Octobre 2009 BIOTECHNOLOGIES ET PRODUCTIONS VEGETALES Les méthodes spécifiques d’amélioration des plantes Mme Bonnet Ces techniques englobent toutes les interventions humaines cherchant à modifier le génome des plantes pour mieux les adaptées au besoin de l’homme Ce sont des méthodes qui comportent à la fois des modifications dans les cultures artificielles et de la biologie moléculaire. I. Mutagenèse et sélection in vitro = introduction volontaire d’un changement dans la séquence NTidique d’un gène : mutation. Elles permettent d’agir sur la relation entre la séquence d’un gène et la fonction de la protéine qu’il code. A. Mutagenèse aléatoire Permet de produire des mutations à des emplacements non déterminés du vecteur qui porte le gène d’étude. Le gène qu’on veut étudié est inséré dans un vecteur En admettant qu’il code pour une protéine, cela va entraîner un phénotype donné et quand on fait de la mutagenèse, c’est qu’on va étudier le gène dans lequel on a introduit une mutation. A priori la protéine codée sera différente et cela se traduira au niveau du phénotype. On cherche a établir une relation entre la structure du gène et la protéine qu’il code. 3 techniques différentes : On utilise une enzyme de restriction qui possède un site dans le gène. Ici EcoRI On linéarise le vecteur. 1 : on utilise une nucléase qui va permettre d’éliminer l’ADN sous forme simple brin. On fait agir une ligase qui va permettre de recirculariser le vecteur. Le gène possède 4 paires de bases en moins : on a introduit une mutation par délétion dans ce gène. - 2 : on réalise une addition de NT pour n’avoir que des doubles brins. On fait de nouveau agir la ligase pour relier les 2 extrémités. Le gène a été agrandi par addition de NT. - 3 : on ajoute une molécule d’ADN étranger qu’on coupe avec la même enzyme. L’ADN étranger est inséré dans le vecteur. Le gène a été muté. A partir des gènes mutants, on va regarder s’il y a un effet sur le phénotype. Le phénotype qu’on va trouver, c’est le résultat d’une modification de plusieurs NT. Ce n’est pas toujours évident d’associer le phénotype muté à telle ou telle mutation. Cela reste une première approche pour étudier les relations structure/fonction. - B. Mutagenèse dirigée Va porter sur un endroit précis du gène. On va modifier d’une manière prédéterminée la séquence du gène. - On intègre un gène dans un vecteur. - On recircularise le vecteur avec le gène - On digère le gène par E et H. muté - On obtient un vecteur ouvert et la zone entre E et H éliminée. - On introduit dans le vecteur un gène muté au niveau d’un seul NT entre deux sites E et H On l’appelle la mutagenèse par cassette. On va faire s’exprimer le gène pour regarder si la mutation a changé le phénotype. II. Les transferts de gènes ou génie génétique A. Le transfert du gène dans la plante-hôte On vise à créer un OGM. ON exploite un phénomène naturel qui existe entre les plantes et une famille de bactéries : les agrobactéries (agrobacterium). Ces plantes sont de la famille des rhizobiacées vivant dans les sols et elles infectent les végétaux en pénétrant par une blessure de la plante. Ce phénomène entraîne la formation de tumeur ou de galles au niveau du collet (allongement entre la tige et les racines) mais aussi au niveau des racines et des tiges. Cette maladie s’appelle : « croun-gall ». Le développement de la tumeur ne s’arrête qu’à la mort de la plante. Les cellules atteintes contiennent des substances spécifiques qu’on appelle opines (AA peu courants) et sont synthétisées dans la tumeur à partir des gènes bactériens au dépend du métabolisme de la plante. Ces opines vont servir aux bact pour se fournir en énergie. Ti : tumefasciens Ri : rhizogenes Ce plasmide Ti confère le pathogène à la bactérie. Au niveau de ce plasmide Ti, on a une région ADNt qui va être transféré au génome de la plante receveuse. Ops : gènes responsables de la synthèse des opines Onc : Prolifération tumorale est la conséquence de la synthèse de cytokinine et auxine. Région T : Ops + Onc C’est cette région qui est transférée dans la plante grâce à la région Vir. Opc : responsable du catabolisme des opines (pour que les bact puissent se fournir en énergie) Il y a aussi une région responsable de la réplication du plasmide Le génie génétique a exploité ce plasmide naturel en exploitant cette région T en enlevant les fonctions oncogènes et en les remplaçant par le gène introduit dans la plante receveuse. On a de l’ADNt désarmé, c’est le gène qui nous intéresse qui va être transféré dans la plante grâce à la région Vir qui elle est toujours présente. B. Le clonage du gène 1. insertion du gène dans un vecteur Le vecteur qu’on va utiliser est celui d’E. Coli. BD/BG : bordure droite/bordure gauche GUS : code pour une enzyme la βglucuronidase Il est entouré de 2 sites : XbaI et EcoRI NPTII : code la néomycine phosphotransférase II, il confère la résistance à un Ab la kanamycine chez les euK. Kan R : confère lui aussi la résitance à la kanamycine mais chez les proK p35S : promoteur qui permettra la Tc du gène d’intérêt qui lui sera intégré en aval. On remplace ce gène dans le vecteur de Coli à la place de GUS (entre XbaI et EcoRI) 2. insertion du plasmide recombiné dans E. Coli Plasmide recombiné avec le gène, on réalise la transformation dans E. Coli. Les bactéries doivent être traitées au CaCl2 ce qui créer des pores au niveau de la paroi de la bactérie : la bactérie est compétente => elle est prête à recevoir un plasmide. On réalise un choc thermique (4-42°C)fait en sorte qu’il y a une déstabilisation des couches lipidiques de la paroi => le plasmide va pouvoir entrer dans la bact, une fois dedans on rabaisse la température pour restabiliser les couches lipidiques, et le plasmide ne peut plus sortir. On met en culture ces bact à 37°C pendant la nuit. On aura indirectement une amplification du gène. 3. sélection des bactéries recombinantes Le gène peut ou non s’intégrer au vecteur, on obtiendra donc deux types de cellules. On va donc faire un criblage grâce au gène GUS et grâce à la kanamycine sur boite de Petri avec de la gélose (Kanamycine + Xglucoronide (substrat de la β-glucoronidase codée par le gène GUS)) On obtient des colonies individualisées. Deux types de colonies : blanches opaques et bleues. Les colonies qui nous intéressent sont les blanches car les bleues sont celles qui ont eu le vecteur où le gène GUS a pu s’exprimer. On pique une colonie, on fait une culture liquide à 37°C pendant une nuit sous agitation pour que la bactérie se multiplie. 4. la conjugaison triparentale Elle va permettre d’introduire le plasmide recombiné dans Agrobacterium tumephasciens. Ces trois souches sont mises en présence dans le même tube. Le plasmide Helper va stimuler l’introduction du plasmide recombiné dans A. tumefasciens qui se retrouve avec deux plasmides. Il faut que le gène aille se positionner dans le plasmide Ti Il va y avoir recombinaison homologue grâce à la reconnaissance des bordures droite et gauche. Ce qui fait qu’il va y avoir échange entre les ADN des plasmides Ti et d’E. Coli. 5. la contamination des plantes Boîte de Petri avec du milieu liquide dans laquelle on met des morceaux de feuille de la plante qu’on veut transformer. On ajoute notre bactérie A. tumephasciens qui possède le plasmide Ti avec notre gène. La bactérie va se fixer aux parois avant de les avoir pénétré. Grâce à la région Vir, il va y avoir transfert du gène vers le génome de plante. Tout se fait de façon naturelle. Il faut noter qu’il y a 1 à 6 intégrations par cellules, on ne maîtrise pas le nombre. Une fois que l’infection a été réalisée, on réalise des étapes de régénération en présence de kanamycine par la technique de CIV. Seules les plantes transformées vont être résistantes à la kanamycine car elles possèdent le gène NPTII présent sur le plasmide. C’est une technique très efficace car on utilise un phénomène naturel, le taux de réussite est 50%. Il y a cependant un inconvénient : cette technique ne peut pas être réalisée sur les monocotylédones (qui sont surtout des céréales). Pour résoudre ce problème on doit utiliser des techniques artificielles. - Electroporation On applique une impulsion électrique (entre 1000 et 3000 V) sur des protoplastes (cellule dépourvue de paroi). Les membranes deviennent perméable et le plasmide peut pénétrer dans la cellule par les larges pores qui se forment à la surface de la cellule. Le taux de réussite de cette technique est de 1/1 000 000. - Micro-injection Sous contrôle microscopique, on utilise des protoplastes où on injecte directement dans la cellule l’ADN grâce à des micro-capillaires. Le taux de réussite de cette technique est de 1/10 000. - Biolistique (1987) La biolistique correspond à la balistique appliquée à la biologie. On utilise un canon à particules qui va bombarder les cellules végétales avec des micro-billes d’or et de tungstène qui sont recouvertes d’ADN (diamètre : 1 µm). Les particules sont accélérées à une vitesse de 430m/s grâce à un champ électrique. Cette technique coûte très cher mais elle permet de bombarder des plantes entières avec de l’ADN. Cela évite de passer par des étapes de régénération qui sont souvent aléatoires. Le taux de réussite de cette technique est 1/1 000. C. Vérification de l’intégration du gène dans la plante Pour vérifier la présence du gène dans le génome, il y a deux stratégies : 1. Les sondes moléculaires Utilisation de sondes moléculaires (extraction de l’ADN de l’OGM, migration + Southern Blot, on met le filtre en présence d’une sonde complémentaire du gène, autoradiographie) 2. Les marqueurs RFLP Utilisation des marqueurs RFLP (restriction fragment length polymorphism) : on va regarder la longueur des fragments de restriction avant et après transformation On compare deux ADN : sauvage et recombiné. Sauvage : 2 sites de restrictions : 3 fragments Recombiné : le gène s’est intégré en plein milieu d’un gène d’enzyme de restriction : plus que 2 fragments. On fait migrer ces fragments et on observe que c’est la différence de longueur des fragments, due à la disparition d’un site de restriction, qui traduit la recombinaison. D. Vérification de l’expression du gène dans la plante Lorsque le gène s’intègre dans le génome, on ne maîtrise pas du tout l’endroit, c’est tout à fait aléatoire. Quand il s’introduit, il peut se mettre juste avant les codons de terminaison ou dans une zone de grande expression. Si le gène code pour une enzyme, on mesure l’activité enzymatique de cette enzyme et on la compare à celle du témoin. On peut aussi réaliser un Western Blot pour vérifier l’expression en utilisant des Ac diriger contre cette protéine