2 Revue. Volume X – n° x/année
1. Introduction
Les vibrations générées à l’interface d’un contact frottant sont à l’origine de
nombreux bruits tels que le crissement, le broutement, etc. Dans les applications
ferroviaires, qu’il apparaisse en courbe ou en fin de freinage, le crissement reste une
des nuisances sonores les plus gênantes, de par son domaine fréquentiel qui couvre
une gamme de fréquence de 500 Hz à 20 kHz et les niveaux sonores qui peuvent être
supérieurs à 120 dB proche du disque ou de la roue. Un enjeu majeur dans
l’amélioration des systèmes est la réduction voire même l’élimination de ces
nuisances sonores.
Même si le problème du crissement a été largement étudié depuis les années
1930, l’origine du mécanisme déclencheur du phénomène reste mal connue. Les
premiers travaux ont porté sur le lien entre le crissement et l’évolution du coefficient
de frottement en fonction de la vitesse. Même si, par des approches discrètes, il est
possible de mettre en évidence des conditions d’apparition des instabilités (de type
« stick-slip »), ce lien n’a jamais pu être clairement établi expérimentalement de par
la difficulté à caractériser l’évolution du coefficient de frottement en fonction de
vitesse, de la pression, de la température, de l’humidité, etc. Dans les années 1960,
Spurr a pu montré l’influence de la géométrie des corps en contact dans le
déclenchement des instabilités (Spurr, 1961). L’introduction du couplage entre les
dynamiques normales et tangentielles au frottement conduit à la mise en évidence
d’instabilités même avec un coefficient de frottement constant (« sprag-slip »). Du
point de vue phénoménologique, le crissement est initié par une instabilité issue des
forces de frottement qui conduit à des vibrations auto-entretenues (Kinkaid et al,
2003).
D’autres études théoriques ont pu montré que le crissement correspond à une
coalescence de modes propres du système qui deviennent complexes, avec une partie
réelle non nulle traduisant un comportement instable. On parle alors d’instabilité par
flottement («flutter instability ») (Moirot et al, 2002).
Deux difficultés demeurent: la détermination précise des conditions d’occurrence
du crissement et la raison de l’excitation de certains modes au détriment d’autres.
La motivation de cette étude réside dans le développement d’approches
numériques visant à prédire les modes crissants. L’accent est mis sur l’identification
des interactions des phénomènes physiques prépondérant mis en jeu. On privilégie
alors une approche transitoire qui permet une description de la dynamique locale de
contact contrairement à une approche fréquentielle qui ne permet que de déterminer
les modes instables du système couplé.
Il est clairement mis en évidence que le crissement trouve son origine dans l’aire
de contact. Les approches classiques, de type « stick-slip » et « sprag-slip » ne
permettent pas de décrire précisément les phénomènes dans l’aire de contact. Il est
alors nécessaire d’introduire un modèle décrivant le comportement dynamique local
basé sur une approche en glissement stationnaire. Ces travaux s’appuient sur