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Fiche CESE 3499/2012 ES-BP/mdeq/gl/mja .../...
grâce à la liquidité du crédit et à la stabilité de la monnaie unique. Quand les liquidités ont commencé
à manquer, le résultat immédiat a été a) une contraction de l'économie et b) une augmentation
spectaculaire du chômage, qui est passé d'un taux autour de 11 % en 2000 à 23 % en 2011 (50 % pour
le chômage des jeunes).
À première vue, ce processus et ces données chiffrées semblent s'inscrire dans le contexte de crise
mondiale, aggravée par la crise de la dette souveraine dans la zone euro. D'aucuns pourraient penser
que l'Espagne fait partie du groupe de pays payant les conséquences d'une expansion démesurée et du
manque de contrôle des critères de convergence de la zone euro ces vingt dernières années. Cette
conception est néanmoins éloignée de la réalité, étant donné que pendant cette récente décennie
d'expansion économique, l'Espagne a été l'un des rares pays à respecter fidèlement les critères de
convergence économique, avec une politique budgétaire de stabilité, anticyclique, et un excédent
budgétaire qui a permis de réduire la dette publique jusqu'à 37 % du PIB. De plus, son système
bancaire, bien que pas exempt de dysfonctionnements, n'a pas eu besoin d'être renfloué par l'État.
Qu'est-ce qui est arrivé à cette économie en pleine expansion – depuis les années 1990 jusqu'au début
de la crise en 2008 – qui enregistrait d'excellents résultats et respectait les critères de convergence
économique imposés par la zone euro? Comment expliquer une chute si importante de l'activité
économique, et des niveaux de chômage trois fois plus élevés que dans certains pays européens?
Premièrement, l'économie espagnole souffre de déséquilibres structurels qui trouvent leur
origine dans un faible niveau de productivité et de compétitivité, chroniques depuis
plusieurs décennies, et dans un tissu industriel atomisé. Ces défaillances ont été en
quelque sorte "évacuées" pendant la période de reprise économique qui a accompagné
l'entrée de l'Espagne dans l'Union économique et monétaire et l'augmentation des
investissements étrangers qui a eu lieu, alimentés par la faiblesse des taux d'intérêts
bancaires et l'envol des secteurs industriels liés à la construction de logements
résidentiels, laquelle a progressé de manière exponentielle jusqu'à atteindre 17,9 % du
PIB en 2007 (alors même que son poids réel dans l'économie était beaucoup plus élevé,
soit jusqu'à 39 % en incluant le secteur des services en lien direct avec le logement).
Deuxièmement, il s'agit d'un modèle de croissance qui souffre de déséquilibres
spécifiques et est centré depuis le milieu des années 1990 sur la demande intérieure et la
construction (secteur avec une productivité et une capacité d'innovation faibles), ce qui
fait qu'un grand nombre de secteurs industriels et de services connexes se sont concentrés
sur la demande intérieure du marché immobilier résidentiel (ciment, acier, céramiques,
chimie, meubles, biens d'équipement, appareils électriques, etc.). L'éclatement de la bulle
immobilière en raison de la crise financière est devenu critique avec la crise de la dette
souveraine et le manque de crédits pour les entreprises.
Troisièmement, la création et l'expansion de grandes entreprises mondialisées et
hautement compétitives dans certains secteurs (tourisme, banque, infrastructures,
télécommunications, environnement, transports, etc.) n'a pas compensé le faible niveau