L’AIDE REEDUCATIVE EN QUESTIONS.
Le document original, élaboré en décembre 1997 par la Fédération nationale
des associations des rééducateurs de l’Éducation nationale, ne prétendait pas
répondre à toutes les questions concernant la rééducation, mais espérait
pouvoir ouvrir des voies et permettre une vaste réflexion entre les différents
partenaires de l’aide à l’enfant en difficulté à l’école.
Il a été relu et actualisé à partir de la circulaire n°2002-113 du 30-4-2002 sur «
les dispositifs de l’adaptation et de l’intégration scolaires dans le premier
degré » et publié dans « envie d’école » n° 41 de décembre 2004.
La difficulté scolaire : normale ou pathologique ?
Cette réponse varie en fonction des époques et des pays.
Actuellement en France, l’intégration et la réussite scolaire sont les missions
essentielles de l’école, quelles que soient les difficultés des enfants. Si
certaines pathologies peuvent se révéler à l’école et doivent se traiter à
l’extérieur, bon nombre de difficultés qui surviennent au cours de la scolarité
sont normales dans tout processus d’apprentissage.C’est à l’école de les
prendre en compte et de s’organiser pour apporter la réponse la mieux
adaptée.
Quelles réponses apporte l’école ?
L’école est à même de proposer l’aide la mieux adaptée à la difficulté de
l’élève.
Celle-ci est décidée de manière collégiale, avec le RASED ( Réseau d’aides
spécialisées aux élèves en difficulté), dans les différentes instances que sont :
les conseils de maîtres ou de cycles, les concertations, les réunions de
synthèses, etc.
Selon les cas, il peut être proposé:
- un aménagement pédagogique au niveau de la classe, du cycle, de l’école…
- une aide spécialisée du RASED, qui peut être pédagogique, rééducative ou
psychologique ;
- une aide extérieure à caractère médical ou social ;
- un accompagnement des familles vers la MDPH (Maison Départementale des
Personnes Handicapées).
Par la mise en réseau des actions des partenaires de l’enfant, chacun devient
partie prenante de l’aide, dans la complémentarité des fonctions.
L’AIDE RÉÉDUCATIVE À L'ÉCOLE
«… certains enfants, du fait des conditions sociales et culturelles de leur vie ou
du fait de leur histoire particulière, ne se sentent pas "autorisés" à satisfaire
aux exigences scolaires, ou ne s’en croient pas capables, ou ne peuvent se
mobiliser pour faire face aux attentes (du maître, de la famille, etc.).
Les aides spécialisées à dominante rééducative ont pour objectif d’amener les
enfants à dépasser ces obstacles, en particulier en les aidant à établir des liens
entre leur "monde personnel" et les codes culturels que requiert l’école, par la
création de médiations spécifiques.C’est la raison pour laquelle les aides
spécialisées s’effectuent avec l’accord des parents et, dans toute la mesure du
possible,avec leur concours.(…)
En relation avec le maître de la classe qui doit aussi se donner cet objectif, les
interventions à visée rééducative doivent favoriser un engagement actif de
l’enfant dans les différentes situations, la construction ou la restauration de
ses compétences d’élève.
La (re)conquête du désir d’apprendre et de l’estime de soi, l’ a j u s tement des
co n d u i tes émotionnelles, co r po relles et inte l l e tuelles doivent permettre
une meilleure efficience dans les activités proposées en classe et dans les
apprentissages.
C’est cette finalité qui ne doit pas être perdue de vue ».
Texte de référence : circulaire n°2002-113 du 30-4-2002. Les dispositifs de
l’adaptation et de l’intégration scolaires dans le premier degré.
La rééducation est un temps, un espace et une relation offerts à un élève pour
comprendre et dépasser les difficultés qu’il rencontre à l’école.
À qui s’adresse-t-elle ?
Elle est destinée à des enfants qui rencontrent des difficultés à l’école
maternelle et élémentaire et qui ne peuvent entrer dans leur rôle d’élève dans
l’institution. Le renforcement des exercices pédagogiques, les
encouragements,ou les méthodes de soutien ne sont pas parvenus à les aider
suffisamment. Il s’agit pour eux de surmonter des difficultés personnelles qui
surviennent en relationà des situations scolaires.
Les enfants co n ce rnés ont le plus souve nt des défaillances des processus
de symbo l i s ation, mais aussi des difficultés sco l a i res qui s’accompagnent
de troubles relationnels, ce qui se traduit par un échec total ou partiel en
classe que l’on ne peut imputer à un manque de capacités intellectuelles. Cet
échec est souvent accompagné de signes tels que conduites immatures,
troubles de la communication, inappétence scolaire, etc.
L’aide rééducative marginalise-t-elle un enfant ?
C’est en réalité la difficulté, voire l’échec, qui marginalise un élève, et non
l’aide ponctuelle qui peut lui être proposée.
Le projet rééducatif engage l’enseignant, la famille, le rééducateur et l’enfant.
Cette institution rééducative donne à l’élève l’autorisation de sortir de sa
classe sans être marginalisé.
Il est nécessaire de bien préciser le rôle de chacun des membres du RASED
auprès de tous les
élèves et de leurs familles.
Dans ces conditions, l’aide rééducative permet à l’enfant de trouver ou
retrouver le statut d’élève qu’il a perdu ou qu’il n’a pas construit, ce qui avait
pu le marginaliser.
Quel cadre pour la rééducation ?
La rééducation s’inscrit dans un cadre régi par des règles et se fonde sur un
projet. Les objectifs scolaires ne sont pas perdus de vue par les rééducateurs,
même si ils ne travaillent pas directement sur les apprentissages. Ils utilisent
des techniques et des médiations permettant à l’enfant, seul ou en petit
groupe, de reconstruire les processus de symbolisation indispensables à
l’entrée dans les apprentissages.
Un lieu et un temps spécifiques
La classe donne lieu à des productions marquées par la référence à des
normes. La rééducation consiste au contraire à créer les conditions pour que
l’enfant s’exprime en dehors des limites scolaires habituelles de façon à
développer sa logique personnelle et pouvoir sortir des systèmes de défense
dans lesquels il s’enferme à l’école. Dans un lieu et un temps spécifiques
différents de la
classe, l’enfant peut mettre provisoirement à distance ce qui empêche sa
disponibilité. Il peut retrouver confiance en lui, comprendre sa difficulté pour la
surmonter et révéler ses capacités. L’enfant peut ensuite réinvestir ces
transformations dans la classe et les mettre en œuvre dans les situations
scolaires de façon à devenir ou redevenir un élève à part entière.
En quoi l’estime de soi est-elle fondamentale pour apprendre ?
L’estime de soi permet à l’enfant de prendre le risque d’apprendre. Dans tout
apprentissage, il y a nouveauté, surprise, difficulté, tâtonnement, échec,
déstabilisation, plaisir ou souffrance, maîtrise ou perte de contrôle,
modification de l’apprenant qui doit posséder une sorte de « capital confiance
», l’assurance qu’il ne sera pas anéanti par l’épreuve.
Les premières expériences de la vie sont déterminantes dans cette acquisition
qui conditionne en grande partie l’entrée dans les apprentissages. Envisagée
sous l’angle de la psychologie génétique, l’estime de soi (le sentiment de sa
propre valeur) se construit selon des modalités aujourd’hui bien repérées, à
savoir:
- que le sujet soit acteur de ses expérimentations et auteur de ses stratégies ;
- que les expériences soient suffisamment variées, vécues dans différents
domaines et en interaction
afin que cette compétence s’applique par la suite à tous les champs d’activité
du sujet.
L’acquisition de l’estime de soi met en jeu les aspects affectifs et cognitifs.
L’enfant prendra ainsi progressivement conscience de l’importance de son
investissement personnel et pourra devenir un élève capable d’apprendre.
Quelle approche de l’évaluation ?
La méthodologie de la rééducation à l’école suppose un dispositif d’évaluation.
Évaluer l’aide rééducative, c’est évaluer les effets des actions conjuguées et
complémentaires de plusieurs acteurs que sont, au minimum, et au-delà de
l’enfant lui-même: les parents, l’enseignant et le rééducateur.
L’évaluation garantit le processus rééducatif, elle le structure et lui donne sa
dynamique. Il y a lieu de distinguer l’évaluation du projet d’équipe et
l’évaluation de l’action spécifique du rééducateur au sein de ce projet.
(voir le document FNAREN : L’évaluation de la rééducation, une nécessité. Décembre 1999)
Rééducation et apprentissages
Quels sont les liens entre la symbolisation et les apprentissages ?
Quel que soit le mode d’explication de la genèse de la pensée, la capacité à
construire et à manipuler des symboles s’impose à tous les chercheurs
comme étant la condition d’accès à la culture.
Les apprentissages empruntent en permanence au réel, à l’imaginaire et au
symbolique. Ils mobilisent aussi les dimensions affective, corporelle,
cognitive et sociale. Ces dimensions ne sont pas simultanées, mais
interdépendantes. La défaillance de la capacité de symbolisation et de
représentation constitue un sérieux obstacle aux apprentissages. Accéder au
symbolique permet à l’enfant de fonder son rapport au monde et de s’y
investir.
Toute discipline scolaire fait appel aux capacités représentatives. Cette
symbolisation, mettant à distance les évènements et les émotions, permet à
la pensée d’investir les apprentissages scolaires.
Certains enfants ne sont pas en mesure d’utiliser ce langage symbolique dans
le groupe-classe. La rééducation, par la relation qu’elle propose et les
médiations qu’elle utilise, leur offre de nouvelles possibilités de développer
leur capacité symbolique.
Quelle est la place de l’affectivité dans les apprentissages ?
La relation qu’entretient l’enfant avec le savoir est tout autant affective que
cognitive. A l’école, les élèves sont confrontés au savoir et à la loi, au monde
et à la culture, aux autres et à eux-mêmes. Ils ont besoin d’en comprendre
les règles et les enjeux. Certains ne perçoivent pas bien le sens de leur
présence dans ce lieu. Il faudra les aider à construire du sens à l’école pour
qu’ils puissent penser et apprendre à réfléchir.
Il est difficile pour un élève d’apprendre quand son esprit est envahi par des
préoccupations qui parasitent les processus d’apprentissage.
L’école n’est pas une nécessité naturelle pour l’enfant, mais il y trouve une
aide à la compréhension du monde qui l’entoure et des réponses aux
questions qui naissent en lui. Cependant, un enfant ignore parfois les
ressources de ce lieu, ou pire, il le craint ou le refuse. Il faut réveiller du
désir chez un tel enfant pour qu’il ait une demande, envie d’apprendre pour
s’impliquer dans les processus d’apprentissage.
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