PES 2009-2010 Chap 14 Politique éco 1 Chapitre 14 : Les Politiques Economiques Introduction 1/ Les différentes politiques économiques : 11- La politique conjoncturelle : 111- définir la politique conjoncturelle Document 1 « Les politiques de stabilisation macroéconomique représentent un volet essentiel du débat de politique économique. Pour /…/ Nicolas Kaldor, les performances macro-économiques d’un pays dépendent en premier lieu de sa capacité à atteindre les quatre coins de ce qu’il nomme « le carré magique » : croissance, équilibre extérieur, plein-emploi, stabilité des prix. Ces objectifs définissent alors la cible des politiques de stabilisation conjoncturelle consistant à situer l’économie au plus près possible d’une croissance équilibrée, porteuse de plein-emploi, excluant les tensions inflationnistes et le déficit de la balance des paiements courants. C’est alors le contenu de ces politiques qui fait débat./…/ Les Keynésiens insistent sur la nécessité de mener des politiques monétaires et budgétaires discrétionnaires afin de stabiliser l’économie autour de ces quatre coins. Dans cette perspective, la politique économique était devenue au cours de la décennie 1960 l’art du réglage fin de la conjoncture économique (fine tuning). » L. Hoang-Ngoc, Politiques économiques, Montchrestien, 2000, p 5. Qu’est-ce que la conjoncture ? Quels sont les objectifs des politiques de stabilisation conjoncturelle ? Quels sont les instruments de la politique conjoncturelle ? Existe-t-il une seule politique possible ? Expliquez le passage souligné. 112- le tournant de 1982-1983 Document 2 « La rupture que représente la désinflation compétitive par rapport à son prédécesseur est d’abord lisible dans la dissemblance des projets respectifs. Le régime de politique économique keynésien-fordien était construit autour d’un projet de régulation conjoncturelle de la production, de l’emploi et des prix. Le régime de la désinflation compétitive qui l’évince progressivement à partir des années quatre-vingt est conçu à partir d’un projet radicalement différent d’environnement, et non plus de régulation directe, de l’activité économique. au lieu de peser sur la formation des composantes de la demande, la désinflation compétitive vise désormais à garantir un contexte général de stabilité – des changes, des prix… - dans le cadre duquel l’activité est supposée trouver les meilleures conditions de son développement « spontané ». Cette transformation n’est pas mince puisqu’elle signifie implicitement que l’intensité de la croissance cesse d’être de la responsabilité directe de la politique économique, pour être rendue aux agents privés vis-à-vis desquels l’Etat ne s’engage que pour maintenir un cadre global « favorable ». » F. Lordon, Les quadratures de la politique économique. Les infortunes de la vertu, Albin Michel, 1997, p 33 PES 2009-2010 Chap 14 Politique éco 2 Document 3 Politique monétaire restrictive Franc fort Désindexation des salaires sur les prix Baisse de l’inflation importée Spéculation atténuée Augmentation de la part des profits dans la valeur ajoutée Amélioration de la compétitivité-prix Réduction des déficits publics Baisse des taux d’intérêt Investissement - baisse de l’inflation croissance tirée par les exportations équilibre commerciale L. Hoang-Ngoc, Politiques économiques, Montchrestien, 2000, p 160. Comment appelle-t-on la politique suivie en France dès 1983 ? A quelle type de politique succède-t-elle ? L’Etat doit-il encore intervenir ? Si oui comment ? Quels sont les instruments et les objectifs de la désinflation compétitive ? 12- La politique structurelle : 121- définition Document 4 « La politique structurelle vise à transformer un système économique afin d’en améliorer le fonctionnement. Elle prend la forme des politiques industrielles, commerciales ou de la concurrence ; elle peut être sectorielle ou régionale. Au nombre de ses moyens, on trouve l’investissement, la création d’infrastructures publiques, les subventions ou la réforme de la réglementation. Elle vise d’abord à accroître les possibilités de production à long terme par le financement de la recherche-développement, la construction d’établissements publics ou le développement des infrastructures de transport, et à orienter l’activité vers les secteurs d’avenir. Elle gère les externalités /…/ que l’Etat doit systématiquement pendre en charge, car le marché les produit de manière excessive quand elles sont négatives (pollution) et insuffisamment quand elles sont positives (santé, éducation). Elle permet également PES 2009-2010 Chap 14 Politique éco 3 d’améliorer le fonctionnement du marché des biens et services (la politique commerciale) ou celui des « facteurs de production » (réforme des marchés du travail, régulation des marchés financiers). Enfin, la politique de la concurrence lutte contre les monopoles et les pratiques déloyales (abus de position dominante, ententes défavorables aux consommateurs). » S. Tulet, « La politique économique », Cahiers français, n°315, juillet-août, 2003, p 57. Recensez les différentes politiques structurelles. Quel est le but de la politique structurelle ? Quelles externalités faut-il encourager et pourquoi ? 122- une réorientation libérale Document 5 « une tradition sociale-colbertiste » « En France, l’interventionnisme étatique est particulièrement marqué./…/ Cette forte emprise de l’Etat particularise le capitalisme français que Robert Boyer qualifie d’étatique. La grille de lecture régulationniste de cet auteur permet d’apprécier l’ampleur de l’activité modernisatrice de l’Etat, par essence structurelle, au cours des « Trente Glorieuses » (19451975). Intervenant directement dans la détermination des salaires (lois sur les conventions collectives en 1950 ; fixation d’un salaire minimum, le SMIG, à la même date, puis le SMIC, en 1970…), il s’immisce également dans la concurrence, par exemple par une planification indicative (1er Plan : 1947-1952…), le contrôle des prix, etc. /…/ L’Etat n’est donc pas resté inactif et la croissance en a été stimulée. D’ailleurs, le ralentissement de l’activité économique depuis les années 70 aurait probablement été plus net sans les interventions publiques. Toutefois, sur longue période, celles-ci n’ont pu permettre de renouer durablement avec la croissance. » Serge d’Agostino, « Les politiques structurelles », Cahiers français, n°284, janvier-février, 1998, p 61. Document 6 « Comme dans la plupart des autres pays occidentaux, la période courant des années 80 au milieu des années 90 est marquée par le libéralisme qui a progressé au détriment de l’interventionnisme étatique. En France, le libéralisme s’est heurté au consensus social fondé sur l’importance du secteur public et de la protection sociale. Dès lors, la libéralisation fut massive et consensuelle quand cela favorisait la globalisation sans gêner les équilibres sociaux (ce fut le cas pour la libéralisation des prix qui furent pratiqués par la gauche et par la droite), elles furent lente et conflictuelle quand cela mettait en cause les compromis sociaux et réactivait le clivage gauche/droite (privatisation, flexibilité du travail, réforme de l’Etat providence). La déréglementation monétaire et financière a été rapide et massive. La France s’est engagée résolument à partir de 1984, notamment par l’action continue des ministres (Pierre Bérégovoy puis Edouard Balladur) /…/ Libéralisation des prix et déclin du dirigisme industriel. En 1986, l’abrogation de l’ordonnance de 1945 a permis la libéralisation des prix et l’alignement de la France sur les pays développés. De même, l’interventionnisme de l’Etat en matière industrielle a régressé sous l’effet de l’ouverture européenne et internationale. L’heure n’était plus à des interventions directes de l’Etat dans certains secteurs-clés (automobiles, sidérurgie, armement…), mais plutôt à des « tactiques d’environnement » plus incitatives que dirigistes./…/L’ouverture européenne et la mondialisation exigeaient par ailleurs le déclin des politiques de soutien direct à l’industrie : la commission de Bruxelles a, par exemple, interdit les aides directes de l’Etat aux entreprises au motif qu’elles créaient des distorsions dans le jeu de la concurrence. » PES 2009-2010 Chap 14 Politique éco 4 Michel Cabannes, « France. Quinze ans de politique économique », Sciences humaines, hors série, n°22, septembre-octobre, 1998, p 29-30. Quelles sont les caractéristiques du capitalisme étatique ? Comment l’Etat français agit il sur les structures après la seconde guerre mondiale ? Pourquoi la politique change dans les années 80 ? Recensez les changements évoqués dans le document 4. Donnez d’autres exemples du « tournant libéral ». Le libéralisme est-il de droite ? 2/ Contraintes et limites des politiques économiques : 21- La question de la dette publique : 211- l’évolution de la dette publique en France Document 7 Dette des APU de l’économie française (en % du PIB) 80,0 75,0 70,0 65,0 60,0 55,0 50,0 45,0 40,0 35,0 30,0 25,0 20,0 15,0 10,0 5,0 0,0 1 9 7 8 1 9 8 0 1 9 8 2 1 9 8 4 1 9 8 6 1 9 8 8 1 9 9 0 1 9 9 2 1 9 9 4 1 9 9 6 1 9 9 8 2 0 0 0 2 0 0 2 2 0 0 4 2 0 0 6 2 0 0 8 source des données : INSEE, 2010. Comment a-t-on construit le graphique ci-dessus ? Décrivez l’évolution de la dette publique. Comment pouvez vous expliquer l’évolution de la dette publique ? 212- la France est-elle en faillite ? Document 8 «La dette publique au sens de Maastricht se situait en 2006 à 64,2 % du PIB en France ; elle a augmenté de plus de 7 points ces cinq dernières années. Si au regard de la dynamique de la dette, la France fait moins bien que ses partenaires européens depuis 2001, il n’en reste pas moins qu’en termes de niveau de dette elle ne se distingue pas des autres grands pays et affiche même une position plus favorable que ces derniers. Elle a un niveau de dette inférieure PES 2009-2010 Chap 14 Politique éco 5 à celui de la zone euro (69,1 %) et de l’Allemagne (67,9 %), approximativement au niveau des États-Unis (65 %) et nettement en dessous de l’Italie (107 %) et du Japon (159 %). /…/ Comme le précisent Jérome Creel et Henri Sterdyniak « le nouveau-né français hérite d’une dette publique, mais il hérite aussi d’actifs publics : routes, écoles, maternité, équipements sportifs… Évoquer l’une sans évoquer les autres n’a guère de sens économique. Le jeune français qui entre dans la vie active à 20 ou 25 ans peut certes refuser de rembourser la dette publique, mais il serait juste qu’en contrepartie il rembourse à la génération précédente son éducation, ses dépenses de santé, les équipements collectifs ». /…/ Enfin, la dette publique française est notée AAA par les agences de notation (Standard and Poor’s, Ficth Ratings), la meilleure note qui soit en termes de qualité de dette. La France fait donc partie des meilleurs élèves de la classe mondiale quant à la gestion de ses finances publiques. Cela veut dire aussi que l’État français ne risque pas de faire défaut au remboursement de sa dette, ce qui explique par ailleurs la faiblesse des taux d’intérêt sur les obligations publiques (inférieurs à 4 % en moyenne depuis début 2005) considérées comme un placement sans risques. D’ailleurs, l’État français, a été le premier émetteur souverain à lancer une obligation à 50 ans : il a en effet émis en 2005 des obligations à 50 ans pour 13 milliards d’euros à un taux d’intérêt de 4 %, et n’a eu aucune difficulté à trouver des acheteurs, ce qui montre la solidité de sa capacité à rembourser sa dette même à très long terme. » Mathieu Plane, « Finances publiques 2008 : la France différente », Lettre de l’OFCE, n°293, décembre, 2007, p 3. Comparez la France et les autres pays riches. L’Etat français a-t-il du mal à payer sa dette ? L’Etat français est-il en faillite ? 213- l’impact de la dette publique Document 9 « Les charges de la dette impliquent un transfert intragénérationnel des contribuables vers les créanciers, ce qui pose deux problèmes. D’abord, il s’agit d’un transfert anti-redistributif, car les contribuables sont répartis sur l’ensemble de la population alors que les épargnants appartiennent aux couches des hauts revenus. Ceci pourrait être en théorie compensé par des hausses d’impôts progressifs. En outre, pour la part extérieure de la dette, il s’agit d’un transfert des contribuables nationaux vers les épargnants étrangers. /…/ au-delà d’un certain seuil de dette, actuel ou anticipé, il est possible que les agents épargnent davantage s’ils prévoient des hausses d’impôts ou des baisses de prestations très importantes./…/ A long terme, le vieillissement de la population va affecter les systèmes sociaux. D’après l’OCDE, les dépenses publiques liées à l’âge (retraite, santé, dépendance) devraient croître en moyenne dans les pays membres de 6 à 7 points du PIB d’ici à 2050. La dynamique de la dette est potentiellement explosive au Japon alors que les déséquilibres à long terme aux Etats-Unis sont plus limités. Les pays de l’UE se situent en moyenne entre les deux, avec des risques de dérive, notamment en Allemagne et en France. » Michel Cabannes, « Les politiques économiques face aux problèmes de l’endettement public », Cahiers français, n°335, novembre-décembre, 2006, p 41. Quels sont les effets possibles d’une hausse de la dette ? Comment vont évoluer les dépenses publiques dans le futur ? Pourquoi ? Quel pourrait être l’impact sur la dette ? Est-ce une certitude ? PES 2009-2010 Chap 14 Politique éco 6 22- La contrainte extérieure : 221- la notion de contrainte extérieure 222- une illustration de la contrainte extérieure : la relance de 1981 Document 10 « A la relance systématique de 1981-1982 succédé une politique de rigueur. La France s’est trouvée, à chaque fois, en déphasage conjoncturel par rapport à ses partenaires occidentaux, ce qui ne l’a pas aidée./…/ La relance de la consommation était notamment fondée sur la revalorisation du SMIC de 10 % en 1981 (38 % entre juin et mars 1983), sur la hausse des prestations sociales (prestations familiales, allocation logement et minimum vieillesse), sur une forte progression des dépenses publiques (240 000 emplois publics ont été créés entre 1981 et 1983). /…/ La relance économique a été très modeste (le taux de croissance n’a été que de 1,2 % en 1981) et surtout, elle a buté sur la contrainte extérieure. La forte augmentation du pouvoir d’achat des ménages a en effet alimenté les importations, tandis que les politiques de rigueur menées par les grands partenaires occidentaux de la France (croissance du pIB négative dans l’Europe des Douze en 1981) limitaient ses possibilités d’exportations. D’où une forte aggravation du déficit commercial /…/ » Chantal Euzéby, Mutations économiques et sociales en France depuis 1973, Dunod, 1998, p 48, 49, 50-51. Quelles sont les mesures prises par le gouvernement en 1981 ? Pourquoi ? Expliquez le passage souligné. La relance a-t-elle été un succès ou échec ? Pourquoi ? La contrainte extérieure a-t-elle aujourd’hui disparu ? Notions à retenir : Politique économique, politique conjoncturelle, désinflation compétitive, politique structurelle, politique de relance, politique d’austérité, dette publique, contrainte extérieure