son domicile et le lieu de son travail, la fatigue nerveuse, les dépressions, les taux de suicide. Enfin, la croissance économique est souvent accompagnée d'une inflation et donc d'une baisse du pouvoir d'achat. En effet, étant donné qu'il y plein emploi, les facteurs de production coûtent plus chers et les entreprises, pour compenser la hausse de leurs coûts de production, vont augmenter leurs prix. En outre, une croissance non équilibrée peut accentuer les inégalités. Il est incontestable que la croissance économique est indispensable pour le bien-être d'un pays. Sans croissance s'installe un cercle vicieux qui aboutira très certainement à l'installation du chômage. C'est la raison pour laquelle l'étude des facteurs de la croissance est essentielle pour mettre en place les politiques économiques adéquates. On peut se demander si la nouvelle économie fondée sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication pourra, à l'avenir, créer une nouvelle dynamique de croissance. Cependant la croissance a également des effets négatifs et la croissance à tout prix peut mettre en danger l'avenir des populations.