raisonnement est logique puisque sa valeur de vérité est indifférente à la vérité des
propositions qui la constituent.
Le fait que tout raisonnement logique soit purement tautologique revient à dire
que la logique est vide de sens : elle n'est qu'une structure (selon Wittgenstein, il faut
distinguer ce qui est dépourvu de sens, c'est à dire ce qui est absurde et ce qui est
vide de sens comme la logique). La logique exclut la contradiction (colonne 16 : quand
tout est faux). On peut ainsi définir les lois élémentaires qui portent sur une seule
proposition en partant de la loi de contradiction.
La loi de la contradiction définit ainsi le domaine de ce qui est logiquement
pensable. Tout ce qui est contradictoire est absurde (faux). La logique en tant que langue
idéale définit la grammaire de la pensée. Elle permet de tracer la limite entre ce qui est
pensable, et ce qui est absurde.
III. LE PROBLEME DU LANGAGE PRIVE ET LES JEUX DE LANGUE
On peut montrer que la question de signification suscite de nombreux
paradoxes car il est presque impossible de répondre à la question « quelle est la
signification d'un mot? »
Cela correspond au problème que pose l'existence d'un métalangage. Cela se
présente dans des paradoxes comme celui du menteur qui est fondé sur la confusion
entre le niveau de l'énoncé et celui de l'énonciation.
Epiménide le Crétois dit « Tous les Crétois sont menteurs ». Quand on
s'efforce de définir la signification de ce que nous disons comme étant la traduction de
notre pensée, on présuppose l'existence d'une espèce de langage privé. Si la langue n'est
pas une traduction de la pensée et donc si notre pensée ne peut pas se concevoir comme
une espèce de langue privée, cela signifie que l'on ne peut pas définir le sens d'une
affirmation en fonction d'une intention qui serait quelque chose de purement
psychologique. (paragraphe 368, Wittgenstein, « comme un rêve de notre langage »).
Cela signifie que l'on ne peut pas expliquer la signification de ce que nous disons en se
référant à une expérience intime.
Si toute affirmation trouvait son sens par rapport à une pensée privée, aucune
communication véritable ne serait possible. On aboutirait à une situation solipsiste. Par
ailleurs, on peut considérer que c'est d'avantage la langue qui nous permet de donner une
signification à ce qui est senti. Ce n'est pas la pensée qui donne son sens à la langue.
Wittgenstein montre qu'il est impossible de se référer à une intériorité subjective pour
définir ce qu'est la signification. En effet, une telle intériorité est insaisissable et donc
incommunicable. Parler doit donc se concevoir comme le fait d'appliquer une certaine
règle. Comprendre la signification d'un mot c'est concevoir la règle qui nous permet de
faire fonctionner ce mot dans une situation donnée. Dans le paragraphe 202,
Wittgenstein remarque qu'il n'est pas possible de seulement croire obéir à une règle. En
effet, une croyance subjective n'est pas suffisante pour définir une règle. Seule la pratique
montre en quoi elle consiste. De même il n'est pas suffisant de définir la signification par
ce que nous croyons signifier. Seule la pratique d'un jeu de langage nous permet de
montrer ce qu'est la signification de ce langage. Wittgenstein décrit la multiplicité indéfinie
des jeux de langage (paragraphe 23) pour montrer qu'ils correspondent à ce qu'il appelle
notre « histoire naturelle » : le parler du langage fait partie d'une activité ou d'une
forme de vie. La réflexion sur le langage apparaît par conséquent comme une réflexion
sur la nature de l'existence humaine. Pour Wittgenstein, il n'est pas possible de dissocier
le langage du contexte social dans lequel il est pratiqué. Ce n'est pas une pensée
intérieure qui peut définir la signification de ce qui est dit. C'est plutôt le fonctionnement
d'une certaines pratique (d'un jeu de langage) qui témoigne d'une compréhension
mutuelle.