l'Etat marchand civil renonçant à tout moyen militaire d'envergure et politique de grande
puissance.
Cette diplomatie qualifiée de "diplomatie du chéquier" (l'Allemagne est par exemple le
troisième contributeur des Nations Unies) s'est vue remise en cause avec l'unification
allemande. Lui a succédé l'esprit de la Berliner Republik (République de Berlin). En
changeant de capitale (passage de la provinciale Bonn à Berlin), l'Allemagne s'est aussi
replacée au coeur de l'Europe et a peut être symbolisé ainsi ses nouvelles ambitions nationales
et l'envie d'une politique étrangère plus ambitieuse.
B. Depuis la guerre du Kosovo, le pays a pris un nouvel élan sur la scène internationale
- En recouvrant son unité et un statut d'Etat-nation "normal", l'Allemagne a hérité d'une
tradition de politique étrangère orientée vers la paix et acquise toute entière à l'idée
d'intégration européenne. Sa politique étrangère envers ses proches voisins, se veut
désormais "structurante": l'Allemagne souhaite diffuser la stabilité et la sécurité autour de
ses frontières afin d'assurer la sienne.
- Au niveau de la politique étrangère, on peut considérer les opérations au Kosovo comme
l'évènement fondateur de la prise de conscience par l'Allemagne d'un "rôle à jouer" sur la
scène internationale (et l'attribution d'un siège au conseil de sécurité depuis le 1er janvier
2003 témoigne des nouvelles préoccupations allemandes).
Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, l'Allemagne a participé à une
opération militaire, qui plus est en dehors de la zone couverte par l'Organisation du traité de
l'Atlantique nord (OTAN) : cet engagement était conforme à l'esprit de sa politique étrangère
depuis l'unification; le pays a tourné la page d'une période où sa sécurité dépendait de ses
« protecteurs » occidentaux, il entend désormais assumer des responsabilités nouvelles au sein
des organisations où il est présent. Beaucoup y ont vu là une preuve de « normalité » faisant
de l'Allemagne un pays "comme les autres" soucieux de préserver ses intérêts nationaux et
avec de nouvelles ambitions sur la scène internationnale.
Illustration de l'implication grandissante de l'Allemagne à l'étranger, son rôle dans les
missions internationales: le pays est désormais, après les États-Unis, (avant
l’intervention en Irak) celui qui fournit le plus grand nombre de troupes dans le monde
entier pour des missions multinationales. L'Allemagne devance nettement la Grande-
Bretagne (avant l’intevention en Irak) et la France. En 1998, le budget consacré à cette fin
s'élevait encore à 80 millions €, alors qu'il a atteint 2 milliards d'euros en 2002 . En 1998,
l'armée allemande comptait seulement quelque 2 800 soldats en mission en Bosnie-
Herzégovine et en Géorgie. Aujourd'hui le nombre de soldats allemands participant à des
missions multinationales est de l'ordre de 9 000. Autre exemple: en février 2003,
l'Allemagne et les Pays-Bas ont pris la tête de l'ISAF en Afghanistan pour une période
de six mois, réactivant la réalité de la formule: « l'Amérique fait la guerre et l'Allemagne
prépare la paix ».
- La relation avec les Etats Unis: la place qu'a su se tailler Berlin au sein d'une Europe
pacifiée n'efface pas son lien indéfectible avec Washington forgé par la guerre froide.
L'Allemagne reste un partenaire prioritaire des américains en Europe.
En 1999, la guerre du Kosovo a montré que Berlin était un interlocuteur privilégié des Etats-
Unis au sein de l'OTAN (l'Allemagne a des poste clé et commande en second les forces
Alliées en Europe centrale); la chaîne de commandement en Europe est désormais constituée
par l'axe Washington-Londres-Berlin, Paris se retrouvant à la marge.