Davutoglu, un diplomate attentif et expérimenté. En fait, Ali Babacan a
quitté un travail inachevé, et le moment est venu pour un travail plus
délicat et précis. Et notamment après le 22 avril, où Erevan s’est montré
nettement plus tranché dans ses propos. Ça a été d’abord la réaction
instantanée du ministère des Affaires étrangères suivie de celle du
Président stigmatisant l’intervention de la Turquie dans le processus de
réglementation du conflit du Haut-Karabakh. "La chose la plus utile que la
Turquie peut faire pour contribuer au règlement pacifique du conflit du
Karabakh, est de s’abstenir de s’ingérer dans ce processus", ont déclaré le
Président Sarkissian et le ministre Nalbandian.
D’un côté, les Etats-Unis et l’Union européenne se réjouissent de la
normalisation des relations arméno-turques, mais de l’autre, ils craignent
de perdre l’Azerbaïdjan, ce qui aurait pour effet d’aggraver la dépendance
énergétique de l’Europe vis à vis la Russie.
Et nous arrivons ici à l’objectif principal de la visite de Recep Tayyip
Erdogan à Bakou : le prix du gaz azerbaïdjanais. Il était clair dès le début
que Bakou fait pression sur Ankara avec une hausse du prix du gaz. Cela a
débuté avec les négociations secrètes entre diplomates turcs et arméniens
en Suisse. Ce n’est pas en vain que le quotidien Zaman titrait sa
manchette : "La hausse du prix du gaz est en route."
Erdogan, qui s’est rendu à Bakou accompagné de plusieurs ministres dont
notamment celui de l’Énergie, Taner Yildiz, a déclaré que les fonctionnaires
des deux pays vont discuter de l’évolution des prix, vue qu’Ankara
s’approvisionne en gaz naturel azéri. Le prix du gaz en provenance du site
de ‘Shah Deniz’ sera examiné conformément au prix du marché. Selon le
ministre de l’énergie et des Ressources naturelles, Taner Yildiz, le prix de
120 $ les 1000 m3 correspond au coût de 2001, lors de la signature du
contrat. Le contrat conclu entre les deux stipulait que le prix du gaz de
‘Shah Deniz’ devait être révisé seulement un an après le début du
processus d’approvisionnement, c’est-à-dire au mieux à partir du 15 avril
2010. Mais Bakou est revenu sur sa décision. Toutefois, Erdogan n’est pas
très chaud pour accepter les conditions d’Ilham Aliev, car il est désireux
d’asseoir son pays comme puissance régionale. Et pour atteindre ce but, il
préfère sacrifier l’Azerbaïdjan, notamment parce que cette dernière
devient tout simplement gênante ...
"L’idée principale de l’accord arméno-turc portée sur la feuille de route est
que la normalisation des relations doit se dérouler simultanément avec le
processus de règlement du conflit du Karabakh, mais en même temps, elle
peut être indépendante de celle-ci," a déclaré Mustafa Aydin, le directeur
du Département des relations internationales de Université d’économie et
de technologie TOBB, d’Ankara. Il a souligné que l’ouverture de la
frontière arméno-turque n’est pas liée à la résolution de conflit du
Karabakh. "La frontière sera certainement ouverte et, peut-être plus tôt
que nous attendons", a-t-il indiqué.