En ligne. Nouveau rapport sur le Fonds de réserve pour les retraites et les énergies fossiles, Observatoire
des multinationales, 13/02/15
Fonds de réserve pour les retraites et énergies fossiles : des investissements aux dépens des générations
futures ?
Aujourd’hui, Journée mondiale du désinvestissement, l’Observatoire des multinationales publie, en partenariat avec
350.org, un nouveau rapport sur les investissements du Fonds de réserve pour les retraites (FRR) dans le secteur des
énergies fossiles.
Paris, le 13 février 2015. - Il existe une large consensus pour considérer que le réchauffement global doit être
maintenu en dessous du seuil critique de 2ºC si l’on veut préserver une planète vivable et éviter les impacts les plus
destructeurs du changement climatique. Ce qui implique de renoncer à exploiter la majeure partie des réserves
d’énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) encore présentes dans le sous-sol. Face à l’inaction des dirigeants
politiques et à la mauvaise volonté des acteurs économiques en matière climatique, un vaste mouvement citoyen s’est
créé à l’échelle mondiale pour encourager les investisseurs institutionnels (universités, fonds de pension, collectivités,
fondations) à se désinvestir dès maintenant des énergies fossiles.
En France, le Fonds de réserve pour les retraites détient plus de deux milliards d’euros d’investissements directs
dans ce secteur, dont plus d’un milliard d’euros dans le seul secteur du charbon (mines et centrales).
Ses investissements dans les plus grandes entreprises pétrolières, gazières et charbonnières mondiales représentent
plus de 194 milliards de tonnes de CO2 encore non exploitées, et qui seront libérées dans l’atmosphère au cours
des prochaines années si l’on ne fait rien.
Le rapport Fonds de réserve des retraites et énergies fossiles : des investissements aux dépens des générations
futures ? est publié à l’occasion de la Journée mondiale du désinvestissement des énergies fossiles les 13 et 14 février
2015, en partenariat avec 350.org.
Principales conclusions
• En France, le Fonds de réserve pour les retraites (FRR) est un fonds d’investissement public mis en place pour
assurer la pérennité du régime de retraites. Selon les derniers chiffres publiés (en date du 31 décembre 2013), le FRR
détient des investissements directs dans 60 des 100 premières entreprises mondiales du secteur pétrolier et
gazier, et dans 21 des 100 premières entreprises mondiales de charbon. Ces investissements représentent 523
227 084 euros en actions (6,31% du portefeuille actions) et 399 713 189 euros en obligations (2,09% du portefeuille
obligations), soit 922 940 273 euros au total. Ces entreprises ont des réserves cumulées équivalentes à plus de
194 milliards de tonnes de CO2.
• Les entreprises dans lesquelles le Fonds de réserve des retraites est le plus investi sont Total, ENI, Glencore, GDF
Suez, ExxonMobil, BHP Billiton, Rio Tinto, BASF, Repsol et Shell, pour ce qui est de la production d’hydrocarbures
proprement dite. À travers ses investissements dans ces entreprises, le FRR contribue à des activités
extrêmement controversées et polluantes, comme les sables bitumineux canadiens, l’exploration pétrolière en
Arctique, les gaz et pétroles de schiste, le développement du charbon en Australie, l’offshore profond, ou
encore l’extraction pétrolière en Amazonie.
* Dans le secteur des énergies fossiles au sens large (incluant l’extraction, les parapétrolières, le transport et
stockage et la génération d’électricité à partir de sources fossiles), le Fonds de réserve pour les retraites a placé en
tout 2,137 milliards d’euros dans 264 entreprises : 962 479 033 euros en actions (11,6% du portefeuille actions)
et 1 174 159 142 euros en obligations (6,1% du portefeuille). Ceci inclut 334 776 426 euros en actions et 694 014
381 euros en obligations, soit au total 1,029 milliards d’euros, rien que pour le secteur du charbon (mines et
centrales). Et ce chiffre ne tient pas compte des participations indirectes du FRR ni des secteurs économiques gros
consommateurs d’hydrocarbures comme le ciment, la sidérurgie ou la pétrochimie.
• Le Fonds de réserve pour les retraites a mis en place des politiques d’investissement responsable, y compris en
termes de « décarbonisation » de ses placements, mais ces initiatives ne semblent rien changer à la composition de
son portefeuille. Les grandes entreprises pétrolières comme Chevron ou ExxonMobil occupent encore une
place importante même dans la partie « responsable » et « décarbonée » du portefeuille du FRR.
• Au-delà du climat et des énergies fossiles, le portefeuille du Fonds de réserve pour les retraites accorde une large
place à des secteurs controversés comme le tabac, les industries d’armement, l’huile de palme ou encore les casinos.
Son portefeuille comporte des investissements important dans des entreprises parmi les plus controversées pour leur
impact social et environnemental.
Télécharger l’intégralité du rapport (pdf, 21 pages).
> Lire aussi l'article de Basta ! : Quand l’argent de vos cotisations retraite accélère le réchauffement climatique
<http://multinationales.org/Nouveau-rapport-sur-le-Fonds-de>
15- Risque carbone : BP et Shell reconnaissent la nécessité de baisser leurs émissions de gaz à effet de
serre, Novethic, 06/02/15
Anne-Catherine Husson-Traore
Le secteur pétrolier est en pleine révolution. Bousculées sur le changement climatique, certaines
compagnies s’adaptent au risque carbone. Shell, puis BP, ont appelé leurs actionnaires à soutenir la
résolution sur le changement climatique, déposée par 150 investisseurs. Elles reconnaissent ainsi qu’elles
doivent s’expliquer sur la stratégie à déployer pour répondre à la nécessité de baisser drastiquement les
émissions de gaz à effet de serre générées par leurs activités.
"Un tournant dans l’engagement actionnarial sur le changement climatique entre les investisseurs et les
compagnies pétrolières".
C’est ainsi qu’Edward Mason, en charge de l’investissement responsable (ISR) pour les commissions des
églises britanniques, commente la décision de Shell et de BP d’appeler leurs actionnaires à soutenir
la résolution à laquelle il a participé.
Déposée pour leur prochaine assemblée générale au printemps, elle demande aux deux groupes des explications
sur leur stratégie d’adaptation au changement climatique, ainsi que des engagements assortis d’indicateurs
de mesure sur la diminution de leurs émissions.
"Cette façon positive d’accueillir notre initiative est sans précédent" ajoute-t-il. Les deux compagnies
pétrolières ont en effet surpris les observateurs. Mais la notion de risque carbone a pris une telle ampleur qu’il
change la donne.
Les investisseurs sont de plus en plus nombreux à faire entendre leurs inquiétudes sur les risques financiers que
représente le changement climatique. Il hypothèque les modèles des énergies les plus émettrices de carbone et
pourrait donc diminuer la valeur des actifs des grands fonds de pension qui en ont souvent beaucoup en
portefeuilles.
C’est ainsi que Pete Gannis qui dirige un des plus grand fonds de pension américain, celui de l’Etat de New-
York, a déclaré publiquement qu’il "était préoccupé par la santé de son fonds qui a fortement investi dans des
stocks d’énergies fossiles partout dans le monde".
Vers un changement de modèle ?
Ce ralliement des compagnies pétrolières à la résolution les appelant à devenir des entreprises exemplaires sur
le changement climatique était inimaginable il y a encore quatre ans.
Quand, en 2011, des investisseurs ont utilisé la même technique pour interroger les mêmes compagnies
pétrolières sur leur exploitation des sables bitumineux, ils n’ont pas rencontré le même succès. "C’est peut-être
parce que Greenpeace était associé à la démarche. Aujourd’hui, cette résolution n’est soutenue que par des
investisseurs internationaux" avance Richard Greening, membre du Comité Exécutif du Local Authority
Pension Forum (LAPFF).
Le risque carbone commence à être mieux compris et pris en compte par les investisseurs mais ils sont aussi
soumis à une forte pression de la société civile, particulièrement aux Etats-Unis.
Les appels au désinvestissement des 200 entreprises les plus émettrices de carbone menées par des étudiants ont
déjà été entendus par plus d’une centaine d’investisseurs, dont une grande majorité d’universités aux Etats-
Unis, mais aussi en Europe.
Les bénéfices du secteur des énergies fossiles menacés
Un rapport publié le 4 février 2015 en Angleterre par Medact, une fondation pour la médecine, appelle le
secteur de la santé à cesser tout investissement dans les énergies fossiles puisque "le lien entre les énergies
fossiles, la pollution de l’air et le changement climatique sont clairs et que ces trois phénomènes ont des
impacts inacceptables sur la santé".
D’après une étude de l’université d’Oxford, citée par le mouvement Go fossil free, le mouvement de
désinvestissement des combustibles fossiles croît plus rapidement que toutes les campagnes de
désinvestissement antérieures.
Cela constitue une menace considérable pour les bénéfices du secteur des énergies fossiles.
Curieusement, la France échappe au phénomène.
Total n’a pas été soumise à cette même résolution de la part de ses actionnaires. Il faut dire que la compagnie
française avait découragé toute tentative en refusant, il y a 4 ans, une résolution sur les sables bitumineux.
La société civile française reste pour le moment assez passive. Elle ne participe pas au mouvement mondial
appelant à la décarbonations des portefeuilles d’actifs.
La journée mondiale de désinvestissement organisée le 13 février prochain, n’a pas non plus encore rencontré
de véritable écho auprès des Français, hormis d'un petit cercle d’initiés.
http://www.novethic.fr/gouvernance-dentreprise/engagement-actionnarial/isr-rse/risque-carbone-bp-et-shell-
reconnaissent-la-necessite-de-baisser-leurs-emissions-de-gaz-a-effet-de-s.html
Rapport sur les avoirs Français des fonds de retraite :http://multinationales.org/IMG/pdf/rapportfrrfossiles.pdf
Risque carbone : le fonds norvégien se désengage de 22 entreprises dans les secteurs du charbon, des
sables bitumineux et du ciment, Novethic, 09/02/15
Le fonds norvégien, le plus grand fonds souverain du monde avec 870 milliards de dollars d’actifs, vient ainsi
d’annoncer qu’il s’est désengagé l’an dernier de 22 entreprises impliquées dans les secteurs du
charbon, des sables bitumeux, du ciment et de l’or.
Des activités qui ont en commun de générer une quantité importante de gaz à effet de serre (GES).
Autre signe tangible de changement, des majors pétrolières comme BP et Shell reconnaissent désormais
qu’elles doivent s’expliquer sur la stratégie à déployer pour répondre à la nécessité de baisser drastiquement les
émissions de gaz à effet de serre générées par leurs activités. Une situation encore inenvisageable il y a 3 ans.
http://www.novethic.fr/empreinte-terre/climat/isr-rse/risque-carbone-le-fonds-norvegien-se-desengage-de-plus-
d-une-centaine-d-entreprises-143065.html
Dans "Better Growth, Better Climate The New Climate Economy", le rapport préconise notamment
l’élimination des 463 milliards d’euros de subventions versées tous les ans aux énergies fossiles (contre
77 milliards pour les énergies renouvelables).
Le rapport publié à l’ONU par l’ex-président mexicain Felipe Calderon et Nicholas Stern de la London School Economics
(avec la collaboration du français, Michel Aghion) se veut résolument optimiste. "Une meilleure croissance et un
meilleur climat" entend faire la démonstration que le développement économique va de pair avec une action
résolue contre les émissions de gaz à effet de serre.
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