Voir Manuel Bréal, chapitre 2, page 58 I. APPROCHE DE LA QUESTION ALIMENTAIRE II. APPRÉCIATION DE L’ÉTAT ALIMENTAIRE DE LA PLANÈTE ÉTUDES DE CAS III. LES CAUSES IV. PERSPECTIVES I. APPROCHE DE LA QUESTION ALIMENTAIRE 1°. Les besoins alimentaires Q1. Pourquoi mangeons-nous et pourquoi mangeons-nous ce que nous mangeons ? L’Homme doit manger. Pour satisfaire quels besoins ? D’abord des besoins nutritionnels, pour permettre à son corps de fonctionner, mais aussi pour se faire plaisir; ce besoin hédoniste* est en étroite relation avec la culture du groupe dans lequel il vit et l’histoire psychologique de chacun. Voyons d’abord les besoins nutritionnels. Ils sont de deux ordres : structuraux et énergétiques. structuraux pour la constitution de ses cellules. L’apport nutritionnel doit assurer l’entretien structural, et, dans l’enfance et l’adolescence, la croissance. C’est en quelque sorte la construction et l’entretien de la machine. Pour cela il faut : des protéines. C'est une nécessité quotidienne. L’apport idéal est de 70 à 80 g/jour, pour moitié d’origine animale, pour moitié végétale des lipides. Au même titre que les protéines indispensables, deux acides gras polyinsaturés sont indispensables à l’homme: l’acide linoléique, et l’acide linolénique. Ces deux acides insaturés sont d’origine végétale (huiles). des minéraux. Les besoins de l’homme adulte sont de 3 à 5 g/jour de sodium et de potassium, de 7 g de chlore. Le sel de cuisine, qui était un problème alimentaire à des époques de rareté (caravanes de sel, gabelle) apporte le sodium et le chlore. Le calcium, dont il faut 0,5 g/jour pour l’adulte, est spécialement important pour constituer le squelette et la denture des jeunes et pour la femme allaitante (1 g/jour). N’oublions pas l’eau (qui fait l’objet du chapitre suivant) dont il faut 2 litres/jour en climat tempéré. La résistance de l’adulte au manque d’eau est de l’ordre de quelques jours seulement; la déshydratation est rapidement mortelle pour l’enfant. Les micronutriments. Les micronutriments, dont les besoins sont quantitativement très faibles, généralement moins de 20 mg par jour, sont cependant des nutriments indispensables. Il s’agit surtout des vitamines. Les carences dans ce domaine sont toujours très graves et même mortelles. On se souvient du scorbut (avitaminose c) des marins de Magellan enfin les oligo-éléments qui sont indispensables à l’homme à l’état de traces. Le fer est essentiel mais aussi d’autres métaux – cuivre, manganèse, zinc, cobalt, molybdène –, et les halogènes – iode et fluor énergétiques. En effet, le maintien du corps en état de marche exige une dépense d’énergie; l’apport d’énergie est donc indispensable à l’homme pour vivre, et le besoin énergétique est prioritaire sur les besoins structuraux. De plus, toutes ses activités demanderont aussi de l’énergie. Pratiquement, à la dépense énergétique de base, pour l’entretien du corps au repos, de l’ordre de 1 600 kilocalories (kcal*) par jour pour l’adulte, on ajoute 800 kcal, pour la dépense supplémentaire d’activité physique, ce qui donne un total de 2 400 kcal par jour et par homme, environ 10 000 kilojoules (kj). Cette valeur moyenne 2 400 est à moduler selon différents facteurs d’ordre physiologique (sexe, stade de développement, caractères morphologiques) ou autres (température environnante). Pour couvrir ces besoins énergétiques, l’apport par les différentes classes d’aliments est théoriquement indifférent, que ce soit des glucides, des lipides ou des protéines. Il semble cependant qu’une répartition équilibrée soit préférable. Les nutritionnistes proposent les proportions optimales des trois grandes classes de nutriments : glucides 58% de l’apport énergétique , lipides 30%, protéines 12%. De plus, dans chaque groupe de nutriments, on recommande dans le cas des glucides, 2/3 de sucres complexes (amidon) à absorption lente, 1/3 de saccharose (sucre) à absorption rapide; dans le cas des lipides, 2/3 d’acides gras insaturés (huiles végétales), 1/3 d’acides gras saturés (graisses animales); dans le cas des protéines, 1/2 animales, 1/2 végétales. Q2. Présenter sous forme de graphique les composantes idéales suivants les nutritionnistes de l’apport en énergie nécessaire aux humains. (Source : Encyclopédia Universalis, Alimentation). L’Homme trouve dans les aliments végétaux et animaux que fournit son environnement les composés organiques dont il a besoin; mais des minéraux tels que l’eau et différents sels lui sont tout autant indispensables. On peut définir l’alimentation satisfaisante comme celle qui couvre les besoins physiologiques, mais aussi qui répond aux aspirations et aux goûts des consommateurs, sans jamais atteindre des niveaux dangereux pour la santé. L’exemple type de ce régime alimentaire est celui des Japonais d’aujourd’hui : 2 900 kilocalories, dont 600 d’origine animale; 95 grammes de protéines, dont plus de la moitié d’origine animale; 80 grammes de lipides (matières grasses), dont 35 grammes d’origine animale. Le chiffre de 2900 est discuté; certains auteurs pensent que 2700 suffisent pour une activité moyenne. Par rapport à cet optimum, on peut se trouver soit au dessus, soit au dessous. au dessus : on risque de compromettre sa santé, principalement par une consommation exagérée de graisses animales et, de ce fait, une valeur énergétique trop élevée de l’alimentation. C’est le cas de la plus grande partie des populations des pays industrialisés, au dessous : on peut distinguer les degrés suivants dans les déficiences alimentaires : la malnutrition (valeur énergétique suffisante, mais alimentation mal équilibrée, en particulier en raison d’une faible quantité de produits animaux). Lire la définition dans la colonne “Vocabulaire, page 68. la sous-nutrition (alimentation à la fois mal équilibrée et d’une valeur énergétique insuffisante). Lire la définition dans la colonne “Vocabulaire, page 68. la faim (lorsque l’insuffisance de la valeur énergétique de l’alimentation est telle qu’on a faim tous les jours). enfin, la famine, lorsqu’on meurt – au sens propre du terme – de faim. Q3. D’après ce qui a été dit des besoins alimentaires de l’homme et les définitions de la page 68, l’approche uniquement calorique des doc. 1 et 2, page 68, est-elle satisfaisante ? Q4. En quoi consisterait une “bonne” alimentation ? Mais manger ne répond pas seulement aux besoins du corps, mais aussi à un plaisir, personnel ou collectif (agapes, ripailles, banquets). Ce que mangent les hommes ne se trouve pas dans la nature, mais dans la casserole ! Entre les deux, c’est le passage quasi magique du cru au cuit, dans lequel l’aliment devient un produit culturel. Les religions, avec leurs interdits et leurs recommandations ont joué un très grand rôle dans la géographie agricole et culinaire. L’interdiction de consommer la viande de porc pour les Juifs et les Musulmans, de vache pour les Hindous, l’alcool pour les Musulmans, oriente les productions agricoles. Faire maigre le vendredi et pendant le Carême entraîne pour les Chrétiens le recours au poisson, donc sa pêche et les moyens de sa conservation. Cette partie de la géographie entre totalement dans l’intitulé du sujet, mais ne semble pas avoir retenu l’attention des auteurs de manuels. Peut-être est-ce la conséquence d’une sorte de mauvaise conscience des repus qui, quand on parle de nourrir les hommes, n’osent penser qu’à la famine... Pourtant, dans les pays riches, et spécialement en France, qui a acquis depuis le XVIII° siècle (Brillat-Savarin : 1755-1826) une renommée planétaire sur le plan de la gastronomie et dont les habitants s’enorgueillissent d’apprécier la bonne chère, le refus de la “malbouffe”, la recherche du bon produit et de sa “traçabilité” deviennent des composantes économiques énormes. Pour se convaincre de l’importance attachée par notre gouvernement à ces problèmes, aller à : http://www.agriculture.gouv.fr/alim/sign/00accueil-sign.html Les signes officiels de qualité et d’origine sont nombreux et, pour certains, anciens. Appellation d’origine contrôlée (1935), Label rouge (1961), Agriculture biologique (1991). Lire la définition dans la colonne “Vocabulaire”, page 74. Les termes “maison”, “artisanal”, “à l’ancienne”, “traditionnel”, “nature”, “frais”, répondent à des définitions précises et contrôlées. L’utilisation du mot “fermier” doit faire l’objet d’un décret ! Comment préférez-vous votre dinde de Noël ? Issue de l'agriculture biologique ou paysanne ? Labellisée ou certifiée ? Depuis les crises alimentaires récentes, les consommateurs veulent de la qualité et sont prêts à la payer. Producteurs, transformateurs et distributeurs de produits alimentaires investissent donc ce marché porteur, quitte à brouiller les pistes. Dans le maquis des étiquettes, les acheteurs se fient à quelques valeurs sûres : les appellations d'origine contrôlées (AOC), le Label rouge ou l'agriculture biologique, reconnaissables à leur logo. Pour les agriculteurs, l'enjeu est crucial. Passer sous le signe de la qualité demande des années d'obstination et un gros effort financier, mais permet de valoriser sa production sur un marché saturé. Un tiers des agriculteurs français, 6 700 entreprises et 6 000 distributeurs sont aujourd'hui engagés dans des démarches officielles. Le chiffre d'affaires du secteur était de 128,5 milliards de francs (19,6 milliards d'euros) en 1999. Le Monde, 21/12/2001 Ajoutons que dans notre pays la gastronomie est un atout considérable du tourisme, premier poste pour nos entrées de devise. Q5. Question personnelle : pensez-vous que vos goûts et vos envies vous font absorber des produits alimentaires nuisibles à votre santé ? Donnez des exemples et expliquez pourquoi vous les absorbez quand même. 2°. Les peurs liées à l’alimentation Se nourrir est tellement important que la peur de ne pouvoir manger à sa faim hante l’humanité depuis des siècles. Les peurs alimentaires d'antan sont surtout marquées par la crainte de la famine. Les sociétés d'autrefois, jusqu'au milieu du XXe siècle, étaient des sociétés de pauvreté de masse. Elles étaient propices aux disettes et aux famines. Braudel écrit ( Braudel, Civilisation matérielle et capitalisme, tome 2, A Colin, 1979.): "La France, pays privilégié s'il en fut, aura connu dix famines générales au X° siècle, vingt-six au XI°, deux au XII°, quatre au XIV°, sept au XV°, treize au XVI°, onze au XVII°...." et on pourrait dire la même chose de n'importe quel pays d'Europe". Les chroniqueurs racontent "les hommes à la peau desséchée, les malheureux transformés en momies parcheminées, épuisés par la fatigue, incapables de se tenir debout, incapables de continuer à vivre, les yeux fermés au fond des orbites creuses". Le peuple sous-alimenté, vivant dans la crainte de la famine, "vivait dans un état mental que l'on à peine aujourd'hui à imaginer". (Marcel Lachiver, Les années de misère, la famine au temps du grand roi, Fayard, 1991). Ces peurs anciennes prenaient naissance dans l’effondrement de la production sous le coup d’une catastrophe, climatique, le plus souvent, mais de la guerre aussi. Mais Malthus, l’économiste anglais, constata à la fin du XVIII° siècle spécialement dans son Essai sur le principe de population (1798), que la population croissait plus vite que la production et que donc on allait inexorablement à la famine si on n'avait pas la sagesse de réduire les naissances. Il se dégage de cette perspective, surtout dans les pays riches, un sentiment de frayeur, d’une fourmilière dévorante et, à brève échéance, d’un manque entraînant un combat. Le gâteau Terre ne se dilate pas; l’idée prévaut donc que chacun aura moins. Q6. Rechercher dans un dictionnaire l’adjectif “malthusien”. Voici un extrait de ce texte : “Nous pouvons être certains que lorsque la population n’est arrêtée par aucun obstacle, elle double tous les 25 ans et croît ainsi de période en période selon un croissance géométrique. Il est moins facile de mesurer l’accroissement des produits de la terre. Cependant nous sommes sûrs que leur accroissement se fait à un rythme tout à fait différent de celui qui gouverne l’accroissement de la population. Ainsi, 1000 millions d’hommes doubleront en 20 ans en vertu du seul principe de population, tout comme 1000 hommes. Mais on n’obtiendra pas avec la même facilité la nourriture nécessaire pour faire face au doublement de 1000 millions d’hommes ! Une place limitée est accordée à l’être humain. Lorsque tous les arpents auront été ajoutés les uns aux autres jusqu’à ce que toute la terre fertile soit utilisée, l’accroissement de nourriture ne dépendra plus que de l’amélioration des terres déjà mises en valeur. Malthus est ainsi à l’origine d’une nouvelle forme de peur alimentaire qui perdure de nos jours. L’époque contemporaine a vu s’ajouter à toutes ces peurs une nouvelle : celle qui touche à la qualité des produits comestibles. “L'Occident a fait depuis un siècle des progrès considérables dans le domaine alimentaire : suppression des famines, avènement de la société d'abondance, allongement de la durée moyenne de vie... mais récemment le comportement de quelques firmes agro-industrielles, animées par l'esprit de profit au détriment de l'esprit civique, a occulté les progrès alimentaires. Usage de farines animales avariées et de boues d'épuration pour l'alimentation animale, poulet à la dioxine, vache folle... ont entraîné une grave crise de confiance du consommateur envers son alimentation, aggravée par l'hypermédiatisation dont a bénéficié notamment la vache folle, devenue le symbole de la crise alimentaire et de la "folle agriculture". L'agriculture est dénoncée comme source de la "malbouffe"... Résumé de la conférence donnée à Agropolis-Museum le 14 Mars 2001 Peurs alimentaires et peurs historiques par Louis Malassis Président Fondateur d'Agropolis-Museum. L’intégralité de la conférence se trouve à : http://museum.agropolis.fr/pages/savoirs/peurshistoriques/peurs.htm Q7. Cf. la problématique du chapitre 2, page 58. Montrez à quelles peurs correspondent les 3 §. Ces peurs ne faussent-elles pas la recherche de remèdes ? C’est donc en fonction de ces besoins nutritionnels et culturels et de nos peurs collectives, anciennes ou récentes que nous allons appréhender la situation nutritionnelle mondiale II. APPRÉCIATION DE L’ÉTAT ALIMENTAIRE DE LA PLANÈTE 1°. Situation Si l’on veut répartir la population du globe entre excès, équilibre, malnutrition, sous-nutrition, faim et famine, on se heurte à une grande difficulté : en fait, les consommations effectives sont mal connues. La mesure des consommations est déjà difficile dans les pays développés; elle l’est beaucoup plus dans les pays du Tiers Monde. Nous utiliserons ce qui nous semble le plus fiable et le plus accessible, les données de la FAO (Food and Agricultural Organization = Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). C’est donc avec beaucoup de prudence qu’on pourrait présenter les estimations très approximatives suivantes : un milliard d’hommes compromettent leur santé par leurs excès alimentaires, un demi milliard d’hommes seulement bénéficient de ce qu’on peut appeler une «alimentation satisfaisante»; deux milliards (qui comprennent une grande partie de la population de la Chine) souffrent de malnutrition; la sous-nutrition frappe, elle aussi, deux milliards d’hommes; un demimilliard d’hommes – peut-être plus – souffrent de la faim. Q8. A partir des chiffres (très approximatifs !) ci-dessus, présentez un graphique représentatif de l’état alimentaire de la planète. On pourra prendre une idée de la gravité moyenne de la faim, région par région et du nombre de personnes sous alimentées (nombre absolu et proportion) à : http://www.fao.org/FOCUS/F/SOFI00/sofi002-f.htm (2° écran vers le bas) Q9. Cf. graphique “Nombre de personnes sous-alimentées”. Quels sont les deux pays qui comptent le plus de sous-alimentés ? Comment expliquez-vous leur classement relativement bon dans la colonne de droite ? Quelles sont les régions où l’on trouve la plus grande proportion de sous-alimentés ? La proportion des sous-alimentés pour l'ensemble de la population est de 17% et le nombre absolu des sous-alimentés dans le monde en développement est de 777 millions en 1997-1999, lors de la dernière estimation triennale de la FAO. Ajoutons à ce chiffre 27 millions de sous-alimentés dans les pays en transition et 11 millions dans les pays industrialisés, ce qui porte le total à 815 millions de personnes sous-alimentées en 1997-1999 à travers le monde. A l’évidence, les 2790 ou 2800 kcalories*/habitant que produit le monde ne sont pas répartis également ! Q10. Cf. carte 1, page 69. Localisez les régions et les pays où sévissent sous-nutrition et famine. Quel phénomène la carte occulte-t-elle par ses choix de légende ? Là où le déficit calorique moyen est très élevé, les régimes alimentaires de la plupart des gens manquent de tout, y compris des féculents de base énergétiques (maïs, pommes de terre, riz, blé et manioc) riches en glucides. Mais là où le déficit est plus modéré, les gens ont généralement accès aux denrées de base. Ce qui leur fait souvent défaut, c'est une variété d'autres aliments pour constituer un régime équilibré et permettant un développement satisfaisant : légumineuses, viande, poisson, matières grasses, produits laitiers, légumes et fruits qui fournissent protéines, graisses et oligo-éléments. On peut cependant constater, dans certains cas, une évolution satisfaisante. Ainsi, en Chine, la consommation moyenne de viande par habitant est passée de 6 kg dans les années 60 à plus de 30 kg à la fin des années 90. 2°. Comment évolue de la situation mondiale Pourtant, au cours des trois dernières décennies, la production alimentaire mondiale a progressé plus vite que la croissance démographique. Entre 1969-1971 et 1997-1999, la quantité de nourriture disponible par habitant est passée de 2 410 à 2 800 kcal par jour dans l'ensemble du monde, et de 2 110 à 2 680 kcal par jour dans les pays en développement. Q11. Cf. document 2, page 69. Transformer les données en indices. On affectera l’indice 100 à l’année 1960. Établir le graphique représentatif. La situation peut donc, sur la base de ces moyennes, apparaître comme satisfaisante. La carte publiée par le site de la FAO... [http://www.fao.org/DOCREP/003/Y1500F/y1500f03.htm#P0_0 (2° écran vers le bas)] ...montre que ce n’est pas partout évident Le recul enregistré de façon globale dans les régions en développement masque, en réalité, des évolutions contradictoires d'un pays à l'autre: si 116 millions de personnes ne sont plus comptées parmi les sous-alimentés, 77 millions nouveaux entrent dans cette catégorie. La carte montre en rouge et bleu foncé des pays où la situation s’est aggravée en chiffres absolus. Le graphique ci-dessous... http://www.fao.org/DOCREP/003/Y1500F/y1500f03.htm#P0_0 (5° écran vers le bas) ...montre à droite les pays où la situation s’est le plus aggravé, mais en pourcentage, cette fois. Notons pour conclure cette partie que 4 pays améliorent leurs résultats ET dans l’absolu ET en pourcentage entre les deux périodes de référence 1990-92 et 1997-99. Il s’agit du Pérou, de la Thaïlande, du Ghana, du Soudan. Dans ce dernier cas, plutôt surprenant, le site de la FAO précise que “les données reflètent les changements intervenus entre deux périodes, l'une centrée sur 1991 et l'autre sur 1998, si bien que la sécheresse qui sévit actuellement au Soudan déchiré par la guerre ne se traduit peut-être pas encore dans les données”. 5 pays voient au contraire leurs résultats se détériorer entre les deux périodes. Il s’agit de l’Iran, du Venezuela, de la Corée du Nord, de la Tanzanie, de la République démocratique du Congo Évolution des inégalités à l’intérieur des pays Nous avons vu les limites des statistiques globales pays par pays. Il apparaît que les inégalités entre les différents groupes de populations sont beaucoup plus accentuées que l'inégalité entre pays en matière de répartition de la nourriture En descendant encore plus dans l’analyse, la FAO constate que “S'agissant de l'équité de l'accès à la nourriture parmi les membres des ménages, on peut observer des variations énormes d'un pays à l'autre, variations influencées par tout un ensemble de pratiques et de traditions socio-économiques et culturelles. Dans certains cas, l'accès à l'intérieur d'un même ménage est tout à fait équitable; lorsque tel n'est pas le cas, on peut voir apparaître clairement des constantes de malnutrition applicables à certains groupes d'âge ou déterminées par le sexe.” Ce qui en clair signifie que dans certains pays pauvres, les vieux et les femmes sont privés d’une nourriture normale. Bien que l'on ait observé un déclin régulier de l'inégalité d'accès à la nourriture entre les pays de la planète, aucune tendance analogue n'est observable entre les ménages des pays en développement ! ÉTUDES DE CAS 1°. Miracle agricole en Champagne crayeuse (manuel, page 62) Q12. Cf. carton du document 1, page 62. Situer géographiquement la champagne crayeuse. Q13. Doc. 1, page 62 et 2, page 63. Décrire le relief de la région. Est-il propice à l’agriculture ? Q14. Cf. carte 2, page 63. Quelle est la longueur réelle du côté des carrés figurés sur la carte ? Quelle est la distance entre Bussy le Château et St Rémy-surBussy ? Q15. Cf. carte 2, page 63. Comment une telle carte figure-t-elle le relief ? Réponse : Courbes de niveau, ombres, points côtés. Q16. Cf. Introduction et doc. 2, page 62. Faire une coupe schématique montrant le sol et le sous-sol, en indiquant en légende leurs caractéristiques telles qu’elles apparaissent dans les textes. Q17. Cf. doc. 3, page 62, et carte 3, page 63. La région est-elle très peuplée ? Donnez, à titre d’argument les populations de St Rémy ou de Somme-Suippe. Q18. L’introduction et le doc 3, page 62 donnent de l’économie de la Champagne crayeuse deux appréciations très différentes. Lesquelles ? Cf. doc. 3. Comment expliquer cette différence ? Les handicaps de l’introduction sont donc relatifs; relatifs à quoi ? Q19. Quels sont les productions de la région ? Soulignez les céréales dans votre réponse. Q20. Cf. doc. 3, page 62. De quel ordre (technique, politique, militaire, financier, économique, etc. ...) sont les changements qui expliquent la transformation de la Champagne crayeuse ? De quand datent ces transformations ? Q21. Cf. dernière question de la page 63. La question semble jeter un regard implicitement positif sur les transformations de la région. A quoi cela se voit-il ? cf. carte 2, page 75. Y a-t-il lieu d’être totalement satisfait ? 2°. Les campagnes malgaches dans l’impasse Q22. Cf. carton du document 1, page 64 et planisphère, page 252. Situer géographiquement Madagascar. Comparer à celles de la France les données de l’introduction. Quelles conclusions économiques peut-on tirer de la dernière ? Q23. Cf. Doc. 1, page 64. Quels préjudices l’érosion* fait-elle subir à l’agriculture ? Q24. Cf. doc. 1, page 64 et 3, page 65. L’homme est-il responsable des ravages de l’érosion ? Énumérez les pratiques mises en cause par l’auteur du manuel. Si l’on considère la terre comme le capital et les récoltes comme les intérêts, que peut-on dire d’une telle gestion du capital ? Q25. Cf. doc. 3 et 6, page 65. Pourquoi les pratiques traditionnelles ne sont maintenant plus supportables, alors qu’elles l’ont été pendant des siècles ? Q26. Cf. doc. 6, page 65. Après avoir ramené les données de 1955 à l’indice 100, transformez les données absolues en indices pour chaque série de données. donnez une expression graphique à l’ensemble. dégagez le problème ainsi posé. Q27. Cf. doc. 3 et 5, page 65. Quels sont les obstacles au développement agricole ? Réponse : la démographie et l’État, qui, prenant des mesures inspirées du Marxisme, ruine l’économie. III. LES CAUSES 1°. A quoi tiennent les bons résultats d’ensemble L’alimentation humaine provient principalement de l’agriculture et de la pêche. Les bons résultats d’ensemble sont dus aux formidables progrès quantitatifs de l’agriculture dans les pays industriels et aux progrès très importants des “révolutions vertes” des pays en développement. La pêche contribue également à ces progrès. Progrès quantitatifs de l’agriculture dans les pays industriels : Q28. Distinguer les termes “production”, “productivité”, “rendements”. Q29. Cf. 1°§, page 72. Quelles sont les techniques mises en œuvre pour augmenter la productivité et les rendements ? Q29. Cf. § 2, page 72. Quelles sont les conséquences géographiques et socioéconomiques de ces nouvelles technologies ? Q30. Cf. doc. 1 et 2, page 73, et colonne de définitions, page 72 (culture horssol et feedlots). En quoi les documents révèlent-ils une bonne productivité ? De forts rendements ? Q31. Cf. § 3, page 72 et carte 1, page 71. Quelle est la couleur qui est affectée aux “greniers du monde” ? Pourquoi la couleur qui caractérise l’agriculture intensive de l’Inde et de la Chine ne peut justifier la même appellation ? Q32. Cf. colonne des définitions de la page 72. En quoi consiste l’élevage “hors-sol” ? Pourquoi est-ce synonyme de forte productivité ? Quels animaux sont élevés de cette manière ? Paradoxalement, c’est au moment historique où l’agriculture atteint un sommet dans la production qu’elle se voit confinée dans un rôle secondaire et dépendant dans l’ensemble des processus qui fournissent l’alimentation à l’humanité. Q33. Énumérez les bénéficiaires des différentes rémunérations quand vous achetez une barre chocolatée. Q34. Cf. doc. 2, page 71. Un fournisseur redouté des agriculteurs, car il les met face à des échéances difficiles, a été curieusement oublié. Qui est-ce ? progrès dus aux “révolutions vertes” des pays en développement Q35. Cf. doc. 1, page 84. En quoi consiste le “paquet technologique” de la “révolution verte” en Inde ? Q36. Population de l’Inde : en 1961 : 455 millions d’h. en 2000 : 1,014 milliard. Montrez les succès de la “révolution verte”. expliquez-en l’origine. Progrès dus à la pêche. Q37. La population du globe ayant doublé dans la période considérée, pouvez-vous dire si la pêche a contribué à l’amélioration de l’alimentation de la planète ? Source : FAO NB : Production en milliers de tonnes, les protéines et les lipides en grammes. La croissance des disponibilités alimentaires à l'échelle mondiale a été accompagnée d'une redistribution en faveur des pays qui, auparavant, avaient une faible disponibilité alimentaire par habitant. Toutefois, le commerce des céréales est de plus en plus contrôlé par quelques pays riches, (USA, Union européenne) en position de force face à de très nombreux acheteurs dans le besoin de produits vitaux, dispersés, face aux vendeurs. De plus, les États producteurs soutiennent leurs agriculteurs par des subventions (France, USA). Symbole de cette domination : la Bourse ou s’établissent les cours des céréales est à Chicago. Bien sûr les pays en développement sont aussi des vendeurs, en général de produits tropicaux tels le thé, le café, le cacao. Dans ce cas, ce sont les producteurs qui sont dispersés et qui se font concurrence, alors que les acheteurs de ces produits non vitaux font la pluie et le beau temps sur les cours dans des Bourses situées sûrement pas par hasard à Londres, New-York, Amsterdam. Les bons résultats généraux dont nous avons fait état ont des limites. En fait, les augmentations consistent surtout en des progrès quantitatifs portant sur les calories, c’est à dire la part énergétique de l’alimentation. On ne sait pas grandchose de l’amélioration en nutriments structurels : protéines, vitamines, sels minéraux, oligo-éléments, pourtant capitaux, sauf ponctuellement, comme nous l’avons vu pour la consommation de viande en Chine. Q38. Cf. le tableau de la question N° 35. Sachant que l’apport des céréales consiste surtout en glucides, et celui des “légumes secs” et arachides en protéines et en lipide et sels minéraux divers, montrez les limites de la “révolution verte” en Inde sur le plan alimentaire. 2°. Pourquoi les famines ? Q39. Cf. doc. 4, page 83. D’après le texte de Sylvie Brunel et la carte publiée par le “Monde diplomatique” (http://www.mondediplomatique.fr/cartes/afriquemdv49), la famine a-t-elle pour origine une incapacité des populations à produire de la nourriture ? Quelles sont alors les raisons des famines ? Si l’on considère la planète entière, il faut ajouter la Corée du Nord. On retrouve ici la trace des attitudes idéologiques marxistes (industrialisme, hostilité envers les paysans) qui est à l’origine des terribles famines de l’ère stalinienne, dans les régions les plus prospères, comme l’Ukraine. A un moindre degré, la malnutrition à Cuba, en Algérie, etc. ...a la même origine. On pourra compléter le texte du manuel en se référant à un article de Sylvie Brunel paru dans le “Monde diplomatique” en août 2000. Voir à l’adresse : http://www.monde-diplomatique.fr/2000/08/BRUNEL/14133 Q40. Cf. doc. 3, page 83. Comment s’articule, selon Amartya Sen, prix Nobel d’économie en 1998, le lien entre famine et régime politique ? 4° Pourquoi la sous-nutrition et la mal-nutrition ? La croissance remarquable des disponibilités alimentaires qui fournit une MOYENNE convenable à l’humanité ne fait donc pas disparaître famine, sousnutrition et mal nutrition. Pourquoi ? Trois séries d’éléments sont susceptibles de nous l’expliquer : des faits de production, de marché et de culture. Faits de production : Les agricultures locales ne permettent pas de nourrir des hommes devenus trop nombreux. On a vu plus haut qu’à l’échelle non plus de la planète, mais des pays, la course entre croissance démographique (bouches à nourrir) et production alimentaire n’est pas gagnée d’avance. Les méthodes sont non seulement peu productives, mais deviennent très destructives si l’on cherche à tirer plus du sol. Q41. Cf. 2° §, page 76. Montrez en quoi les anciennes techniques deviennent dangereuses sous la pression de la démographie. Q42. Cf. carte 1, page 71. Pourquoi l’inaptitude des agricultures traditionnelles à nourrir une population plus nombreuse est-elle un grave problème planétaire ? Faits de marché : Que la nourriture existe en même temps que la sous-nutrition nous amène à nous interroger sur la circulation des produits alimentaires. D’abord, les réseaux de transport ne permettent pas l’acheminement partout dans le monde des produits alimentaires, agricoles ou provenant de la pêche. En Amérique centrale, par exemple, la proportion de routes goudronnées (1997) sur l’ensemble du réseau routier est de 10% au Nicaragua, 13% au Guatemala, 17% au Costa Rica, 20% au Honduras, alors qu’elle est de 100% en France. (Source : Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde, 1999-2000, janvier 2000) On imagine bien qu’en ce qui concerne les possibilités de stockage et de conservation (froid, par exemple) d’aménagement portuaire, la situation n’est pas plus brillante, et pas seulement en Amérique centrale. Mais il n’y a pas que des obstacles techniques. La nourriture peut être là et la population être sous-alimentée car elle ne peut l’acheter ! En effet, la pauvreté limite la demande : si les marchés étaient mieux approvisionnés, beaucoup d’habitants des pays pauvres n’auraient cependant pas les moyens d’acheter plus. Les populations sont pauvres et insolvables. Elles ne produisent rien contre quoi échanger de la nourriture. Il ne suffit donc pas de produire. Il faut encore que le développement économique, associé à une réduction des inégalités de revenus, crée une demande suffisante. Le manque de revenus en espèces est un des facteurs majeurs empêchant les urbains comme les ruraux d'obtenir les divers aliments nécessaires à un régime équilibré. Les populations les plus pauvres, qui vivent en état de sous-nutrition ou de faim, consomment essentiellement des calories bon marché – généralement des céréales. Même lorsqu'on aide les familles rurales pauvres à produire une plus grande variété d'aliments sur leurs parcelles familiales, elles ont tendance à vendre ces produits plutôt qu'à les consommer, en raison de leur valeur marchande élevée. Ainsi, leur sécurité alimentaire ne s'améliore que lorsque les revenus totaux du ménage parviennent à un niveau suffisant pour pouvoir s'acheter les autres aliments nécessaires. Les grandes cultures commerciales, qui permettent certes, d’obtenir des devises, sont souvent le fait de sociétés employant une main d’œuvre salariée. Les devises rentrent bien, grâce à la vente de thé (Voir photo, 2, page 77), de café ou de cacao, mais ne va pas dans la poche du salarié agricole. La population pauvre des pays riches illustre tristement cette insolvabilité. L’augmentation de la production alimentaire mondiale est donc une condition nécessaire mais pas une condition suffisante, pour la disparition de la famine et de la mal-nutrition. Faits culturels : Des interdits alimentaires peuvent entraîner des carences, mais il y a aussi les pratiques dictées par les divers codes sociaux : ainsi, dans certains pays asiatiques, le riz blanc décortiqué est préféré au riz complet. Pareil dans notre pays où le pain blanc -et pauvre- apparaît toujours comme plus prestigieux que des pains complets mais moins blancs. L’ignorance en diététique n’est pas seulement le fait des pays pauvres, mais elle y est dramatique, surtout pour les enfants. L’habitude de considérer l’alimentation carnée comme bénéfique et prestigieuse, dans les pays et dans les milieux qui peuvent se le permettre a des conséquences graves : La transformation de calories végétales en calories animales se fait avec une déperdition d’énergie considérable : obtenir une calorie sous forme de viande de bœuf demande une dépense de 7 calories végétales. Du fait de cette déperdition, une calorie de viande de bœuf est nécessairement beaucoup plus chère que la calorie de céréales donnée à l’animal pour le nourrir. Soit un régime alimentaire de 2 000 kilocalories, dont 100 d’origine animale. Pour assurer cette alimentation à la population, il faut extraire du sol 1 900 + (100 x 7) = 2 600 kilocalories par personne à nourrir. Si un autre régime alimentaire comprend 3 000 kilocalories, dont 1 000 d’origine animale, il faut que la terre produise 2 000 + (1 000 x 7) = 9 000 kilocalories par personne. Ainsi, le même calcul fait apparaître que le passage de 2 000 à 3 000 kilocalories exige que la production agricole soit multipliée par 3,5. Et, parce que le coût des calories de légumes et de fruits est plus élevé que celui des calories de céréales (parce que leur coût de production est plus élevé) tout progrès dans l’alimentation nécessite une augmentation considérable du coût de la production agricole. Le calcul montre que, pour approvisionner le consommateur américain, il faut une production agricole cinq fois plus coûteuse que celle qui est nécessaire au consommateur indien ! Géographiquement, l’Asie qui connaît à la fois une bonne croissance économique et un ralentissement démographique évident, semble en bonne voie. L'Afrique subsaharienne, par contre, se heurte à de plus grandes difficultés. C'est là que se trouvent la plupart des pays les plus pauvres du monde et les plus dévastés par les conflits, ceux où la sous-alimentation est élevée et où les perspectives de croissance économique rapide sont limitées. 5° Pourquoi les problèmes alimentaires dans les pays d’abondance ? D’abord parce que la recherche du plaisir favorise la recherche de sucre dans l’alimentation, ce que savent bien les fabricants de sodas, entre autres. La conséquence en est l’obésité et une prédisposition au diabète. La consommation excessive de graisses animales, liées à la consommation de viande entraîne les maladies cardio-vasculaires, plus importante cause de décès dans nos civilisations. Sans parler de la maladie de la “vache folle” dont on redoute justement le passage à l’espèce humaine. L’abandon de produits moins prestigieux (végétaux) et pourtant nécessaires à l’équilibre car contenant fibres, sels minéraux, oligo-éléments, vitamines. Mais il ne faut pas oublier que l’homme ne se nourrit pas de produits fournis par la nature, mais de produits transformés et de plus en plus pour des raisons de genre de vie urbain, sortant de chaînes industrielles. Les aliments peuvent être dangereux. La recherche du plaisir visuel lié aux habitudes entraîne l’usage de colorants dont l’inocuité n’est pas évidente. “Nous associons aux produits naturels des qualités organoleptiques* particulières (gustatives, olfactives, etc.) qui définissent à nos yeux leur identité : la menthe est verte, la tomate est rouge, l’orange, orange ... Et pourtant personne n’ignore que le sirop obtenu en broyant des feuilles de menthe est incolore [...] Il en va de même pour le beurre dont la teinte dépend de la nature du fourrage donné aux vaches. Lorsque celui-ci est jugé trop clair, les industriels y ajoutent des caroténoïdes pour lui donner une couleur bien jaune...” E. Zago, in Sciences et Avenir, n° 116, novembre 1998. Enfin, l’abondance quantitative ne peut cacher la pauvreté qualitative : appauvrissement des fruits et légumes à quelques espèces, par exemple : les pommes, appauvrissement gustatif, exemple la : tomate. La pression commerciale est ici évidente : peu d’articles, facilement calibrés et identifiés, posant le moins possible de problèmes de conservation et de stockage. Ceci entraîne la perte d’un patrimoine culturel à laquelle nous sommes sensibles et que la publicité récupère en utilisant des arguments de tradition. IV. PERPECTIVES 1° Constats Les techniques pour produire la nourriture par l’agriculture et la pêche affichent des progrès constants dans leurs résultats. La production est suffisante pour les 6 milliards d’hommes, mais mal répartie. La mauvaise répartition a d’abord pour origine les guerres, civiles ou autres et les répressions politico-militaires. Ensuite, ce qui empêche les gens de manger à leur faim, ce n’est pas l’absence de produits, c’est la pauvreté. “Le problème de la faim dans le monde est une question de pouvoir d’achat. Si la répartition de la production agricole était égalitaire, un nombre suffisant de calories par habitant serait assuré pour tous.” Albert Sasson, dans un compte rendu du Café de Géo consacré aux OGM qui s’est tenu au café de Flore le 19/6/2001, consultable à : http://www.cafegeo.com/cr_ogm.htm Les formes de consommation des pays nantis représentent un énorme gaspillage à l’échelle de la planète. La démographie incontrôlée empêche toute solution durable. Les méthodes agricoles archaïques et destructrices ne peuvent plus nourrir des peuples trop nombreux et compromettent les potentiels productifs des pays. 2°. Illusions Or, les solutions qui sont largement répandues dans les médias et jusque dans les manuels scolaires ne correspondent que fort peu aux problèmes énumérés. Il serait peu raisonnable de s’accrocher à certaines illusions : Les pays et les couches sociales repus ne vont pas changer rapidement d’habitudes alimentaires, ni pour économiser la planète, ni pour venir en aide aux affamés. Le foie gras a encore de beaux jours devant lui. Une répartition égalitaire, déjà impossible à réaliser à l’intérieur d’un pays, même en temps de paix, est tout à fait inconcevable à l’échelle mondiale ! Q43. Cf. doc. 3, page 69. En quoi consiste “l’arme verte” ? Quel pays l’utilise, dans l’exemple donné ? Les États maîtres de l’arme alimentaire (produits et brevets) ne cesseront pas généreusement et spontanément d’user de leur pouvoir et des revenus qu’elle occasionne. On le voit bien à propos de l’attitude de détenteurs de brevets pour les médicaments anti-sida. “Concernant par ailleurs les écarts de productivité sur notre planète, il faut bien voir que les rendements par hectare varient de 5 à 125 quintaux par hectare, soit un rapport de 1 à 25. Mais le point le plus important, c’est la productivité par unité de main d’œuvre. On s’aperçoit en effet que le rendement par homme varie de 5 à 12 500 quintaux par personne, soit un rapport de 1 à 2 500 ! Dès lors, il est clair que si nous ne protégeons pas les agriculteurs dont la productivité est la plus basse, ils disparaîtront. Or les pays riches n’y ont aucun intérêt. ” in Colloque Sécurité alimentaire : qui va nourrir le Sud ? Ministère de l’Economie des Finances et de l’Industrie, Mardi 2 octobre 2001 Q44. Doc. 6, page 85. Quelle est, d’après le dessin de Plantu, la conséquence de ce que certains appellent le progrès technique ? Expliquez. Pour vaincre ces obstacles, il faudrait, de plus, que les pays pauvres aient des dirigeants à la fois honnêtes et compétents, qui recevraient des pays riches des aides massives (financières, techniques et en produits), coordonnées entre les pays donateurs et fournies avec des préoccupations purement humanitaires, sans arrièrepensées politiques. C’est dire que la disparition des obstacles au progrès agricole dans le Tiers Monde n’est pas pour demain. Y a-t-il au moins une façon non-agricole de nourrir les hommes ? Le rêve d’y arriver grâce à des algues microscopiques, les chlorelles, ou des protéines cultivées sur déchet de pétrole s’est évanoui. Les “ressources infinies de l’océan” sont en réalité limitées : de vastes zones sont actuellement surexploitées, et les pêcheurs y sont en conflit. La disparition d’espèces, le fait que pour certaines autres on ne trouve plus que des individus de petite taille, montre à l’évidence qu’on touche là à une limite. Quant au krill de l’océan antarctique, il ne sert qu’à la confection d’entrées japonaises aromatisées. Le seul espoir réel est celui de l’élevage de poissons, en bord de mer et dans des étangs. Le catalogue de décembre 2001 de “Picard surgelés” fait état de crevettes élevées à Madagascar. En Inde du Sud, certaines rizières sont maintenant utilisées pour cet élevage. Mais la haute technicité nécessaire pour l’aquaculture et le fait que l’élevage en étangs occupe des terres dont beaucoup pourraient être cultivées limitent les possibilités. Enfin, parmi les illusions qu’il est douloureux de perdre, celle-ci : la générosité pure et simple, comme celle des enfants de écoles qui apportent du riz à des organismes caritatifs, est loin d’avoir les effets escomptés. L’aide alimentaire, on l’a vu dans une précédente leçon, est soit illusoire car faute d’infrastructures la nourriture ne peut arriver à ses destinataires, soit néfaste, quand elle sert à enrichir une maffia portuaire, soit carrément destructrice, en ruinant l’agriculture locale par la baisse des prix et la modification des habitudes alimentaires. 3°. Les OGM L’agriculture demeurera donc sûrement – du moins dans l’avenir prévisible – le fournisseur quasi exclusif d’aliments à l’humanité . Alors, n’y a-t-il pas des moyens de rendre l’agriculture plus productive ? Certains voient dans le génie génétique la solution miracle aux problèmes quantitatifs. L’introduction, dans une plante, d’un gène ou d’un groupe de gènes provenant d’une autre plante permet à la fois de créer, beaucoup plus rapidement qu’avec les méthodes classiques, une variété nouvelle et une variété présentant des qualités qui étaient inaccessibles autrefois. On peut espérer obtenir ainsi des plantes réagissant plus efficacement aux engrais, résistant aux herbicides, à des insectes ravageurs, à la sécheresse, à la salinité des sols, etc. Q45. Cf. doc. “Les OGM sur notre table”, page 87-88. Le § intitulé “ “Les OGM peuvent-ils aider à combattre les famines “apporte-t-il une réponse à sa question ? Mais entre espérance et efficacité immédiate, il y a un grand fossé. Certes, du point de vue scientifique, il s’agit bien d’une révolution. Mais il faut beaucoup de temps pour passer de la première expérience réussie en laboratoire à la diffusion généralisée en plein champ. Par ailleurs les techniques du génie génétique sont difficilement applicables aux monocotylédones, donc aux céréales, qui sont précisément les cultures les plus importantes pour la lutte contre la faim dans le monde. Q46. Cf. doc. “Monsanto en accusation”, page 87. Qu’est-ce que les délégués africains reprochent à la firme américaine Monsanto ? Que les promoteurs des OGM en fassent miroiter les avantages est normal; il s’agit pour eux d’obtenir des crédits de recherche, puis des marchés d’autant plus fructueux que les semences devront être régulièrement renouvelées. On doit également constater que pour l’instant ce qui est recherché dans les manipulations génétiques intéresse plus l’agriculteur et le commerçant que le consommateur. Il n’est pas sûr du tout, par exemple, que la mise au point d’une tomate qui ne pourrit pas ait pour conséquence la baisse des prix à l’étalage, ni même la hausse des prix à la production. Enfin, il n’est pas sûr que l’introduction des OGM puisse se faire sans préparation particulière et sans capitaux, ce qui éloigne d’eux beaucoup de pays pauvres, pas seulement faute d’argent, mais aussi faute de goût de la population de pays où l’agriculture occupe une place très médiocre dans l’échelle des valeurs, à côté du prestige du fonctionnaire, du “col blanc”. 4°. Dangers Malthus a bien vu que l’augmentation de la production ne pourra se faire que par l’augmentation des rendements. Il ne faut pas, en fait, compter sur un accroissement de la superficie des terres cultivées, même si certains pays forestiers (Indonésie, Brésil) y ont provisoirement recours (Voir doc. 2, page 71). Le sol des forêts tropicales perd très rapidement la fertilité qu’il devait précisément au couvert forestier. Et la forêt aura disparu avec les richesses biovégétales qu’elle renfermait. Dans les pays industriels, l’espace bâti, les infrastructures gagnent sans cesse du terrain. Les progrès envisageables reposent donc, si l’on met provisoirement de côté les OGM, sur une meilleure utilisation de l’eau et l’accroissement de la masse des intrants (engrais, pesticides, fongicides, insecticides et pétrole pour les machines). L’utilisation de l’eau va demander des quantités toujours plus grandes, alors que dès maintenant se posent de très sérieux problèmes dans certaines régions du monde, comme la Californie ou le Moyen-Orient. Voilà des conflits politiques et perspective ! Dans les régions d’agriculture irriguée, des terres deviennent stériles par excès de sel, du fait de mauvaises techniques, sans drainage. L’Egypte en sait quelque chose. Q47. Cf. § 1 à 7, page 74. Quels sont les dangers pour l’environnement et pour la santé publique d’une agriculture productiviste ? Q48. Cf. carte 2, page 75. Recherche personnelle. A partir de quelle teneur en nitrate l’eau du robinet ne doit pas être utilisée pour les biberons ? Et pour les adultes ? En ce qui concerne les intrants, l’utilisation massive d’engrais azotés, rincés par l’eau d’infiltration, a pour conséquence la pollution des nappes phréatiques, dans les régions d’agriculture moderne. C’est le cas de la France. Mais les divers produits utilisés pour éviter les maladies aux végétaux, finissent par se retrouver soit dans l’alimentation, soit dans les eaux courantes. Les répercussions de l’utilisation de l’atrazine sur la santé publique ne semblent pas anodines. L’élevage use également pour assurer une bonne santé et une production rapide de poids du cheptel d’hormones, d’antibiotiques qui se retrouvent dans l’assiette du consommateur. 5°. Des solutions ? Arrivés à ce point , répondre aux besoins à court et plus long terme de l’humanité, à savoir nourrir les hommes, augmenter la production pour faire face à la croissance démographique prévisible, réguler les marchés de produits alimentaires, tout en respectant l’environnement et tout en assurant un développement durable, tout cela semble s’apparenter à la quadrature du cercle. L’amélioration de la situation alimentaire de la planète passe d’abord par la disparition du plus criant des scandales : la famine. Ce qu’il faut avant tout est donc d’ordre politique et militaire : la Paix. Ce qu’il faut ensuite, c’est le développement économique, et pas seulement agricole, qui doit vaincre la mal-nutrition et la sous-nutrition, conséquences de la pauvreté. L’exemple de la Chine est à cet égard très révélateur. Le développement économique fait, de plus disparaître le spectre d’une démographie menaçante, autre conséquence de la pauvreté. C’est seulement ensuite que l’amélioration des techniques productives peut donner à un maximum d’êtres humains les nutriments équilibrés qui sont loin d’être leur lot actuellement. L’éducation à la diététique doit enfin avoir sa place dans les systémes éducatifs. Des carences et des déséquilibres dans l’alimentation des jeunes résultent de l’ignorance de leur mère. Chez nous, à la suite d’expériences très intéressantes dans les maternelles et le primaire, il s’agit de donner une éducation du goût. Ce sera le seul moyen de former des générations à un art dont on ne voit pas pourquoi il serait inférieur à ceux qui utilisent d’autres sens, comme la vue ou l’audition; ce sera aussi le moyen de vivre le bonheur de manger et non plus de subir la dépendance de produits grossiers et dangereux, comme le sucre de betterave ou le sirop de glucose. Ce qui est sûr, c’est que l’accroissement des productions doit se faire dans le cadre d’un développement durable, c’est à dire sans compromettre d’aucune manière l’avenir. Sauver l’humanité d’aujourd’hui en compromettant la vie de celle de demain serait une absurdité. La science doit jouer un rôle dont il apparaît clairement qu’il vient après des mesures d’ordre politique, social, et économique.