pure ou le sentiment de la religion (exemple: l'enchantement du Vendredi Saint dans Parsifal de Wagner).
A l'oppose, la musique de danse évoque des salons élégants mais toujours avec la seule ambition de
distraire par un air entrainant (valses de Strauss ou des polca ou des galops). La tache d'Isadora est donc
complexe: elle doit non seulement détromper Nevin, mais encore changer totalement sa conception de la
danse. C'est pourquoi elle évite les longs discours, les prend par la main et le fait asseoir en la rassurant
d'une simple promesse: «si cela ne vous plait pas, je jure que je ne recommencerai plus jamais".
2) Une communion parfaite entre les artistes
1) L’épreuve d'Isadora
Confrontée à une si vive opposition, Isadora doit faire ses preuves et pourrait redouter une œil sévère.
Pourtant elle est confiante et se lance dans le premier balais : narcisse. Elle ne se contente pas
"d'illustrer" la musique de Nevin, ou de raconter l'histoire légendaire de ce jeune homme amoureux de sa
propre image, qui se noie dans une source et que les dieux font renaitre sous forme de fleurs (le
narcisse). Son ambition va plus loin, elle veut recréer l'émotion qui a présidé a la conception du morceau;
de fait, elle montre une finesse d'écoute et de compréhension lorsqu'elle déclare:"j'avais trouve dans la
mélodie le rêve de ce jeune narcisse...". Elle évolue sur la pointe de l'émotion en passant du rêve au
désespoir comme cette mort de "langueur"(mélange de désespoir et de découragement), tandis que la
renaissance en fleur apporte une dernière note plus joyeuse. Par sa sensibilité et son génie de danseuse,
Isadora passe brillamment l'épreuve déclenchant un enthousiasme très visible :"le dernière note s'était à
peine éteinte qu'il se leva d'un bon, se précipita vers moi et m'embrassa". On remarque un parallélisme
inverse entre les deux verbes "précipita" pour des raisons inversées.
3) La conversion "de Nevin"
Isadora réussit bien plus qu'une simple épreuve de concours, elle parvient à séduire un esprit entièrement
prévenu contre la danse telle qu'elle se pratiquait alors. On peut parler d'une sorte de miracle que
traduisent les hyperboles de Nevin:"vous êtes un ange, vous êtes une divinatrice."L'enthousiasme
s'exprime par ces métaphores très élevées, d'ordre religieux ou mystique. Nevin reconnaît lui même la
parente de leur esprit, la correspondance secrète qui unit leurs deux âmes: «vos mouvements sont ceux
que j'ai vus quand j'ai compose cette musique». La rencontre se prolonge alors par deux nouveaux balais
avec un crescendo: «son extase était de plus en plus enthousiaste". L'épisode se conclut par un
retournement ironique de la situation. En effet, Nevin compose une "danse" (le Printemps), genre musical
qui vient justement de décrier, ce qui montre qu'il est entièrement acquis a cet art qu'il négligeait.
3) L’Epilogue
Cette rencontre privilégiée débouche sur une collaboration temporaire: ils donnent "quelques concerte
dans la petite salle de musique de Carnegie Hall». Le succès est au rendez-vous, mais ils sont encore
trop jeunes pour savoir les secrets d'une carrière de star :"Si nous avions eu assez de sens pratique pour
trouver alors un bon impresario, cette réussite aurait été le début d'une carrière brillante". Mais l'extrait se
termine surtout sur un hommage appuie a ce compositeur trop oublie, fauche par une mort préface.
Isadora l'appelle le Chopin de l'Amérique, et s'apitoie sur son existence très difficile et sur sa mort
tragique: «les circonstances cruelles de sa vis furent probablement la cause de la terrible maladie qui
devait amener sa mort prématurée. C'est donc une note tragique qui clôt un épisode sentimental où un
certain comique le dispute à un enthousiasme communicatif.
Conclusion
La rencontre unique de ces deux artistes quoi exceptionnel conjugue l'incompréhension, a surprise
théâtrale, la compassion et l'enthousiasme pour donner un récit aux tonalites complexe qui résonne
comme un adieu et un hommage a ce compositeur mort dans la fleur de l'âge. Avec le recul, le destin de
Narcisse et sa résurrection en fleur peu symbolise l'hommage que rend Isadora a ce jeune homme
échevèle que l'on devine d'une certaine noblesse pour lequel elle souhaite cette renaissance. Le titre de la
danse, le Printemps, improvise par Nevin peut lui aussi prendre une valeur symbolique du renouveau que