IV-13 Trichomonose urogénitale Maladie sexuellement transmissible, fréquente et bénigne due à Trichomonas vaginalis. a) Agent responsable Trichomonas vaginalis est un protozoaire flagellé vivant exclusivement dans les voies génito-urinaires. C’est un trophozoïte de forme ovoïde, de 15 à 20 µm de long, mobile avec 4 flagelles libres dans sa partie antérieure et un flagelle récurrent. Ce dernier délimite une membrane ondulante dont la longueur est sensiblement la moitié de celle de la cellule. Un axostyle est visible à la partie postérieure du parasite. Le noyau est visible après coloration. Il n’existe pas de forme kystique mais seulement des formes végétatives mobiles. Axostyle Kinétoplasme Membrane ondulante Noyau Flagelle b) Cycle de développement Cycle direct. Division par scissiparité, pas de reproduction sexuée Parasite strictement humain localisé dans les voies génitales masculines et féminines. Christine Bernard – Mars 2008 1 Ce parasite est très sensible à la dessiccation ; il n’y a donc pas de phase extra corporelle et la transmission ne peut se faire qu’en milieu humide, par contact sexuel le plus souvent. Chez la femme, la localisation principale est la cavité vaginale, mais le parasite peut aussi être retrouvé dans les glandes de Skene et de Bartholin, et même au niveau de l’appareil urinaire. Chez l’homme, le parasite se localise au niveau du sillon balano-préputial et des glandes urétrales mais aussi dans les vésicules séminales et la prostate. c) Epidémiologie La trichomonose est une affection bénigne et ubiquitaire. C’est la cause la plus fréquente des vulvo-vaginites chez la femme. Le réservoir est exclusivement l’Homme. La transmission est habituellement vénérienne (MST). La dissémination du parasite est favorisée par l’absence fréquente de signes cliniques chez l’homme. Cette infection est 12 à 20 fois plus fréquente chez la femme que chez l’homme. d) Clinique La période d’incubation varie de 3 à 28 jours. 1. Chez la femme Trichomonas vaginalis est localisé dans le vagin et l'urètre. L’alcalinisation du milieu favorise la prolifération du parasite - - formes bénignes parfois asymptomatiques vaginite subaiguë: inflammation de la muqueuse vaginale oedématiée et sensible. Signes : prurit vulvaire, leucorrhées abondantes (blanchâtres, spumeuses ou glaireuses, parfois verdâtres), malodorantes vulvo-vaginite aiguë : sensation de brûlures vulvaires, dyspareunie (relations sexuelles douloureuses), leucorrhées abondantes voire continuelles possibilité d'extension: skénites, cystites, urétrites; complications génitales hautes plus rares Ce sont souvent les leucorrhées et le prurit vulvaire qui amènent la femme à consulter. L’examen gynécologique au spéculum est douloureux ; il révèle un œdème vulvaire avec un piqueté hémorragique de la muqueuse vaginale très évocateur. Christine Bernard – Mars 2008 2 Associations fréquentes avec Candida albicans, possibilité également d’associations avec Neisseria gonorrhea. La ménopause favorise la multiplication des parasites ainsi que la période qui suit les règles. Des signes de trichomonose peuvent apparaître pendant la grossesse chez des femmes asymptomatiques jusque là. L’hypofolliculinie est une cause favorisante. 2. chez le sujet masculin : Localisation dans l'urètre (95% des cas), la prostate et les vésicules séminales. Les conditions de vie sont moins favorables chez l'homme car il y a élimination d'une partie des parasites à chaque miction. - - Le plus souvent, l’homme est « porteur sain » (asymptomatique) urétrite aiguë : Evoque une gonococcie mais le contage est plus long : 15 jours en moyenne (les signes lors d’une gonococcie apparaissent après environ 3 à 5 jours.) Écoulement mucopurulent, gonflement au niveau du méat, sensation de démangeaison voire brûlure à la miction. La sécrétion devient rapidement abondante et l’on observe un œdème du prépuce. urétrite subaiguë : suintement discret, parfois simple prurit complications : rares ; balanites, cystites et prostatites e) Diagnostic biologique diagnostic direct Prélèvement : Attention à la fragilité du parasite et à sa sensibilité au froid et à la dessiccation - chez la femme: prélèvements vaginaux (cul de sac postérieur, muqueuse, exocol) en position gynécologique après la pose d'un spéculum sans lubrifiant, utiliser des curettes ou pipettes pasteur (de préférence ne pas utiliser d'écouvillons) ; noter l’aspect de la muqueuse, la présence de leucorrhées, le pH. Si la pose du spéculum est trop douloureuse, écouvillonner à l'aveugle. - chez l'homme: le matin, avant le premier jet d'urine, prélever les secrétions à l'aide d'une anse stérile, éventuellement effectuer au préalable un massage prostatique. Le parasite peut être trouvé dans le culot de centrifugation de la première urine du matin, mais il y est rapidement détruit. Traitement de l'échantillon: - examen direct à frais : mettre une goutte du prélèvement dans une goutte de sérum physiologique, couvrir d'une lamelle et observer immédiatement au microscope ; le parasite est mobile, doué de mouvements brusques Christine Bernard – Mars 2008 3 - examen après coloration : réaliser un frottis sec coloré au giemsa mise en culture Sur milieu diphasique de Pasteur => trophozoïtes de toutes tailles Attention, l'examen direct à frais est le meilleur mode de diagnostic ; en cas de culture un résultat négatif peut être dû à la mort du parasite avant l'ensemencement. f) Traitement La trichomonose est une maladie sexuellement transmissible, pour éviter la recontamination il faut traiter simultanément tous les partenaires et éviter les relations sexuelles ou les protéger pendant le traitement Métronidazole (Flagyl®), 1 comprimé matin et soir pendant 10 jours Secnidazole (Flagentyl®) 1 prise orale Tinidazole (Fasigyne®) 1 prise orale Ornidazole (Tibéral®) 1 prise orale Nimorazole (Naxogyn®) 1 prise orale Chez la femme associer au traitement oral des ovules de Métronidazole (Flagyl®) pendant 10 jours g) Prophylaxie Prophylaxie individuelle: Rapports sexuels protégés Traitement si un partenaire est atteint de trichomonose Christine Bernard – Mars 2008 4 IV 13 QCM et cas cliniques 1. Donner les réponses vraies à propos de Trichomonas vaginalis: a) C’est un protozoaire flagellé b) C’est un parasite exclusif de l’Homme c) Il est responsable de maladie opportuniste d) C’est l’agent le plus fréquent de vulvo-vaginite chez la femme 2. Donner les réponses vraies à propos de Trichomonas vaginalis: a) La forme kystique permet la transmission b) La transmission ne peut se faire qu’en milieu humide c) Il est responsable d’une MST d) Le parasite est mobile grâce à un flagelle 3. La trichomonose : a) Est une maladie bénigne b) L’incubation est courte (moins de 5 jours) c) Est une MST d) Est souvent asymptomatique chez la femme e) Se manifeste par une vulvo-vaginite chez la femme f) L’homme peut être un « porteur sain » 4. La vulvo-vaginite due à Trichomonas vaginalis : a) Se manifeste par des leucorrhées accompagnées d’un prurit vulvaire b) Est accompagnée de fièvre c) Entraîne exceptionnellement une dyspareunie d) L’examen montre une muqueuse inflammatoire avec un piqueté hémorragique e) Un pH vaginal acide est un facteur favorisant. 5. Pour l’homme : a) La forme la plus fréquente est une urétrite aigue b) On peut observer un œdème du prépuce c) Les signes cliniques peuvent être discrets d) La mise en évidence du parasite peut être tentée à partir d’un recueil d’urine en milieu de jet 6. le diagnostic biologique chez la femme repose sur : a) examen à frais des sécrétions vaginales b) recherche du parasite dans les urines c) mise en culture d) examen d’un frottis vaginal coloré e) recherche d’anticorps Christine Bernard – Mars 2008 5 7. Quelles sont les réponses vraies à propos du traitement : a) Le traitement du partenaire est recommandé lorsqu’il est symptomatique seulement b) Le traitement du partenaire est recommandé uniquement lorsque le parasite est mis en évidence c) Chez la femme, on peut traiter seulement avec des ovules d’azolés d) Il existe un traitement minute e) Pendant le traitement, on conseille des rapports protégés. Dossier 1 : Une femme de 30 ans, célibataire, consulte pour brûlure vaginale depuis 6 jours accompagnée de leucorrhées blanchâtres abondantes et malodorantes. Elle souffre également de prurit vulvaire. La douleur empêche les rapports sexuels. A l’examen gynécologique douloureux pour la patiente, on voit une muqueuse inflammatoire avec un piqueté hémorragique. Un prélèvement vaginal est alors réalisé. Son partenaire ne se plaint d’aucun symptôme. 1. Quel est le diagnostic évoqué ? 2. Quel agent pathogène est responsable ? Décrivez ce que l’on peut observer à l’examen direct du prélèvement vaginal. 3. Quels examens complémentaires réalisez-vous pour confirmer le diagnostic ? 4. Quelle est l’origine probable de cette infection ? 5. Une mise en culture du prélèvement montre de rares colonies de Candida albicans. Faut il revoir le diagnostic évoqué? 6. Quel traitement conseillez vous 7. Quels conseils formulez-vous pour elle et son partenaire. Christine Bernard – Mars 2008 6