Association de recherche des organismes sans but - ANSER-ARES

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Association de recherche des organismes sans but lucratif et de l’économie sociale (ARES)
Conférence ANSER/ARES 2010
Innovations sociales pour une nouvelle ère : l’apport ou la contribution des organisations à
but non lucratif et de l’économie sociale
sumé de communication individuelle par :
Karine AWASHISH1, étudiante à la maîtrise, Département d’études en loisir, culture et tourisme,
UQTR, awashis[email protected]
Marie LEQUIN2, professeure, Département d’études en loisir, culture et tourisme, UQTR,
Yvon DUBÉ3, Conseil de la Nation Atikamekw, ydube@atikamekwsipi.com
1. TITRE DE LA PRÉSENTATION : Processus de création d’une coopérative de développement
d’artisanat dans les communautés Atikamekw
2. QUESTION DE RECHERCHE : Comment développer l’entrepreneuriat collectif autochtone à partir
de la mise en place d’une coopérative atikamekw axée sur la valorisation du patrimoine
culturel et la transmission des savoir-faire traditionnels?
3. CONTENU DE LA PRÉSENTATION:
Introduction
La progression du développement social, culturel et économique de plusieurs communautés
autochtones est un phénomène de plus en plus palpable. Dans le cadre de ce projet de
recherche, un regard est posé sur le modèle de développement socioculturel et économique en
milieu autochtone. Le contexte dans lequel s’inscrit cette étude est en lien avec le
développement d’une coopérative de développement socioculturel et économique atikamekw
amorcé en 2008.
Problématique
Le but du projet de recherche est de mieux connaître et mieux comprendre d’où la démarche
d’une économie sociale prend souche en milieu autochtone et comment elle peut contribuer à
l’épanouissement identitaire et culturel de la Nation Atikamekw tout en favorisant un
développement local et économique des communautés. À priori, ce projet visait à créer et à
développer un modèle de développement socioculturel et économique destiné à valoriser et à
renouveler les produits issus des savoir-faire traditionnels atikamekw. Entre autre, ce projet
était destiné à favoriser l’entrepreneuriat collectif pour mettre en valeur les traditions et les
valeurs de la culture atikamekw en s’appuyant sur une nouvelle approche de développement
tout en s’adaptant à la dynamique culturelle et sociale propre au milieu.
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Question de recherche et objectifs
L’objectif général au projet de recherche consiste à déterminer en quoi et comment le
développement d’une coopérative artistique peut favoriser le développement local et assurer
une mise en valeur de la culture atikamekw par le biais d’une approche en économie sociale
orientée vers le développement de l’entrepreneuriat collectif. Quant aux objectifs spécifiques
du projet, ils visent à : 1) Mettre en place une structure collective de production et de
commercialisation de produits artisanaux à partir des savoir-faire traditionnels des Atikamekw;
2) Déterminer le type de coopérative qui serait le plus approprié au projet de mise en valeur des
produits issus des savoir-faire traditionnels atikamekws (ex. : coopérative de consommateurs,
de producteurs, de travail ou de solidarité); 3) Effectuer une recension des savoir-faire
artisanaux traditionnels atikamekw et ce, dans les trois communautés situés en Haute-Mauricie
(ex : utilisation des ressources telles que l’écorce, la peau d’orignal et autres); 4) Valoriser la
culture et le patrimoine autochtones; 5) Insérer socialement les jeunes autochtones à leur
milieu de vie grâce à la formation et à la transmission de savoir-faire traditionnels propres à leur
nation; 6) Développer des partenariats et relations d’affaires entre les communautés
atikamekws et les acteurs du système touristique régional et national.
Cadre conceptuel
Le démarrage d’une entreprise coopérative est, au sens propre, la formation d’un groupe
d’entrepreneurs (Bridault, 1999). Dans ce sens, Bridault soutient que l’entrepreneuriat est le
moyen que se donne un groupe de personnes qui ont un même objectif et qui partage les
mêmes types de besoins économiques et sociaux. L’entreprise coopérative est soumise à la Loi
sur les coopératives et les règlements que se donne la coopérative elle-même. Le démarrage
d’une coopérative se résume dans un processus de deux étapes. Selon Bridault, la première
étant la « précoopérative », celle qui débute par la rencontre d’individus ayant un intérêt
commun dans la résolution d’un problème économique et social. Cette première étape
s’effectue et s’achève (quelques mois plus tard) par la signature d’une déclaration d’association,
ce qui fait entamer les démarches d’enregistrements d’ordre gouvernemental et par l’étude de
faisabilité de la future coopérative. La seconde étape est nommée, « la coopérative en
formation ». Cette étape implique toute la dynamique du processus qui marque le démarrage
officiel des activités de la coopérative. Elle se termine avec l’assemblée générale de fondation.
À cette étape, la faisabilité du projet étant établie et les démarches d’accréditation effectuées,
le groupe d’entrepreneurs entre dans une phase déterminante.
Les coopératives constituent un modèle de développement économique déjà utilisé dans
nombre de communautés autochtones et Inuits dont plusieurs connaissent un certain succès,
notamment dans le Nord canadien et dans le Nord du Québec. Les coopératives représentent
un modèle d’organisation qui correspond aux valeurs et pratiques des premières nations, dont
la conception de propriété commune. Par ailleurs, les notions d’économie sociale et de
développement local sont étroitement liées à la méthode et aux valeurs de gestion des
coopératives en ce qu’elles trouvent leurs sources dans une démarche misant sur la démocratie,
le partenariat et la prise en main des collectivités locales (Lévesque 2002).
Lorsqu’on parle de développement local dans un contexte d’économie sociale, nous devons
forcément revenir aux bases mêmes de la notion de développement. Dans le contexte du
projet de recherche, la définition de Breton semblait représenter au mieux le contexte du projet
initié par le Conseil de la Nation Atikamekw. Selon Breton (2007), le développement est la mise
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en valeur harmonieuse des ressources humaines, naturelles et matérielles d’un milieu, et ce,
dans le respect de l’éthique, de l’esthétique, de l’environnement et des réalités ou éléments qui
font l’originalité et la richesse du milieu concerné. Le sens que Breton apporte à la notion de
développement va dans la même direction concernant les fondements de l’économie sociale
définie par le Chantier de l’économie sociale du Québec. Selon le chantier de l’économie
sociale, le terme économie renvoie à son sens propre soit à la production concrète de biens et
de services découlant de l’entreprise. Le terme social, quant à lui, référe à la rentabilité sociale,
non uniquement économique, de ses activités. Lorsque ces deux termes sont pris dans son
ensemble, ils impliquent les principes suivants
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: 1) Servir les membres ou la collectivité;
2)Assurer une autonomie de gestion; 3)Intégrer un processus de décision démocratique
impliquant la communauté ou les bénéficiaires de l’entreprise; 4)Défendre la primauté des
personnes et du travail sur le capital (répartition des surplus et revenus); 5)Fonder les activités
sur les principes de la participation, de la prise en charge et de la responsabilité individuelle et
collective.
Le profil socio-économique des coopératives autochtones au Canada produit par le Secrétariat
aux coopératives Canada (Belhadji, 2001) définit une coopérative autochtone reliée par
l’appartenance, l’intérêt ou la propriété à ce type d’entreprise par les individus provenant des
groupes autochtones définis par le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien (Les
Indiens, les Métis et les Inuits). Suivant ce rapport de 2001, le rapport produit en 2002 par le
groupe de travail (Bill Lyall, Jim Barr et Jill Kelly) sur les coopératives autochtones nous informe
que le Canada comptait 133 coopératives dont les membres sont pratiquement tous des
autochtones provenant de communautés éloignées et peu peuplées. Selon le rapport, ce
modèle de développement est devenu très populaire en contexte autochtone surtout à partir
des années 1990. Ces différentes coopératives émergentes sont fondées sur le contrôle
démocratique. Les auteurs ajoutent sur ce point en affirmant :
Le modèle coopératif agit comme une école de processus décisionnel démocratique et
d'administration d'entreprise. Elle contribue au renforcement des capacités
entrepreneuriales des collectivités et qui ont été particulièrement présentes dans le
secteur des ressources naturelles (agriculture, foresterie, pêches, etc.). Dans le Nord, les
collectivités utilisent leurs coopératives de détail comme outil de développement et
élargissent leurs activités commerciales en s'orientant vers la câblodistribution,
l'hébergement touristique, la vente d'équipement de chasse et de pêche, la distribution
de produits pétroliers, l'offre de divers contacts pour la construction d'installations, la
prestation de services postaux, la location de bureaux, la prestation de services à des
collectivités minières, etc.
Selon les publications du Secrétariat aux coopératives (2001 et 2002), le développement des
coopératives en milieu autochtone connaît un bel essor et a bonne réputation. Les coopératives
dans un contexte régional deviennent un élément moteur de l’économie des communautés. Le
modèle coopératif chez les Inuits est, dans ce sens, très intéressant. L’émergence de ce
mouvement coopératif date des années 50 notamment dans les communautés de Cambridge
Bay et de Povungnituk dans le Nunavut. L’exemple de la coopérative de pêche de Cambridge
Bay (Ikaluktutiak Co-operative) a connu une croissance et un succès fulgurant. Cette proprié
collective est devenue très prospère et a pu élargir ses activités. Les collectivités Inuits sont
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Source : www.chantier.qc.ca
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particulièrement propices à l’implantation des coopératives, car la coopération a toujours été
essentielle à la survie des communautés Inuits. Le cas de la coopérative de la communauté de
Povungnituk est davantage intéressant, car elle reflète bien, en partie, des intentions apportées
par le projet de coopérative d’artisanats atikamekw. Selon Martin (2003), la coopérative de
Povungnituk (regroupement d’artistes et d’artisans de sculptures de pierre), créé en 1955, est
devenue le berceau de la coopérative en milieu Inuit au Québec. Selon Martin, les
investigateurs de la première coopérative Inuit avaient le désir, avant tout, de transmettre le
savoir tout en partageant la culture artistique inuit aux étrangers. Voici un extrait de la citation
d’un artisan Inuit concernant la coopérative :
Dans le passé les Inuit sculptaient mais ce n’était pas pour vendre […] Aujourd’hui, c’est
parce qu’on a besoin d’argent pour acheter de la farine, des motoneiges, des cartouches
qu’on doit vendre des sculptures. Les premières sculptures, on les vendait à la
Compagnie de la Baie d’Hudson mais elle ne nous payait pas bien et ne nous aidait pas
vraiment. Avec la coopérative nous avons commencé à partager les profits entre nous.
La coopérative, c’est ma plus grande fierté. Aujourd’hui, presque chaque village a sa
propre coopérative et toutes les coopératives sont réunies en une fédération qui travaille
pour le bien de tous les Inuit.
Grâce à cette coopérative, le village de Povungnituk s’est distingué, à plusieurs occasions, par la
renommée des sculptures de ses artisans locaux. Avec le développement de la coopérative, la
sculpture Inuit allait prendre de l’essor et les sculpteurs allaient passer du statut de «simple
artiste pour le plaisir» à celui d’artisan, apportant ainsi un revenu substantiel à la communauté.
Pour les acteurs du milieu, il s’agit d’une contribution importante et on ne peut plus contredire
ce fait, le savoir-faire des Inuit dans la méthode et le style de leurs sculptures propres à eux est
aujourd’hui reconnu internationalement. Le savoir-faire traditionnel des artisans atikamekw
peut tout autant connaître une reconnaissance à ce niveau.
Méthodologie
L’approche méthodologique utilisée est celle de la recherche-action et correspond aux
caractéristiques identifiées par Mayer et Ouellet
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soit une démarche concrète issue d’une
problématique collective et entreprise avec des groupes existants appelés à participer
activement aux décisions et orientations du projet. Grâce à l’implication directe des acteurs et
par leur action concrète, cette démarche permet de produire une meilleure connaissance des
conditions et des résultats nécessaires pour la création d’une coopérative en milieu autochtone
et ainsi en dégager des acquis susceptibles d’être généralisés à d’autres communautés
autochtones.
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(2000) Méthodologie de recherche pour les intervenants sociaux, Montréal : Gaëtan Morin p.
101-153
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Résultats préliminaires :
Les principales composantes du développement de la coopérative atikamekw
Résultats préliminaires
Volonté et besoins en lien avec l’approche de développement préconisée :
L’initiative de ce projet de coopérative atikamekw provient non seulement de la problématique
découlant du profil socioculturel et économique des communautés atikamekws, mais surtout à
un manque de ressources pour appuyer les artistes et artisans atikamekws. En effet, la majorité
des artistes et artisans atikamekw produisent des produits artisanaux dans le but de leur assurer
un revenu complémentaire à leur subsistance.
Identifier et prospecter : Cette étape consistait à la réalisation d’une recension du patrimoine lié
au savoir-faire traditionnel atikamekw. Cette démarche visait d’abord à faire un état des lieux
lié à la propriété immatérielle et matérielle des divers objets et artisanats fabriqués par les
artisans et artistes atikamekw tout en formant un répertoire.
Développer l’entrepreneuriat collectif : Cette étape a consisté au développement et à la
planification de la structure de l’entreprise coopérative. La constitution légale de la coopérative
atikamekw fut réalisée en février 2010. La coopérative a pris la forme d’une coopérative de
Le bien commun
L’autonomie de gestion
La démocratie
La primauté de la personne
La participation
Volonté et besoins
Approches de développement
Données secondaires
Histoire et valeurs
Valorisation et protection
Affirmation identitaire
Formation/transmission
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