cours de L3
drina candilis-huisman
Initiation aux techniques de groupes.
Objectif :comment tenir compte de la dimension groupale dans les
pratiques cliniques
Introduction
1) Comment définir un groupe ?
Cohésion, Règles, Esprit, Buts, Pulsions (instincts)?
Plus subtil : son enveloppe, ses niveaux de fonctionnement,
ses fractures. (par exemple les phénomènes de panique ou chaque individu se
comporte alors comme s’il était seul).
2) Un groupe est-il « naturel » ?
Deuxième question qui renvoie aux diverses formes du groupe : la meute, la
horde, la masse, la troupe (armée), la communau(église) ou bien d’autres
encore. Freud pour sa part considère l’église et l’armée comme deux groupes
tout à fait prototypiques mais artificiels. Chaque religion est une religion
d’amour pour ceux qu’elle englobe et de cruauté et d’intolérance pour ceux qui
ne lui appartiennent pas. (plus la force du religieux diminue, plus le lien
libidinal qui en résulte est faible, plus grande est la cruauté et l’intolérance
envers autrui) De façon assez prémonitoire d’ailleurs Freud rapproche la
disparition du sentiment religieux de l’émergence du sentiment socialiste au
début du siècle et en prédit de très lourds mouvements d’intolérance et de
haine. (voir aussi l’avenir d’une illusion).
Comment passe-t-on de un à deux et surtout à trois ? Le modèle familial joue
sans doute un rôle dans les conceptualisations de la dynamique
groupale (importance du père). Il est des familles « unies » et des familles
« éclatées », une famille, cela commence où et cela finit où ? pensez à ces
« superbes réunions de famille » qui font la joie des férus de généalogies et qui
réunissent dans de grandes assemblées que l’on n’ose pas appeler te, 100, 200,
300 personnes voire plus sous l’égide d’un patriarche que personne n’a jamais
connu !
La famille en tant qu’entité en appelle très vite à l’idée d’inscription dans une
certaine temporalité et de transmission, (transmission transgénérationnelle,
intergénérationnelle, avec ses chausses trappes et ses secrets etc.. ). La famille est
elle-même constituée de sous groupe, les adultes et les enfants, les parents et les
frères et sœurs, l’étanchéité des cloisons entre les générations ayant une
certaine importance pour le devenir du groupe.
Claude Lévi-Strauss ne disait-il pas qu’un des progrès de l’humanirepose sur
le principe d’exogamie car si l’exogamie peut devenir un principe de paix et
d’alliance, c’est parce qu’elle garantit la prohibition de l’inceste. La question
de la prohibition de l’inceste est importante non seulement sur le plan social
(commercial au sens fort du terme) mais aussi sur le plan psychopathologique.
Un auteur sur lequel nous aurons souvent à revenir -Paul-Claude Racamier- a
mené toute une réflexion non seulement sur l’inceste et l’incestuel mais aussi
sur les dynamiques institutionnelles.
Le modèle familial a aussi une importance dans les prises en charge groupale,
les figures des thérapeutes pouvant devenir les supports de projections d’imago
parentales tantôt menaçantes, tantôt idéalisées, tantôt négociables ; on le
verra dans la question des thérapeutes.
3)Le groupe est-ce le début de la socialisation ?
Le groupe représente une forme d’émancipation de la famille : rejoindre le
groupe de ses pairs, y affronter les gles compétitives qui en émanent, s’en
sentir soutenu ou au contraire écrasé. Mais la socialité du groupe suppose aussi
des contraintes et des difficultés à se faire accepter (pensez à la célèbre phrase
de rousseau «, l’homme est libre et partout il est dans les fers »). Si
Rousseau proposait un contrat social c’est bien parce qu’il se méfiait du groupe
et que le groupe représente aussi le déchaînement de la destructivité. Le contrat
est une liberté, contrairement à l’aliénation implicite dans le pacte.
4) Quelles sont les incidences du groupe sur l’individu ?
Ce que Freud appelait la bordure du social et que les théoriciens du groupe ont
cherché à définir. Finalement on verra que leurs réflexions vont aboutir à la
définition d’un sujet groupal qui présente des analogies mais aussi des
différences avec le sujet en lui-même. Ce sujet groupal, adopte en effet un
certain nombre de caractères qu’il n’aurait pas dans une relation considérée
comme duelle. Alors nous aurons à comprendre quels sont ces caractères. Est-ce
que ce sont des rôles que chacun assume à son insu et qui occupent une place
importante dans la dynamique du groupe (ou dans le psychisme du groupe),
l’individu dans le groupe est-il toujours le même ou est-il différent ? Question
posée par beaucoup sous des formes diverses (de Lewin à la psychiatrie
institutionnelle).
5) Comment utiliser le groupe dans la cure ?
Il s’agira de suivre le délicat passage entre des sciences humaines plus
concernées par le groupe que par le sujet comme l’anthropologie ou la
sociologie, voire la psychologie sociale et leur lecture par la psychanalyse. C’est
un passage qui est amorcé par Freud dans Totem et tabou en 1911 mais
clairement abordé par Psychologie des masses et analyse du moi (1921) il
développe à la fois une théorie de l’identification très importante pour
comprendre la naissance des processus de subjectivation et approfondit la
notion d’idéal du moi autour duquel les membres d’une communauté se
rassemblent.
À quel moment ces théories ont-elles servi de bases à de ritables prises en
charge thérapeutiques tant au niveau d’une institution qu’au niveau familial
ou individuel ? C’est ce que nous aurons à examiner en étudiant les diverses
formes de techniques que le groupe offre au thérapeute, le type de patients pour
lesquels c’est une indication ou pas, et si le groupe est un passage vers une
forme plus noble de prise en charge thérapeutique (l’or et le cuivre) ou s’il
garde une justification thérapeutique originale jusqu’au bout.
Première partie :
Foule et individu, un rapprochement possible.
<< L'opposition entre psychologie individuelle et psychologie sociale ou
psychologie des masses qui peut bien, à première vue, nous apparaître comme
très significative, perd beaucoup de son tranchant si on la considère de
façon approfondie. Certes, la psychologie individuelle est fondée sur
l'homme singulier et elle s'attache à savoir par quelles voies celui-ci,
pris isolément, cherche à accéder à la satisfaction de ses motions
pulsionnelles, mais ce faisant elle ne réussit que rarement et dans des
conditions exceptionnelles à faire abstraction des relations de ce sujet
singulier avec les autres individus. Dans la vie psychique du sujet
singulier, l'autre entre en ligne de compte très régulièrement comme
modèle, comme objet, comme aide et comme adversaire, et, de ce fait, la
psychologie individuelle est aussi d'emblée simultanément, une psychologie
sociale en ce sens élargi mais tout à fait justifié.>> Extrait de
Psychologie collective et analyse du moi (1921) traduit par
Psychologie des masses et analyse du moi dans l'édition des
Oeuvres complètes (p.5)
La double bordure
S'il fallait commenter un peu cette phrase, je dirais
qu'elle nous introduit à une lecture de Freud qui met sans
cesse en tension la bipolarité psychique présente en chacun de
nous. Certains évoquent par exemple la nécessaire conjugaison
entre l'intrapsychique et l'interpsychique ou intersubjectif
ou encore entre narcissisme et relations objectales, mais on
peut encore aller plus loin. Freud nous montre en effet
constamment comment deux statuts communiquent: le narcissisme
primaire s'appuie sur le narcissisme de la chaîne parentale et
trans-générationnelle, mais peut-être aussi institutionnelle.
Dans Pour introduire le narcissisme, Freud écrit à propos du
"narcissisme des petites différences": "L'individu
effectivement mène une double existence, en tant qu'il est à
lui-même sa propre fin et qu'il est membre d'une chaîne à
laquelle il est assujetti sinon contre sa volonté du moins
sans la participation de celle-ci". La réalité psychique
s'appuie donc toujours sur une double bordure (que l’on pourrait
aussi comparer à une frontière), corporelle et sociale, intime d’un
côté, publique de l’autre, double bordure qui marque les
frontières de l’altérité. Le corps cet étranger-famillier à
nous-même, source des pulsions qui nous agissent sans que l’on
puisse consciemment les reconnaître, et l'autre, le social
familial, institutionnel ou culturel, qui précède l'individu
en prédisposant les structures de la symbolisation (loi,
langage, repères identitaires).
Conscience collective du groupe ou inconscient collectif ?
Si on se place maintenant du point de vue
phénoménologique, on conçoit aisément que chacun d'entre nous
a une représentation du groupe. Cela peut être une mise en
commun des énergies, des enthousiasmes et des capacités, cela
peut être quelque chose de haïssable qui n’inspire que dédain
et volonté de s'en abstraire.
Avec les débuts de la sociologie à la fin du XIXe siècle
naît la notion d'une conscience collective du groupe.
Conscience collective dont le but est de forger des
représentations, des sentiments ou des volontés. Notion qui
naît de la philosophie politique au XIXe siècle et qui repose
sur l'idée que la conscience collective de la foule repose sur
des passions- passions généralement houleuses et engendrant le
chaos. Est-il alors possible de revenir à une harmonie
chacun trouverait sa place et son rôle ? Telle semblait être
l’ambition des utopies politiques que la révolution
industrielle et plus encore la guerre de 14 ont fait naître et
que celle de 39 a balayées.
Suivons maintenant Freud dans sa lecture de Gustave Le
Bon. Pour Le Bon, la masse possède une âme collective "en
vertu de laquelle ses participants sentent, pensent et
agissent de façon toute différente de celle dont chacun
sentirait, penserait ou réagirait s'il était seul". La masse
psychologique ajoute Le Bon est un être provisoire, dont le
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