accumulation de capital, c'est-à-dire sans investissements productifs : il n'y a ni crédits aux entreprises ni profits.
A l'équilibre, les firmes ne font ni bénéfices ni pertes. De plus, chaque agent étant censé être à l'équilibre, il n'y a
aucun motif ni d'ailleurs aucun moyen de prêter ou d'emprunter, qu'il s'agisse des producteurs ou des ménages.
L'évolution naît de deux conditions :
- une condition nécessaire : l'innovation que Schumpeter définit comme une "combinaison
nouvelle" des facteurs ou plus tard, comme "la mise en œuvre d'une nouvelle fonction de production". Elle peut
revêtir une des cinq formes suivantes : fabrication d'un nouveau bien (qualité nouvelle d'un bien), introduction
d'un nouveau procédé (nouveau procédé commercial ou reposant sur une découverte scientifiquement nouvelle,
ouverture d'un nouveau débouché, conquête d'une source nouvelle de matières premières ou de produits semi-
ouvrés, nouvelle forme d'organisation (concentrations, création d'un monopole). J. Schumpeter distingue deux
fonctions apparemment voisines : l'innovation et l'invention. L'inventeur est un technicien ; l'innovateur est un
entrepreneur, c'est-à-dire un chef d'entreprise qui prend la responsabilité d'exécuter, de mettre en œuvre
l'innovation en engageant dans cette démarche tous les moyens dont il dispose. Il permet au progrès technique
de s'incarner dans le processus économique. De plus, Schumpeter insiste sur le fait que l'innovateur va "faire
l'éducation" du consommateur en lui révélant une demande virtuelle donc à laquelle il n'avait pas songé.
- une condition suffisante : le crédit bancaire qui permet par une création monétaire ex
nihilo d'émettre un pouvoir d'achat qui sera mis à profit par les entrepreneurs pour concrétiser leurs
combinaisons productives nouvelles et en tirer un profit que l'on appelle "surplus ou rente de monopole". Le
profit découle de l'innovation tant que cette dernière n'est pas généralisée. Le banquier "a une position
intermédiaire entre ceux qui veulent exécuter de nouvelles combinaisons et les possesseurs des moyens de
production. Il est donc une composante de l'évolution". Ce profit permettra d'acquitter un intérêt sur les crédits
consentis, intérêt dont le niveau résulte tout simplement de l'offre et de la demande de capitaux (approche
monétaire de fonds prêtables). Le couple innovation - crédit suffit ainsi à expliquer non seulement le
"développement" (la croissance) mais aussi, les fluctuations. En effet, les innovations surviennent par grappes et
se généralisent en se diffusant à partir des entrepreneurs les plus dynamiques qui ont recours au crédit pour
rompre avec l’économie de circuit et jouent ainsi un rôle-clé dans la croissance. La mise en œuvre et la diffusion
de l’innovation génératrice de profit correspondent à la période de l’expansion. La généralisation de
l’innovation étant faite, la croissance des investissements innovants s’achève et les perspectives de profit se
détériorent. La crise puis la dépression vont alors survenir. J. Schumpeter exprimera son scepticisme quant à la
survie du capitalisme du fait d’une bureaucratisation accrue, issue d'un ralentissement du processus d'innovation
et de l'affaiblissement de l'esprit d'entreprise, entraînant la disparition progressive du profit.
On peut souligner que Schumpeter distingue des cycles longs assis sur l'évolution technologique qu'il
nomme Kondratieff. Ils ont une durée de 55 à 60 ans (les économistes ne sont pas tous d'accord quant à leur
existence). J. Schumpeter pense en avoir relevé trois, chacun étant associé à un ensemble d'innovations
majeures. Le premier s'étendrait de 1780 environ à 1842 et correspondrait à la révolution industrielle. Le
deuxième Kondratieff, de 1842 à 1897, serait celui de la vapeur et de l'acier. Le troisième Kondratieff irait de