Cet esprit du XVIII a remis en cause deux piliers de la société monarchique
Française :
1°) le mariage mystique entre le roi et le peuple
C’est une union consacrée par la religion. En effet, il existe une union entre le roi et
le peuple, consacrée par la religion et qui est célébrée à l’occasion de la cérémonie
du sacre. Conséquence politique : les conseillers du Prince considéraient que les
intérêts du roi étaient indissociables des intérêts de la Nation. « Si veut le roi, si veut
la loi. » Ce que veut le roi c’est ce que veut la Nation.
A partir du moment où l’esprit va chercher à rationaliser le fonctionnement de la
société, le sacre va faire figure d’anachronisme. La fonction royale est de moins en
moins perçue comme qqch de différent, d’à part. Elle a perdu son fondement
mystique. Plus de lien automatique entre les intérêts du roi et de la Nation. Nation et
roi peuvent avoir des intérêts différents voire contradictoires. Ainsi, il devient
possible pour l’esprit humain de s’opposer au roi.
2°) La hiérarchie sociale basée sur la notion d’ordre et de corps
De la même manière, l’esprit de raison vient modifier le regard habituellement porté
sur les trois ordres de la société de l’Ancien Régime : noblesse, clergé et Tiers Etats.
Tout au long du XVIII, la Bourgeoisie va connaître un développement considérable.
En 1720, « les Bourgeois Français sont des écureuils qui toujours montent et
grimpent. » Donc c’est contraire à la raison que la Bourgeoise appartienne au Tiers
Etats. Ce n’est plus acceptable. Sur 25 millions d’hab, 24 millions appartiennent au
troisième ordre. Les corps intermédiaires : les parlementaires, les confréries
religieuses, professionnelles, les juges (catégories de personnes qui bénéficient de
certains privilèges) vont à l’encontre de différents principes :
- l’égalité de tous devant la loi.
- la définition de l’intérêt général (celui de la Nation).
- l’idée de liberté individuelle.
Redéfinition de la liberté. La liberté va prendre un autre sens. Depuis des siècles, la
notion de liberté existe. Au XVIII, la liberté est une conception très aristocratique
(Tocqueville) : vision dans laquelle on est libre parce qu’on possède un droit
particulier à être libre. Ainsi être libre c’est jouir d’un privilège. Je suis libre car je
jouis d’une privata. C’est le rang personnel et particulier que l’on occupe dans la
société qui compte.