
signé le Protocole de Kyoto. Cette signature doit être considérée essentiellement comme un
geste symbolique puisque peu de temps après, le président Clinton s’est engagé devant le
Sénat de ne pas commencer à mettre en place des mesures d’application du protocole et de ne
pas le soumettre à une ratification tant que les pays en voie de développement n’y soient pas
inclus.
Mais la division n’était pas visible uniquement dans la classe politique. Les acteurs
privés se sont également affrontés sur le sujet environnemental. D’une part, les grandes
entreprises ont été généralement très hostiles au protocole de Kyoto. Cette hostilité s’est
manifestée le plus fortement dans le secteur de l’énergie. D’après George Pring, les lobby de
l’industrie de l’énergie ont lutté très activement auprès des institutions, essentiellement auprès
des sénateurs et ont réussi à imposer l’idée que le protocole constitue une menace pour
l’économie nationale ( ce serait, d’ailleurs, une des raisons qui expliquerait la résolution Byrd-
Hagel ). D’autre part, de nombreuses ONG se sont mobilisés pour défendre le protocole de
Kyoto, aussi bien des ONG dont l’action est assez radicale que des ONG plus modérées.
L’opinion publique américaine, elle aussi, est divisée sur la question de la lutte contre
les changements climatiques. D’après les sondages, la majorité des Américains sont
conscients du fait que le réchauffement de la planète constitue une menace sérieuse.
Cependant, les efforts qui sont demandés doivent être faits aujourd’hui, alors que les
bénéfices ne seront récoltés que par les futures générations. A cela s’ajoute le facteur
culturel : la façon de penser et le mode de vie américains constituent une des raisons
essentielles du rejet par les Etats-Unis du protocole de Kyoto.
B.Les raisons du refus américain du protocole de Kyoto
Avant d’évoquer les raisons qui ont justifié le refus de George Bush de soumettre à
ratification le protocole de Kyoto, il est nécessaire de rappeler que les Etats-Unis sont le
premier émetteur de gaz à effet de serre de la planète. C’est pourquoi, l’effort de réduction de
ces gaz qui est demandé par le protocole à l’Etat américain est beaucoup plus important que
celui demandé à n’importe quel autre Etat, y compris aux Etats de l’Union européenne.
Pour comprendre la position des Etats-Unis relative au protocole de Kyoto, il est
indispensable de s’intéresser au facteur culturel. La société américaine est traditionnellement
une société qui consomme beaucoup d’énergie et à des prix réduits. Pour les Américains,
augmenter les prix de l’énergie ( qui sera inévitablement une des conséquences de
l’application du protocole de Kyoto ) signifierait de porter atteinte au mode de vie américain-
un mode de vie où l’automobile, symbole de la liberté de se déplacer, occupe une place
centrale. En plus, la société américaine est une société qui a toujours promu la valeur de la
liberté individuelle, en laissant un peu en arrière plan celle du bien collectif.
Une deuxième raison évoquée par le président Bush dans son refus de ratification est
celle de l’incertitude des connaissances scientifiques dans le domaine des changements
climatiques. En effet, s’il est sûrement établi qu’un réchauffement global de la planète est en
cours, de nombreuses questions persistent toujours quand au rythme d’évolution de ce
processus, à l’impact exact de l’activité humaine et aux moyens de lutte qui seraient efficaces.
Sur ce point, Bush a reçu récemment l’appui inattendu de l’Académie des Sciences de la
Russie dont un des membres a affirmé que la décision du président Poutine de ratifier le
protocole de Kyoto était purement politique et n’avaient aucune justification scientifique.
Un autre élément-clé dans la décision américaine de refuser la ratification du protocole
est l’évocation de la sauvegarde de la souveraineté nationale. En effet, un sénateur a déclaré
en 1997 que la ratification du protocole de Kyoto par les Etats-Unis donnerait un pouvoir de
contrôle à l’ONU sur l’énergie américaine. Historiquement les Etats-Unis ont toujours été très
réticents à l’abandon d’une part de leur souveraineté au profit d’une organisation