pour aller vers le savoir, pour dépasser le stade de l’opinion (ou croyance). Une opinion,
même lorsqu’elle est le résultat d’une réflexion personnelle, comporte toujours une part de
préjugé. Elle peut donc être fausse. Et même si elle est vraie, elle est incapable d’expliquer
pourquoi elle l’est. Elle ne saurait donc satisfaire un esprit amoureux de la vérité.
2. La philosophie peut nous aider ainsi à être plus heureux. Beaucoup de nos souffrances,
en effet, viennent de ce que nos croyances ne correspondent pas à la réalité. Par exemple,
nous avons toujours tendance à nous surestimer ou/et à nous sous-estimer, deux attitudes
qui sont sources de souffrance. Elles ne sont d’ailleurs pas si opposées qu’elles en ont l’air.
Quelqu’un qui pense appartenir à une « race supérieure » se surestime évidemment. Mais
en même temps, sans le savoir, il se sous-estime. En méprisant l’humanité de certains
hommes, il méprise sa propre humanité. Il méprise, par exemple, son attirance pour
certaines musiques, sous prétexte qu’elles ont été inventées par des « races inférieures ».
De même, un machiste ne peut que mépriser sa part féminine.
3. Comme on vient de le voir, les êtres humains sont souvent esclaves de leurs préjugés.
Cela nous amène à une troisième raison de faire de la philosophie : elle est un moyen de
devenir plus libres. En refusant d’admettre sans réflexion les opinions de son époque,
Socrate a montré qu’il était un homme libre. Une opinion, en effet, comporte toujours une
part de préjugé. Or, un préjugé est souvent une pensée qui ne vient pas de nous. Ce qui est
pré-jugé, a été pré-pensé, pensé à l’avance, et en général par d’autres que nous. Si nous
n’examinons pas les idées que nous avons reçues dans notre famille, à l’école, dans les
médias, etc., nous sommes condamnés à vivre comme des moutons. Car si notre pensée
n’est pas libre, nos actions ne peuvent pas l’être non plus. Si nous adhérons sans esprit
critique à un discours politique, religieux, commercial, nous deviendrons facilement
esclaves d’un démagogue, d’un gourou, de la publicité, d’une mode…. C’est pourquoi la
philosophie n’a pas seulement un intérêt en elle-même : elle est aussi une arme pour
résister à de multiples formes d’oppression. Un exemple : les philosophes des lumières, au
XVIIIème siècle, ont contribué à affaiblir le pouvoir abusif du roi et des églises chrétiennes.
Test de compréhension et de mémoire sur ce chapitre
1. Étymologiquement, “philosophie” signifie :
a. “Amour du savoir” – b. “Sagesse” – c. “Lutte contre les préjugés”
Qu'est-ce qu'un préjugé ?
a. Une idée fausse – b. Un jugement négatif au sujet d'une personne ou d'un groupe de personnes
– c. Une idée toute faite, admise sans vérification
2. En quoi les préjugés font-ils obstacle à la philosophie ?
a. En rien. Un préjugé n'est pas toujours faux. Et puis, chacun peut penser ce qu'il veut.
b. Ils empêchent de s'acheminer vers le savoir authentique
c. À cause d'eux, nous prenons conscience de notre ignorance.
3. En quoi consistait la sagesse de Socrate ?
a. Il avait réussi à démontrer le théorème de Pythagore – b. Il savait qu'il ne savait rien
c. Il avait compris qu'il fallait changer la religion de son pays, la cité d'Athènes
4. En quoi la philosophie est-elle utile ?
a. Elle nous permet, notamment de penser de manière autonome – b. Elle nous aide à refuser toute
religion et tout engagement politique – c. En rien. La philosophie ne sert à rien : elle n’est pas un
outil, mais a une valeur en elle-même.