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Carrefour Pathologie 2010
Histoséminaire
Historiquement, le terme de dysplasie a été employé par les pathologistes digestifs pour
désigner les lésions cytologiques et architecturales certaines de l’épithélium traduisant un
processus néoplasique, sans signe d’infiltration de la lamina propria [2]. En 1982, Riddell et
al. ont proposé une classification de la dysplasie destinée à évaluer le risque d’évolution vers
le cancer des patients atteints de maladie chronique inflammatoire de l’intestin (MICI) [3].
Cette classification est rapidement devenue, dans les pays occidentaux, le standard pour
classer les lésions dans les muqueuses glandulaires, œsophage de Barrett, gastrites
chroniques, et aussi dans les formes polypeuses de lésions pré-cancéreuses que sont les
adénomes.
Mais des limites dans l’utilisation de la classification de Riddell sont rapidement apparues :
reconnaissance de la grande hétérogénéité morphologique des lésions précancéreuses
digestives, difficiles à faire rentrer dans une classification unique dont le grand avantage était
la simplicité, manque de reproductibilité de la classification malgré sa simplicité (ou à
cause d’elle?), conceptions très différentes des critères de malignité des lésions entre les
pathologistes occidentaux et japonais. Une des tentatives d’uniformisation des visions
occidentale et japonaise a abouti au « système de Vienne » de classification des lésions
néoplasiques du tube digestif [4]. Ce système est en fait très proche de la classification de
Riddell pour sa partie qui concerne les lésions précancéreuses. Les différences sont
l’introduction du terme de néoplasie non invasive, synonyme de néoplasie intra-épithéliale, à
la place du terme de dysplasie, et l’apparition d’une catégorie de lésions « suspectes de
carcinome invasif ». L’apparition de cette catégorie résulte des critères très différents
employés par les pathologistes nord-américains et européens d’un côté, et japonais de l’autre,
pour porter le diagnostic de cancer : les premiers exigent de mettre en évidence une invasion
de la lamina propria, alors que les seconds tiennent compte des modifications architecturales
et surtout cytologiques, sans exiger de preuve morphologique d’invasion. Cette classification,
si elle a permis en théorie d’harmoniser les terminologies, na pas résolu le problème de
l’importante variabilité diagnostique intra- et inter-observateur dans le diagnostic de ces
lésions, en particulier pour les lésions présentant des modifications frontières entre
régénération et néoplasie. Ceci n’est pas étonnant, ces lésions se développant à travers un
continuum, aboutissant donc obligatoirement à un certain manque de reproductibilité lorsque
les lésions sont classées dans des catégories artificielles. Autre changement important proposé