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convulsive des muscles abdominaux ou du diaphragme c’est, en un mot, une variété infinie de 
mouvements bizarres qui échappent à toute description... 
Ces tics sont en quelque sorte accompagnés d’un cri, d’un éclat de voix plus ou moins bruyant, 
caractéristique... Ce cri, ce jappement, cet éclat de voix, véritables chorées laryngées ou 
diaphragmatiques, peuvent constituer tout le tic... C’est encore une tendance singulière à répéter 
toujours le même mot, la même exclamation ; et le même individu profère à haute voix des mots 
qu’il voudrait bien retenir ». 
Le compte rendu d’un cas rapporté par Grasset donne un tableau caractéristique de la manière dont 
le tic se déplace d’une partie du corps sur une autre : « Une jeune fille avait eu pendant son enfance 
des tics de la bouche et des yeux à l’âge de quinze ans, elle se mit pendant quelques mois à projeter 
en avant sa jambe droite, qui plus tard fut paralysée; puis durant quelques mois, un sifflement 
remplaça les troubles moteurs. Toute une année, elle lança par intermittence d’une voix puissante le 
cri « ah ». Enfin à dix-huit ans... apparurent des gestes de salut, des mouvements en arrière de la 
tête, un haussement de l’épaule droite ... 
Ces déplacements se produisent souvent à la manière des actes compulsifs, qui généralement se 
déplacent de l’élément originel et véritable sur un autre plus éloigné, pour en fin de compte revenir 
par un détour au refoulé. Un patient cité par Meige et Feindel appelait ces tics secondaires des « 
para-tics » et reconnaissait franchement leur caractère de défense contre les tics primaires jusqu’à ce 
qu’ils deviennent à leur tour des tics. 
Le point de départ d’un tic peut être une observation hypocondriaque de soi. Un jour... je ressentis 
un craquement dans la nuque », raconte un patient de Meige et Feindel. « Immédiatement j’en ai 
conclu que j’avais dû me décrocher quelque chose ; pour le vérifier, j’ai recommencé le mouvement 
une fois, deux fois, trois fois, sans que le craquement se reproduise, je l’ai varié de mille façons, je 
l’ai répété de plus en plus fort ; finalement j’ai retrouvé mon craquement, et ce fut pour moi un réel 
plaisir... plaisir bientôt mitigé par la crainte d’avoir provoqué une lésion quelconque... Aujourd’hui 
encore je ne peux résister à l’envie de reproduire ce craquement et je ne puis vaincre un sentiment 
d’inquiétude dès que je suis parvenu à mes fins. » 
Le Caractère tantôt voluptueux tantôt anxiogène de ces sensations nous permet de les considérer 
sans hésitation comme une manifestation pathologique de la sexualité du patient, notamment de son 
narcissisme hypocondriaque de plus, nous avons là le cas relativement rare d’un patient qui 
continue à percevoir les motifs sensoriels de ses mouvements stéréotypés. Dans la majorité des cas, 
les motifs ne sont pas, comme nous le verrons, des sensations actuelles mais des réminiscences 
devenues inconscientes en tant que telles. 
Charcot, Brissaud, Meige et Feindel sont parmi les rares neurologues à n’avoir pas refusé d’écouter 
le patient quand celui-ci racontait la genèse de son trouble. « Seul le tiqueur » , lit-on dans Meige et 
Feindel, « peut répondre à la question concernant la genèse de sa maladie, s’il remonte dans le 
passé aux premiers événements qui ont mis en train la réaction motrice. » Dans cette perspective, 
nos auteurs ont permis à leurs patients de reproduire (mais uniquement à l’aide du souvent 
conscient) les circonstances qui étaient responsables de la première apparition de leurs contractions. 
Nous voyons qu’il y avait là un point de départ possible vers la découverte de l’inconscient et son 
investigation par la psychanalyse. Pour les auteurs, ce sont souvent des traumatismes physiques qui 
constituent l’explication dernière un abcès à la gencive, cause d’une grimace invétérée, une 
opération du nez, motif d’un froncement nasal, etc. Ils mentionnent également les vues de Charcot 
sur le tic qui selon lui « n’est qu’en apparence une affection physique ; il s’agit en réalité d’un 
trouble psychique... le produit direct d’une psychose - une sorte de psychose héréditaire ». 
Meige et Feindel ne manquent pas non plus de signaler des traits de caractère propres aux tiqueurs, 
que l’on pourrait qualifier de narcissiques. Ils citent entre antres les confidences d’un patient : « Il 
faut bien l’avouer, je suis rempli d’amour-propre, et extrêmement sensible aux compliments comme