’l argent. Les partis politiques traditionnels,
professionnalisés, ne sont plus que des relais
d'ambitions personnelles, sans aucune
profondeur idéologique. Leurs militants les
plus sincères sont meurtris et finissent
logiquement par se décourager.
Nos élites, issues des familles de la droite ou
de la social-démocratie, ont en effet toutes
capitulé devant la participation au grand
marché mondial comme horizon indépassable,
asséchant ainsi des pans entiers du débat
public. Sans conflictualité politique majeure
assumée en son cœur, la démocratie fait figure
de concept creux, vidé de toute substance
concrète.
Les médias, aux mains des puissances
économiques dominantes, ne relaient que peur
et fatalité de l'ordre établi. Ils affadissent
le débat démocratique en le réduisant à ses
aspects les plus triviaux. Dans le même temps,
la volonté des peuples de vivre autrement
’demeure entravée par l attrait exercé par la
consommation et les nouvelles technologies.
Entre désir infantile et frustration de
’l avoir, celles-ci font miroiter la promesse
factice de construire son individualité par
’l acquisition permanente de biens et par les
gratifications narcissiques des réseaux
sociaux.
Pour leur part, les moyens de surveillance de
masse se sont généralisés, sans être encadrés
par des droits et de nouvelles libertés
’publiques. Au prétexte d une guerre
permanente contre le terrorisme, le pays
’ ’s abandonne progressivement aux sirènes d un
régime libéral-sécuritaire.
ccompagner la
gauche au-delà de
ses tabous
A
Dans ce contexte, force est de reconnaître que
’ ’la gauche est aujourd hui dans l impasse.
La gauche sociale-démocrate a abandonné toute
critique du système économique dominant. Pire,
’elle s est fourvoyée depuis trente ans dans une
’stratégie ruineuse d accompagnement du
’néolibéralisme et a organisé l ajustement de
nos sociétés aux exigences des marchés
’financiers en l échange du pouvoir formel et
’ çde l illusion vite dé ue de sauver quelques
emplois.
’ ’Lorsqu elles accèdent au pouvoir d Etat, les
forces à gauche de la social-démocratie se
fracassent quant à elles contre le mur des
pouvoirs financiers tant elles restent
respectueuses des cadres de la construction
européenne, de la liberté des mouvements de
capitaux et du libre-échange auxquels leur
pensée économique et géopolitique reste encore
’bornée. C est ainsi que ces forces ont
’longtemps cru que l austérité et
’l ordolibéralisme pourraient être conjurés au
’sein de l Union européenne et de la zone euro.
La brutalité des événements qui ont mis la
’Grèce à genoux après l accession au pouvoir de
Syriza est venue une nouvelle fois défaire
cette illusion, de la plus douloureuse des
manières.
’Faute d indiquer comment elle entend
’s'affranchir du carcan qui pèse aujourd hui
sur les Etats-nations et sur tout projet
international progressiste, la gauche ne
parvient donc plus à rendre crédible ses
’propositions pour la France, pour l Europe.
uelle France dans
dix ans ?
Notre chantier
Q
ç çLa géographie fran aise se divise de fa on
nette entre deux populations : l'une, bien
insérée dans la mondialisation technologique,
ultra connectée, affranchie des contraintes
territoriales, l'autre, tout au contraire, vit
au quotidien les désespoirs nés de la
globalisation économique, de la volatilité des
capitaux et de la production. Pour elle,
mondialisation ne rime qu'avec délocalisation,
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