manière à traduire les demandes sociales en politiques publiques? Dans cette perspective,
la capacité de l’État à définir l’intérêt général suppose désormais de mettre à contribution
les acteurs de la société civile, à travers divers mécanismes qui ne limitent pas la
compétence de l’État puisque ces derniers ne sont légitimes qu’à la suite de son accord.
L’État définit le cadre permettant par exemple la co-constrution ou la co-élaboration de
politiques publiques avec des organisations de la société civile.
L’État-providence, la forme idéal de l’État social ?
Même s’il a permis des avancées impensables jusque-là, l’État-providence comme forme
idéale de l’État social a été questionné par certaines interventions notamment dans l’atelier
présidé par Louis Côté et celui présidé par Yves Vaillancourt. Outre la question de la
participation des usagers que le providentialisme limite au profit d’une définition des
programmes par la bureaucratie étatique, l’État-providence repose sur une séparation trop
étanche entre l’économique et le social. D’un côté, l’entreprise à dominante capitaliste
produit la richesse ; de l’autre, l’État-providence la redistribue aux citoyens pour des
services sociaux ou pour la protection sociale. Cette vision de l’État-providence laisse
supposer que le social n’est qu’une dépense, jamais un investissement pouvant produire de
la richesse. Elle laisse supposer aussi que l’entreprise privée ne profite pas des
investissements sociaux et qu’elle ne reçoit pas elle-même des fonds publics (en ce sens, on
pourrait dire qu’il existe aussi une providence pour les entreprises, non seulement celles
qui sont en difficulté, mais aussi celles qui veulent se développer).
Sous cet angle, l’État-providence joue un rôle de correcteur de l’économie de marché, un
rôle défensif dans la mesure où il intervient sur les conséquences et non sur les causes. Or
comme les conséquences du développement économique sont de plus en plus négatives (ex.
l’environnement), les charges de l’État sont de plus en plus lourdes. Dès lors, la social-
démocratie n’a pas trouvé d’autres moyens pour satisfaire ses besoins financiers que
d’encourager la croissance à n’importe quel prix , allant même à favoriser la financiarisation
de l’économie (comme en Irlande et en Islande) et à se tourner vers les grands financiers et
les banquiers comme premiers conseillers pour des décisions d’intérêt général (voir les
conseillers officiels de Barak Obama ou encore les conseillers occultes de Jean Charest pour
une stratégie de développement des ressources du sous-sol québécois). De plus, même si ce
sont des dirigeants progressistes qui se retrouvent au pouvoir, ils deviennent rapidement
prisonniers du paradigme néolibéral, en raison entre autres de la très grande mobilité du
capital et de la très forte dépendance de l’État social à l’égard de l’économie de marché. Il
faut aussi ajouter qu’avec la globalisation de l’économie les gouvernements se retrouve
avec des problèmes inédits de régulation et de coordinations des activités économiques.
En somme, l’État se doit d’être anticipateur et capable d’agir sur les causes et pas seulement
sur les conséquences. Ainsi, sans une vision élargie de l’économie et l’adoption de principes
plus équitables pour la distribution ou répartition (ce qui permettrait de réduire
considérablement les inégalités sociales à leur source), la redistribution pour corriger après
coup sera de plus en plus élevée et apparaîtra inacceptable pour une partie de plus en plus
importante de la classe moyenne. Il existe bien un plancher pour les salaires (salaire