s'appuie donc toujours sur une double bordure (que l’on pourrait
aussi comparer à une frontière), corporelle et sociale, intime d’un
côté, publique de l’autre, double bordure qui marque les
frontières de l’altérité. Le corps cet étranger-famillier à
nous-même, source des pulsions qui nous agissent sans que l’on
puisse consciemment les reconnaître, et l'autre, le social
familial, institutionnel ou culturel, qui précède l'individu
en prédisposant les structures de la symbolisation (loi,
langage, repères identitaires).
Conscience collective du groupe ou inconscient collectif ?
Si on se place maintenant du point de vue
phénoménologique, on conçoit aisément que chacun d'entre nous
a une représentation du groupe. Cela peut être une mise en
commun des énergies, des enthousiasmes et des capacités, cela
peut être quelque chose de haïssable qui n’inspire que dédain
et volonté de s'en abstraire.
Avec les débuts de la sociologie à la fin du XIXe siècle
naît la notion d'une conscience collective du groupe.
Conscience collective dont le but est de forger des
représentations, des sentiments ou des volontés. Notion qui
naît de la philosophie politique au XIXe siècle et qui repose
sur l'idée que la conscience collective de la foule repose sur
des passions- passions généralement houleuses et engendrant le
chaos. Est-il alors possible de revenir à une harmonie où
chacun trouverait sa place et son rôle ? Telle semblait être
l’ambition des utopies politiques que la révolution
industrielle et plus encore la guerre de 14 ont fait naître et
que celle de 39 a balayées.
Suivons maintenant Freud dans sa lecture de Gustave Le
Bon. Pour Le Bon, la masse possède une âme collective "en
vertu de laquelle ses participants sentent, pensent et
agissent de façon toute différente de celle dont chacun
sentirait, penserait ou réagirait s'il était seul". La masse
psychologique ajoute Le Bon est un être provisoire, dont le