cours de L3 drina candilis-huisman Initiation aux techniques de groupes. Objectif :comment tenir compte de la dimension groupale dans les pratiques cliniques Introduction 1) Comment définir un groupe ? Cohésion, Règles, Esprit, Buts, Pulsions (instincts)? Plus subtil : son enveloppe, ses niveaux de fonctionnement, ses fractures. (par exemple les phénomènes de panique ou chaque individu se comporte alors comme s’il était seul). 2) Un groupe est-il « naturel » ? Deuxième question qui renvoie aux diverses formes du groupe : la meute, la horde, la masse, la troupe (armée), la communauté (église) ou bien d’autres encore. Freud pour sa part considère l’église et l’armée comme deux groupes tout à fait prototypiques mais artificiels. Chaque religion est une religion d’amour pour ceux qu’elle englobe et de cruauté et d’intolérance pour ceux qui ne lui appartiennent pas. (plus la force du religieux diminue, plus le lien libidinal qui en résulte est faible, plus grande est la cruauté et l’intolérance envers autrui) De façon assez prémonitoire d’ailleurs Freud rapproche la disparition du sentiment religieux de l’émergence du sentiment socialiste au début du siècle et en prédit de très lourds mouvements d’intolérance et de haine. (voir aussi l’avenir d’une illusion). Comment passe-t-on de un à deux et surtout à trois ? Le modèle familial joue sans doute un rôle dans les conceptualisations de la dynamique groupale (importance du père). Il est des familles « unies » et des familles « éclatées », une famille, cela commence où et cela finit où ? pensez à ces « superbes réunions de famille » qui font la joie des férus de généalogies et qui réunissent dans de grandes assemblées que l’on n’ose pas appeler fête, 100, 200, 300 personnes voire plus sous l’égide d’un patriarche que personne n’a jamais connu ! La famille en tant qu’entité en appelle très vite à l’idée d’inscription dans une certaine temporalité et de transmission, (transmission transgénérationnelle, intergénérationnelle, avec ses chausses trappes et ses secrets etc.. ). La famille est elle-même constituée de sous groupe, les adultes et les enfants, les parents et les frères et sœurs, l’étanchéité des cloisons entre les générations ayant une certaine importance pour le devenir du groupe. Claude Lévi-Strauss ne disait-il pas qu’un des progrès de l’humanité repose sur le principe d’exogamie car si l’exogamie peut devenir un principe de paix et d’alliance, c’est parce qu’elle garantit la prohibition de l’inceste. La question de la prohibition de l’inceste est importante non seulement sur le plan social (commercial au sens fort du terme) mais aussi sur le plan psychopathologique. Un auteur sur lequel nous aurons souvent à revenir -Paul-Claude Racamier- a mené toute une réflexion non seulement sur l’inceste et l’incestuel mais aussi sur les dynamiques institutionnelles. Le modèle familial a aussi une importance dans les prises en charge groupale, les figures des thérapeutes pouvant devenir les supports de projections d’imago parentales tantôt menaçantes, tantôt idéalisées, tantôt négociables ; on le verra dans la question des thérapeutes. 3)Le groupe est-ce le début de la socialisation ? Le groupe représente une forme d’émancipation de la famille : rejoindre le groupe de ses pairs, y affronter les règles compétitives qui en émanent, s’en sentir soutenu ou au contraire écrasé. Mais la socialité du groupe suppose aussi des contraintes et des difficultés à se faire accepter (pensez à la célèbre phrase de rousseau «, ‘ l’homme est né libre et partout il est dans les fers »). Si Rousseau proposait un contrat social c’est bien parce qu’il se méfiait du groupe et que le groupe représente aussi le déchaînement de la destructivité. Le contrat est une liberté, contrairement à l’aliénation implicite dans le pacte. 4) Quelles sont les incidences du groupe sur l’individu ? Ce que Freud appelait la bordure du social et que les théoriciens du groupe ont cherché à définir. Finalement on verra que leurs réflexions vont aboutir à la définition d’un sujet groupal qui présente des analogies mais aussi des différences avec le sujet en lui-même. Ce sujet groupal, adopte en effet un certain nombre de caractères qu’il n’aurait pas dans une relation considérée comme duelle. Alors nous aurons à comprendre quels sont ces caractères. Est-ce que ce sont des rôles que chacun assume à son insu et qui occupent une place importante dans la dynamique du groupe (ou dans le psychisme du groupe), l’individu dans le groupe est-il toujours le même ou est-il différent ? Question posée par beaucoup sous des formes diverses (de Lewin à la psychiatrie institutionnelle). 5) Comment utiliser le groupe dans la cure ? Il s’agira de suivre le délicat passage entre des sciences humaines plus concernées par le groupe que par le sujet comme l’anthropologie ou la sociologie, voire la psychologie sociale et leur lecture par la psychanalyse. C’est un passage qui est amorcé par Freud dans Totem et tabou en 1911 mais clairement abordé par Psychologie des masses et analyse du moi (1921) où il développe à la fois une théorie de l’identification très importante pour comprendre la naissance des processus de subjectivation et approfondit la notion d’idéal du moi autour duquel les membres d’une communauté se rassemblent. À quel moment ces théories ont-elles servi de bases à de véritables prises en charge thérapeutiques tant au niveau d’une institution qu’au niveau familial ou individuel ? C’est ce que nous aurons à examiner en étudiant les diverses formes de techniques que le groupe offre au thérapeute, le type de patients pour lesquels c’est une indication ou pas, et si le groupe est un passage vers une forme plus noble de prise en charge thérapeutique (l’or et le cuivre) ou s’il garde une justification thérapeutique originale jusqu’au bout. Première partie : Foule et individu, un rapprochement possible. << L'opposition entre psychologie individuelle et psychologie sociale ou psychologie des masses qui peut bien, à première vue, nous apparaître comme très significative, perd beaucoup de son tranchant si on la considère de façon approfondie. Certes, la psychologie individuelle est fondée sur l'homme singulier et elle s'attache à savoir par quelles voies celui-ci, pris isolément, cherche à accéder à la satisfaction de ses motions pulsionnelles, mais ce faisant elle ne réussit que rarement et dans des conditions exceptionnelles à faire abstraction des relations de ce sujet singulier avec singulier, les l'autre autres entre individus. en ligne de Dans la compte vie très psychique du sujet régulièrement comme modèle, comme objet, comme aide et comme adversaire, et, de ce fait, la psychologie individuelle est aussi d'emblée simultanément, une psychologie sociale en ce sens élargi mais tout à fait justifié.>> Extrait de Psychologie collective et analyse du moi (1921) traduit par Psychologie des masses et analyse du moi dans l'édition des Oeuvres complètes (p.5) La double bordure S'il fallait commenter un peu cette phrase, je dirais qu'elle nous introduit à une lecture de Freud qui met sans cesse en tension la bipolarité psychique présente en chacun de nous. Certains évoquent par exemple la nécessaire conjugaison entre l'intrapsychique et l'interpsychique ou intersubjectif ou encore entre narcissisme et relations objectales, mais on peut encore aller plus loin. Freud nous montre en effet constamment comment deux statuts communiquent: le narcissisme primaire s'appuie sur le narcissisme de la chaîne parentale et trans-générationnelle, mais peut-être aussi institutionnelle. Dans Pour introduire le narcissisme, Freud écrit à propos du "narcissisme des petites différences": "L'individu effectivement mène une double existence, en tant qu'il est à lui-même sa propre fin et qu'il est membre d'une chaîne à laquelle il est assujetti sinon contre sa volonté du moins sans la participation de celle-ci". La réalité psychique s'appuie donc toujours sur une double bordure (que l’on pourrait aussi comparer à une frontière), corporelle et sociale, intime d’un côté, publique de l’autre, double bordure qui marque les frontières de l’altérité. Le corps cet étranger-famillier à nous-même, source des pulsions qui nous agissent sans que l’on puisse consciemment les reconnaître, et l'autre, le social familial, institutionnel ou culturel, qui précède l'individu en prédisposant les structures de la symbolisation (loi, langage, repères identitaires). Conscience collective du groupe ou inconscient collectif ? Si on se place maintenant du point de vue phénoménologique, on conçoit aisément que chacun d'entre nous a une représentation du groupe. Cela peut être une mise en commun des énergies, des enthousiasmes et des capacités, cela peut être quelque chose de haïssable qui n’inspire que dédain et volonté de s'en abstraire. Avec les débuts de la sociologie à la fin du XIXe siècle naît la notion d'une conscience collective du groupe. Conscience collective dont le but est de forger des représentations, des sentiments ou des volontés. Notion qui naît de la philosophie politique au XIXe siècle et qui repose sur l'idée que la conscience collective de la foule repose sur des passions- passions généralement houleuses et engendrant le chaos. Est-il alors possible de revenir à une harmonie où chacun trouverait sa place et son rôle ? Telle semblait être l’ambition des utopies politiques que la révolution industrielle et plus encore la guerre de 14 ont fait naître et que celle de 39 a balayées. Suivons maintenant Freud dans sa lecture de Gustave Le Bon. Pour Le Bon, la masse possède une âme collective "en vertu de laquelle agissent de façon sentirait, penserait psychologique ajoute ses participants sentent, pensent et toute différente de celle dont chacun ou réagirait s'il était seul". La masse Le Bon est un être provisoire, dont le ciment repose sur des mobiles méconnus de ses membres à savoir des mobiles inconscients. Tout d'abord dans la masse, l'individu voit disparaître son sens des responsabilités personnelles et il acquiert par la même un sentiment de toutepuissance. La personnalité consciente se caractérise par sa disparité et non par son unicité, l'individu dans la masse est plus perméable aux aspects inconscients de sa personnalité. Deuxièmement, dans la masse, il y a un effet de contagion qui repose sur des effets d'ordre hypnotique, qui fait que l'individu sacrifiera plus volontiers son intérêt personnel que s'il se trouvait seul. Enfin Le Bon souligne la place de la suggestibilité, ce qui renvoie de nouveau à la question de l'hypnose collective exercée par la masse. Il conclut que, dans la masse, l'individu n'est plus lui-même, "il est devenu un automate sans volonté". Dans ces positions, on distingue aussi une hiérarchie toute idéologique entre l'individu civilisé et le barbare, le primitif que le sujet (re)devient dans une masse mais aussi l'enthousiasme et l'héroïsme qui le transportent, les individus peuvent se trouver transcendés par les effets de masse, sous l'influence d'une suggestion bien menée en quelque sorte. (Cf. texte de Le Bon, "les mots et les formules provoquent dans l'âme des multitudes les plus formidables tempêtes, mais ils savent aussi les calmer"-référence directe à l’influence du prestige du meneur). C'est ce qui en principe pourrait faire toute la différence entre la foule et le groupe, mais pour Le Bon la masse est transitoire. Il ne range pas dans cette notion des groupes stables comme l’appartenance à l’église ou à l’armée où pourtant se font aussi jour des phénomènes de groupe. Le concept d’identification Freud retient de cette lecture ainsi que de celle de Mc Dougall, les deux thèses selon lesquelles dans la masse, l'individu connaît un accroissement d'affect d'une part et une inhibition de pensée d'autre part. La théorie psychanalytique nous permet d’aller plus loin, pense-t-il. Pourquoi? L'explication principale des premiers théoriciens de la psychologie des foules reposait sur l'idée de la suggestion(ou de l'imitation chez Tarde, ce qui revient au même). Freud, revenant à la dimension libidinale et amoureuse des phénomènes de masse (voir l’église ou l’armée)insiste sur l’idée de l’ambivalence de ces mouvements passionnels au sein de la foule. L’ambivalence appartient de fait nous dit-il à toutes relations un peu intimes entre deux personnes ou deux groupes, mais elle n’apparaît pas au premier abord parce que les motions hostiles sont refoulées. On les aperçoit davantage lorsqu‘un collègue se querelle avec un autre ou que les hommes entrent en plus grandes unités, par exemple deux familles qui marient leurs enfants n’échappent pas à l’idée que chacune d’entre elles est bien plus distinguée et meilleure que l’autre, ou bien encore, écrit-il le moindre petit canton jette sur l’autre des regards condescendants. « Dans les aversions et les répulsions qui sans voile, se font jour à l’égard des étrangers à proximité, nous pouvons reconnaître l’expression d’un amour de soi, d’un narcissisme qui aspire à son auto-affirmation et se comporte comme si la présence d’un écart par rapport aux modalités de sa conformation individuelle entraînait une critique de ces dernières et une invitation à les reconfigurer »(en note Freud s’interroge sur la pérennité de tels phénomènes de haine et les rapproche de la dualité de la pulsionalité vie-mort). Puis dans un deuxième temps, il revient sur la nature de cette relation d’amour-haine dans la masse et met en évidence la coexistence de deux mouvements libidinaux constitutifs de la masse : d’une part, l’existence d’un meneur (homme ou idée) qui occupe la place de l’idéal du moi, et d’autre part, l’identification qui fonde la cohésion des membres du groupe entre eux et qui repose sur un lien amoureux d’un type particuliers- d’un lien amoureux sans relation d’objet mais pourtant alimenté par la pulsion. Réfléchissant aux destins de cette phase très précoce de la relation à l'objet (antérieure à l’oedipe même si le petit enfant est déjà capable de deux types d’identification1), Freud va s'appuyer sur le modèle de l'identification hystérique d'un côté, sur celui de l'identification mélancolique d'un autre côté mais aussi sur l'analyse de l'état amoureux. Dans le premier cas (ex Dora et la toux imitée de celle de son père)l’identification est régressive, substitutive d'une liaison d'objet libidinale. Dans le modèle mélancolique, l'introjection de l'objet permet tout à la fois de nier sa perte et de mettre en évidence la dissociation du moi entre la part qui veut conserver l'objet et l'autre qui "fait rage" contre la première. (« L'ombre de l'objet est tombée sur le moi »). Il reste à comprendre comment on peut passer d'un niveau individuel à un niveau collectif. « Nous pressentons déjà que la liaison réciproque des individus de la masse est de la nature d’une telle identification due à une importante communauté affective, et nous pouvons supposer que cette communauté réside dans le mode de liaison au meneur ’ »(p.46) Identification hystérique En ce qui concerne l'identification hystérique, Freud met dans ce cas de figure, sur un plan plus collectif cette fois, les phénomènes de contagion de symptômes dans les pensionnats de jeunes filles mais la différence entre Dora et un pensionnat de jeunes filles tient au fait que l'identification a lieu en dehors d'un rapport direct à l'objet. Il développe l’exemple de la jeune fille qui, recevant une lettre d'un amoureux qui excite sa jalousie, fait un accès hystérique qui va intéresser ses amies au point que plusieurs d'entre elles feront à leur tour le même accès hystérique, bien qu'elles ne soient pas du tout concernées par la lettre et son expéditeur. Ce que dit Freud c'est que les jeunes filles ne s'identifient pas seulement à leur camarade mais plutôt au fait de pouvoir Il s’identifie à son père sur le mode de l’idéal du moi et à sa mère sur le mode de la relation d’étayage. Dans ces deux modes pré-oedipiens il y a incorporation de l’objet – célèbre image du cannible qui dévore ses ennemis pour en acquérir les qualités ; 1 ou de vouloir se mettre dans la même situation. C'est parce que chacune peut nourrir le même fantasme que l'identification se produit ainsi que la contagion des symptômes. Il y a eu cet été dans le Monde un article fort intéressant à ce sujet qui s’intitulait L’étrange syndrome du bâtiment malsain (le Monde du 14 août), qui faisait état de l’émergence de symptômes inexpliqués sur des lieux de travail comme des irritations des muqueuses et de la peau, des signes de fatigue et des maux de tête, touchant de façon à la fois sporadique et récurrente le tiers des employés d’une municipalité de la région parisienne (Villejuif en l’occurrence) entre 2004 et 2005. L’hypothèse du syndrome du bâtiment malsain a été évoquée pour décrire un ensemble de facteurs rendant les conditions de travail difficiles (manque d’aération, proximité avec une population paupérisée très pressante et revendicative). De vrais efforts d’amélioration ont été entrepris- rénovation des bâtiments, déplacements des agents les plus touchés etc.., mais en 2007 encore les mêmes symptômes réapparaissent chez des agents pourtant « délocalisés » ailleurs et aux charges de travail réduites. Comme le dit l’article, chacun a bien compris que ce syndrome est une formule polie pour désigner des phénomènes d’hystérie collective. Pour certains chercheurs de l’institut de veille sanitaire (peu suspects de positions psychanalytiques dures) il est vain de s’échiner à la recherche de facteurs environnementaux, mais il faut certainement s’orienter vers une causalité d’origine psychogène ; le problème réside surtout dans les modalités de prise en charge car les gens tolèrent très mal de genre d’hypothèse (on n ‘est pas fou). Il se présente pourtant régulièrement des manifestations semblables « très extraordinaires » : épidémies de malaises dans le bloc opératoire de l’hôpital nord de Marseille ou hospitalisation de collégiens d’un collège des Ardennes après l’évanouissement d’une élève et des déclenchements accidentels de l’alarme incendie. L’article cite encore un propos d’un chercheur de cet institut qui écrit (bulletin épidémiologique hebdomadaire) : « Plus d’un siècle après que Charcot a démontré que les hystériques n’étaient pas des simulateurs et que Freud ait découvert l’inconscient, il nous est difficile d’accepter que nos souffrances puissent à la fois être réelles et sans cause matérielles ». L’article montre que ces phénomènes sont signalés depuis le moyen-êge et se multiplient plus particulièrement dans les situations de crise en s’accrochant à des croyances collectives telles qu’aujourd’hui la défiance envers l‘environnement. Ainsi l’employé de Villejuif interviewé, s’il reconnaît les efforts de la municipalité, ne cache pas sa défiance à l’égard des autorités sanitaires défaillantes à l’époque de Tchernobyl, du sang contaminé, de Mururoa etc..trouvant beaucoup trop commode ces explications 100% psychologiques.(ma certitude c’est qu’il y a un facteur physique que l’on n’a pas encore trouvé). On peut cependant penser comme le propose l’ethnologue Jeanne favret-Saada, que la maladie constitue un facteur de mobilisation très puissant des autorités responsables d’où le choix d’un tel symptôme pour attirer l’attention sur un malaise que l’on n’arrive pas à symboliser autrement. Identification mélancolique Pour ce qui se rapproche de l'identification mélancolique, Freud fait un détour par le fonctionnement amoureux. Dans un cas comme dans l'autre, ce qui l’intéresse c'est le type de relation réciproque entre l'objet et le moi. Dans les deux cas, le sujet ne peut se résoudre à perdre l'objet, il est alors conduit à vivre une dissociation du moi. Mais dans un cas, une partie du moi se détache et s'identifie avec un idéal du moi dont la fonction est l’auto-observation, la conscience morale, la censure du rêve, etc.. (p. 48) "L'être humain là où il ne peut être satisfait de son moi, peut tout de même trouver sa satisfaction dans l'idéal du moi différencié à partir du moi". Ce qui se passe dans l'état amoureux présente une analogie avec ce mécanisme mais à l'inverse pourrait-on dire. Comment comprendre la surestimation quasi aveugle de l'objet aimé dans l'état amoureux ? La tendance qui fausse le jugement est l'idéalisation, mais c'est à l'objet cette fois qu'est dévolue la fonction de remplacer l'idéal du moi. "L'objet a pour ainsi dire consumé le moi"(p. 51). Dans le premier cas, le moi s'est enrichi des propriétés de l'objet, il l'a "introjecté" (notion de Ferenczi) et, dans le second, il s'en est appauvri, il s'est abandonné à l'objet, il a mis celui-ci à la place de sa partie constitutive la plus importante (p.51-52). Mais, se demande Freud, l'objet vient-il vraiment à la place du moi ou de l'idéal du moi? Cette fascination, cette résorption de l'initiative propre, c'est celle que l'on retrouve dans l'hypnose : l'hypnotiseur venant bien à la place de l'idéal du moi. La relation hypnotique se comporte donc pour le sujet comme un renoncement amoureux sans restriction d'où serait de plus exclue toute satisfaction sexuelle alors que dans l'état amoureux cette satisfaction peut être repoussée. L'hypnose est identique à la formation de masse en ceci qu'elle nous permet de mieux saisir le comportement de la masse envers le meneur. On a donc une espèce de graduation qui se profile qui part de l'état amoureux en passant par l'hypnose pour finir par la masse.(voir la note E de la page 82 reprise un peu plus bas). A l’inverse, l’analyse des masses a permis de mieux comprendre comment détacher le phénomène du transfert du transfert hypnotique. Ce qui intéresse donc Freud dans l’analyse psychologie des collective masses mais n’est de pas de passer par produire l’analyse une du collectif pour revenir au sujet et à sa spécificité. Bibliographie Freud Pour introduire le narcissisme (1914) Psychologie des masses et analyse du moi (1921). Dans les éditions complètes Alain de Mijolla Article identification dans le dictionnaire de psychanalyse publié chez Calmann-Lévy Gustave Le Bon 1895 Psychologie des masses.Librairie Alcan Mélanie Klein Les premiers stades du conflit oedipien et la formation du surmoi dans la Psychanalyse des enfants (1932) Documents A. Résumé de l’éditorial du Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’institut de veille sanitaire(24 avril 2007, n°15-16) Introduction – Les épidémies de malaises non expliqués sont des situations où des personnes présentent les mêmes symptômes somatiques, sans cause organique et qui s’étendent aux autres par suggestion émotionnelle. Ces phénomènes, sousestimés en France, comportent pourtant de lourdes conséquences en termes de gestion. Dans le but de contribuer à améliorer leur prise en charge, les principales caractéristiques de ces syndromes psychogènes sont décrites ici, en soulignant les problèmes rencontrés lors des investigations. Description – Ces phénomènes se manifestent par des symptômes aspécifiques, peu évocateurs d’une étiologie particulière, peu graves et disparaissant rapidement en quelques heures. On les observe préférentiellement chez les femmes et les adolescents, en milieu scolaire ou sur le lieu de travail. Dans la majorité des cas, la présence d’un facteur anxiogène déclenchant est citée, mais le facteur mis en cause est souvent environnemental. Le mode de diffusion de ces épisodes se fait par le son et la vue. Discussion – Face à un événement présentant les caractéristiques décrites cidessus, il est primordial de formuler dès le début un diagnostic qui évoque la nature psychogène de l’événement. Une prise en charge précoce et une description précise du contexte de l’épidémie et des facteurs déclenchants peuvent concourir à dédramatiser les faits. Une meilleure information du personnel des services intervenants devrait permettre d’éviter une prise en charge disproportionnée et une gestion inadaptée qui alimentent et renforcent l’anxiété collective. B. notes E de Psychologie des masses et analyse du moi(p.82) Comparaison état amoureux, hypnose et formation en masse avec la névrose.(reprise ici via internet) E.- Avant de terminer, dressons, en nous plaçant au point de vue de la libido, un tableau comparatif des différents états dont nous venons de nous occuper : état amoureux, hypnose, formation collective et névrose. L'état amoureux repose sur la coexistence de tendances sexuelles déviées du but, l'objet attirant sur lui une partie de la libido narcissique du moi. Cet état est limité au moi et à l'objet. L'hypnose ressemble à l'état amoureux par le fait qu'elle est également limitée au moi et à l'objet, mais elle repose principalement sur des tendances sexuelles entravées et met l'objet à la place de l'idéal du moi. Dans la foule ce processus subit une amplification; la foule ressemble à l'état hypnotique par la nature des instincts qui en assurent la cohésion et par la substitution de l'objet à l'idéal du moi ; mais, dans la foule, s'ajoute à tous ces traits l'identification de chaque individu avec tous les autres, identification qui, primitivement, a peut-être été rendue possible, grâce à la même attitude à l'égard de l'objet. Ces derniers états, l'hypnose et la formation collective, sont des survivances héréditaires de la philogénie de la libido humaine, l'hypnose ayant subsisté comme prédisposition, la foule comme survivance directe. La substitution des tendances sexuelles entravées ou directes favorise dans ces deux états la séparation entre le moi et l'idéal du moi, séparation qui a déjà commencé dans l'état amoureux. La névrose se détache de cette série. Elle repose, elle aussi, sur une particularité de l'évolution de la libido humaine, sur ce qu'on peut appeler la double articulation de la fonction sexuelle directe, caractère que la période de latence vient interrompre 2. Elle partage, pour autant, avec l'hypnose et la formation collective, le caractère régressif qui est absent dans l'état amoureux. Elle se produit toutes les fois que le passage de buts sexuels directs à des buts 2 Voir Sexualtheorie, 4e édition 1920, p. 96. sexuels entravés n'a pas pu s'effectuer complètement, et elle correspond à un conflit entre les tendances qui, absorbées, assimilées par le moi, ont effectué cette évolution, et des fractions ou fragments de ces mêmes tendances qui, faisant partie de l'inconscient refoulé, exigent, tout comme des sentiments et "des désirs complètement refoulés, leur satisfaction directe. La névrose possède un contenu extrêmement riche, puisqu'elle embrasse, d'une part, tous les rapports possibles entre le moi et l'objet, aussi bien ceux dans lesquels l'objet est maintenu que ceux dans lesquels il est abandonné ou érigé dans le moi lui-même et, d'autre part, les rapports naissant des conflits entre le moi et l'idéal du moi. II ème cours La dynamique des groupes et l’inconscient groupal 1.de Lewin à Anzieu Une « discipline » de la psychologie, la psychologie sociale, s'est instituée comme "science des groupes" distincte et de la psychologie individuelle et de la sociologie. Le nom de Kurt Lewin(1890-1947) est ici incontournable. Pour lui, le groupe c'est non seulement l'interdépendance entre les individus mais aussi entre les variables qui interviennent dans le fonctionnement du groupe, le champ des forces qui interagissent les unes sur les autres (par exemple : la disposition des tables, la présence ou non d'observateurs extérieurs etc..). L'individu réagit à son environnement comme une forme sur un fond. Lewin applique à l’analyse des groupes des éléments issus de la théorie de la Gelstalt, c’est-à-dire de la théorie de la forme qui appartient à l’analyse des perceptions et des représentations. Pensez, par exemple, à une chorale. Le chanteur n'entend pas le son produit par l'ensemble et il n'entend pas davantage sa propre voix sauf s'il ne chante pas juste, en chœur ou à l'unisson avec la voix de ses voisins, ou s'il y prête très précisément attention en faisant l'effort de distinguer les diverses voix. Il y a pour Lewin quelque chose de naturel à ces formes que l'on ne distingue les unes des autres qu’en y prétant attention. Son travail sur l'interdépendance entre l'organisation groupale et ses conséquences sur le fonctionnement groupal est resté célèbre lorsqu’il compare de façon expérimentale le fonctionnement groupal entre groupe démocratique, groupe laisser-faire et groupe au fonctionnement rigide (qui peut engendrer des phénomènes de bouc émissaire). D'où l'idée pour Lewin, que le destin des interactions entre les membres d’un groupe peut déboucher sur une mise en commun des ressources psychologiques de chacun, et par conséquent une résolution des tensions ou le contraire. Dynamique des groupes idée importante qui débouche sur une pratique : celle d’aider à la décision en recourrant à des groupes de paroles. Le groupe c'est une série de communication entre ses membres et il peut progresser par la mise en évidence des perceptions que les membres du groupe ont en commun. Dans sa lecture des travaux de Lewin, D.Anzieu lui reproche de n'avoir retenu de Freud qu'une explication économique des phénomènes de groupe, le groupe comme système de forces, mais d'avoir tout à fait ignoré le groupe comme organisation des significations inconscientes. Lewin ne s'adresse qu'aux représentations issues du Moi, il ignore la totalité de l'appareil psychique et sa force chez les participants (ça et surmoi). Les phénomènes conscients qui représentent la manifestation extérieure de la dynamique groupale ne sont que la conséquence de processus inconscients fondamentaux, à savoir qu'un nombre suffisant de fantasmes individuels des membres sont entrés en résonance les uns avec les autres ou que le groupe s'est cristallisé autour d'une imago commune. Anzieu en tire l'idée que le groupe est un lieu de création collective d'images. Cette création collective d'images a pour terreau commun un partage émotionnel d'autant plus puissant qu'il n'est pas perçu par le groupe, qu'il relève d'un inconscient groupal. (texte issu de l’article de claude pigott sur internet sur la psychanlyse groupale) A partir du psychodrame ("Le psychodrame analytique chez l'enfant" date de 1956), et stimulé par les articles de S. Lebovici, R. Diatkine et E. Kestemberg ("Application de la psychanalyse à la psychothérapie de groupe et à la psychothérapie dramatique en France" en 1952 et "Bilan de dix ans de pratique psychodramatique chez l'enfant et chez l'adolescent" en 1958), Anzieu s'est lancé dans une recherche psychanalytique sur les groupes de diagnostic avec la fondation du CEFFRAP en 1962, recherche qui visait à étudier l'articulation entre les psychés individuelles et les groupes humains. Elle a mis en évidence des formations groupales agissantes dans l'inconscient de l'individu. L'article de J.-B. Pontalis "Le petit groupe comme objet" (1968) en fut une émanation. En 1972, Anzieu fondait avec René Kaës, Angélo Béjarano, André Missenard et Jean-Bertrand Pontalis la collection "Inconscient et culture" où, en plus des auteurs déjà cités, il rendait justice à d'autres précurseurs français en ce domaine, Simone Decobert et Michel Soulé. En 1975, avec la publication de son ouvrage "Le groupe et l'inconscient", la psychanalyse groupale obtenait ses lettres de noblesse. Il y abordait, entre autres, "l'analogie du groupe et du rêve," "L'illusion groupale", "Le groupe est une bouche...", "Le fantasme de casse...", les organisateurs du groupe et ses désorganisateurs, enfin, la dimension paradoxale était abordée comme "figure de la pulsion de mort". Peu après, Anzieu a posé que "l'inconscient est structuré comme un groupe". René Kaës, a poursuivi sa propre recherche sur la groupalité psychique et les divers niveaux de sa représentation, ainsi que leurs niveaux de communication avec "L'appareil psychique groupal". Son oeuvre est résumée dans son livre "Le groupe et le sujet du groupe" (1993). Entre les membres du groupe circulent des processus collectifs inconscients, une interfantasmatisation selon Lebovici, qui produit une sorte de tension commune, proche de celle qui existe par exemple entre le jeune enfant et sa mère. Le groupe constitue aussi pour chacun une matrice psychique, cadre de référence de toutes les interactions qui s'y déroulent, terreau qui permet le développement de l'individualité et non pas sa négation. L'individu se voit lui-même ou plutôt il voit la partie refoulée de lui-même reflétée dans les interactions avec d'autres membres du groupe (on pourrait dire aussi projetée sur tous les autres membres du groupe). Il apprend à se reconnaître lui-même par les actions qu'il exerce sur les autres et par l'image qu'ils se font de lui (identification en miroir). Donc le groupe est une totalité productive de formations psychiques spécifiques, où d'une certaine manière le sujet disparaît dans ce qui le singularise. Cependant comme le dit Didier Anzieu "la psychologie des groupes change avec l'âge des personnes qui les composent, avec leur pathologie mentale, avec la culture à laquelle elles appartiennent". Anzieu et Kaes se sont efforcés dans la continuité de tous ces travaux de restituer au groupe sa valeur d'objet psychique pour les sujets. En se référant au modèle freudien du rêve Anzieu développe l'idée que "le groupe à l'instar du rêve est une modalité majeure d'accomplissement des désirs inconscients". Si le groupe permet en effet l'accomplissement de désirs inaccomplis, ce ne sont pas n'importe quels désirs mais ceux non-satisfaits dans les relations interindividuelles, dans la vie privée ou sociale, qui sont reportés sur le groupe. Dans le groupe, le sujet peut croire qu'il obtiendra enfin une appartenance définitive et une reconnaissance de cette appartenance pratiquement immuable (illusion groupale). Pour Anzieu l'illusion groupale est une quatrième instance de l'illusion telle que Freud l'avait défini sous ses diverses formes - illusion religieuse, illusion artistique, illusion philosophique 2. De l'expérience des petits groupes à la thérapie groupale : l’école anglaise Lorsque les psychologues sont confrontés dans leur pratique à des patients au sein d’une institution qu’elle soit spécifiquement psychothérapeutique ou plus largement un service de santé ou d’éducation, la question se pose de savoir que faire des effets de l’institution sur la prise en charge individuelle. Est-ce que le le travail d'analyse interprétative sera toujours orienté sur le fonctionnement individuel ou sur le fonctionnement groupal ? C'est une question dont la réponse ne dépend pas seulement de points de vue purement théoriques mais de la position de chacun par rapport au groupe en général et de son niveau de dépendance à ses propres groupes de référence. (Lire l'article sur le groupe de Vienne autour de Freud dans le numéro spécial d’Enfance et psy sur l’enfant et les groupes) Lorsqu'on aborde la démarche thérapeutique de groupe finalement trois solutions se présentent : -Celle qui traite les individus dans le groupe sans tenir compte des phénomènes groupaux. -Celle qui tient compte de la dynamique groupale en considérant que les effets de groupe peuvent renforcer les effets thérapeutiques habituels ou aussi bien les contrecarrer. D'où la nécessité d'un travail d'analyse du groupe et d'évaluer les mouvements affectifs de l'individu à l'égard du groupe -Celle enfin, qui reconnaît le groupe comme une entité psychologique spécifique et défend l'idée d'un processus groupal distinct du processus individuel qui va activer l'évolution de chacun des individus qui le composent. En Angleterre, W.Bion considère le groupe comme une entité à part entière indépendantes ayant des une individus vie qui et le une énergie composent et propre, doué d'un dynamisme évoluant pour son compte. En France J-B.Pontalis, D.Anzieu ou R.Kaes font l'hypothèse que, de ce fait, le groupe acquiert un décrivent le statut véritable fonctionnement d'objet groupal à psychique l'aide de et ils concepts psychanalytiques semblables à ceux qui permettent de rendre compte des processus psychiques individuels. C’est à l’articulation sans cesse à redéfinir de ces deux positions que démarrent pendant la guerre les premières psychothérapies groupales. (extrait de C.Pigott) En Angleterre, S.H. Foulkes entreprit des psychothérapies dites "psychanalytiques de groupe" dès 1938 et fut le fondateur, après la guerre, d'un mouvement "groupanalytique" qui connut un grand développement. Foulkes partait des prémices que l'homme est un être éminemment social et que tout trouble névrotique a son origine dans des relations sociales perturbées. Il fit école en Grande-Bretagne, ainsi que dans plusieurs pays d'Europe et d'Amérique. Mais, la figure dominante en ce domaine est, sans conteste, Wilfred Bion qui élabora une théorisation psychanalytique groupale originale avec sa topique, ses processus, sa métapsychologie et la jonction avec la psychanalyse individuelle. A Bion se rattache Henry Ezriel avec la tension commune de groupe et le dénominateur commun (fantasmatique) des groupes. Partant du groupe de base dont la structure est protomentale et dont le "moteur" semble être une scène primitive orale très archaïque, Bion découvre des organisations spécifiques: les présupposés de base; la mentalité de groupe et la culture de groupe; de plus, il considérait le groupe comme le dispositif de choix pour l'élaboration de l'identification projective; enfin, le psychanalyste sert de pôle transférentiel pour l'interprétation et préserve ainsi le groupe de travail. Ses travaux eurent une influence majeure à la Tavistock Clinic dans la poursuite de la reflexion sur la psychanalyse et les groupes. Les travaux de W.Bion Bion, psychiatre aux armées en Angleterre pendant la IIème guerre mondiale est chargé d’un département qui a pour mission d’accueillir les soldats qui ne sont plus bons pour le service. Dans Recherches sur les petits groupes, il décrit avec une certaine saveur cette expérience et la façon dont il s’y prend pour rendre leur dignité à ces hommes. Ses réflexions débouchent sur une théorie très novatrice des groupes et dès 1948, il définit deux niveaux de fonctionnement groupal : -Un niveau rationnel et conscient régi par secondaires : notion de "culture de groupe". - Un niveau caractérisé par la prédominance primaires, notion de "mentalité de groupe". les processus des processus "Autrement dit la coopération consciente des membres du groupe nécessaire à la réussite de leur entreprise requiert entre eux une circulation émotionnelle et fantasmatique inconsciente." D'autre part, on peut penser que l'appartenance au groupe entraîne nécessairement un état de régression et une prévalence des affects archaïques et prégénitaux comparable au fonctionnement psychotique, d'ou pour Bion trois présupposés de base auxquels le groupe se soumet alternativement sans les reconnaître. -Dépendance : il se forme dans le groupe la conviction qu'il est réuni pour recevoir de quelqu'un (un guide, un maître, un thérapeute) ou de quelque chose (un idéal, une idée, une organisation) dont il dépend de manière absolue, la sécurité et la satisfaction de tous les besoins de ses membres. C'est le rêve d'avoir un chef intelligent, bon et fort qui assume à la place du groupe les responsabilités. Importance aussi du fait que cet éventuel leader accepte ou non de jouer le jeu "Échange d'une part de bonheur contre une part de sécurité" (Freud dans Malaise dans la culture). La culture de groupe correspondante à ce présupposé s'organise autour de la recherche d'un leader plus ou moins divinisé: elle se manifeste par de la passivité et la perte de jugement critique. -Attaque-fuite: fantasme collectif d'attaquer ou d'être attaqué: le groupe est convaincu qu'il existe un mauvais objet interne-externe incarné dans un ennemi qui peut être soit un membre du groupe, soit une idée mauvaise soit une idée adverse ou erronée (ex. les kilos en trop, ou l'alcool ou la drogue). Le groupe qui fonctionne selon de telles hypothèses trouvent son meneur parmi des personnalités paranoïdes aptes à alimenter ces idées et organise sa culture sur ces bases. -Couplage : fantasme collectif qu'un être ou un événement à venir résoudra tous les problèmes. Espoir messianique d'un enfant non encore conçu qui sauvera le groupe de ses sentiments de haine, de destruction ou de désespoir. Espoir qui ne doit jamais être réalisé car seul l'avenir est porteur de telles promesses. L'idée de Bion était que ces trois présupposés de base n'agissent pas en même temps, c'est un phénomène proto-mental selon lui. Le meneur de jeu dans une telle dynamique groupal a pour objectif d'élucider (c'est à dire d'interpréter) ce qui se passe dans le groupe, d'aider le groupe à mieux comprendre sa situation imaginaire (cf. le succès des groupes E.Bick). On peut aussi voir une influence kleinienne dans l'importance qu'il accorde aux idées de persécution et de dépression dans le groupe. Pour Anzieu, cela pointe avec justesse deux représentations imaginaires auxquelles se heurte communément la psychosociologie des groupes : celle de cobaye et celle d'espion. Ce que l'on peut conclure de ce très bref survol des idées bioniennes relatives au groupe c'est que l'illusion groupale présente dans tous les niveaux du fonctionnement groupal menace l'expression proprement individuelle. On comprend aussi à le lire que cette illusion est à la fois nécessaire et toujours provisoire. Bibliographie W.R.Bion Recherches sur les petits groupes, Paris Puf 1965 Jean-bernard Chapelier Les psychothérapies de groupes, Dunod, Paris 2000 3ème cours. Le sujet et le groupe dans l’institution. Les institutions psychiatriques, de façon plus ou moins empirique, ont développé l'espoir qu'en utilisant les techniques de groupe, elles pourraient dégager une énergie bénéfique réprimée par les contraintes de la vie sociale pour les patients hospitalisés (même idée en pédagogie, penser à A.S.Neil ou au mouvement de la pédagogie institutionnelle dans les années 1960). "La recherche de l'expression libre restait le dénominateur commun de toutes ces méthodes". S’il est vrai que la vie institutionnelle engendre des routines institutionnelles que les gens qui travaillent auprès des patients ne finissent même plus par penser, l’application de techniques de groupe a pu paraître comme une solution adaptée pour que les patients trouvent au sein de l’institution des espaces d’expression diversifiés, mais aussi un lieu de vie possible et encore une communauté proche des communautés thérapeutiques moyenageuses. 1. Difficultés du travail en institution Mais il faut aussi en mesurer les limites en particulier à cause de la spécificité des résistances des patients chroniques en psychiatrie. René Diatkine propose une analyse des obstacles qui se présentent au soignant désireux de traiter de la question des groupes en institutions. Il voit dans l'hôpital psychiatrique le terrain privilégié de ses réflexions, et propose de garder à l'esprit trois choses. La psychose engage de façon très particulière le patient sa famille et la société dans le statut qu'elle accorde au "fou". Il n’y a qu’à voir comment la folie des criminels suscite des débats passionnés dans les médias, débats qui ne sont d’ailleurs pas très clairvoyants sur les dérives dangereuses qu’ils entraînent.(confusion entre la notion de culpabilité et de responsabilité, exacerbation du besoin de sécurité, insistance sur l’idée que les psychiatres chercheraient à toujours disculper les criminels) . De plus à l'hôpital, la relation singulière du médecin avec son malade est largement déplacée dans le champ institutionnel, d'où la nécessité pour celui qui travaille avec la théorie psychanalytique de se forger d'autres outils. Comment penser l'implication de la psychanalyse dans le champ institutionnel et résoudre la contradiction qui consiste à adapter l'or pur de la parole et du silence au vil cuivre de l'action ? Ce qui était de l’ordre d’une relation intime devient publique d’une certaine manière (secret des dossiers), ce qui est de l’ordre d’une relation duelle devient une relation à plusieurs (notion de transfert latéral), ce qui restait de l’ordre de la parole et de la verbalisation peut passer par l’acte. En d’autres termes, comment utiliser les éléments issus d’un cadre divan-fauteuil à ce que Racamier appelle la Psychanalyse sans divan ? Enfin à l'hôpital, il est nécessaire d’agir. Action devant les passages à l'acte des malades, action devant les urgences de tous ordres qui se présentent à l'hôpital. On se heurte alors à deux difficultés : -le retrait des malades, retrait défensif du fait de l'angoisse insupportable que représente tout nouvel investissement, ce qui rend douloureuse toute maladresse dans les tentatives d'approche. -la frustration qui découle de ce retrait est à certain moment une source de déplaisir telle que ce mécanisme de défense se substitue à l'objet dans son action persécutrice. D'où la difficulté de trouver une attitude juste. D'autre part, il y avait aussi un danger auquel ces tentatives n'ont pas toujours échappé: celui de faire de la relation (ne dirait-on pas aujourd'hui l'accompagnement?) un maître-mot qui affadit la vigueur conceptuelle de la notion de transfert. L'écoute n'est pas le privilège du seul thérapeute, une telle ouverture peut se produire avec tout membre du personnel soignant. Le rôle psychothérapeutique des infirmiers, infirmières et de tout le personnel soignant est donc lui aussi à considérer. Mais la difficulté de cette relation engendre bien souvent le sentiment que le médecin ou le soignant qui développe une relation privilégiée avec le patient saurait faire quelque chose de plus. Réaction partagée mais différemment par les médecins en développant chez eux soit la croyance en la toute-puissance de leur science, soit la négation de toute connaissance particulière. Ainsi à des titres divers, les différents acteurs d'une institution peuvent se faire complices des mécanismes de répétition de la psychose. Ce que veut souligner ici R.Diatkine c'est qu'il ne faut pas céder à l'illusion qu'une relation avec un soignant, avec un autre malade ou avec un autre membre du groupe ait en-soi une action curative. Si certains échanges, certaines techniques comportent sans aucun doute des éléments réparateurs, cette réparation symbolique n'a pas à elle seule une valeur curative. La relation thérapeutique permet au patient de trouver une autre source possible de plaisir qui pourra être mobilisée utilement par l'interprétation d'un thérapeute et les mutations profondes qui en découlent. Certains changements très graduels s'obtiennent grâce à des modifications adaptées du cadre institutionnel, mais comme l'indique R.D. ces avancées sont toujours fragiles et réclament beaucoup de vigilance de la part des soignants très souvent attaqués narcissiquement dans leur position de soignants. On retrouve alors les effets bénéfiques du groupe à deux niveaux, le groupe des soignants dont le travail en équipe le conforte devant les menaces répétées de désinvestissement, le groupe des malades pour enrayer la lassitude, manifestation agressive la plus légitime du personnel soignant Quelles peuvent être alors les qualités d'une institution ? Primum non nocere, ne pas nuire insiste R.D. (serment d’hippocrate) Cela comporte plusieurs étapes. a)La première serait d'offrir une continuité de soins réelle. Ce qui signifie qu'il faut s'efforcer de lutter contre la valse des soignants présents pour peu de temps ou contre le statut de vieil étudiant sans responsabilité réelle sur les patients. b) pas de terrorisme du discours théorique et plus encore du discours analytique, nécessité de supervision des soignants dans un autre lieu que l'institution. c) développement d'alternatives à l'hospitalisation, autres politiques d'implantation des unités de soins, adaptation à l'évolution de la demande sociale. 2."Guérir l'asile pour l’institution asilaire guérir le malade", les alternatives à Plusieurs écoles se sont dégagées dont les principales étaient représentées par la "Psychothérapie institutionnelle" d'une part et par "l'action concertée positive" d'autre part. Il nous faut faire un peu d'histoire de la psychiatrie d'après guerre(1945-1950) pour mieux le comprendre . 1945: 40 000 malades sont morts de faim et de froid dans les hopitaux psychiatriques pendant la guerre. L’asile a pu fonctionner à cette époque comme un lieu de solidarité entre les médecins, le personnel et les malades, et pour certains d’entre eux comme foyer de résistance contre l'occupant. Tosquelles est un réfugié de la guerre d’Espagne, Bonnafé, Le Guillant et bien d’autres ont adhéré au parti communiste. D'où une sensibilité plus grande à l'égard des patients et des interrogations nouvelles sur l'asile comme lieu de soins. Le mouvement français de psychothérapie institutionnelle s'amorce dès 1945 avec la recherche d'une plate-forme commune à toutes les institutions psychiatriques. Bonnafé y énonce l'un des principes fondamentaux de la psychiatrie de secteur qui sera mise en place 15 ou 20 ans plus tard: "l'unité et l'indivisibilité de la prévention, de la prophylaxie, de la cure et de la post-cure". Idée neuve qui consiste à penser la folie en amont- distinction prévention secondaire netre prévention primairte et Les premiers pas de ce courant inauguré par Daumézon, médecin-chef de la clinique de Fleury-les-Aubrais, près d’Orléans, ont consisté à critiquer la hiérarchie hospitalière enfermant chaque soignant dans des castes rigidement subordonnées les unes aux autres(déficience, démence, folie). C’est ainsi qu’il inaugure des réunions entre soignants puis des réunions soignants-soignés. Puis il défend la nécessité d'une organisation thérapeutique de la vie à l'hôpital, "clinique d'activités" qui n'est pas encore de la "thérapie occupationnelle". Son ambition est de tirer tout le parti possible de la vie collective imposée aux malades et des multiples processus inconscients d'identification qui tissent le groupe social. Avec l'introduction croissante de la psychanalyse dans la formation des psychiatres, un infléchissement se produit. Le souci de désaliénation se fait jour mais avec des voies idéologiques et théoriques un peu différentes à l’époque. En 1965, Daumezon et Tosquelles fondent le mouvement de psychothérapie institutionnelle à Saint-Alban (les Rencontres de Saint-Alban). A Saint-Alban, asile rural situé sur les hauts plateaux de la Lozère, Tosquelles qui y est arrivé en 1940, cherche par de multiples activités proposées aux patients à s’ouvrir sur le monde extérieur et à tisser des liens avec la population environnante. La vie institutionnelle présente pour lui une différence par rapport à un lieu uniquement défini par les soins, en privilégiant les relations sociales du malade. Il pense pouvoir aider les « fous » à accéder au registre symbolique dont les prive leur impossibilité à se constituer comme sujet dans le tissu interrelationnel normal. C’est Tosquelles qui est à l’origine des sociétés des Croix-Marine (reprises par Jolivet) d’aide à la santé mentale, réseau d’association d’hygiène mentale où se retrouvent aujourd’hui encore les différents intervenants du champ psychiatrique hospitalier. Dans ce parcours historique et héroïque (Tosquelles pensait que les deux pieds de la pratique institutionnelle était le psychanalytique et l’idéologique) il faut aussi faire une place à Sivadon. Il veut réfléchir davantage à la coupure qui existe entre l’hospitalier et l’extra-hospitalier, avec en particulier un accent mis sur leur coordinations : psychiatrie de secteur et psychiatrie de liaison (différence entre l’intersocial et l’intermédical). Avec la création de l’Elan retrouvé en 1948, puis ses responsabilités à la clinique de la Verrière il développe un certain nombre de structures extra-hospitalières : consultations ambulatoires, centres de post-cure, hopitaux de jour(le premier créé en France pour les adultes) etc.. et diversifie les modalités de prise en charge (pour ce qui concerne les enfants les hôpitaux de jour seront à différencier de l’idée de lieu où renaître). Il insiste sur la différence entre psychothérapie occupationnelle et ergothérapie. Dans la première, il s’agit de trouver aux malades des activités créatrices leur permettant de reprendre pied avec le monde concret, dans la seconde, il y a sociothérapie sous forme de groupe sous la direction d’un responsable. Autre originalité, un service d’hydrothérapie axé sur les soins corporels. Souci de désaliénation qui est encore celui de Jean Oury, celle du malade étant inséparable de celle de la structure institutionnelle, c’est ce sur quoi il réfléchit et travaille depuis plus de 50 ans (1953) à la Clinique de La Borde. Quelques principes résument brièvement ici son approche : Le cadre asilaire se caractérise par son hétérogénéité. Il veut souligner par là l’importance pour un soignant de ne pas être en charge que des seules pathologies très lourdes, mais de pouvoir être confronté à des pathologies diverses.Difficultés extrèmes pour les familles qui voient toujours dans leur proches le moins « fou » du service. Question de regard posé sur l’aliénation et l’alterité. Libre circulation des patients à travers tous les espaces de l’institution y compris ceux réservés aux soigants, ce qui multiplie les occasions d’échanges mais aussi de conflits. Les clubs thérapeutiques considérés comme des outils majeurs du décloisonnement vont être un pillier de l’action institutionnelle dans la mesure où les malades sont associés à leur gestion. Les bénéfices de la prise en compte de la réalité d’une activité ont été largement théorisés par Guattari qui vivait lui aussi à La Borde. Poursuivant et prolongeant la réflexion de ses aînés sur la collaboration soignant-soigné, Oury propose la notion de « collectif soignant » où les positions des uns et des autres ne sont pas fixes, la fonction soignante étant partagée entre les médecins, les infirmiers et les autres. Dernière notion : celle de transfert institutionnel. Je cite ici un extrait de l’article de l’EMC sur les thérapeutiques institutionnelles malades (37930 G 10). « Il s’agit d’élaborer une stratégie institutionnelle prenant pour but de décrypter les manifestations transférentielles propres aux psychotiques en institution. Si dans la cure des névrosés, l’efficacité de l’analyse se mesure à la possibilité de lier et de délier une « névrose de transfert » (obstacle à la guérison selon Freud mais qui peut devenir le levier de notre action), en ce qui concerne les patients psychotiques, il faut tenir compte chez ces malades très régressés de leur manière imparfaite d’accèder à la relation à l’autre. G.Pankow pose le problème de la délimitation du corps chez le psychotique, ce qui amène qu’à partir d’une image de morcellement, le transfert du psychotique ne peut se produire que d’une manière éclatée, dissociée (oury), ou multiréférentielle (tosquelles ). L’institution hospitalière, qui va offrir différents supports aux transferts des malades va provoquer un éclatement, un éparpillement des trasnferts que l’analyse institutionnelle se doit de détecter afin de rétablir la libre circulation de l’information entre les personnes supports de transfert. En quelque sorte, cela a valeur d’interprétation qu’il faut ou non délivrer aux patients. En lui renvoyant ses différentes facettes réarticulées, l’institution l’invite à nouer entre eux les différents transferts qu’il y effectue ». Donc importance pour Oury du concept d’analyse institutionnelle, qui est pour lui une manière d’instaurer un rapport critique avec les pratiques institutionnelles de groupe. Des divergences théoriques ont néanmoins traversé la communauté psychiatrique quant aux références à privilégier et à la place du psychanalyste dans l’institution. Lacaniens d’un côté, non-lacaniens de l’autre se sont divisés sur des pratiques et une compréhension des mouvements transférentiels ce qui a permis à Racamier, autre pionnier (non-lacanien) de la psychothérapie institutionnelle de caractériser ainsi les diverses attitudes du psychanalyste dans l'institution : Noble étranger, consultant familier, élément intégré ou leader sont les quatre niveaux d'intégration du psychanalyste à l'institution (Cf. p.118). Ce qui est implicite ici c’est de recuser l’ambiguité de cumuler les rôles de psychiatre, de directeur d’hôpital et de psychanalyste. Une des réponses possibles serait pour un tel soignant de ne pas participer aux réunions institutionelles. Dernière démarche sur Lebovici, qui insiste laquelle je m’arréterai : celle de sur la nécessaire non-confusion des rôles entre les soignants, la responsabilité du psychanalyste consistant à assurer une psycho-didactique de groupe au niveau des soignants. Lebovici (avec Diatkine, Kestemberg, Paumelle, Cahn etc...) développe aussi de façon considérable toute une organisation de soins non asilaires avec une politique de santé mentale de secteur dont l'expérience pilote est celle du XIIIème arrondissement de Paris, qui à l’époque était un quartier très défavorisé de Paris. Le souci de cette équipe consistait à tenter de mettre la psychanalyse au service de la population et en particulier des enfants et des adolescents, tout en renouvellant l’approche diagnostique et psychopathologique des troubles de l’enfance (classification de Mises) : hôpitaux de jour pour enfants, unités du soir, association de la psychanalyse et de la recherche étaient des principes très novateurs à l’époque . Son travail a été poursuivi par de nombreux analystes d’enfants et d’adolescents qui ont théorisé l’institution thérapeutique comme la possibilité d’offrir à l’enfant un véritable espace transitionnel qui lui aurait manqué dans ses realtions avec son entourage (R. Cahn ou P.Jeammet ou encore Bernard Penot)avec comme objectif fondamental de favoriser les liaisons entre les soins et la psychothérapie, objectif qui il faut quand même le dire n’est pas toujours facile à remplir (Bion nous l’avait déjà montré). Plusieurs articles de ces différents auteurs insistent sur la spécificité collective nécessaire à la prise en charge des graves troubles de l’adolescence. Voici par exemple ce qu’écrit Bernard Penot dans la RFP portant sur le thème Psychanalyse et institutions « On ne saurait trop insister sur l’importance pour une institution thérapeutique se proposant d’aider les jeunes à surmonter un défaut grave de subjectivation, de ne pas seulement se concevoir comme un lieu de parole avec des séances ou des actes techniques, aussi fréquents soient-ils ; mais avant tout comme un espace pour vivre qui permette la naissance d’un discours échangeable à partir de l’expérience vécue. On pourrait dire la fabrication ensemble d’un discours mythique existentiel.. Mais pour favoriser un tel avènement de parole, une équipe soignante ne doit pas seulement s’employer à partager des activités quotidiennes de vie ; elle doit en même temps se concevoir comme support possible d’une reprise (au deux sens du terme) des défectuosités de chaque cas- à partir précisément du transfert de celles-ci dans le milieu institutionnel. » Il signifie par là que les effets du transfert d’un jeune patient psychotique sur une institution nécessite que cette institution les analyse et que chaque soignant puisse en prendre sa part. Les réunions de synthèse sont le lieu classique d’élaboration de ces contre-attitudes de l’institution vis-à-vis d’un patient mais elles sont loin de pouvoir éviter les conflits et les clivages dans les équipes. Il évoque les rapports de rejet-exclusion et de disqualification qui traversent les membres d’une équipe même si les personnes ont l’habitude de travailler ensemble depuis longtemps. Il préconise que ce temps de réunion et de travail de l’équipe soit un temps où puissent être suspendus les savoirs supposés de chacun . Le terme de contre-attitude n’est en réalité pas très approprié pour qualifier de manière claire la nature des réactions qui se jouent entre les soignants et les patients. Penot parle d’une véritable aliénation mutuelle qui doit se répéter dans l’intérêt le patient afin que puissent émerger d’autres modalités de lien, et le désenclaver petit à petit des aliénations premières qu’il a connues dans sa famille. Ce n’est pas d’ailleurs en lui interprétant cette répétition que le patient s’en dégage , mais c’est entre soignants que le travail d’élaboration peut se faire (un peu comme lors de la reprise d’une séance de psychodrame) « L’effort commun de mise en représentations et en mots tend à produire la restitution en termes significatifs des repères qui ont manqué au jeune pour pouvoir se représenter et s’approprier subjectivement son expérience singulière. Tout se passe comme si cette mise en chantier des espaces psychiques des soignants donnait au patient la possibilité de se saisir de représentations mentales pour son usage propre ». Proche des analyses d’Oury, Penot s’en écarte en mettant l’accent sur le processus de subjectivation et ses nombreux avatars dans l’institution. Ce qui se joue entre le jeune psychotique et les soignants ne relève pas d’un scénario fantasmatique bien reglé mais de processus bien plus primaires que Penot désigne sous le nom de transfert subjectal. « La position subjective du thérapeute tend plutôt à réactualiser cet agent pulsionnel premier, extérieur à la personne propre et dont va dépendre le besoin qu’a celle-ci d’être regardée, prise en mains etc. ». un peu comme les bébés battus placés très jeunes dans des familles d’accueil et qui revivent dans la famille d’accueil les mauvais traitements qui ont justifié leur placement. De tels phénomènes « psychotiques» d’induction répétitive se retrouvent également dans des comportements collectifs de certaines communautés ethniques. « Tout se passe comme si , écrit encore Penot, la transmission transgénérationnelle de certaines données traumatiques de l’histoire avait subi une sorte de gel, de fossilisation, donnant un narcissisme figé qui induit une répétition comportementale aveugle et souvent violente, et surtout, refractaire à tout travail de réappropriation subjective et de transformation symbolique (p.1086) ». Relisant le séminaire de Lacan sur la lettre volée, il insiste sur le fait que c’est le récit de Poe qui nous permet de saisir comme de l’extérieur le mécanisme de l’attitude subjective de chaque personnage. La synthèse instutionnelle aurait cette fonction de permettre de mieux saisir la distribution transférentielle habituelle autour d’un psychotique et d’en lever les aspects de méconnaissance pour chacun.(on s’écarte à nouveau ici des réunions soignants-soignés préconisées par Oury). Autre exemple : l’hôipital de jour pour enfant de l’entraide universitaire fondé dans le 12ème arr. par Francine Klein et actuellement dirigé par Denys Ribas. C’est donc un hôpital de jour et non pas un lieu, qui veut privilégier le travail avec les familles plutôt que la socialisation ou la scolarisation des enfants tout en se méfiant d’une psychiatrisation trop précoce de l’enfant. Il joue la carte de l’action conjointe de la psychothérapie et de l’action scolaire mais cela demande un psychanalyste d’enfant compétent et disponible (3 à 4 fois par semaine) et des enseignants concernés. On ne donne plus aux mères le conseil de faire une psychanalyse, depuis Meltzer on sait que le temps passé dans l’autisme est perdu pour la maturation et que par conséquent il faut solliciter l’enfant lorsqu’il se replie dans les stéréotypies. Pour Ribas la stimulationpar le groupe d’enfant est sans doute le moyen le plus efficace et la violence la moins illégitime pour casser la carapace autistique . Certains , comme Jacques Hochmann à Lyon , ont organisé un triatement ambulatoire intensif avec des moements de groupe thérapeutique et une scolarisation en milieu ordinaire . avantages : a) un coût moindreb) éviter les pesanteurs institutionnelles. Mais les CATTP (cetre d’accueil thérapeutique à temps partiel) présente quand même les mêmes con,traintes que la solution thérapêutique privée. Depuis Kanner on a décrit les parents comme des intello rigides et froids recherchant des solutions dans tous les EU (la moitiés étant constitué de psy !!). en réalité les parents d’autistes présentent toutes les organisations mentales possibles, sains et lucides, mais aussi malades ou pauvres oàu encore isolés. Dans ces dernières situations, l’institutionnalisation est un vrai recours. Mais Ribas soulève aussi toute la difficulté de l’alliance thérapeutique avec la famille. Au passage, Ribas préconise de stimuler précocément et sérieusement ces enfants sans attendre que cela s’arrange tout seul. La scolarisation peut exister dans l’institution mais cela ne dispense pas de tenter une scolarisation en mileu habituel à temps partiel proche du domicile des parents si cela est possible. Finalement l’effet mobilisateur des groupes est très important comme un emboîtement de cdiverses enveloppes psychiques qui exercent de façon combinée leur fonction. Au terme de cette partie je voudrais insister sur une idée qui finalement apparaît de façon assez originale me semble-t-il, dans cette approche sur les processus de subjectivation chez les adolescents psychotiques. Il me semble en effet qu’en rapprochant ainsi l’adolescent du bébé on peut poser l’hypothèse que la naissance des processus de subjectivation est d’emblée collective et non individuelle comme on aurait trop tendance à le penser si on ne privilégiait que la piste pulsionnelle. Depuis le début du cours , nous avons croisé à plusieurs reprises l’importance que les techniques de psychodrame ont eu pour la formation et la réflexion des soignants confrontés à la vie institutionnelle. Il est maintenant d’examiner ce que l’on peut en tirer. FIN DE LA PREMIERE PARTIE DU COURS MISE SUR LE SITE FIN OCTOBRE 2010