Qu’est-ce que la philosophie ? I. Étymologie (racine) des mots « philosophie » et « philosophe » En Europe1, les plus anciens philosophes furent sans doute des Grecs. Ce sont eux, en tout cas, qui ont inventé le mot “philosophie”. Pythagore (VIème avant Jésus-Christ) disait de lui-même qu'il n'était pas “sophos” (c'est-à-dire sage ou savant) mais “philosophos”, c'est-à-dire ami de la “sophia” (sagesse ou savoir). Le mot “philosophie” signifie donc, à l'origine, amour du savoir (ou de la sagesse). Cette étymologie nous met sur la voie d'une définition : II. La philosophie est un effort pour penser sans aucun préjugé Pour être philosophe, il faut commencer par imiter Pythagore : faire preuve de modestie, cesser de se considérer comme sage ou comme savant. Souvent nous prétendons savoir la différence entre le bien et le mal, le vrai et le faux, etc. Mais en y réfléchissant, nous prenons conscience que notre prétendu « savoir » n'est en général qu’un ensemble de croyances. Parmi ces croyances, il y a beaucoup de préjugés, c'est-à-dire des idées toutes faites, préconçues (pré-jugées, jugées à l'avance), admises sans vérification. À cause d’eux, nous ne nous mettons pas en route vers le savoir authentique : nous pensons être déjà savants, et notre intelligence reste bloquée. Pour être philosophe, pour aimer la “sophia”, il faut donc prendre conscience de son ignorance, cesser d'être prisonnier de ses préjugés. Notons à ce sujet que la démarche philosophique ressemble à la démarche scientifique : dans les deux cas, il s’agit d’aller au-delà des croyances pour atteindre un savoir authentique. On peut cependant distinguer la philosophie de la science en disant que la première n’est pas enfermée dans un domaine restreint (en philosophie, on s’intéresse à toutes sortes de choses) alors que la science se subdivise en une multitude de sciences particulières, chacune ayant un objet ou une méthode spécifiques. Par ailleurs, la philosophie s’intéresse à des questions très générales et fondamentales qu’on trouve peu dans les sciences : Qu’est-ce que le bien ? Qu’est-ce que le vrai ? Qu’est-ce qui est réel ? (Liste non exhaustive). III. Socrate, modèle de sagesse philosophique Un siècle après Pythagore, un philosophe du nom de Socrate a été jugé par le tribunal d'Athènes. On l'accusait de vouloir changer la religion de la cité et de corrompre la jeunesse. En fait, il est probable que ce procès était motivé par des raisons politiques. Socrate, pour sa défense, a dit qu'il devait être récompensé par les Athéniens pour sa sagesse. Il voulait dire par là qu'il avait au moins un savoir : le savoir de sa propre ignorance. Et en faisant prendre conscience à ses contemporains que leur prétendu savoir n'était que des croyances, il les aidait à devenir plus sages. Cette attitude provocatrice explique sans doute en partie le fait que Socrate a été condamné à mort par ses concitoyens. IV. La philosophie est une école de liberté En refusant d’admettre sans réflexion les préjugés de son époque, Socrate a montré qu’il était un homme libre. Un préjugé, en effet, est souvent une pensée qui ne vient pas de nous. Ce qui est pré-jugé, a été pré-pensé, pensé à l’avance, et en général par d’autres que nous. Si nous n’examinons pas les idées que nous avons reçues dans notre famille, à l’école, dans les médias, etc., nous sommes condamnés à vivre comme des moutons. Car si notre pensée n’est pas libre, nos actions ne peuvent pas l’être non plus. Si nous adhérons sans esprit critique à un discours de propagande (politique, religieuse, commerciale…), nous deviendrons facilement esclaves d’un démagogue, d’un gourou, de la publicité, d’une mode…. C’est pourquoi la philosophie n’a pas seulement un intérêt en elle-même : elle est aussi une arme pour résister à de multiples formes d’oppression. Un exemple : les philosophes des lumières, au XVIIIème siècle, ont contribué à affaiblir le pouvoir abusif du roi et des églises chrétiennes. 1 Des civilisations plus anciennes connaissaient déjà la philosophie : l'Inde, en particulier. Épreuves de philosophie au baccalauréat (coeff. 4 en ES) Écrit : Le candidat a 4 heures pour traiter un des trois sujets proposés. Il a le choix entre une dissertation (sur le premier ou le deuxième sujet) et un commentaire de texte (troisième sujet). Oral de « rattrapage » : Si un candidat a eu une moyenne au moins égale à 8 mais inférieure à 10, il peut repasser deux épreuves écrites à l'oral, afin de gagner quelques points. Il est donc possible de reprendre la philosophie pour les épreuves de “rattrapage”. L'oral de philo porte sur une œuvre étudiée dans l'année. N.B. Même pour préparer l'épreuve écrite, il est très utile d’étudier et de réviser cette œuvre. Notions au programme Le sujet : la conscience – l’inconscient – le désir - autrui La culture : l’art – le travail et la technique – la religion – l’histoire – le langage La raison et le réel : la démonstration – la matière et l’esprit – la vérité La politique : la justice et le droit – l’État - La société et les échanges La morale : la liberté – le devoir – le bonheur Test de compréhension et de mémoire sur ce chapitre Étymologiquement, “philosophie” signifie : a. “Amour du savoir” – b. “Sagesse” – c. “Lutte contre les préjugés” Qu'est-ce qu'un préjugé ? a. Une idée fausse – b. Un jugement négatif au sujet d'une personne ou d'un groupe de personnes – c. Une idée toute faite, admise sans vérification En quoi les préjugés font-ils obstacle à la philosophie ? a. En rien. Un préjugé n'est pas toujours faux. Et puis, chacun peut penser ce qu'il veut. b. Ils empêchent de s'acheminer vers le savoir authentique c. À cause d'eux, nous prenons conscience de notre ignorance, ce qui nous empêche de rechercher la sagesse. En quoi consistait la sagesse de Socrate ? a. Il avait réussi à démontrer le théorème de Pythagore – b. Il savait qu'il ne savait rien c. Il avait compris qu'il fallait changer la religion de son pays, la cité d'Athènes En quoi la philosophie est-elle utile ? a. Elle nous permet de penser de manière autonome – b. Elle nous aide à refuser toute religion et tout engagement politique – c. En rien. La philosophie ne sert à rien : elle n’est pas un outil, mais a une valeur en elle-même.